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Rechercher : émile bernard

  • Émile Bernard

     

     

     

    1868-1941

    9.00 € TTC

     
    24 septembre 2014

    Tout à la fois poète, peintre et écrivain, Émile Bernard est plus connu pour être l’un des précurseurs et théoricien du cloisonnisme à l’origine du symbolisme. Il fonde l’école de Pont-Aven aux côtés de Paul Gauguin et permettra ainsi la diffusion d’un nouveau style pictural. Son œuvre prend une orientation plus idéaliste et mystique au Caire où il s’exile. Beaux Arts éditions s’attache à présenter sa longue carrière et à analyser les différents styles et les
    mutations successives de son œuvre.

    Exposition au musée de l'Orangerie
    du 17 septembre 2014 au 5 janvier 2015

    http://www.beauxartsmagazine.com/0125-881-Emile-Bernard.html

  • Hors-série : Émile Bernard

    Émile Bernard, le grand oublié

     
    Émile Bernard, Autoportrait Vision, 1891, huile sur toile, 111,5 x 92 cm (Paris, musée d’Orsay. Photo de presse RMN)

    Rodolphe Rapetti, co-commissaire de la première rétrospective consacrée en France à Émile Bernard, qui ouvre aujourd'hui à l’Orangerie, retrace le parcours de ce peintre mal aimé, sans occulter la fin de sa carrière, longtemps jugée rétrograde.

    Hors-série : Émile Bernard

     
    Hors-série : Émile Bernard

    Peintre, graveur, critique d'art, écrivain et poète, Émile Bernard (1868-1941) est un artiste majeur du début du XXe siècle.

  • J'ai lu :Dossier de l'Art n° 221:EMILE BERNARD

     Dossier de l'Art n° 221 - septembre 2014

    Dossier de l'Art n° 221
    EMILE BERNARD

    N° 221 - septembre 2014 - 9,50 €

    ISSN : 1161-3122

    Jamais rétrospective n’avait encore été consacrée à la carrière entière d’Émile Bernard. En réunissant une centaine d’œuvres du peintre, le musée de l’Orangerie permet d’appréhender les multiples facettes de son art et sa complexité.
    Mû par un idéal élevé et par une intime colère, cet esprit ambitieux, cultivé, chercha sans relâche à toucher la vérité en peinture, d’abord avec les tenants de la modernité, puis à contresens une époque qu’il jugeait médiocre, évoluant ainsi d’artiste d’avant-garde à défenseur du classicisme.

     

    Articles

    Actualités

    http://www.dossier-art.com/numero-221/emile-bernard.4043.php

  • Bernard NOEL

    Bernard Noël / L'Empreinte charnelle du verbe

    la revue Fusées, dans son n° 5 (oct 2001) consacre un épais dossier à Bernard Noël avec un inédit, cette étude majeure sur Antonin Artaud
    Bernard Noël / Antonin Artaud, corps imposthume

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    4 octobre 2002 :
    le ministère de l'intérieur se mêle de littérature - sur cette question de censure, nous avons déjà diffusé l'analyse de Jean-Marie Laclavetine, le point de vue d'éditeurs, dont Paul Otchakovsky-Laurens et Christian Bourgois, et la contribution d'écrivains, dont Michel Séonnet ou Leslie Kaplan : voir notre bulletin du 13 septembre

    pour revenir au coeur même de la question, nous vous proposons en téléchargement un texte fondamental, peut-être déjà dans votre bibliothèque en postface au Château de Cène : il s'agit de L'Outrage aux mots, de Bernard Noël, écrit en 1975 -

    L'Outrage aux mots - téléchargement RTF - © Pauvert - réservé à la consultation personnelle
    Ronald Klapka avait rendu compte dans remue.net de la publication en poche (collection L'Imaginaire) du Château de Cène / L'Outrage aux mots

    L'espace du poème
    extraits de la préface de Dominique Sampiero
    POL, 1998

    Bernard Noël / L'Acte de poésie
    Bernard Noël parle corps et poésie, septembre 1995, texte publiéà la suite des des entretiens de L'espace du poème

    Bernard Noël sur le site des édtitions POL

     

    François Bon (1997) : sur Bernard Noël
    hommage publié dans un dossier des Librairies l'Oeil de la Lettre, à l'initiative de Catherine Martin-Zay (Les Temps Modernes, Orléans)

    François Bon / écrire c'est comme s'effondrer au-dedans
    contribution à la revue Fusées en hommage à Bernard Noël
    (2001)

    dans "Le reste du voyage", trois poèmes performance de Bernard Noël : écrits du TGV

    TGV 3 : TGV

    [...]
    la vie ne se trouve-t-elle pas changée
    si nous éradiquons d'elle l'impensable
    est-ce bien un cerveau que j'ai en tête
    est-ce bien du sang qu'expédie mon coeur
    est-ce bien moi qui dit je
    tout à coup nous entendons des mots
    et c'est aussi des mots que nous avons
    en bouche
    et non plus de fantôme de réalité

    Bernard NOËL, Le service verbal, Cheyne 2000, p. 46. Les éditions du Cheyne

    Forme
    des formes
    non
    une forme générale
    mouvante sous le toucher de l'oeil
    vibrante
    les encres de Zao Wou-Ki sont fondées sur
    leur propre substance et
    le vide
    pas de projet directeur pas de schéma de dessin
    rien que le désir
    ou plus exactement la pensée
    de peindre

    Bernard NOËL / Zao WOU-KI, Rencontre, L'Atelier des Brisants 2001, p17

    2 extraits + liens proposés par Philippe Rahmy

    Roman : inventer des contenus faux, mais qui croisent leur vrai sens.
    La dette à Bernard Noël est sans doute là : être venu en poète dans l’univers de la prose, rappelant ses dettes propres (Bataille), et laissant de côté l’appareil traditionnel de la fiction pour ne s’obstiner qu’au principe même du fonctionnement, là où l’illusion construite désigne d’un peu plus près le conflit originel du langage et de ce qu’il nomme. Le 19 octobre 1977 et plus tard Les onze romans d’œil ou Le Syndrome de Gramsci, bien sûr La Maladie de la chair : un homme de poésie vient dans le champ de la prose et y délaisse l’appareil du roman, reprend à son compte les mécanismes de fiction pour les retourner à distance sur là d’où il vient, là d’où il s’est écarté pour ressaisir.

    La poésie n’est pas visuelle, mais elle est obsédée par le visuel.
    Le mot obsédé, pour l’auteur du Château de Cène, à comprendre comme l’inarrachable, comme la taie où la peau dont il est impossible de se défaire. Entendre Bernard parler de Roman Opalka et sa marche vers l’effacement, la répétition jusqu’au presque rien d’avant le vide. Ou bien sa double marche d’écriture vers Matisse, ce que désigne d’elle-même la peinture quand elle se retranche derrière sa conquête ultime du simple, ou bien Magritte, non pas même ce rapport bouleversé de lé représentation devant le représenté, mais là où le peintre rend irréductible le geste même d’avoir peint en intitulant une toile Les vacances de Hegel (le verre d’eau plein sur le parapluie ouvert). L’obsession du visuel, pour la langue (plus que la poésie), c’est l’impératif du dehors, la contrainte d’arrachement depuis le dehors, c’est réduire le corps à un toucher et l’y soumettre : même les yeux touchent.

    Écrire : c’est comme s’effondrer au-dedans.
    J’ai découvert Maurice Blanchot par l’hommage que lui rendait Bernard, cette fin des années 1970, dans son texte sur L’Arrêt de mort (in Deux lectures de Maurice Blanchot). Il transformait, en jouant sa narration dans cette frontière ou cette bascule qu’on a tous traversé sans doute une fois, où ne reste plus que cette phrase de Walter Benjamin : " Et si le suicide non plus n’en valait pas la peine ? " J’avais des livres de Maurice Blanchot près de moi déjà, L’Espace littéraire, Le Livre à venir, et quelques-uns de ces récits comme Celui qui ne m’accompagnait pas, mais j’y voyais la démarche d’un essayiste, d’un homme des mots. C’est ce texte sur L’Arrêt de mort qui a déporté d’un coup, pour moi, tout Blanchot à cette frontière de l’art et de la mort où les mots n’avaient plus même valeur, ceux qui, dans Le Livre à venir par exemple, parlent de Rilke, de Mallarmé, de Kafka et de Proust. Bernard Noël inventait une fiction pour rendre compte que le seul fait de lire est parfois une rupture au niveau même de l’étreinte (mot qui lui est cher). Le principe central : celui-là même d’expérience, constamment porté en avant par Blanchot. La poésie est l’écriture comme expérience. J’ai pu découvrir ensuite par Blanchot que cet effondrement pouvait s’imposer comme contrainte esthétique, à soi-même appliquée, et que relire ainsi Le Pèse-Nerfs et L’Ombilic des Limbes d’Artaud, ou bien ce à quoi parvient Henri Michaux au bout de sa démarche, dans Misérable Miracle ou L’Infini turbulent, n’était pas un exercice de seule culture. Le Bernard Noël des premiers poèmes, et tous ces titres désignant même abîme : Treize cases du je, Extraits du corps, Chute des temps, est de ce pays-là. À partir du début des années 80, il est au même lieu d’engagement, mais remplace l’expérience par l’explicitation, expliquer ce qui reste une énigme, récit infini du travail sur soi-même par quoi on se porte à la frontière : perception fraternelle de Bernard Noël, comme on saurait son corps tout près, lui et sa voix, ou lui lisant pieds nus, son sourire même, quand une fois, hors la gravité qui le définit, il vous le réserve. S’effondrer, il sait, il vous y conduit.

    Il n’y a plus d’infini. Il y a de l’interminable. Le problème de l’homme est d’assumer cet interminable.
    Complément indispensable du précédent, dans ce remplacement de l’expérience par le récit de ce par quoi elle contraint qu’on se porte à la frontière. L’expérience même de Blanchot ou d’Artaud retenue à distance par un monde trop normé. On sait surtout de Bernard Noël ses absences, il est à Gaza ou en Iran, en Asie ou à Athos, au Mexique ou tout au bout du Canada. Dans la guerre comme au désert : chez les hommes. Quand c’est par hasard qu’on le croise, c’est dans les gares. Remplacer l’expérience par le récit de l’affrontement n’est pas se retrancher de l’affrontement, c’est convoquer une totalité de monde, le monde là où il est de toute façon frontière ou conflit, pour vérifier que l’énigme est purement et réellement celle du dedans. À nous de nous porter, au nom même de l’effondrement du dedans, aux frontières du monde vrai.

    Poésie : une sorte d’orage mental qui fait pleuvoir du verbe, du mouvement.
    L’expérience comme concept du centre, l’expérience comme violence. J’ai en tête souvent une phrase d’Artaud : Quand je joue, mon cri éveille son double de sources dans les murailles du souterrain. Bernard Noël refuse même la constitution de ce double, pourtant portée avant de soi. L’orage et l’excès peuvent être les mêmes que ceux d’Artaud, mais ils ne se déchaînent pas hors de soi, portés par un double (le pauvre Artaud d’ailleurs n’a pas échappé à ce que l’orage sur lui-même se déchaîne). Par ce seul mot pleuvoir, c’est sur soi-même que revient la violence, c’est soi-même qu’on expose. Et pourtant, ce qui reste : du mouvement. Ailleurs, de Bernard Noël, dans le même livre d’entretiens avec Dominique Sampiero, sur le mot même d’écrire : faire le vide pour qu’une précipitation soit possible.

    Pages qui rendent lisibles des signes extrêmement fugitifs.
    Encore cette notion de mouvement, mais qui renvoie bien à son invention d’une écriture verticale : on ne s’étend pas, sur la page ou dans le récit, on accumule en même lieu graphique charge de signes et de verbe, on la superpose en hauteur, invisible et traversant l’espace du support au corps écrivant, ou bien au corps lecteur. Champ de force qu’alors on peut établir et travailler comme tel. Et si, ce qui se dépose là, dans le conflit du visuel, l’engagement du corps, et cette effondrement du dedans, est du mouvement, il pourra saisir le signe dans sa fugitivité, le monde dans son illisibilité ou sa mutité forcées, résistant au langage il lui échappe — mais ce geste même de fuir ou se dissimuler a laissé trace ou résidu. Le narrateur de la fiction sur L’Arrêt de mort ne franchit pas la marche définitive qui le basculerait dans le vide, c’est le langage qui l’avale, plutôt. Mais nous, cette porte ouverte sur du vide, dans un vacarme de train, vide, ciel et chute confondus, on a gardé à jamais leur être verbal et la fugitivité de l’expérience extrême. L’écriture est là, comme une porte ouverte, dans cette condition que pour le corps un risque. Bernard Noël confirme : Le corps est un langage pour moi. Un langage qui m’a permis de réarticuler les mots ensemble, en me référant à quelque chose de déjà précis, de déjà fondé, le corps. Quel porte ouverte sur quel vide, étreinte avec quel extrême, pour nous réservée ?

    Rendre l’empreinte verbale de l’empreinte charnelle, voilà ce que je cherche.
    On s’écrit peu, et même, c’est des lettres de convention, quand l’autre envoie son dernier livre (la dédicace qu’il me met sur ce recueil d’entretiens avec Sampiero : Pour ne pas arrêter de — mais quoi ?). Ce que j’aime, c’est le voir, et même très brièvement être près de lui : son corps résonne, voilà ce qu’on perçoit. Je n’ai pas eu la chance de rencontrer vraiment de grands peintres, mais j’ai croisé quelques grands musiciens, Arvo Pärt, Giacinto Scelsi. Il y a une race de ces grands artistes, ceux qui savent les frontières. Samuel Beckett, quand il vous souriait, avait cette finesse extrême. On reçoit de Bernard Noël une empreinte charnelle (on n’oserait pas le lui dire). Que cela soit la totalité de son travail, évidemment. Que cela soit devenu son être même est bien autrement une énigme.

    François Bon, avril 2001. Les citations de Bernard Noël sont prises à " L ‘Espace du poème ", entretiens avec Dominique Sampiero, POL, 1999.

    http://remue.net/cont/bernardnoel.html

     
     
     
     
     
     
     
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  • Bernard Arnault honoré pour sa générosité

     

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    Démarrer
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    Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH, a été distingué par le Musée d'art moderne (MoMA) de New York, qui lui remettra le 4 mars son prix David Rockefeller pour son engagement en faveur des arts.

    Ce prix annuel honore "une personne du monde des affaires, qui est un exemple de générosité éclairée et de promotion des efforts en matière de culture et de civisme", a précisé le musée. Il sera décerné à Bernard Arnault lors d'un déjeuner au MoMA le 4 mars.

    C'est la première fois, a souligné le musée, que cette distinction est accordée à un non Américain. Bernard Arnault, 10e fortune mondiale en 2013 selon le magazine Forbes, est un amateur et collectionneur d'art. Son groupe est un acteur important du mécénat en France et soutient notamment de nombreuses expositions.

    Son "engagement personnel en faveur de l'art et de la culture se reflète dans le profond engagement du groupe LVMH pour soutenir des initiatives philanthropes (...)" a souligné le MoMA.

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/02/25/97001-20140225FILWWW00386-bernard-arnault-honore-pour-sa-generosite.php

  • Simone Bernard-Dupré

    medium_melopee_africaine.gif [ Simone Bernard-Dupré ] - Mélopée africaine

     

     

     

     

     

    « Ne demande jamais ton chemin à celui qui sait. Tu pourrais ne pas te perdre ! »

    Mot de l'éditeur

     

    Nous retrouvons cette fois-ci l'héroïne de l'auteure en Afrique australe, à la découverte de l'amour et de sa terre.
    «Cette brume légère, bleutée, au petit matin, sur la savane, telle une lointaine réminiscence...

    J'entends à présent une mélopée africaine, c'est cela, et je la vois aussi bien sous mes paupières lasses, à la fois lancinante et joyeuse, dans des claquements de mains, des déhanchements lascifs et de grands rires d'enfants. C'est l'Afrique australe, au plus près, au plus loin, lieu de toutes les amours, de toutes les utopies. Au plus loin, au plus près, comme un appel, comme un rappel, entendu sans y prendre garde, dans un restaurant à la mode, à Paris même, au moment que je m'y attendais le moins, même si je l'espérais en secret...»

    S. B.-D.

    «Cette Mélopée africaine nous mène peu à peu à une re-connaissance de nos pouvoirs perdus, et ici regagnés dans ses composantes magiques... Apprentissage de soi par l'autre, révélation "africaine" du corps par l'âme et de l'âme par le corps. On peut y voir, dans cette mesure, une ultime action de grâce envers Léopold Sédar Senghor.»

    André Brincourt


    Simone Bernard-Dupré, à qui nous devons déjà Nuits de lumière (Éditions du Cerf) et Baisse les yeux (Éditions du Rocher - prix Méditerranée du premier roman) est avocate à la Cour d'Appel de Paris, et préside l'Association internationale pour la communication des savoirs.

     

    http://www4.fnac.com/Shelf/article.aspx?PRID=1666649&Mn=3&Origin=fnac_yahoo&Ra=-1&To=0&Nu=1&Fr=3#avisfnac

    medium_nuits_de_lumiere.jpg

    Nuits de lumière

    Par Simone Bernard-Dupré

    Dans cet ouvrage à part, Simone Bernard-Dupré convie ses lecteurs à des entretiens inhabituels entre Lautréamont, Nerval, Valéry, Hesse, Nietzsche et Thomas Mann.

    http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/ficheauteur.asp?n_aut=4037

    Ces deux livres sont en vente sur Fnac.com(lien sur ce blog à droite).

  • Françoise Bernard, la vie avec gourmandise

    Par Colette Monsat
    04/10/2012 | Mise à jour : 18:54

    PORTRAIT - Depuis cinquante ans, cette femme est dans tous les foyers par livres de cuisine interposés. « Recettes faciles », déjà vendu à plus d'un million d'exemplaires, vient d'être réédité.

     

    Rencontrer Françoise Bernard, c'est affronter un monument du patrimoine culinaire français. Une «serial recetteuse» avant l'heure, qui cacherait derrière sa frêle silhouette des kilos de chantilly, des tombereaux de pâte à chou, des wagons de gratin dauphinois. Si, comme on...
     
  • Bernard Clavel est mort

    Bernard Clavel, mort d'un grand romancier populaire



    L’écrivain, qui vient de disparaître à 87 ans, était l’auteur de plus d’une centaine de livres et avait su capter l’héritage des grands conteurs réalistes
    Avec Bernard Clavel disparaît un des derniers grands écrivains populaires et un des derniers vrais écrivains du terroir. Il était né le 29 mai 1923 à Lons-le-Saunier d’un père boulanger et d’une mère fleuriste, dans un milieu où la vie n’était pas facile, où l’on ne pouvait acheter beaucoup de livres mais où la culture était respectée, où les récits oraux tenaient une grande place.

    Son enfance fut bercée par les récits de son oncle Charles dont il a fait revivre le visage dans Le Soleil des morts. De cet homme, né pauvre lui aussi, engagé dans les bataillons de l’armée d’Afrique au début du XXe siècle et qui vécut la Grande Guerre, puis les combats de la Résistance, il déclarait : « Il a contribué à fixer la couleur de mon âme. » Son adolescence fut marquée par l’expérience traumatisante de l’apprentissage, traditionnel à l’époque pour qui ne pouvait – ou ne voulait plus, comme lui – continuer l’école.

    Et à l’école le jeune Bernard s’ennuya beaucoup, préférant la rêverie, la lecture, la fuite dans l’imaginaire. Son père ne voulant pas qu’il réalise son rêve – devenir peintre –, il se retrouva à 14 ans apprenti pâtissier à Dole où il subit les brimades d’un patron injuste et féroce, dont il devait se souvenir lorsqu’il écrivit La Maison des autres. Il lui devait sans doute une part de son existence pleine de révoltes, de voyages, de fidélités aussi, à ses maîtres : Hugo, Giono, Jean Guéhenno, Simenon ou Romain Rolland, dont il adopta très vite le pacifisme.

    Prix Goncourt en 1968 pour Les Fruits de l’hiver

    Pour gagner sa vie, il enchaîna les petits métiers, fut lutteur de foire, bûcheron, ouvrier dans une chocolaterie, dans une fabrique de verre de lunettes, vigneron, employé à la Sécurité cociale, relieur… Tous ces métiers, comme pour Gorki qu’il admira toujours, furent pour lui « ses universités ». Sous l’Occupation, il rejoignit le maquis du Jura, présent dans plusieurs de ses livres. La découverte dans le grenier familial des ouvrages de Victor Hugo avait été pour lui une révélation. Il essaya quelque temps de vivre de sa peinture, puis il y renonça, et dans un premier temps, accumula les textes qu’il détruisait, subissant un échec pour son premier manuscrit.

    C’est en 1956 que René Julliard, grand découvreur, publia L’Ouvrier de la nuit, salué dès sa parution. D’emblée il fut encouragé par Jean Réverzy, Marcel Aymé et, ce qui peut étonner, Gaston Bachelard et Gabriel Marcel. De nombreux succès de librairie suivirent et Bernard Clavel allait être publié par un autre grand éditeur, Robert Laffont (décédé en mai dernier) : L’Espagnol (1959), Malaverne (1960) Le Voyage du père (1965), L’Hercule sur la place (1966).

    En 1968 paraît Les Fruits de l’hiver qui obtint le prix Goncourt. Il avait, contre le conseil de Robert Laffont, voulu être publié en février plutôt qu’à la rentrée. Son livre durant quelques mois ne suscita aucun écho, mais lui donna l’occasion de faire des signatures dans les usines, juste avant le fameux mois de mai. Il sentit que tout bouillonnait dans la France ouvrière. Ce roman est le quatrième tome d’une saga, La Grande Patience, qui comprend La Maison des autres (1962), Celui qui voulait voir la mer (1963) et Le Cœur des vivants (1964) et constitue une évocation douloureuse de son enfance, de son adolescence et de ses parents.

    Son plus grand regret : que ses parents n’aient pu connaître son succès

    Son plus grand regret était que, morts, ils n’aient pu connaître son succès et compris qu’il n’était pas simplement un peintre raté. À ces portraits succèdent des figures auxquelles tout au long de sa vie Clavel va s’attacher, des gens humbles, vignerons, rouliers, mariniers, petits artisans, compagnons du Tour de France.

    « Je suis, déclara-t-il un jour, essentiellement un romancier, un conteur, c’est-à-dire un homme qui porte en lui un monde et qui s’acharne à lui donner la vie. » De ses personnages, il avait coutume de dire qu’il ne les avait jamais imaginés, il les avait rencontrés, ils venaient de la vie. Pour les rencontrer, ajoutait-il, il fallait les chercher, souvent en voyageant. Bernard Clavel voyagea et déménagea sans cesse.

    Pourtant l’enracinement dans une région, autour de Lons-le-Saunier, autour de Lyon, est au cœur de son œuvre. Dès son premier roman, Vorgine, qui fut d’abord refusé, puis publié en 1956, le Rhône était présent, ce fleuve qui lui avait donné envie de peindre et d’écrire : « Le Rhône, ce sont des hommes, des femmes, tout un petit peuple parmi les lumières. »

    Une autre grande saga éditée à la fin des années 1970 le ramena en Franche-Comté : dans Les Colonnes du ciel, il faisait revivre la guerre et la peste qui ravagèrent cette région de 1635 à 1645. Et puis il revint à des paysages d’eaux et de forêts sauvages. Clavel avait toujours aimé l’hiver, les plaines gelées et silencieuses, les vastes étendues de neige, les animaux en liberté.

    Les terres de l’Amérique du Nord qui lui rappelaient les saisons de son enfance lui inspirèrent une autre immense saga, Le Royaume du Nord (Albin Michel) où d’autres héros, les pionniers canadiens, entrent en scène, où les histoires sont proches de celles de Mayne Reid et de James Oliver Curwood.

    Il possédait le souffle, le don de l’émotion, le lyrisme dans la simplicité

    Auteur d’une centaine de livres – romans, nouvelles, essais, contes pour enfants… –, traduits en d’innombrables langues, lauréat de nombreux prix, Clavel était insensible aux honneurs, aux calculs, aux vanités du petit monde littéraire. Devenu juré Goncourt en 1971, il en démissionna en 1977. Insoumis, révolté par la souffrance et l’injustice, il s’opposa jusqu’à la fin à la corruption par l’argent, à la violence organisée, il se battit pour les enfants, les pauvres, pour la protection de la planète. Et il avait avoué que sa foi en Dieu s’effritait lorsqu’il regardait le malheur des hommes.

    Il s’était marié en 1945 avec Andrée David qui lui donna trois enfants. Il devait dire d’elle et de Jacques Peuchmaurd, qu’il avait connu chez Julliard, que s’il ne les avait pas rencontrés, il n’aurait jamais pu écrire. Plus tard, au Québec, il fit la connaissance de Josette Pratte, qui devint sa seconde épouse, sa première lectrice et qui s’occupa de l’édition de ses livres.

    Des romanciers du XIXe siècle, il possédait le souffle, l’aptitude à construire une histoire, à suivre des fils solides dans la narration, le don de l’émotion, le lyrisme dans la simplicité. D’eux aussi il a hérité un monde – des paysans, des artisans, des modes de vie, des traditions, des savoirs, des valeurs – tout un univers qui est en train doucement de disparaître.

    Francine de Martinoir


    Les Éditions Omnibus ont entrepris l’édition de toute son œuvre romanesque.

    Photo : Bernard Clavel, en février 2003, à Paris (VERDY/AFP).

    http://www.la-croix.com/photo2/index.jsp?docId=2441667&rubId=4085
  • Bernard Giraudeau est mort

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    La carrière de Bernard Giraudeau en images

    Le comédien, écrivain et baroudeur aux yeux bleus est mort ce samedi 17 juillet des suites d'un cancer. Il avait 63 ans. Retour commenté sur sa carrière.

    Diaporama:

    http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/culture/cinema/la-carriere-de-bernard-giraudeau-en-images_906835.html

    Bernard Giraudeau, le 26 avril 2009, à la cérémonie de remise des Molières, à Paris.
    AFP/STEPHANE DE SAKUTIN
    Bernard Giraudeau, le 26 avril 2009, à la cérémonie de remise des Molières, à Paris.
    Le vagabondage était la drogue dure de ce tonique dépressif qui avait souhaité ne pas vivre une existence ordinaire. Impatient, éternel insatisfait, il avouait avoir "toujours débordé dans l'extrême", persuadé que "c'était mieux ailleurs", poussé par son incurable inaptitude au bonheur vers des quêtes effrénées. Voyageur, écrivain, comédien, cinéaste, Bernard Giraudeau est mort, samedi 17 juillet, à l'âge de 63 ans.

    C'est le 18 juin 1947 qu'était né à La Rochelle ce petit fils d'un cap-hornier, ce fils d'un militaire que ses missions (en Indochine, en Algérie) rendaient trop absent. Explorateur du Marais poitevin, incurable romantique rêvant devant les quais, les bateaux en partance, Bernard Giraudeau s'était engagé à 16 ans dans la Marine nationale comme mécanicien sur la Jeanne d'Arc, spécialiste en "turbine-diesel-chaudière", pour faire le tour du monde. "Pompon rouge sur la tête comme une pomme", il bourlingua quatre ans durant, avant de tenter une autre aventure pour conjurer sa désespérance et son ennui. Ce fût celle de la comédie.

    Débuts catastrophiques. Handicapé par une mauvaise diction, une façon de marcher chaloupée, il est poussé vers les coulisses, du côté des décors et des costumes. Travail, cours de danse et d'élocution le propulsent quelque temps plus tard vers le Conservatoire, un Premier Prix de comédie classique et moderne obtenu avec le monologue de Figaro. Il ne se sent pas le tempérament d'entrer au Français qui lui ouvre ses portes. Sa carrière débute au début des années 1970.

     LE BEAU GOSSE AUX YEUX BLEUS

    Le théâtre est une passion qu'il ne reniera pas. La même année, en 1975, il joue Sur le fil d'Arrabal (mise en scène de Jorge Lavelli), et Le Prince de Hombourg de Kleist (mise en scène de Jean Negroni). Puis La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Giraudoux (1976), K2 de Patrick Meyers sous la direction de Georges Wilson (1983), La Répétition ou l'amour puni d'Anouilh (1986), Les Liaisons dangereuses de Christopher Hampton (1988), L'Importance d'être constant d'Oscar Wilde (1995), Becket ou l'Honneur de dieu d'Anouilh (2000), Richard III de Shakespeare (2005), tour à tour dirigé par Bernard Murat, Gérard Vergez, Jerôme Savary, Didier Long. Il sera nominé trois fois aux Molières, et cinq fois aux Césars.

    Car le cinéma s'intéresse aussi à ce séduisant jeune premier solaire et charmeur, ce beau gosse aux yeux bleus qui reflètent insolence et ferveur. Il apparaît dans Deux hommes dans la ville (1973) et Le Gitan (1975) de José Giovanni, La Boum de Claude Pinoteau (1980), puis dans des rôles majeurs. Celui d'un bourreau des cœurs épris d'une fille laide dans Passion d'amour d'Ettore Scola (1981), d'un tueur homosexuel dans Le Grand pardon d'Alexandre Arcady (1982), d'un diplomate ensorcelé par une femme fatale dans Hécate de Daniel Schmid d'après Paul Morand (1982), d'un handicapé dans Le Ruffian de José Giovanni (1983), d'un séducteur pervers dans L'Année des méduses de Christopher Frank (1984)…

    "DES SOUVENIRS EN FORME DE COURANT D'AIR"

    Au cours de ces années, Bernard Giraudeau n'a qu'une idée : changer d'emploi. Son image de gentil copain, de gendre idéal, de clown blanc lui pèse. Il lui faudra attendre Poussière d'ange d'Edouard Niermans en 1986 (l'histoire d'un flic alcoolique aspiré par les bas fonds) pour le voir incarner des personnages plus troubles, ambigus.

    De la cinquantaine de films qu'il aura alignés, ressortent L'Homme voilé de Maroun Bagdadi (1987), Une nouvelle vie d'Olivier Assayas (1993), Le Fils préféré de Nicole Garcia (1994), Ridicule de Patrice Leconte (1996), Marquise de Véra Belmont où il interprète Molière (1997), et surtout Gouttes d'eau sur pierres brûlantes que François Ozon adapte d'une pièce de Rainer Werner Fassbinder, huis clos où il campe un homosexuel cruel et manipulateur (2000).

     ÉLOGE DE LA DIFFÉRENCE

    "J'étais un jeune coq qui gonflait ses plumes" disait-il à propos de cette activité d'acteur dont il ne gardait que "des souvenirs en forme de courants d'air". La télévision lui offrit aussi quelques défis, par exemple ceux d'incarner Antoine de Saint-Exupéry dans La Dernière mission de Robert Enrico (1996) ou le capitaine Bouchardon dans Mata Hari (2003). Mais ce qui le motive est de réaliser lui-même La Face de l'ogre (1988), l'histoire d'une femme qui refuse la mort de son mari disparu en montagne, ou L'Autre d'après un roman d'Andrée Chedid (1991), où un vieillard s'obstine à croire à la survie d'un jeune homme enseveli lors d'un tremblement de terre. Le véritable Bernard Giraudeau est là, dans cet auteur affichant son besoin de fraternité, son éloge de la différence, son exaltation de la vie et son obstination à repousser la mort le plus loin possible.

    Il signe également plusieurs documentaires, carnets de voyages en Amazonie, au Chili, aux Philippines, en même temps que des livres, récits, correspondances ou romans qui exaltent ses bourlingues. Giraudeau avait commencé à écrire très jeune, par plaisir, pour apaiser sa solitude de marin. "Je suis né dans un milieu modeste et sans culture. Le voyage a été ma seule école, la fuite est devenue ma psychanalyse, la seule manière d'entrer en moi-même et d'y être bien" : voilà ce qu'il raconte dans Le Marin à l'ancre (2001), Les Hommes à terre (2004), Les Dames de nage (2007) ou Cher amour (2009), tous publiés aux éditions Métailié. Ses paysages, ses lectures (Michaux, Cendrars, Conrad, Melville, London, Segalen), son avidité de rencontres pour "vérifier qu'on fait partie de la famille des humains", ses escales, ses matins conquérants et les filles d'un soir (émotions d'un "insecte affolé qui picorait des semblants d'amour dans les ports"). L'Afrique, l'Amazonie, la Patagonie à pied et à cheval, le kayak, la montagne. La soif d'"assouvir l'insatiable curiosité avec la conscience mélancolique de l'éphémère".

     "MON NOUVEAU BATEAU"

    Homme de gauche, militant d'Amnesty International, signataire de pétitions humanitaires, membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence, Bernard Giraudeau était un exalté méfiant, peu porté à "être lisible d'emblée". La découverte de son cancer du rein en 2000 le porta à parler, se battre pour améliorer la prise en charge des malades en créant un forum sur le thème "On ira tous à l'hôpital". Ce mal qu'il appelait son "nouveau bateau" et qu'il disait vouloir "apprivoiser", il l'accepta comme un "parcours initiatique" : "Je voyais bien que j'allais vers quelque chose qui me rapprochait de l'abîme. Cela tenait à mon existence qui avait de moins en moins de sens, une course effrénée qui me maintenait en permanence dans un état d'angoisse. J'allais où ? Un manque de recherche sur l'essentiel… Pour un homme de mon âge, le cancer est un message, un questionnement" confiait-il à Libération en mai 2010.

  • Bernard Cerquiglini , ”Une langue orpheline”

    medium_une_langue_orpheline.jpgLes Editions de Minuit
    Coll. "Paradoxes"
    Paris 2007
    240 p.
    21,50 €
    ISBN : 978.2.7073.1981.4

    Parution le 15/03/07

    Présentation de l'éditeur:


    On a longtemps cherché pour la langue française des origines les plus nobles, justifiant sa grandeur. Découvrir qu'elle provenait d'un latin populaire mêlé de gaulois et de germanique, qu'elle était la moins latine des langues romanes fut un chagrin.
    On sut toutefois compenser ce manque initial en édifiant un idiome comparable à la latinité enfuie : orthographe savante, lexique refait, grammaire réglée, fonction sociale éminente. C'est pourquoi le français, admirable latin de désespoir, est aussi la plus monumentale des langues romanes.
    On sut enfin donner à la langue nationale une origine, autochtone, enfin gratifiante. Le parler de l'Île-de-France, dialecte élégant et pur, aurait eu depuis toujours la faveur des écrivains, la protection des princes ; il aurait été la source incomparable de l'idiome irriguant la France et le monde. À la fin du  XIXe siècle, la science républicaine changea cette légende en savoir positif, offrant au pays meurtri la raison d'admirer son langage et de le répandre.
    Une langue orpheline est ainsi devenue l'exemple universel de la perfection naturelle que confortent les artistes et les doctes, ainsi que l'identité d'une nation, et sa passion la plus vertueuse.

    Lire l'introduction

    Url de référence : http://www.leseditionsdeminuit.com
    http://www.fabula.org/actualites/article17687.php

  • Le seul regret de Bernard Pivot

     NATHALIE SIMON.

     

     Publié le 20 juillet 2007

     

    Actualisé le 20 juillet 2007 : 08h08

    Bernard Pivot : « Avant, j'étais un peu désinvolte, parce que je comptais sur ma mémoire, là, je ne le pouvais plus. Il fallait que je bosse vraiment et que je m'applique. »

     

    Delort/Le Figaro.

     

    « JE NE VOUS AURAIS jamais reconnu et pourtant vous dites que nous nous sommes rencontrés de nombreuses fois ? », lâche Bernard Pivot qui nous reçoit dans l'appartement où il vient d'emménager dans le XVIIe arrondissement. « J'ai présenté»Apostrophes* pendant quinze ans et les gens sont persuadés que j'ai une mémoire phénoménale, mais je n'en ai pas du tout ! » Celui qu'on surnomme « le roi Lire » a hésité à évoquer un autre regret : celui de ne pas s'être assez souvent mis en colère.

     

     

     

    « J'ai toujours été une victime un peu souriante de ma mauvaise mémoire. Elle fonctionne très bien dans l'actualité, le moment, l'urgence et la fraîcheur. Après la lecture d'un livre par exemple, je peux retrouver pendant une huitaine de jours la page où telle phrase a été écrite. Quand j'animais une émission littéraire, je pouvais ainsi, avec une précision souvent redoutée des auteurs, retrouver tel passage dans tel ouvrage. Cela m'a toujours amusé de voir que les gens étaient impressionnés et croyaient que j'avais une mémoire extraordinaire. Mais au bout d'un moment, tous ces sentiments, ces images, nés de la lecture, disparaissent de mon esprit. »

     

     

     

    L'explication remonte à l'enfance du journaliste. « Après la guerre, j'ai eu ce qu'on appelle une primo-infection, la première attaque de la tuberculose. Ce n'était pas très grave, mais à ma stupéfaction, quand je suis revenu, je me suis aperçu que je n'avais plus la même mémoire. D'un seul coup, je me suis mis à peiner pour apprendre par coeur les fables de La Fontaine. Avant, j'étais un peu désinvolte, parce que je comptais sur ma mémoire, là, je ne le pouvais plus. Il fallait que je bosse vraiment et que je m'applique. »

     

     

     

    Le petit Bernard a grandi et est devenu le pape de la langue de Molière, l'animateur d'émissions mythiques comme « Apostrophes » (724 numéros) et « Bouillon de culture », qui lui ont donné la réputation de quelqu'un doué d'une mémoire hors du commun ! Depuis 2004, il est membre de la prestigieuse Académie Goncourt et ne craint pas de se comparer aux personnalités qu'il côtoie : « François Nourissier, Jorge Semprun, Françoise Chandernagor, Robert Sabatier ont tous une mémoire extraordinaire. Robert Sabatier peut vous réciter 2 000 ou 3 000 vers à la suite. Mon ami Philippe Meyer connaît, quant à lui, des centaines, des milliers de chansons sur le bout des doigts. Jean d'Ormesson, lui aussi, sort des citations comme moi je sortirais des chaussettes du tiroir de ma penderie. » Au quotidien, ce défaut joue des tours à l'ex-animateur. « Dans les articles ou les livres que j'écris, dès que je fais une citation, il faut que j'aille la vérifier parce que, deux fois sur trois, je commets une erreur. Parfois, ce problème a un avantage, il m'évite de tomber dans une sorte de facilité, de commencer un article par une citation, par exemple. »

     

     

     

    Quand on tente de rassurer Bernard Pivot - « Vous ne me reconnaissez pas, ce n'est pas grave » -, il répond qu'il en éprouve de la tristesse. Et se remémore (oui) des anecdotes savoureuses : « Un dimanche soir, sur l'aéroport d'Heathrow, à Londres - c'était du temps d'»Apostrophes* -, je vois un monsieur qui vient vers moi et me tend la main. Je me rends compte que je le connais, mais suis incapable de me rappeler qui il est. Il me demande : « Vous ne me remettez pas ? ». Je réponds « Non. » Il me dit : « Mais j'étais votre invité vendredi soir sur le plateau d'»Apostrophes*. »

     

     

     

    L'homme a évidemment appris à vivre avec son « handicap » : « Depuis une quinzaine d'années, je préviens les personnes que je rencontre que je ne les reconnaîtrai pas quand je les reverrai. Cela m'a donné mauvaise réputation. On croit que c'est du dédain, de l'orgueil. À la fin d'»Apostrophes* et de»Bouillon de culture*, nous avions l'habitude de rencontrer les invités. Anne-Marie Bourgnon, mon assistante, était toujours derrière moi pour me dire : « Attention, à gauche, c'est un tel, à droite, tel autre... ». En plus, après une émission, vous êtes un peu sonné et je reconnaissais encore moins les participants. Anne-Marie m'évitait de faire des gaffes, mais combien de fois j'ai blessé des gens à cause de ma mémoire défaillante, poreuse. J'oublie la vie tranquille, tout ce qui n'est pas marquant dans la joie ou le chagrin. C'est comme une infirmité. Avec l'âge, cela ne faut qu'empirer ! »

     

     

     

    À la fin de l'entretien, l'auteur du Dictionnaire amoureux du vin (Plon) se lève pour saluer et se précipite soudain sur un appareil photo : « Je vais vous prendre comme cela, je ne vous oublierai pas ! »

     

    Source:http://www.lefigaro.fr/reportage/20070720.FIG000000148_mon_seul_regret.html

  • Bernard Buffet: Tête de clown

    © Bernard Buffet

    Gianni Esposito (mort en 1974 à 44 ans)

     

     

     

     

     

     

     

     

    S'accompagnant d'un doigt

     

     

    ou quelques doigts

     

     

    le clown se meurt

     

     

    S'accompagnant d'un doigt

     

     

    ou quelques doigts

     

     

    le clown se meurt

     

     

    sur un petit violon

     

     

    et pour quelques spectateurs

     

     

    sur un petit violon

     

     

    et pour quelques spectateurs

     

     

     

     

     

    Ma chè n'ha fatto de male

     

     

    sta povera creatura

     

     

    ma chb c'iavete da ridere

     

     

    et portaije iettatura !

     

     

     

     

     

    D'une petite voix comme

     

     

    il n'en avait jamais eue

     

     

    D'une petite voix comme

     

     

    il n'en avait jamais eue

     

     

    il parle de l'amour

     

     

    de la joie, sans étre cru

     

     

     

     

     

    Se voi non comprendete

     

     

    si vous ne comprenez pas

     

     

    Se voi non comprendete

     

     

    si vous ne comprenez pas

     

     

    almeno non ridete

     

     

    au moins ne riez pas !

     

     

    almeno non ridete

     

     

    au moins ne riez pas !

     

     

     

     

     

    Ouvrez donc les lumières

     

     

    puisque le clown est mort

     

     

    Ouvrez donc les lumières

     

     

    puisque le clown est mort

     

     

    et vous applaudissez

     

     

    admirez son effort

     

     

    et vous applaudissez

     

     

    admirez son effort.

     

     

     

     

     

    Pour en savoir plus sur Giani Esposito, voir là 

    http://blogs.mediapart.fr/edition/je-me-souviens/video/161010/je-me-souviens-des-clowns

  • Bernard Heidsieck : le poète qui inventa le slam

    Bernard Heidsieck : le poète qui inventa le slam

     

    Bernard Heidsieck : le poète qui inventa le slam

    DISPARITION - À l'origine du courant de la «poésie sonore» qui privilégie l'oralité, le grand poète est mort à l'âge de 86 ans.

    Une édition originale de Shakespeare retrouvée à Saint-Omer

     

    Une édition originale de Shakespeare retrouvée à Saint-Omer

    Un exemplaire in-folio du grand auteur anglais, daté de 1623, a été identifié par Rémy Cordonnier, docteur en histoire de l'art et responsable du pôle patrimonial de la bibliothèque de la ville.

  • Dans ”Lire” de Bernard et Cécile Pivot

    Résultat de recherche d'images pour "magritte,la lectrice soumise"René Magritte

     

    http://editionsalto.com/catalogue/en-cuisine-avec-kafka/

    Précédente note à ce sujete (belge, 1898 - 1967) Titre : Le lectrice soumise , 1928

    http://www.artnet.fr/artistes/ren%C3%A9-magritte/le-lectrice-soumise-hi186n3rUdgQD4iJoKUpqg

    Bernard Pivot : "la vraie France insoumise, c'est celle des lecteurs"

    De ceux à qui le monde ne suffit pas: les saints, les conquérants, les poètes et tous...

    Le plus souvent, on cherche le bonheur comme on cherche ses lunettes, quand on les a sur le nez.

     
     
    Résultat de recherche d'images pour "marilyn monroe lit james joyce"Marilyn MONROE reading James Joyce. 1955.(via 24hoursinthelifeofawoman and Mudwerks)
    https://www.pinterest.fr/mirsica/james-joyce/
     
     
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    Jonathan Wolstenholme, livre sur livre

     

    Résultat de recherche d'images pour "théodore roussel, femme lisant"https://www.pinterest.fr/pin/114138171777021568/

    LA BÊTISE DES GENS CONSISTE À AVOIR UNE RÉPONSE À TOUT. LA SAGESSE D'UN ROMAN CONSISTE À AVOIR UNE QUESTION À TOUT.

    Milan Kundera

    HollandHouseLibraryBlitz1940.jpg

    Bibliothèque de Holland House, Londres, 22 octobre 1940

    http://publicservicebroadcasting-france.com/bibliotheque-de-holland-house-londres-22-octobre-1940/

  • Ce que la collection Tapie dit de Bernard

    Ce que la collection Tapie dit de Bernard
    Par Julie Malaure
    Alors qu’il est mis aux enchères, voici ce que l’intérieur de son hôtel particulier nous apprend du goût et du rapport au pouvoir de l’homme d’affaires.
       
    Gastronomie - Tenter le Cos
    Par Marion Tours
    Plus qu’un grand domaine, Cos d’Estournel, à Saint-Estèphe, offre d’expérimenter l’art de vivre médoquin.
     
     
    Les bijoux de Paris – L’herbier précieux de Chaumet
    Par Hervé Dewintre
    Jusqu’au 4 septembre, l’exposition « Végétal – L’École de la beauté » initiée par la maison Chaumet pose un regard de botaniste sur la nature dans l’art.
    Yves Camdeborde, clap de faim
    Par Thibaut Danancher
    Le chef de file de la bistronomie fait son dernier service ce midi dans son Comptoir du Relais à Paris, où Bruno Doucet va lui succéder.
    Déco siglée au Salone del Mobile
    Par Vicky Chahine
    Dior, Hermès, Armani, Louis Vuitton… Grand raout du monde du design, cette 60e édition a ancré l’investissement des maisons de luxe dans cet univers.
     
     
    Montre - Audemars Piguet, l’autre jubilé
    Par Constance Assor
    Née en 1972, la Royal Oak, première montre en acier vendue à prix d’or, est plus que jamais désirable, presque victime de son succès.
       
    Vins d’été : l’envie d’avoir envie
    Par Jacques Dupont et Olivier Bompas
    Guide par région des vins tendres, que l’on apprécie à l’ombre quand sonne l’heure de l’apéro et des grillades. Et des adresses de domaines à visiter.
       
    Où recharger rapidement sa voiture électrique en France
    Par Olivier Ubertalli
    Bonne nouvelle pour les automobilistes convertis au 100 % électrique : le déploiement des bornes de recharge de très haute puissance s’accélère en France.
    Toute l'actualité week-end
     
     
     
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  • Groupe Hersant: Bernard Tapie et les démons du Midi

    Par , publié le04/12/2012 à 17:15

    Bernard Tapie, Etienne Mougeotte, François Pinault et leurs alliés se disputent le rachat des quotidiens méridionaux du groupe Hersant. Pourquoi tant de convoitises pour des titres à la santé fragile? Enjeux d'un match où l'ex-patron d'Adidas et de l'OM fait figure de favori. 

    Groupe Hersant: Bernard Tapie et les démons du Midi

    MEDIAS - Qui de Bernard Tapie, d'Etienne Mougeotte et de François Pinault l'emportera ?

    afp.com/Jacques Demarthon

    Le premier, Bernard Tapie (67 ans), est un touche-à-tout jamais rassasié, une figure dumonde des affaires et de la politique, un flibustier de la finance devenu comédien. Le deuxième, Etienne Mougeotte (72 ans), est un poids lourd de l'univers des médias, un baron de la presse aux traits parcheminés, le dernier des Mohicans d'une génération de journalistes inoxydables. Tapie le bulldozer contre Mougeotte le chanoine! C'est l'affiche prometteuse d'un choc annoncé sur les bords de la Méditerranée, où ces deux hommes s'affrontent autour de la reprise du groupe de presse qui ceinture la région: de Nice à Bastia, de Marseille à Monaco. Pour pimenter encore cette confrontation, médiatico-politique et aux multiples enjeux, un troisième homme a fait son apparition: l'industriel et propriétaire de l'hebdomadaire Le Point, François Pinault.  

    Mais quelle est donc la raison de ce soudain emballement? Tout bonnement, la perspective d'une vente en bloc de plusieurs bastions de la presse quotidienne régionale française, parmi lesquels deux institutions, La Provence et Nice-Matin. Qui aurait imaginé, voilà seulement quelques mois, que ces journaux, à l'état de santé fragile, déclencheraient de tels appétits? Qui aurait pu penser qu'il y avait encore en France des hommes suffisamment intrépides- ou inconscients? - pour vouloirrafler, sur fond de crise du lectorat et de la publicité, un chapelet de titres nichés au coeur d'un groupe au bord du collapsus industriel et financier? En l'occurrence, les vestiges du groupe Hersant, mené aujourd'hui par le dernier du nom, Philippe Hersant.  

    L'histoire de cette dynastie semble maudite, car, seize ans après la disparition du fondateur, Robert Hersant, et la dilapidation d'un empire de journaux vendu à l'encan, le fils du célèbre "papivore" risque à son tour la banqueroute. Avec 6000 salariés (dont 4000 pour la seule région Paca) et 700 millions d'euros de chiffres d'affaires, Groupe Hersant Média (GHM) affiche une perte colossale de 261 millions d'euros! 

    Chaque jour, la menace du dépôt de bilan se rapproche

    Depuis l'été, c'est cette ardoise qui est au coeur d'intenses tractations. Elles opposent un pool d'établissements bancaires (17 au total), emmené par BNP Paribas, Natixis et la Société générale, à l'industriel, sommé de trouver d'ici au 8 décembre - date limite de dépôt des offres de reprise - une issue à cette crise. C'est aussi un groupe plombé par une dette de 210 millions d'euros, que négocient pied à pied les deux principaux candidats repreneurs avec les créanciers, remontés contrele propriétaire, Philippe Hersant, et sa gestion. 

    Le temps presse. Chaque jour qui passe, en effet, voit la menace d'un dépôt de bilan se rapprocher. Le risque d'un effondrement de l'entreprise est tel que l'Elysée - inquiet de la déflagration qu'entraînerait sa chute dans cette région - suit le dossier de près. L'affaire est devant le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) depuis cet été. Philippe Hersant n'oubliera jamais son tout premier contact, au coeur du mois de juillet, avec les équipes du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Dans un climat d'extrêmetension, il s'est vu sommer decéder son entreprise pour 1 euro symbolique en échange de l'effacement de sa créance. A l'Elysée, on est alors convaincu que l'héritier sera bientôt à terre et que son groupe tombera comme un fruit mûr. 

    Acculé, Philippe Hersant sort KO debout de cette réunion. Il sait que se joue l'histoire de sa vie. Il va se démener tout l'été afin de reprendre la main. Il dégraisse son groupe, se débarrasse des foyers de perte, orchestrant notamment la vente des deux poids morts que sont les pôles Paris-Normandie et Champagne-Ardenne. Dans le même temps, nouant discrètement et demanière très habile des premiers contacts avec Bernard Tapie - par l'entremise de leur avocat commun, Maurice Lantourne - il prend Arnaud Montebourg et l'Elysée de vitesse. 

    Le 22 novembre, Philippe Hersant et l'ancien patron de l'OM se retrouvent ainsi à Bercy face à une brochette de cols blancs du Ciriet de représentants des banques. Le ton est alors tout autre. Bernard Tapie n'y va pas par quatre chemins: il s'engage à reprendre 20% de la dette du groupe (à hauteur de 50 millions d'euros) et à investir, dans une seconde phase, entre 55 et 60 millions d'euros. Si BNP Paribas espérait un effort plus important, la totalité des autres établissements bancaires valident ce plan qui les contraint à abandonner 150 millions d'euros de créances. Pour l'ancien ministre de la Ville, l'objectif est clair: il s'agit non seulement de mettre la main sur La Provence et la Sapo - la société éditrice de Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin et Monaco-Matin -, mais aussi de capter la pépite du groupe Hersant, à savoir les journaux du pôle France-Antilles. "Tapivore!" S'il aboutissait dans les jours qui viennent, l'homme d'affaires réaliserait un coup spectaculaire. Quant à Philippe Hersant, il pourrait s'estimer miraculé. Désendetté et remis à flot, l'héritier serait assuré de conserver un pied solide dans le nouvel ensemble. 

    Les chiffres devraient inciter les repreneurs à la prudence

    "Mais que va donc faire Tapie dans cette galère?" s'interrogent nombre d'observateurs. De quoi parle-t-on, en effet? Les ventes cumulées de ce groupe de journaux dépassent à peine 350 000 exemplaires. Quant aux résultats financiers, d'une opacité parfois troublante, même pour les banques, ils inciteraient plus d'un repreneur à la prudence: en 2011, la Sapo a réalisé un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros pour un bénéfice de moins de 1,2 million. Quant au vaisseau amiral, La Provence, son influence sur la Canebière est inversement proportionnelle à sa puissance: le titre adégagé 5 millions d'euros de résultat en 2011, pour un chiffre d'affaires de 80 millions. 

    Tapie ou Mougeotte? La peste ou le choléra!

    Rien qui ne décourage Tapie ni son rival, Etienne Mougeotte. Face à l'axe Tapie-Hersant, l'homme depresse fourbit ses arguments, en vue du rendez-vous du 8 décembre. S'appuyant sur l'un de ses vieux complices d'Europe 1 et de TF1, le journaliste Charles Villeneuve, et sur les conseils d'un banquier, l'ancien président du Crédit Lyonnais, Jean Peyrelevade, l'ex-patron du Figaro - quotidien dont il a été évincé cet été - s'est associé à une figure des milieux d'affaires franco-libanais, Iskandar Safa (voir l'encadré). Ce trio se dit prêt à injecter entre 50 et 70 millions d'euros dans l'aventure. Habitué au combat (il a fait ses premières armes dans les rangs del'Unef, en 1968!), l'ancien n° 2 de "La Une" résistera-t-il à l'offensive d'un Tapie décidé à revenir au premier plan? Rien n'est moins sûr. Car même si l'ancien propriétaire d'Adidas s'en défend publiquement, la prise de contrôle de ce groupe de presse répond à une stratégie longuement mûrie, où la politique occupe une place clef. Très attaché à la cité phocéenne, l'homme d'affaires convoiterait tout simplement la mairie. A moins de deux ans des élections municipales, ce parachutage sur La Provence a donc de quoi mettre le landerneau marseillais en émoi. 

    Bernard Tapie ou Etienne Mougeotte? La peste ou le choléra! C'est en substance, résumé de manière brutale, le sentiment de l'Elysée, qui observe ce mano a mano avec circonspection. L'entourage du chef de l'Etat ne s'en cache pas: François Hollande, qui fait du sauvetage du groupe de presse une priorité, ne porte aucun de ces deux hommes dans son coeur. Le premier est à ses yeux le symbole exécré de l'affairisme en politique. Quant au second, il ne lui a jamais vraiment pardonné d'avoir fait la campagne de Nicolas Sarkozy dans Le Figaro. Aussi a-t-il approuvé sans bruit la décision de Serge Dassault de décapiter son lieutenant en signe d'apaisement, le 12 juillet dernier. 

    Est-ce pour cette raison que François Hollande verrait d'un bon oeil l'arrivée dans l'arène d'un troisième gladiateur? Dès cet été, ses émissaires se sont mis enquête d'un repreneur ami. C'est ainsi qu'avec le soutien de BNP Paribas, qui ne veut pas d'une solution Tapie, Arnaud Montebourg a tenté ces tout derniers jours d'emmener Fiducial dans l'aventure. L'arme anti-Tapie? Le ministre connaît bien cette société depuis qu'il a encouragé, cet été, la reprise par ce groupe français d'expertise-comptable et de services aux entreprises de la société de gardiennage, Neo Security. C'est ainsi, également, que le cabinet du chef de l'Etat a sollicité François Pinault. Homme d'influence et fidèle de Jacques Chirac, le milliardaire entretient d'excellents rapports avec le locataire de l'Elysée, en compagnie duquel il a dîné à plusieurs reprises, par l'entremise de son ami Jean-Pierre Jouyet, nouveau directeur général de la Caisse des dépôts. Cette relation s'est consolidée durant la campagne présidentielle; plus précisément, au lendemain même du meeting de François Hollande au Bourget. Ce jour-là, l'industriel a laissé un message de félicitations sur le portable du candidat et, depuis, a fait en sorte que l'on sache partout qu'il avait voté pour lui. 

    Pinault à Tapie: "Je ne suis pas intéressé"

    François Pinault, qui n'a pas oublié que la politique est faite de menus services, se lancera- t-il pour autant dans la bagarre? Le 22 novembre, inquiet de cette rumeur persistante, Bernard Tapie a téléphoné, en présence de Philippe Hersant, à l'intéressé, pour en avoir le coeur net: "Si tu y vas, je jette l'éponge", lui a-t-il dit. La réponse du Breton se serait voulue claire: "Je ne suis pas intéressé". Toujours circonspect à l'égard des propos de l'industriel, qui a regardé et étudié le dossier de très près, Bernard Tapie l'a rappelé au début de la semaine dernière. Cette fois encore, Pinault aurait balayé l'hypothèse d'un revers de main, expliquant que c'était le patron de la rédaction et le PDG du Point, Franz-Olivier Giesbert et Cyril Duval,qui "s'agitaient dans Paris".  

    François Pinault dit-il vrai ou avance-t-il masqué? Sur les bords de la Canebière, dans les étages de La Provence, les pronostics vont bon train. Dans la dernière ligne droite, Bernard Tapie et son allié semblaient se rapprocher un peu plus du but. Mougeotte le sait, lui qui a vu Tapie apprendre les règles du poker à l'ancien PDG de TF1, Patrick Le Lay: quand cet homme tient les bonnes cartes en main, il est imbattable. 

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     http://www.lexpress.fr/actualite/medias/groupe-hersant-bernard-tapie-et-les-demons-du-midi_1194868.html?xtmc=presse_Les_démons_du_midi&xtcr=2
  • Un magnifique pastel de Simon-Bernard Lenoir acquis par le Louvre

     

     

    21/1/14 - Acquisition - Paris, Musée du Louvre - Mieux vaut un chef-d’œuvre d’un petit maître qu’un tableau médiocre d’un grand. L’achat que vient de faire le département des Arts Graphiques du Musée du Louvre auprès de la galerie de Bayser à Paris témoigne de la justesse de cette remarque. Il s’agit d’un pastel (ill. 1) dont l’auteur, Simon-Bernard Lenoir, est relativement peu connu même s’il fit une carrière honorable de portraitiste, devenant notamment peintre de portraits du prince de Condé. Celui-ci, représente le comédien Lekain dans le rôle d’Orosmane (un personnage de la pièce de Voltaire Zaïre). Tout y est admirable : de l’expression déterminée de l’acteur, qui joue avec conviction le sultan Orosmane, à la subtilité des coloris du costume.


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    1. Simon-Bernard Lenoir (1729-1789)
    Pastel sur plusieurs feuilles marouflées
    sur toile - 116 x 88 cm
    Paris, Musée du Louvre
    Photo : Galerie de Bayser
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    2. Simon-Bernard Lenoir (1729-1789)
    Portrait de Lekain dans le rôle d’Orosmane
    Huile sur toile
    Paris, Comédie Française
    Photo : P. Lorette/Comédie-Française.
    Pastel sur plusieurs feuilles marouflées
    sur toile - 116 x 88 cm
    Paris, Musée du Louvre
    Photo : Galerie de Bayser

    On consultera avec profit la notice, accompagnée du catalogue sommaire de ses pastels, que Neil Jeffares consacre à cet artiste. On pourra y voir de nombreuses images qui montrent que Lenoir a une production de qualité inégale. Il portraitura à de nombreuses reprises l’acteur Lekain, puisque Jeffares répertorie au moins une dizaine de pastels. Il le peignit également : la Comédie Française conserve une version (ill. 2) de cette même composition à l’huile sur toile qui fut présentée récemment à l’exposition du Petit Palais.
    En 1764, Lenoir exposa au Salon de l’Académie de Saint-Luc M. Lekain jouant le rôle d’Orosmane qui, selon un critique1, « attira tous les yeux ». Si la description et la taille pourraient correspondre à celles de cette œuvre, cette dernière - qui n’était connue jusqu’à présent que par sa mention dans un catalogue de vente - est datée 1767, ce qui signifie probablement qu’il s’agit d’une autre version, à moins qu’il n’ait apposé cette mention que trois ans plus tard, ce qui paraît improbable. Le Louvre ne conservait jusque là aucune œuvre de sa main.

    English version

     

     

    Didier Rykner, mardi 21 janvier 2014