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  • Novalis, ”Hymnes à la nuit, I”

    Est-il quelque être vivant, de sens doué, qui ne chérisse avant toutes les apparitions magiques de l’espace autour de lui largement éployé, la toute réjouissante lumière, avec ses couleurs, ses rayons et ses ondes, et sa douce omniprésence, le jour donneur d’éveil ? Elle est comme l’âme très profonde de la vie, que respire le monde immense des constellations infatigables – et il se plonge et danse dans son torrent d’azur ; c’est elle que respire la roche étincelant dans son éternel repos, et la plante qui médite et qui puise, et l’animal multiforme, ardent, sauvage – mais plus que tout autre encore, le royal Étranger au regard plein de pensée, au pas léger, avec ses lèvres doucement closes, riches de musique. Pareille à une reine de la terrestre nature, elle appelle toute puissance à d’infinies métamorphoses, elle noue et délie d’innombrables liens ; sa divine image autour de chaque existence terrestre se suspend. Elle n’a qu’à paraître, et les empires du monde découvrent leur magique splendeur.

          Mais moi je me tourne vers la Nuit sacrée, l’ineffable, la mystérieuse Nuit. Là-bas gît le monde, au creux d’un profond sépulcre enseveli – vide et solitaire est sa place. Aux cordes du cœur bruit la profonde mélancolie. Que je tombe en gouttes de rosée, que je m’unisse à la cendre ! Lointains du souvenir, vœux de la jeunesse, rêves de l’enfance, de toute une longue vie l’inutile espérance et les brèves joies se lèvent dans leurs vêtements gris, pareils à la brume du soir quand le soleil s’est couché. Ailleurs, dans d’autres espaces, la lumière a déployé ses tentes d’allégresse. Pourrait-elle ne retourner jamais vers ses fils qui l’attendent avec la foi de l’innocence ?

         Qu’est-ce donc tout à coup, dans le tréfonds du cœur, qui sourd mystérieusement et dissipe la molle atmosphère de tristesse ? Trouverais-tu toi aussi quelque joie en nous, sombre Nuit ? Que tiens-tu sous ton manteau qui pénètre jusqu’à mon âme avec une souveraine puissance ? Précieux est le baume qui, des pavots en gerbe issu, coule de ta main goutte à goutte ! Les lourdes ailes de l’âme, c’est toi qui délivres leur essor. Obscurément, indiciblement nous nous sentons touchés ; tout saisi de peur et de joie, je vois un visage plein de gravité qui doucement, pieusement sur moi se penche, et sous les boucles à l’infini mêlées, me dévoile la chère jeunesse de la Mère.

          Ah ! que la lumière maintenant me paraît pauvre et puérile, que joyeux et béni le départ du jour ! Ainsi, c’est seulement parce que la Nuit éloigne de toi tes fidèles, que tu semas aux profondeurs de l’espace les sphères étincelantes, pour annoncer ta toute-puissance et ton retour – au temps de ton absence ? Ah ! plus divins que toutes les étoiles éclatantes nous paraissent les yeux sans nombre que la Nuit fit s’ouvrir en nous ! Ils voient plus loin que les plus pâles d’entre ces légions infinies. Sans le secours de la lumière, leur regard traverse les profondeurs d’une âme aimante, comblant les régions suprêmes de l’espace d’une indicible volupté. Louange à la Reine du monde, à la haute annonciatrice des mondes sacrés, à la gardienne du bienheureux amour ! C’est vers moi qu’elle t’envoie – tendre bien-aimée – cher soleil de la Nuit – maintenant je veille, car je suis tien et mien – tu m’as révélé la Nuit : ma vie – tu m’as fait homme – brûle mon corps au feu spirituel, que devenu léger comme l’air à toi plus profondément je m’unisse et que notre nuit nuptiale dure l’éternité !

    http://jm.saliege.com/roud2.htm

  • C.D. Friedrich, dessin de G.F. Kersting, 1810

    wcdfried3.jpgCaspar David Friedrich est né en 1774, à Greifswald, en Poméranie

               Sa famille présente quelques similitudes avec celle du poète Novalis, son aîné de deux ans. C’est le même milieu strictement protestant, piétiste. Très tôt, il est confronté à la mort, de sa mère, d’abord, en 1781, puis d’une sœur. Son frère Johann disparaît tragiquement, en 1787, alors qu’il tentait de le sauver de la noyade.

              Ce n’est qu’à l’âge de 20 ans qu’il commence des études, à l’Académie de Copenhague, puis il s’installe à Dresde à partir de 1798, où il expose ses premiers dessins. En 1801, il est de retour à Greifswald. C’est l’époque de ses premiers voyages dans l’île de Rügen et sur les bords de la Baltique. Il fait la connaissance de Philipp Otto Runge.    

    http://www.moncelon.com/friedrich4.htm

  • Symbolique dans l’œuvre de Caspar David Friedrich

    croix.jpg

    La Croix au bord de la Baltique, 1815

    Le premier degré de la symbolique de Friedrich est une symbolique religieuse. Si l’on considère un tableau comme La Croix au bord de la Baltique, il est aisé de reconnaître des symboles simples comme la Croix et l’Ancre, symboles de la Foi et de l’Espérance chrétiennes, ou la Lune, comme symbole du Christ, ou encore le bateau, symbole de l’âme.

    Cependant, si nous y prêtons attention, nous passons insensiblement d’une dimension religieuse à une dimension spirituelle qui forme le second degré de la symbolique de Friedrich.

    La Croix sur le rivage qui figure notre monde terrestre, en marque aussi l’extrémité. Ce qui s’étend au-delà de ce rivage et que domine la Croix, n’est pas le monde terrestre, mais son « extension », la Terre céleste.

    Le bateau, symbole de l’âme chrétienne, qui s’éloigne en direction de l’horizon, annonce une traversée qui n’est pas seulement la succession des jours et des nuits, de la naissance à la mort, et l’horizon qu’il a en vue n’est pas l’horizon terrestre, mais celui de la Terre céleste, l’horizon métaphysique.

    Dès lors, la mer où navigue notre bateau/âme, n’est plus seulement une image de notre vie terrestre, elle est le symbole de ce monde qu’il faut traverser pour en atteindre l’extrémité orientale.

    Ce monde est le Monde de l’Ame, notre « vraie patrie ».

    Le ciel est alors la « signature », au sens de Jacob Boehme, du Monde céleste, car « l’être extérieur est la signature de l’être intérieur » (La signature des choses, IX, 3)

             De ce tableau, Friedrich écrira, le 9 mai 1815 :

             « Le tableau destiné à votre amie est déjà esquissé mais vous n’y verrez ni église, ni arbre, ni plante, ni brin d’herbe. Sur le bord de mer nu, caillouteux, s’élève la croix, haut érigée : pour ceux qui voient, une consolation ; pour ceux qui ne voient pas, une croix. »

             On sait que cette symbolique, en relation avec la « vraie patrie » est explicite dans certains tableaux, et particulièrement dans Matin dans le Reisengebirge (1810-11).

             Si c’est au terme de son existence terrestre que l’homme est accueilli par sa propre âme au pied de la Croix, c’est aussi durant cette vie terrestre que l’homme intérieur qui a atteint l’extrémité de la Terre céleste se trouve réuni à cette âme qui est à sa ressemblance. Si elle se tient au pied de la Croix, c’est qu’elle est la médiatrice, et une figure de Sophia, comme le Christ lui-même est médiateur. « Christus und Sophie », disait Novalis. Ici, le Maître intérieur est clairement identifié comme étant le Christ-Sophia. Du sommet qu’il a atteint, guidé par sa propre âme, son « guide de lumière », l’homme peut s’élever dans une ascension céleste, qui démarre au pied de la Croix.

    La symbolique de Friedrich s’adresse à ceux qui ont les yeux pour voir, les yeux de ceux qui se tiennent de dos dans ses tableaux, pour bien signifier que le regard qu’ils portent sur les choses, essentiellement la Nature, est un regard d’intériorité, le regard de l’homme intérieur.

             Novalis disait : « De même que le peintre voit les objets du monde visible d’un tout autre œil que l’homme ordinaire – de même le poète vit autrement que l’homme du commun les événements de son monde intérieur et du monde extérieur. »

             Notre approche de l’œuvre de Friedrich doit être, par conséquent, essentiellement intérieure. Il faut considérer ses œuvres picturales avec l’œil de l’esprit – en dehors de toute considérations esthétiques, de toute émotion extérieure aussi, de ces émotions que procure extérieurement le Beau. En un mot, il est indispensable de se mettre à son diapason, à la hauteur de son exigence du Beau qui est une théophanie : « Ferme l’œil de ton corps afin de voir ton tableau d’abord par l’œil de l’esprit. Puis mets au jour ce que tu as vu dans l’obscurité, afin que ta vision agisse sur d’autres, de l’extérieur vers l’intérieur » (Considérations à propos d’une collection de peintures, papiers posthumes)

    C’est bien en cela que Friedrich est le peintre romantique par excellence, selon le coeur de Novalis : « Le peintre, à vrai dire, peint avec l’œil ; - son art est l’art de voir esthétiquement, harmonieusement beau. Son voir est un agir totalement positif, absolument imageant. Son image n’est que son chiffre, son expression, son instrument de reproduction » (Fragments préparés pour de nouveaux recueils, 210).

    http://www.moncelon.com/friedrich6.htm

  • Mon poème inédit sur ce blog:L'heure bleue

    Sujet semaine 38/2017

    Sujet semaine 38/2017http://miletune.over-blog.com/2017/07/sujet-de-l-ete-semaines-32-et-33.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

    L'heure bleue

     

    C'est celle où Cannelle redevient la vraie "fleur bleue", non pas de façon mièvre

    Non pas l'amour pur à la sauce "princesse" qui attend son "prince charmant."

    L'heure bleue, c'est celle du vrai Romantisme, pas de l'amour romantique

    Dont on abreuve les jeunes filles et garçons peureux: le premier et le seul.

     

    L'heure bleue, c'est le symbole de l'élévation absolue et de la poésie.

    C'est celle que Novalis a popularisé dans le rêve d'"Henri d'Ofterdingen.

    L'heure bleue , c'est au début du roman quand Henri a un rêve prophétique.

    Henri qui veut devenir poète s'endort après qu'un étranger lui a parlé de la fleur bleue.

     

    La "fleur bleue",c'est le symbole de la réconciliation entre le monde réel et chaotique

    Et le monde spirituel où l'artiste se réfugie pour fuir la réalité et s'élever.

    La "fleur bleue" c'est le symbole du passage entre deux mondes:

    Le monde réel et le monde du rêve et de l'imaginaire: un paysage d'enfance.

     

    17 septembre 2017

  • Plan de ce blog

    1. Ce que j'écris

    1.1. Mes poèmes

    1.1.1.Mes poèmes selon la période d'écriture

    Mes poèmes d'enfance
    Mes poèmes d'adolescence
    Mes poèmes d'adulte

    1.1.2.Mes poèmes selon leur utilisation

    Mes poèmes commandés
    Mes poèmes exposés
    Mes poèmes primés
    Mes poèmes publiés
    Mes poèmes sur le web
    Mon premier recueil de poèmes en ventes

    1.1.3.Mes poèmes selon le thème/genre

    Mes acrostiches
    Mes poèmes de circonstance
    Mes poèmes d'amour
    A mon mari
    Mes poèmes pour enfants
    Mes poèmes sur l'écriture

    1.2. Mes textes par thème

    1.2.1.Mes textes érotiques Poèmes et prose
    1.2.2.Mes paysages au miroir (Catégorie associée:le paysage)
    1.2.3.Souffrance

    1.3. Mes textes en prose

    1.3.1.Mes textes en prose par utilisation

    Mes textes en prose primés
    Mes textes en prose publiés

    1.3.2.Mes travaux universitaires

    Sur ce blog
    Mon mémoire de maîtrise en vente

    1.3.3.Mon roman de Cannelle (extraits)

    2. Ce(ux) que j'aime

    2.1.Ce que j'aime

    Carpe diem (Catégorie associée:le paysage)
    Culture
    Des anniversaires
    Des bibliothèques
    Des événements
    Des expositions
    Des librairies
    Des lieux
    Des musées
    Des photographies
    Des poèmes
    Des poèmes sur l'espoir
    Des spectacles
    Et in arcadia ego (Catégorie associée:le paysage)
    (Des) film(s) (catégorie par défaut)
    La cuisine
    La langue française
    La littérature
    La mélancolie
    La période du romantisme
    La philosophie
    La poésie
    La presse
    La représentation des bohémiens: art et littérature
    La télévision
    Le cinéma
    Le maroc
    Le patrimoine
    Le paysage
    Le XIX e siècle
    Les couleurs
    Les livres d'amis blogueurs
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    Livre (catégorie par défaut)
    Lyon
    L'actualité
    L'Ariège
    L'art et les artistes
    L'érotisme
    L'ésotérisme
    L'histoire
    L'humours
    L'univers celte
    Ma liste de livres à lire
    Musique (catégorie par défaut)
    Paris
    Saint-Etienne
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    Sport (catégorie par défaut)
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    Web (catégorie par défaut)
    Blog (catégorie par défaut)

    2.2. Ceux que j'aime

    Albrecht Dürer (Catégorie associée: le paysage)
    Alphonse de Lamartine (Catégorie associée:le paysage)
    Charles Baudelaire (Catégorie associée:le paysage)
    Charles Méryon (Catégorie associée:le paysage)
    Cyril Collard
    Des poètes
    Edvard Munch
    Eugène Delacroix
    Fernando Pessoa
    François Truffaut
    Gérard de Nerval
    Guillaume Apollinaire
    Gustav Klimt
    Hervé Guibert
    Jules Barbey d'Aurevilly
    Kandinsky
    Marc Chagall
    Novalis
    Paul Verlaine
    Philipp Otto Runge
    Pierre Loti
    Rembrandt
    René Char
    René-Guy Cadou
    Rudyard Kipling
    Victor Hugo

    2.3.Celles que j'aime/Des femmes comme que je les aime

    Marceline Desbordes-Valmore
    Virginia Woolf
    Marilyn Monroe
    Kiki de Montparnasse
    Jacqueline de Romilly
    Frida Kahlo
    Bettina Brentano (Catégorie associée: le paysage)
    Anaïs Nin

  • ”Le paysage dans les oeuvres poétiques de Baudelaire et Nerval”, mon mémoire de lettres modernes (mention bien) en vente

    ccd64744fa3fad3d8655953a8417e5bc.jpgLa nature tient une place prépondérante dans cette étude (mon mémoire de maîtrise obtenue en 2001 avec la mention bien) puisqu’elle est présente même au sein du paysage urbain  où elle est domestiquée par l’homme et surtout le poète.

    L’horizon est une problématique essentielle, notamment dans les paysages désertiques. Dans les « Fleurs du Mal »(FM), le paysage désertique est aussi spleenétique

    Lors de la sexualisation du paysage, l’horizon est inséparable de la femme aimée. L’occultisme et l’alchimie sont  présents tout au long de l’étude. La réunion des contraires (coincidentia oppositorum) se réalise dans les Correspondances, systématisées dans le célèbre sonnet de Baudelaire.

    Les rapprochements intertextuels sont inévitables. En ce qui concerne, Nerval, il s’agit surtout du romantisme allemand (Novalis, Jean – Paul Richter notamment) 

    Pour Baudelaire, on peut évoquer Hoffmann (pour le lugubre des paysages nocturnes par exemple). On perçoit aussi dans les FM l’influence d ‘anglais comme Young (les paysages nocturnes encore) ou Coleridge (le rôle de l’imagination dans la création poétique).                                                                                                                                                 

    Il est impossible d’évoquer l’onirisation du paysage sans citer Aurélia, ni le paysage en peinture sans utiliser l’œuvre critique de Baudelaire. En ce qui concerne justement la peinture, il s’agissait d’établir les rapports entre les paysages de certains artistes et les paysages contenus dans les poèmes de Baudelaire et Nerval. Il semblait important d’évoquer les rapports personnels qui ont pu exister entre les deux poètes et certains peintres. Le dernier axe essentiel  de cette étude est la temporalité du paysage.

     Les paysages urbains des « Tableaux Parisiens » naissent de la confrontation entre modernité et historicité, entre la réalité historique et les images crées par le poète selon sa volonté.  En  contraste avec la vision souvent maussade de Paris, les paysages exotiques des FM  rappellent parfois ceux du XVIII e siècle (Bernardin de Saint – Pierre).          

    Les paysages originels se situent  bien - sûr du côté de l’enfance : le Valois, l’Agenais ou Paris  mais aussi en Orient  qui donne l’impression de conserver l’Antiquité vivante.                                                                                                                                           

    La conscience qui se cherche peut espérer se reposer au Paradis qui ressemble souvent à l’enfance  mais les paysages limbiques ressemblent déjà aux paysages spleenétiques  et infernaux.

     

    Ce mémoire complet (ainsi que mon recueil de poèmes)est en vente sur Lulu:

     

     

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      (lien à gauche sur ce blog)
  • ”L'Europe des esprits ou la fascination de l'occulte, 1750-1950»

     

    Jusqu'au 12/02/2012 | Exposition | Strasbourg (67)

    Grâce à une muséographie très subtile, une exposition strasbourgeoise parvient à parcourir quatre mille ans de confluences entre occultisme, art, littérature et science, de l’Égypte antique au surréalisme.

    Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette exposition que de nous donner à voir, à travers 500 oeuvres de l’Europe spirituelle, la représentation de ce qui ne se voit pas : l’histoire de l’art et de la littérature y est revisitée à travers le filtre de l’occulte. Une entreprise prométhéenne, toutes les civilisations depuis l’Antiquité ayant interrogé leur rapport à l’au-delà. Aussi l’éclairage du premier volet a-t-il été porté sur les années 1750-1950. Comme pour matérialiser l’intuition d’Édouard Schuré, qui, dans Les Grands Initiés, en 1889, démontrait la continuité de l’inspiration par-delà les âges, la deuxième partie couvre quarante siècles d’histoire : papyrus, manuscrits, incunables et gravures illustrent dans leur continuité et leur rupture les interrogations auxquelles ont tenté de répondre les mythologies de l’obscur.

    Protéiforme et transversal, le parcours se fait à sauts et à gambades. Platon côtoie le comte de Cagliostro, thaumaturge du XVIIIe qui prétendait détenir l’élixir d’immortalité ; Dürer caresse la joue de Swedenborg, théoricien du spiritisme. Tandis que Le Cimetière sous la lune de Friedrich brame non loin du baquet de Mesmer, inventeur du magnétisme animal, les sorcières de Goya entrent en incantation devant la chimère de Victor Brauner. On se promène dans une galerie intérieure, une fantaisie littéraire qui esquisse une intersémiotique des arts : chaque oeuvre en appelle une autre, se situant dans une continuité cubiste. Les peintres se saisissent de personnages dramatiques : Shakespeare inspire les romantiques (Fuseli, Chassériau, Gustave Doré) ; Blake, qui se faisait dicter ses dessins par les esprits, illustre Le Paradis perdu de Milton et La Divine Comédie. Le mythe de Faust s’incarne chez Goethe, dont on admire les dessins. Hugo interroge les esprits, et le spiritisme devient un ingrédient textuel : le roman gothique projette sur l’Angleterre son ombre horrifique quand, en Allemagne, Novalis en appelle à une synthèse littéraire du monde. Précurseur de l’inconscient, Hoffmann trousse des contes envoûtés qui inspireront Nerval. La déambulation tisse des ramifications, fait deviner des influences, reprises et variations, rejoignant la théorie baudelairienne des correspondances.

    Scission de l’être, fantômes, médiums, transmigration des âmes : le rapport à l’invisible se décline à l’envi, mettant au jour la diversité des foyers de création et de traitement formel. Photos spirites, tentatives, comme le montre la troisième partie, de mesurer les esprits grâce aux instruments scientifiques... Miraculeusement, une consonance émerge, tant le rapport de l’homme à sa finitude ressort dans sa rémanence. Même cette partie, plus scientifique, est aspirée par un traitement littéraire. Et si c’était la fraternité des esprits écrivants qui mesurait, de toute sa démesure, la science ? Vision de l’art total, le symbolisme est né : Huysmans, Villiers de L’Isle-Adam, Gautier s’ensorcellent de messes noires et de métempsycose. Du galvanisme et de la chimie naît Frankenstein. Contrepoint des Lumières, les ténèbres paraissent constitutives de l’histoire de la modernité - c’est ce que suggère cette muséographie de libre inspiration, vorace et maïeutique, qui nous fait comprendre sa démarche au fur et à mesure. L’art surréaliste se nourrit de rêve et d’écriture automatique (théories du hasard objectif et des grands transparents, fluides qui nous relient) ; Artaud écrit Vie et mort de Satan le Feu, Kandinsky Du spirituel dans l’art, Arp des poèmes naturosophes. À l’impromptu se dessine un lien entre les utopies modernistes et l’ésotérisme, qui apparaît peu à peu comme un enjeu esthétique et métaphysique. La démarche jaillit alors dans son audace transgressive : dégager une convergence d’inspiration de la création moderne qui trouverait sa source non dans la raison mais dans les pulsions et forces psychiques les plus obscures. L’ésotérisme donne à l’homme, d’après Breton, «les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés». À l’issue de cette exposition subversive, subjective et symboliste, se dégage une interprétation inédite de l’occulte en tant que catégorie critique et grille de lecture qui donne à méditer - cette «quatrième dimension spirituelle » rêvée par Maeterlinck, qui fait fleurir la « merveilleuse plante qu’est l’âme».

     

    Juliette Einhorn

    http://www.magazine-litteraire.com/content/agenda-exposition/article?id=20632

  • J'ai lu:”Poèmes à la nuit ” de Rainer Maria Rilke

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    Préface de Marguerite Yourcenar
    Édition bilingue
    Traduit de l’allemand et présenté par Gabrielle Althen et Jean-Yves Masson

      112 pages
    10,50 €
    ISBN : 2-86432-189-0

     

    Résumé

     

         Si ce poète habitué aux visitations angéliques s’est voulu insubstantiel, humble, dépouillé jusqu’à la transparence, c’est qu’il se savait né pour transmettre, pour écouter, pour traduire au risque de sa vie ces secrets messages que les antennes de son génie lui permettaient de capter ; enfermé dans son corps comme un homme aux écoutes dans un navire qui sombre, il a jusqu’au bout maintenu le contact avec ce poste d’émission mystérieux situé au centre des songes.
         Du fond de tant de dénuement et de tant de solitude, les privilèges de Rilke, et son mystère lui-même, sont le résultat du respect, de la patience, et de l’attente aux mains jointes. Un beau jour, ces mains dorées par le reflet d’on ne sait quels cieux inconnus se sont écartées d’elles-mêmes, pareilles à la coque fragile et périssable d’un fruit formé dans la profondeur de ces paumes, et dont on ne saura jamais s’il doit davantage à la lumière qui l’a mûri, ou aux ténèbres dont il est issu.

         (Extrait de la préface de Marguerite Yourcenar)
         Les Poèmes à la nuit, traduits ici pour la première fois intégralement en français, ont été offerts par Rilke à Rudolf Kassner en 1916 et sont l’une des étapes essentielles de la genèse des Élégies de Duino.



     

    Un extrait du recueil

     

         Un tel souffle, ne l’ai-je pas puisé au flux des minuits,
         pour l’amour de toi, afin que tu vinsses
         un jour ?
         Parce que j’espérais apaiser ton visage
         par des splendeurs à la force presque intacte,
         une fois que dans l’infini de ce que j’en suppose
         il reposerait en face du mien.
         Sans bruit, de l’espace advenait à mes traits ;
         afin de suffire au grand regard levé en toi,
         mon sang miroitait et s’approfondissait.

         Quand à travers la pâle division de l’olivier
         la nuit régnait avec plus de force, de toutes ses étoiles,
         je me dressais, je me tenais debout et me
         renversais en arrière, et recevais la leçon
         dont jamais ensuite je n’ai compris qu’elle venait de toi.

         Ô quelle forte parole fut semée en moi
         pour que si jamais ton sourire advient,
         par mon regard je transfère sur toi l’espace du monde.
         Mais tu ne viens pas, ou tu viens trop tard.
         Jetez-vous, anges, sur ce champ de lin
         bleu. Anges, anges, fauchez.



     

    Extraits de presse

     

         La Quinzaine littéraire, 15 juin 1994,
         par Lou Bruder,
         Le ciel de Rilke, l’enfer d’Huelsenbeck

         Ces textes, comme le titre pourrait éventuellement le laisser supposer, ne renvoient en rien à l’immense tuerie en cours de ces années. Il est néanmoins vrai que ces poèmes peuvent, d’une façon inverse, par leur subtil retrait, leur palpitation recluse en poésie pure, apparaître comme en abîme quant aux événements historiques : l’effort désespéré du poète, pris au piège du monstrueux, et cherchant à préserver l’intensité de la grande trajectoire de réconciliation de la vie et de la mort que devait soutenir, en accomplissement éthique, le texte majeur des Élégies de Duino. Ainsi, les Poèmes à la nuit figureraient comme l’oasis d’une inspiration viscéralement menacée en son vaste estuaire d’effusion par l’intrusion des premiers carnages, Marne et Verdun. Contribueront à cet aménagement sécurisant aussi bien les lectures mystiques de Jean de la Croix que la découverte du Coran, avec sa vision de l’Ange surtout, sans parler, il va de soi, des Hymnes à la Nuit de Novalis.
         Par rapport aux Élégies, l’inspiration des Poèmes à la nuit ne sera point distributive, pas multiple. Rilke n’y exalte pratiquement que le seul thème, essentiel il est vrai, de l’Ouvert avec ses mots-clefs, les astres, la lune, le rêve, l’enfoncement – par l’emploi systématique de particules séparables – et qui tous suggèrent un espace transfini d’échange. Un dépaysement flou d’éventuel absorbement phénoménal où culmine, emblématique, l’Ange. Nous sommes aux franges très indécises de ce qui nous dépasse, le sacré.
         Angelus ex-machina
         
    C’est dans ce sens précisément que l’Ange rilkéen est désigné comme terrible : il connaîtrait, par rapport à l’homme et à la mort déjà par lui traversée, l’absolue ultime évolution. Cette articulation cosmique à travers l’ange médiateur peut évidemment paraître spécieuse, sinon factice, dans la mesure où il n’y a aucune infrastructure théophanique ou spirituelle, aucune collectivité minimale qui la conditionne, l’illustre ou l’exalte fertilement. Ange-phantasme esthétique ? Ange de secrète surcompensation pour perte de recours au ciel chrétien depuis Copernic ? L’Ange rilkéen, aussi admirable que soit son projet, aussi bien fondu en poésie qu’il soit, semble, à bout d’emploi, ne figurer qu’une intensité d’intention, sans vertu spéculative centrale et proche d’un certain kitsch préraphaélite.
         Angelus ex-machina ? Rilke serait-il, sur ce point au moins, « ce moineau paré des plumes du paon » (...des plumes de l’ange ?) que dénonçait, en 1910, le jeune poète Georg Heym ? Quoiqu’il en soit, l’Ange de Rilke ne constitue sans doute, mais assez pathétiquement, que le très crépusculaire avatar de l’épiphanique « transhumanare » appelé par Dante. Car Rainer Maria Rilke, comme Wagner par exemple appartient à ces désorientés éperdus de transcendance dans le tohu-bohu de leur époque, fait partie de ces nombreux artistes qui voudraient « célébrer » là où il n’y a plus rien à célébrer. C’est « Le Cri » du tableau de Münch...
         [...] Quant aux précieux textes de Rilke, ils sont à leur comble dans la traduction de Jean-Yves Masson et de Gabrielle Althen.

     

         Réveil, juin-août 1994,
         par Gérard Bocholier,

         « Adapter les choses soumises au temps au monde moins menacé, plus calme, plus éternel, de l’espace pur ». Telle est la fonction de la poésie, exprimée par Rilke dans une lettre à Lou Andreas-Salomé du 8 août 1903. Poèmes à la nuit la réalise de manière admirable dans cette petite suite de vingt-deux textes écrits de janvier 1913 à février 1914, offerts à l’ami et confident Rudolf Kassner à un moment où l’ambitieuse entreprise de création des Élégies de Duino se trouvait interrompue.
         Cet ensemble, qui pourrait paraître mince, s’avère d’une richesse et d’une pureté très considérables. Ordonné autour du grand thème nocturne, bien sûr dans la lignée de Novalis, mais peut-être surtout de Jean de la Croix et du Coran, découverts pendant le séjour en Espagne de 1912-1913, le livre place la figure du poète dans la situation la plus cruciale, celle de la veille dans la nuit, comme à la lisière d’un gouffre, sur le fléau de la balance immense de la vie et de la mort. Le dehors et le dedans sont si proches qu’ils semblent tout à coup ne faire qu’un, « dans un seul espace indistinct, d’une extension et d’une limpidité absolues » :
              Et maintenant cela consent et nous atteint au visage
              comme l’aimée lève les yeux ; cela se déploie
              face à nous et peut-être disperse
              en nous son existence. Et nous n’en sommes pas dignes.
         Nous voici « de l’autre côté de la nature », là où le visage de l’homme « se communique à l’âpreté des espaces qui lui sont étrangers », offert aux « mains des vents », dans une sorte de rêve qui « vient comme tombe une balle » dans des mains tendues en retour. « Tout, ou presque rêve », et la belle image du filet « de rapides mailles d’ombre » fait encore passer une main souveraine et « très lointaine », capturant « d’un grand geste », avant que les mailles ne libèrent, pour laisser fuir « à la dérive », les choses et les êtres. Car la nuit rilkéenne demande qu’on s’abandonne, qu’on lui ouvre sans résistance son cœur et sa vie :
              Je veux n’être qu’offrande. Agis. Pénètre
              autant que tu le peux.
         C’est en entrant dans « l’espace intérieur du monde » (der Weltinnenraum), en mourant à la vie consciente qui enserre et définit les choses, en s’appliquant par exemple « à être impassible comme les pierres/serties dans la forme pure », que Rilke sait devenir accueil et adoration, limpidité et vérité :
              l’ange attend que je me fasse plus limpide.
         Loin de lui ces « mauvaises nuits falsifiées », qui ne sont que la caricature de la seule vraie nuit, qu’il compare à la Terre, maternelle et nourricière. « L’obscur de la terre » se respire, il s’agit de le faire circuler en soi, mais aussi de le pénétrer d’une connaissance attentive, intuitive, aussi aérienne que possible :
              Élève l’aire de ton cœur.
              Les anges soudain
              Voient la récolte.
         Rilke aspire à cet « espace angélique » où se diffusent sans fin les sentiments, à ce « domaine pleinement achevé » où les anges marchent « enthousiasmés par ce qu’ils ont à accomplir ». Au moins peut-il s’alléger, alléger son poème pour qu’une inestimable complicité le relie à la nuit, complicité toujours reçue comme une grâce, quelquefois avec un tremblement de la voix et du regard, comme un vacillement d’étoile perdue dans un coin des ténèbres, tant les puissances invisibles sont éprouvantes pour celui qui communique avec elles :
              et des heures plus grandes que nous ne le demandions
              s’avancent à tâtons, prenant appui sur nous.
         La phrase poétique de Rilke accuse cette flexion de l’être tout entier sous cette pesée des ombres. Elle isole le visage avec ses yeux « pleins de larmes », « la crête de la montagne » vers laquelle il se tourne, « la lueur d’une éclaircie déchirant le ciel », la silhouette solitaire du berger qui veille et vibre à tous les signes,
              et les ombres des nuages
              le traversent, comme si l’espace pensait
              de lentes pensées à sa place.
         Les esquisses et les poèmes qui complètent dans cette édition le cahier des vingt-deux poèmes ne font que confirmer l’importance vitale de la nuit pour Rilke et sa poésie : nuit habitée de souffles et de fantômes, nuit protectrice et mythique, nuit de l’acheminement vers la mort enfin rendue à la totale transparence, vers sa lumière noire qu’il faut laisser se répandre dans tous les poèmes, pour faire lever le seul langage qui célèbre sans rien briser, sans rien figer. Comme Marguerite Yourcenar, dans son texte écrit en 1936, resté inédit jusqu’à ce jour et donné en guise de préface à ce volume, a raison d’insister sur toutes les formes de respect de Rainer Maria Rilke : respect pour les hommes, pour le silence, pour l’amour ! Et comme elle fait bien de terminer par son respect pour la mort, « le fruit qui est au centre de tout », comme proclame Le Livre de la Pauvreté et de la Mort ! Sans ce respect-là, les Poèmes à la nuit ne nous apparaîtraient pas comme l’adieu d’un être en train de se dissoudre, ni comme les chants du miraculeux passage vers le jour infini.

     

         Europe, mars 1994,
         par Charles Dobzynski,
         Les quatre vents de la poésie

         [...] Ernst Meister, dans un poème, invoque le cri pathétique de Rilke : « Vous les êtres, où êtes-vous, qui tenez les mots et nous tenez ?/ Vous les anges ? » Rilke, décidément indissociable, en langue allemande, d’une quête et d’une approche de l’absolu aux résonances universelles.
         Des œuvres inédites en français du grand Pragois nous sont proposées au fur et à mesure de leur entrée dans le domaine public. Il existe désormais de nombreuses versions des livres clés, notamment des Élégies de Duino et des Sonnets à Orphée. On remarquera, touchant ces derniers, dans l’Anthologie de J.-P. Lefebvre, les belles traductions de Maurice Regnault dont les lecteurs du numéro « Rilke » d’Europe eurent la primeur.
         On s’amusera à comparer aussi dans les Poèmes à la nuit de Rilke, traduits et présentés par Gabrielle Althen et Jean-Yves Masson (une traduction enfin intégrale de ces pièces jusqu’ici éparpillées !), le traitement de ce qui fut appelé « Trilogie espagnole » dans les « Poèmes épars » traduits par Philippe Jaccottet, avec la méthode des nouveaux traducteurs. Philippe Jaccottet montre plus de grâce, de rythme, d’élan, de légèreté (il n’hésite pas à « alléger »). G. Althen et J.-Y. Masson, pour leur part, s’en tiennent au texte, tel quel, avec le souci constant d’en restituer toutes les nuances. Au risque d’une certaine pesanteur de la phrase circonvolutive. Cette rigueur commande la mise en français des poèmes-titre, escortés d’un petit ensemble « d’esquisses contemporaines ». Ce livre est placé comme une balise sur la route des Élégies de Duino dont il constitue en quelque sorte le banc d’essai ou la préfiguration la plus immédiate. Ce n’est pas tellement la préface de Marguerite Yourcenar (plus haut citée, écrite en 1936 pour un hommage à Rilke et restée impubliée) qui en éclaire le plus finement la démarche et la signification profonde, mais la postface des deux traducteurs-poètes. Ils ne se contentent pas de souligner le lien référentiel avec les Hymnes à la nuit de Novalis. À l’écart de cette évidence, ils empruntent une autre piste : « l’accent mis sur la dimension nocturne doit beaucoup aussi, et peut-être même davantage, au séjour en Espagne (fin 1912, début 1913), à la lecture de mystiques espagnols comme Jean de la Croix et surtout à la lecture du Coran, que Rilke découvrit au cours de ce voyage ».
         Passionnant coup de projecteur sur le parcours intellectuel si complexe de Rilke, accompagné de ses anges, et qui, proclamant « je veux n’être qu’offrande » nous fait en chemin l’offrande de quelques-uns des poèmes parmi les plus mystérieux et envoûtants de son œuvre.

     http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-poemesnuit.html

     

  • «L'Europe des esprits ou la fascination de l'occulte, 1750-1950»

    Jusqu'au 12/02/2012 | Exposition | Strasbourg (67)

    Grâce à une muséographie très subtile, une exposition strasbourgeoise parvient à parcourir quatre mille ans de confluences entre occultisme, art, littérature et science, de l’Égypte an

    Nous ne savons jamais si nous ne sommes pas en train de manquer notre vie.

    Marcel Proust Jean Santeuil

    «L'Europe des esprits ou la fascination de l'occulte, 1750-1950»

    Jusqu'au 12/02/2012 | Exposition | Strasbourg (67)

    Grâce à une muséographie très subtile, une exposition strasbourgeoise parvient à parcourir quatre mille ans de confluences entre occultisme, art, littérature et science, de l’Égypte antique au surréalisme.

     

    Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette exposition que de nous donner à voir, à travers 500 oeuvres de l’Europe spirituelle, la représentation de ce qui ne se voit pas : l’histoire de l’art et de la littérature y est revisitée à travers le filtre de l’occulte. Une entreprise prométhéenne, toutes les civilisations depuis l’Antiquité ayant interrogé leur rapport à l’au-delà. Aussi l’éclairage du premier volet a-t-il été porté sur les années 1750-1950. Comme pour matérialiser l’intuition d’Édouard Schuré, qui, dans Les Grands Initiés, en 1889, démontrait la continuité de l’inspiration par-delà les âges, la deuxième partie couvre quarante siècles d’histoire : papyrus, manuscrits, incunables et gravures illustrent dans leur continuité et leur rupture les interrogations auxquelles ont tenté de répondre les mythologies de l’obscur.

    Protéiforme et transversal, le parcours se fait à sauts et à gambades. Platon côtoie le comte de Cagliostro, thaumaturge du XVIIIe qui prétendait détenir l’élixir d’immortalité ; Dürer caresse la joue de Swedenborg, théoricien du spiritisme. Tandis que Le Cimetière sous la lune de Friedrich brame non loin du baquet de Mesmer, inventeur du magnétisme animal, les sorcières de Goya entrent en incantation devant la chimère de Victor Brauner. On se promène dans une galerie intérieure, une fantaisie littéraire qui esquisse une intersémiotique des arts : chaque oeuvre en appelle une autre, se situant dans une continuité cubiste. Les peintres se saisissent de personnages dramatiques : Shakespeare inspire les romantiques (Fuseli, Chassériau, Gustave Doré) ; Blake, qui se faisait dicter ses dessins par les esprits, illustre Le Paradis perdu de Milton et La Divine Comédie. Le mythe de Faust s’incarne chez Goethe, dont on admire les dessins. Hugo interroge les esprits, et le spiritisme devient un ingrédient textuel : le roman gothique projette sur l’Angleterre son ombre horrifique quand, en Allemagne, Novalis en appelle à une synthèse littéraire du monde. Précurseur de l’inconscient, Hoffmann trousse des contes envoûtés qui inspireront Nerval. La déambulation tisse des ramifications, fait deviner des influences, reprises et variations, rejoignant la théorie baudelairienne des correspondances.

    Scission de l’être, fantômes, médiums, transmigration des âmes : le rapport à l’invisible se décline à l’envi, mettant au jour la diversité des foyers de création et de traitement formel. Photos spirites, tentatives, comme le montre la troisième partie, de mesurer les esprits grâce aux instruments scientifiques... Miraculeusement, une consonance émerge, tant le rapport de l’homme à sa finitude ressort dans sa rémanence. Même cette partie, plus scientifique, est aspirée par un traitement littéraire. Et si c’était la fraternité des esprits écrivants qui mesurait, de toute sa démesure, la science ? Vision de l’art total, le symbolisme est né : Huysmans, Villiers de L’Isle-Adam, Gautier s’ensorcellent de messes noires et de métempsycose. Du galvanisme et de la chimie naît Frankenstein. Contrepoint des Lumières, les ténèbres paraissent constitutives de l’histoire de la modernité - c’est ce que suggère cette muséographie de libre inspiration, vorace et maïeutique, qui nous fait comprendre sa démarche au fur et à mesure. L’art surréaliste se nourrit de rêve et d’écriture automatique (théories du hasard objectif et des grands transparents, fluides qui nous relient) ; Artaud écrit Vie et mort de Satan le Feu, Kandinsky Du spirituel dans l’art, Arp des poèmes naturosophes. À l’impromptu se dessine un lien entre les utopies modernistes et l’ésotérisme, qui apparaît peu à peu comme un enjeu esthétique et métaphysique. La démarche jaillit alors dans son audace transgressive : dégager une convergence d’inspiration de la création moderne qui trouverait sa source non dans la raison mais dans les pulsions et forces psychiques les plus obscures. L’ésotérisme donne à l’homme, d’après Breton, «les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés». À l’issue de cette exposition subversive, subjective et symboliste, se dégage une interprétation inédite de l’occulte en tant que catégorie critique et grille de lecture qui donne à méditer - cette «quatrième dimension spirituelle » rêvée par Maeterlinck, qui fait fleurir la « merveilleuse plante qu’est l’âme».

     

    Juliette Einhorn

     

    http://www.magazine-litteraire.com/content/agenda-exposition/article?id=20632

  • PLAN DU BLOG 3

    Pour l'instant, tous les liens ne fonctionnent pas mais vous pouvez faire copier-coller ou vous reporter aux catégories à droite de ce blog.

    1.Ce que j’écris

    1.1.Mes textes par genre

    1.1.1.Mes poèmes(204 notes)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_poemes/

    Petit récapitulatif des derniers poèmes parus sur le blog : http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2007/10/20/petit-recapitulatif-des-derniers-poemes-parus-sur-ce-blog.html#comments

    Mes acrostiches(14)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_acrostiches/

    1.1.2.Mes textes en prose(50)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_en_prose/

    cf. pETIT RECAPITULATIF des textes parus sur ce blog

    1.1.2.1.Mes travaux universitaires (15)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_travaux_universitaires/

    1.1.2.2. Mon roman de Cannelle (9 extraits)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_roman_de_cannelle_extraits_/

    1.2.Mes textes par période d’écriture

    1.2.1.Mes textes d’adolescence(41)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_d_adolescence/

    1.2.2.Mes textes d’adulte(122)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_d_adulte/

    1.2.3.Mes textes d’enfance(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_d_enfance/

    1.3.Mes textes par utilisation

    1.3.1.Ecrivain public(1)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/ecrivain_public/

    1.3.2. Mes textes commandés(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_commandes/

    1.3.3. Mes textes exposés(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_exposes/

    1.3.4. Mes textes primés(29)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_primes/

    1.3.5. Mes textes publiés(32)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_publies/

    1.3.6.Mes textes sur le web(19)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_le_web/

    1.3.7.Mes textes en vente

    1.3.7.1.Mon mémoire de maîtrise (3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_memoire_de_maitrise_en_vente/

    1.3.7.2.Mon premier recueil de poèmes (35)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_premier_recueil_de_poemes_en_vente/

    1.3.7.3. Mon deuxième recueil de poèmes(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_deuxieme_recueil_de_poemes_en_vente/

    1.4.Mes textes par thème

    1.4.1. A mon mari(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/a_mon_mari/

    1.4.2. Mes paysages au miroir(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_paysages_au_miroir/

    1.4.3.Mes textes de circonstance(12)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_de_circonstance/

    1.4.4. Mes textes sur l’amour (6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_l_amour/

    1.4.5.Mes textes érotiques (9)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_erotiques/

    1.4.6.Mes textes pour enfants (3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_pour_enfants/

    1.4.7. Mes textes sur l’écriture(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_l_ecriture/

    1.4.8. Mes textes sur la souffrance(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_la_souffrance/

    2.Ce(ux) que j’aime

    2.1.Ce que j’aime(ce qui m’intéresse)

    2.1.1. Blog(24)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/blog/

    2.1.2. Des thèmes

    2.1.2.1.Carpe diem(12)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/carpe_diem/


    2.1.2.2. Et in arcadia ego (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/et_in_arcadia_ego/

    2.1.2.3. La mélancolie(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_melancolie/

    2.1.2.4. La représentation des bohémiens dans l’art et la littérature(23)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_representation_des_bohemiens_art_et_litterature/

    2.1.2.5. Le paysage(22)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_paysage/

    2.1.2.6. Les couleurs(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_couleurs/

    2.1.3. Culture(25)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/culture/

    2.1.3.1. La philosophie(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_philosophie/

    2.1.3.2.Le patrimoine(14)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_patrimoine/



    2.1.3.3.La langue française(12)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_langue_francaise/

    2.1.3.4. L’ésotérisme(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_esoterisme/

    2.1.3.5.L’univers celte(6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_univers_celte/

    2.1.4. Des événements(72)

    2.1.4.1.Des anniversaires(8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_anniversaires/

    2.1.4.2.Des concours de poèmes(10)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_concours_de_poemes/

    2.1.4.3.Des événements(70)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_evenements/

    2.1.4.4.Des expositions(70)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_expositions/

    2.1.4.5.Des spectacles (6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_spectacles/

    2.1.5. Des lieux(60)

    2.1.5.1.Des bibliothèques(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_bibliotheques/

    2.1.5.2.Des librairies(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_librairies/
    2.1.5.3. Des lieux(60)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_lieux/

    2.1.5.4. Des musées(29)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_musees/

    2.1.5.5. Le Maroc(88)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_maroc/


    2.1.5.6. Des villes

    2.1.5.6.1.Lille(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/lille/


    2.1.5.6.2. Lyon(8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/lyon/

    2.1.5.6.3. Paris(8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/paris/

    2.1.5.6.4. Saint-Etienne(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/saint-etienne/

    2.1.5.7.L’Ariège (6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_ariege/

    2.1.6. L’art et les artistes (54)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_art_et_les_artistes/


    2.1.6.1.Des photographies(14)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_photographies/

    2.1.6.2.. La peinture (81)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_peinture/


    2.1.7.Lire

    2.1.7.1.Des poèmes (19)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_poemes/

    2.1.7.2.Des poèmes sur l’espoir(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_poemes_sur_l_espoir/

    2.1.7.3.La poésie(21)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_poesie/

    2.1.7.4.La littérature(129)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_litterature/

    Isa Dick : "Mon père, ce visionnaire"

    http://www.lefigaro.fr/litteraire/20071011.FIG000000190_isa_dick_mon_pere_ce_visionnaire.html

    2.1.7.5. La presse(8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_presse/

    2.1.7.6.Les livres d’amis blogueurs(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_livres_d_amis_blogueurs/

    2.1.7.7. Les polars(41)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_polars/

    Carlene Thompson , "PAPA EST MORT, TOURTERELLE
    Graham Hurley , " LA NUIT DU NAUFRAGE "
    Leif Davidsen , "LE DANOIS SERBE"
    John Burdett ,"TYPHON SUR HONG KONG "
    http://www.gallimard.fr/Vient_de_paraitre/accueil.go?cgi=...

    Des Femmes bien informées de Carlo Fruttero
    http://madame.lefigaro.fr/culture/critiques/1-livres/586-des-femmes-bien-informees

    "L’Interprétation des meurtres" de Jed Rubenfeld
    http://www.evene.fr/livres/livre/jed-rubenfeld-l-interpretation-des-meurtres-30588.php

    2.1.7.8. Livre(57)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/livre/


    2.1.7.9.Ma liste de livres à lire(19)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/ma_liste_de_livres_a_lire/

    2.1.8.Le cinéma(24)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_cinema/

    Film(25)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/film/

    2.1.9. Jeux(22)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/jeux/

    Questionnaire transmis par Irène : http://www.mamirene.com/article-13148363-6.html#anchorComment

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2007/10/18/questionnaire-transmis-par-irene.html#comments

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2007/10/19/mon-texte-en-prose-inedit-sur-ce-blog-ecrire-la-suite-de-mad.html#comments

    Le poème exquis

    Le jeu des pareils

    2.1.10. La cuisine(6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_cuisine/

    Programmer sa semaine du goût :

    http://madame.lefigaro.fr/cuisine/en-kiosque/806-programmer-sa-semaine-du-gout


    2.1.11. L’histoire(30)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_histoire/

    2.1.11.1.La période du romantisme(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_periode_du_romantisme/

    2.1.11.2.Le XIX e siècle(16)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_xix_e_siecle/

    2.1.11.3. Les Lumières(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_lumieres/

    2.1.12. La télévision(22)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_television/

    Les femmes aux heures noires de la Libération :

    http://www.lefigaro.fr/culture/20071016.FIG000000211_les_femmes_aux_heures_noires_de_la_liberation.html

    2.1.13.L’humour(23)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_humour/


    2.1.14. Musique(19)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/musique/

    2.1.15. Science(14)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/science/

    2.1.16. Shopping(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/shopping/

    2.1.17. Sport(11)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/sport/


    2.1.18. Voyage(24)
    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/voyage/

    2.1.19.Web(47)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/web/

    2.1.20. L’actualité (75)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_actualite/

    2.1.21.L’érotisme (34)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_erotisme/

    2.2.Ceux que j’aime

    2.2.1.Albrecht Dürer(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/albrecht_durer/

    2.2.2.Alphonse de Lamartine(12)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/alphonse_de_lamartine/

    2.2.3.Charles Baudelaire(28)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/charles_baudelaire/

    2.2.4.Charles Méryon(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/charles_meryon/

    2.2.5.Cyril Collard (3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/cyril_collard/

    2.2.6.Des poètes(9)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_poetes/


    2.2.7.Edvard Munch(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/edvard_munch/

    2.2.8.Etienne Daho(1)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/etienne_daho/

    2.2.9.Eugène Delacroix(5)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/eugene_delacroix/

    2.2.10.Fernando Pessoa (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/fernando_pessoa/

    2.2.11.François Truffaut(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/francois_truffaut/

    2.2.12.Gérard de Nerval (19)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/gerard_de_nerval/

    Goethe et Nerval:
    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2007/10/12/goethe-nerval-et-baudelaire.html#comments
    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2007/10/16/nerval-et-goethe-2.html#comments
    Sources : http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Ann%C3%83%C2%A9es_d'apprentissage_de_Wilhelm_Meister
    http://poesie.webnet.fr/poemes/France/nerval/6.html



    2.1.13.Goethe(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/goethe/

    Goethe et Nerval:
    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2007/10/12/goethe-nerval-et-baudelaire.html#comments
    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2007/10/16/nerval-et-goethe-2.html#comments
    Sources : http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Ann%C3%83%C2%A9es_d'apprentissage_de_Wilhelm_Meister
    http://poesie.webnet.fr/poemes/France/nerval/6.html


    2.2.14.Guillaume Apollinaire(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/guillaume_apollinaire/

    2.2.15.Gustav Klimt (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/gustav_klimt/

    2.2.16.Gustave Courbet(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/gustave_courbet/

    Une vie de scandales
    Le peintre qui multiplie les citations

    http://www.lefigaro.fr/culture/20071011.WWW000000342_une_vie_de_scandales.html


    2.2.17.Hervé Guibert(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/herve_guibert/

    2.2.18.Jules Barbey d'Aurevilly(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/jules_barbey_d_aurevilly/

    2.2.19.Kandinsky (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/kandinsky/

    2.2.20..Marc Chagall(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/marc_chagall/


    2.2.21.Novalis(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/novalis/

    2.2.22.Paul Verlaine(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/paul_verlaine/

    2.2.23.Philipp Otto Runge(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/philipp_otto_runge/

    2.2.24.Pierre Loti (3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/pierre_loti/

    2.2.25. Rembrandt(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rembrandt/

    2.2.26.René Char (5)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rene_char/

    2.2.27.René-Guy Cadou(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rene-guy_cadou/

    2.2.28.Rudyard Kipling(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rudyard_kipling/

    2.2.29.Victor Hugo(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/victor_hugo/

    2.3.Celles que j’aime/Des femmes comme je les aime(48)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_femmes_comme_je_les_aime/

    2.3.1. Anaïs Nin(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/anais_nin/

    2.3.2. Bettina Brentano(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/bettina_brentano/



    2.3.3. Frida Kahlo (7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/frida_khalo/

    2.3.4. George Sand(1)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/george_sand/

    sources : http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre11585-chapitre52211.html

    http://perso.orange.fr/chabrieres/translations/poe_alone.html

    http://www.crlc.paris4.sorbonne.fr/pages/conferences/conf...

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/archive/2006/08/21/correspondances-les-fleurs-du-mal.html

    2.3.5. Jacqueline de Romilly (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/jacqueline_de_romilly/

    2.3.6. Kiki de Montparnasse(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/kiki_de_montparnasse/

    2.3.7. Marceline Desbordes-Valmore(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/marceline_desbordes-valmore/

    2.3.8.Marilyn Monroe(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/marilyn_monroe/

    2.3.9. Virginia Woolf(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/virginia_woolf/

  • En hommage à Marcel Schneider, mort ce jeudi 22 janvier,

    Marcel-Schneider_Ulf_Andersen_Sipa.jpgBibliObs vous propose de découvrir en avant-première l'un des chapitres de son dernier livre, à paraître aux éditions Grasset: «Il faut laisser maisons et jardins»

    c)Ulf Andersen/Sipa


    Né le 11 août 1913 à Levallois-Perret, Marcel Schneider est entré en littérature en 1947 avec "Le Granit et l'absence". Influencé par les surréalistes, il a raconté ses souvenirs dans "le Palais des mirages" (1992). Récompensé par de nombreux prix, comme le Grand prix de la langue française 1996 pour l'ensemble de son oeuvre, on lui devait notamment "le Chasseur vert", "la Première île", "le Sang léger", "Aux couleurs de la nuit".

    Louis Poirier et Julien Gracq


    Le 23 décembre 2007 le journal télévisé annonce la disparition de Julien Gracq. Il est mort le 2 à Saint-Florent-le-Vieil dans sa maison natale. Il avait atteint l'âge de 97 ans. On diffuse sur le petit écran les images qui le montrent refusant le prix Goncourt pour son roman, Le Rivage des Syrtes. Après le virulent pamphlet sur les agissements des écrivains français, La Littérature à l'estomac, Gracq fidèle à lui-même ne pouvait que refuser la distinction faite à son livre par le célèbre jury.


    L'annonce de cette mort me fait peine. Je me surprends même à verser des larmes. Il faut dire qu'il fut une époque où je voyais Gracq chaque semaine chez Lise Deharme ou ailleurs. Bien qu'il restât muet le plus souvent, il s'amusait beaucoup chez Lise où fréquentaient Leonor Fini, André Breton, Kanters et ceux qui formaient la garde rapprochée de la célèbre «dame en gant». Je ne l'ai jamais entendu parler de politique, rarement de littérature. S'il s'est inscrit au parti communiste en 1935, je pense que ce fut non par conviction, mais pour faire sa cour à Breton qui à cette date ne jurait que par Lénine et Staline et obligeait les disciples à partager ses options.

    Il y avait en Gracq deux personnages qui s'ignoraient, Louis Poirier agrégé de géographie en 1934 et l'écrivain Julien Gracq. Il était Poirier au lycée où il enseignait et Julien Gracq le reste du temps. Cette dichotomie était poussée si loin qu'il ne s'avouait pas Gracq dans les lieux où il était professeur. Je le sais par un de mes élèves de Charlemagne qui, avant l'installation de ses parents dans le Marais, avait eu Poirier comme professeur au lycée Claude Bernard. Un jour il lui demanda de lui dédicacer l'un de ses romans. Celui-ci refusa net. «Louis Poirier ne peut apposer sa signature sur un livre qu'il n'a pas écrit. Autant me demander de vous parapher un livre d'Aragon ou d'Eluard! J'ignore qui est Julien Gracq!» Il était le plus désespérant des convives.


    Quand on lui posait une question, il répondait par oui ou non, sans relancer la conversation, au point que j'ai demandé à Lise de ne plus m'inviter à dîner avec lui, car ces entrevues muettes m'étaient pénibles. Il est venu trois fois chez moi rue de Turenne pour accompagner Lise, mais là son silence n'était pas gênant.Bien sûr, j'ai lu tous ses romans, ses essais, j'ai assisté au Théâtre Montparnasse au Roi Pêcheur. Les lettres qu'il m'a envoyées sont plutôt des billets que des missives vu leur brièveté. Elles sont à l'image de l'homme que j'ai connu. Son écriture en pattes de mouche m'a toujours surpris. Inutile de dire que j'ignore tout de sa vie sentimentale et de ses préférences littéraires. C'est en lisant ses essais que je sais qu'il aimait par-dessus tout Gérard de Nerval, Novalis, Racine et Proust. Ces prédilections font de lui un écrivain classique, le dernier peut-être.


    J'ai lu dès sa publication en juin 1939 Au Château d'Argol que Gracq dans l'avis au lecteur donne comme une «version démoniaque» de Parsifal. Ce livre, d'un fantastique glacé, soutenu par un style oratoire et redondant qui évoque l'orchestration wagnérienne, n'est traversé par aucun souffle: la tempête a beau sévir, la forêt qui entoure le château reste immobile. Des passions frénétiques et torturantes ont beau agiter Albert, Heide et Herminien, nous ne ressentons rien de l'ardeur qui les consume: nous voyons les personnages comme à travers une glace. Gracq, ayant achevé ce singulier poème, comprit qu'on ne pouvait aller plus loin dans ce domaine et les livres qui suivent traduiront une esthétique différente. Au Château d'Argol reste comme une montagne glacée scintillant dans le lointain.


    Si Julien Gracq l'homme silencieux et détaché du monde me restait étranger, je me sentais très proche de l'écrivain dont je partageais la dévotion à l'univers wagnérien, le culte du saint Graal et du légendaire roi Arthur. Tristan et Iseut. Percival le Gallois et la fée Mélusine attisaient nos rapports d'amitié et nous faisaient communier sous les mêmes espèces.


    Le Julien Gracq que j'ai connu ne parlait pas de littérature, il écrivait. Il ne parlait de rien, il restait muet chez Lise Deharme où je l'ai vu le plus souvent. Quand il venait chez moi pour l'accompagner, car Lise ne sortait jamais seule, ce n'était pas pour converser avec moi, il détestait la conversation. Si j'avais habité Quimperlé ou Castelnaudary, j'en aurais su autant sui lui, il suffisait d'acheter ses livres. C'était à eux qu'il se confiait, mais je suis content de l'avoir fréquenté; il avait une présence abstraite.


    Il était grand, svelte, habillé comme il fallait, sans ostentation ni recherche particulière. Je ne sais si avec d'autres amis il était loquace, mais j'en doute fort. Lise était son amie intime, il ne s'épanchait pas avec elle, même en tête à tête. C'est elle qui me l'a dit, un jour où je déplorais son silence obstiné. «Je ne suis pas sa confidente, me dit-elle, vraies ou fausses, il n'a pas de confidences à faire. Il écrit, cela lui suffit.» C'est la plume à la main qu'il dit ce qu'il estime devoir communiquer. Il ne ressemble pas à Chateaubriand développant ses souvenirs dans le salon de Mme Récamier, ni à Cocteau faisant de ses propos des feux d'artifice. Il n'avait pas une conversation éblouissante comme la comtesse de Noailles, la princesse Bibesco ou l'amie de Proust, Mme Straus. C'était l'époque où ces dames tenaient le dé de la conversation et ne le lâchaient pas, ni pour boire ni pour manger. Les mots drôles, subtils, perfides, méchants parfois, leur tenaient lieu de nourriture. C'est un genre de prouesses qui n'existe plus aujourd'hui. La compétition se limite au sport. C'est le nouveau nationalisme.


    Le principal problème de Louis Poirier et surtout de Julien Gracq a été celui de la communication avec autrui. Gracq ne croyait pas que l'on pût communiquer avec ses semblables par l'échange des idées, par la conversation. Il pensait que chacun était muré dans sa solitude, dans sa propre subjectivité et que tenter de sortir de cette geôle par l'amour, par l'adhésion à un système religieux, politique ou philosophique, était une tentative (et une tentation) vouée à l'échec. Gracq aurait pu se poser la question de savoir pourquoi l'homme n'est pas d'emblée en état de communiquer avec autrui. Il ne s'est pas posé cette question pourtant urgente parce qu'il était persuadé de l'axiome de la solitude essentielle de chaque homme.


    Donc pas de conversation, mais communication par l'écriture. Gracq a beaucoup écrit, beaucoup publié. Cela permet à chacun d'entre nous, si nous le souhaitons, de pénétrer sa pensée, d'entrer en communication avec lui. Il propose, il n'impose pas. A nous de montrer de la curiosité, des dispositions favorables à l'accueil, à l'adhésion. Il ne cherche pas à discuter, à séduire, à nous de dire oui ou de dire non à ce qu'il propose.


    Il n'a rien d'un prophète, d'un confesseur de la foi, d'un saint Paul ou d'un saint Augustin. Il dit ce qu'il pense, ce qu'il sait avec, bien sûr, le désir de convaincre et de séduire. Mais son besoin de communication n'a rien à voir avec la volonté de puissance que l'on trouve chez Nietzsche ou chez le grand pontife de la religion surréaliste, André Breton. Breton lançait ses oukases à la manière des bulles pontificales, il était le seul à savoir pourquoi tel écrivain, tel peintre, tel objet ou telle fleur était surréaliste ou non, donc le seul à donner l'investiture, à officier lors de l'adoubement.


    Si Gracq n'avait rien du Grand Inquisiteur André Breton, il ne ressemblait pas davantage à Paul Valéry qui plaçait une cloison étanche entre sa vie de poète et sa vie privée. Qui s'amusait même à surprendre ses auditeurs en tenant des propos provocants qu'on n'attendait pas de l'auteur du Cimetière marin.


    Dans ses entretiens avec Jean d'Ormesson, Emmanuel Berl dit qu'un jour Valéry l'a quitté de la façon suivante:  «Bonsoir, mon cher ami, j'vas piquer un roupillon.»


    Julien Gracq, bien que mort, reste avec nous puisque son truchement était le livre, moyen de conversation idéal qui ne varie ni ne déçoit. Il est à portée de main, au chevet du lit ou dans la bibliothèque, toujours prêt à répondre à notre curiosité, notre angoisse ou notre plaisir.


    © Grasset.

    http://bibliobs.nouvelobs.com/20090123/10184/louis-poirier-et-julien-gracq

  • Plan/menu de ce blog

    Comme il prend trop de place dans ma colonne de droite, je vais me contenter de le mettre en lien pour ceux que ça intéresse de s'y retrouver dans ce blog que certains trouvent trop... copieux.

    Les chiffres entre parenthèses correspondent au nombre de notes par catégorie de ce plan.

    Je suis en train de le mettre à jour... puisque je n'en ai pas forcément le temps à chaque fois que je mets une note.

    1.Ce que j’écris

     1.1. Mes textes par genre

                 1.1.1.Mes poèmes(290)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_poemes/

          Mes acrostiches(20)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_acrostiches/

                1.1.2.Mes textes en prose(82)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_en_prose/

                          1.1.2.1.Mes travaux universitaires (15)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_travaux_universitaires/

                          1.1.2.2. Mon roman de Cannelle (10 extraits)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_roman_de_cannelle_extraits_/

    1.2.Mes textes par période d’écriture

               1.2.1.Mes textes d’adolescence(41)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_d_adolescence/

               1.2.2.Mes textes d’adulte(122)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_d_adulte/

               1.2.3.Mes textes d’enfance(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_d_enfance/

    1.3.Mes textes par utilisation

      1.3.1.Ecrivain public(1)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/ecrivain_public/

      1.3.2. Mes textes commandés(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_commandes/

      1.3.3. Mes textes exposés(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_exposes/

      1.3.4. Mes textes primés(29)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_primes/

      1.3.5. Mes textes publiés(34)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_publies/

      1.3.6.Mes textes sur le web(19)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_le_web/

      1.3.7.Mes textes en vente

                   1.3.7.1.Mon mémoire de maîtrise (6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_memoire_de_maitrise_en_vente/

       1.3.7.2.Mon premier recueil de poèmes (39)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_premier_recueil_de_poemes_en_vente/

                                       1.3.7.3. Mon deuxième recueil de poèmes(11)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mon_deuxieme_recueil_de_poemes_en_vente/

    1.4.Mes textes par thème

      1.4.1. A mon mari(5)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/a_mon_mari/

      1.4.2. Mes paysages au miroir(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_paysages_au_miroir/

      1.4.3.Mes textes de circonstance(12)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_de_circonstance/

      1.4.4. Mes textes sur l’amour (6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_l_amour/

      

    1.4.5.Mes textes érotiques (10)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_erotiques/

      1.4.6.Mes textes pour enfants (3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_pour_enfants/

      1.4.7. Mes textes sur l’écriture(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_l_ecriture/ 

                          1.4.8. Mes textes sur la souffrance(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/mes_textes_sur_la_souffrance/

    2.Ce(ux) que j’aime

         2.1.Ce que j’aime(ce qui m’intéresse)

      2.1.1. Blog(38) /CE BLOG

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/blog/ 

                  2.1.2. Des thèmes

                           2.1.2.1.Carpe diem(12)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/carpe_diem/

                           2.1.2.2. Et in arcadia ego (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/et_in_arcadia_ego/

                           2.1.2.3. La mélancolie(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_melancolie/

                           2.1.2.4. La représentation des bohémiens dans l’art et la littérature(25)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_representation_des_bohemiens_art_et_litterature/

                           2.1.2.5. Le paysage(22)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_paysage/

                           2.1.2.6. Les couleurs(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_couleurs/

               2.1.3.Culture(42)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/culture/

       21.3.1. La philosophie(11)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_philosophie/

       2.1.3.2.Le patrimoine(21)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_patrimoine/

       2.1.3.3.La langue française(11)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_langue_francaise/

       2.1.3.4. L’ésotérisme(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_esoterisme/

       2.1.3.5.L’univers celte(6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_univers_celte/

      2.1.4. Des événements(72)

                           2.1.4.1.Des anniversaires(21)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_anniversaires/

                           2.1.4.2.Des concours de poèmes(11)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_concours_de_poemes/

                           2.1.4.3.Des événements(75)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_evenements/

                           2.1.4.4.Des expositions(82)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_expositions/

                           2.1.4.5.Des spectacles (8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_spectacles/

          2.1.5. Des lieux(60)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_lieux/


                           2.1.5.1.Des bibliothèques(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_bibliotheques/

                          2.1.5.2.Des librairies(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_librairies/

                           2.1.5.3. Des lieux(69)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_lieux/

                           2.1.5.4. Des musées(32)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_musees/

                           2.1.5.5. Le Maroc(99)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_maroc/

                           2.1.5.6. Des villes

                                         2.1.5.6.1.Lille(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/lille/

                                         2.1.5.6.2. Lyon(10)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/lyon/

                                         2.1.5.6.3. Paris(9)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/paris/

                                        2.1.5.6.4. Saint-Etienne(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/saint-etienne/

        2.1.5.6.5. Toulouse

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/toulouse/

                                 2.1.5.7.L’Ariège (7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_ariege/

         2.1.6. L’art et les artistes (60)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_art_et_les_artistes/


                           2.1.6.1.Des photographies(18)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_photographies/

       2.1.6.2. La peinture (84)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_peinture/

          2.1.7.Lire

                                       2.1.7.1.Des poèmes (24)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_poemes/

       2.1.7.2.Des poèmes sur l’espoir(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_poemes_sur_l_espoir/

       2.1.7.3.La poésie(23)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_poesie/

       2.1.7.4.La littérature(170)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_litterature/

       2.1.7.5. La presse(8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_presse/

       2.1.7.6.Les livres d’amis blogueurs(10)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_livres_d_amis_blogueurs/

       2.1.7.7. Les polars(37)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_polars/

       2.1.7.8. Livre(67)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/livre/

       2.1.7.9.Ma liste de livres à lire(19)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/ma_liste_de_livres_a_lire/

      2.1.8 Le cinéma (33)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_cinema/

                                     Film(50)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/film/

      2.1.9. Jeux(65)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/jeux/

      2.1.10. La cuisine(11)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_cuisine/

      2.1.11. L’histoire(32)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_histoire/

       2.1.11.1.La période du romantisme(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_periode_du_romantisme/

       2.1.11.2.Le XIX e siècle(16)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_xix_e_siecle/

       2.1.11.3. Les Lumières(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/les_lumieres/  

      2.1.12. La télévision(31)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/la_television/

      2.1.13.L’humour(27)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_humour/

      2.1.14. Musique(21)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/musique/

      2.1.15. Science(22)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/science/

                           2.1.16. Shopping(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/shopping/

      2.1.17. Sport(25)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/sport/

      2.1.18. Voyage(24)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/voyage/

      2.1.19.Web(53)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/web/
                      
                           2.1.20. L’actualité (116)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_actualite/
                            
                          2.1.21.L’érotisme (36)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/l_erotisme/

                             2.1.22. Le train(10)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/le_train/


        2.2.Ceux que j’aime

                            2.2.1.Albrecht Dürer(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/albrecht_durer/

                           2.2.2.Alphonse de Lamartine(12)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/alphonse_de_lamartine/

                           2.2.3.Charles Baudelaire(32)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/charles_baudelaire/

                           2.2.4.Charles Méryon(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/charles_meryon/

                 2.2.5.Cyril Collard (3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/cyril_collard/
     
                          2.2.6.Des poètes(14)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_poetes/

                         2.2.7.Edvard Munch(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/edvard_munch/

                        2.2.8.Etienne Daho(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/etienne_daho/

                        2.2.9.Eugène Delacroix(5)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/eugene_delacroix/
     
                        2.2.10.Fernando Pessoa (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/fernando_pessoa/

                       2.2.11.François Truffaut(9)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/francois_truffaut/
                     
                      2.2.12.Gérard de Nerval (47)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/gerard_de_nerval/


                        2.1.13.Goethe(5)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/goethe/


                       2.2.14.Guillaume Apollinaire(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/guillaume_apollinaire/

                      2.2.15.Gustav Klimt (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/gustav_klimt/

                      2.2.16.Gustave Courbet(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/gustave_courbet/

     


                         2.2.17.Hervé Guibert(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/herve_guibert/

                     2.2.18.Jules Barbey d'Aurevilly(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/jules_barbey_d_aurevilly/

      2.2.19. Julien Gracq(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/julien_gracq/


                    2.2.19.Kandinsky (2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/kandinsky/

                    2.2.20..Marc Chagall(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/marc_chagall/

                    2.2.21.Novalis(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/novalis/

                   2.2.22.Paul Verlaine(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/paul_verlaine/

                 2.2.23.Philipp Otto Runge(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/philipp_otto_runge/

                  2.2.24.Pierre Loti (3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/pierre_loti/

                  2.2.25. Rembrandt(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rembrandt/

                 2.2.26.René Char (6)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rene_char/

                 2.2.27.René-Guy Cadou(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rene-guy_cadou/


                2.2.28.Rudyard Kipling(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/rudyard_kipling/

                 2.2.29.Victor Hugo(8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/victor_hugo/

        2.3.Celles que j’aime/Des femmes comme je les aime(62)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/des_femmes_comme_je_les_aime/

                           2.3.1. Anaïs Nin(4)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/anais_nin/

      2.3.2. Bettina Brentano(3)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/bettina_brentano/

      2.3.3. Frida Kahlo (8)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/frida_khalo/
     
      2.3.4. George Sand(1)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/george_sand/

                         2.3.5. Jacqueline de Romilly(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/jacqueline_de_romilly/

      2.3.6. Kiki de Montparnasse(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/kiki_de_montparnasse/

      2.3.7. Marceline Desbordes-Valmore(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/marceline_desbordes-valmore/

      2.3.8.Marilyn Monroe(2)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/marilyn_monroe/

      2.3.9. Virginia Woolf(7)

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/virginia_woolf/

     

     

  • Ma 3e vidéo

    -raisons du choix du sujet

     

    J’ai choisi ce sujet d’une part parce que Baudelaire et Nerval sont parmi mes poètes préférés. Je les ai  connus au lycée et depuis Harmonie du soir (oral du baccalauréat de français) et Fantaisie m’ont suivi.                                                                                                           

    D’autre part, ce sont les paysages de mon département d’adoption, l’Ariège (et ceux aperçus ailleurs) qui m’ont donné envie de travailler sur le paysage.

                                                         

    De plus, j’aime la nature et mon idée de départ, c’était le paysage naturel bien que je sache que le paysage pouvait être urbain.                                                                                               Au cours de mes recherches, cet aspect du paysage m’a beaucoup intéressé. J’ai notamment trouvé les eaux-fortes de Méryon fascinantes.

     

                   La dernière raison qui m’a amenée à choisir ce sujet est mon intérêt pour la peinture ; je désirais d’abord établir les rapports entre paysage, poésie et peinture au XIX e siècle.  J’ai cependant consacré une sous - partie à ce point (Deuxième partie, 4, p. 92)

     

    -lignes directrices 

               

    La nature tient une place prépondérante dans mon étude puisqu’elle est présente même au sein du paysage urbain (la géographie parisienne, p. 105,  par exemple)  où elle est domestiquée par l’homme (les parcs et jardins) et surtout le poète ( Paysage et Rêve parisien).

     

    L’horizon est une problématique essentielle (je l’ai peut – être insuffisamment traité), notamment dans les paysages désertiques (p. 41) recherchés  par les post –romantiques selon M. Collot (L’horizon fabuleux, p. 80 –81). C’est aussi le cas d’Eugène Fromentin.                Dans les FM, le paysage désertique est aussi spleenétique (L’héautontimorouménos, v. 5). En effet, le vide qui règne dans le désert est constitutif de spleen jusqu’à ce que le Moi lui – même devienne un « Sahara (Spleen II, v. 19 – 24). »                                                              Dans Les vocations (SP), l’Absolu apparaît aussi inaccessible que l’horizon où le soleil se couche (p. 44)                                                                                                                                    Enfin, lors de la sexualisation du paysage, l’horizon est inséparable de la femme aimée qui est associée « électivement par métaphore ou métonymie à l’horizon du paysage. » ( M. Collot, p. 65 – 66, cité p. 53). 

                             

    J ‘ai beaucoup utilisé les ouvrages de Jean-Pierre Richard  pour l’appréhension du paysage poétique  et ( moins) ceux de Gaston Bachelard pour la  compréhension de l’imaginaire des éléments. Le livre d’Odile Souville (L’homme imaginatif de la philosophie esthétique de Bachelard) ainsi que ceux de Hélène Cazès (Jean – Pierre Richard) et Vincent Therrien ( La révolution de Gaston Bachelard en critique littéraire) m’ont beaucoup aidée.                                                                                      

                                                                                     

    L’occultisme et l’alchimie ( S. Hutin) aux quels j’ai consacré  une sous –partie ( Deuxième partie, 1. 1, p. 61), sont en fait présents tout au long de mon étude, notamment à travers l’étude des paysages littérairement et culturellement construits ( Première partie, 1. 2, p. 9, par exemple Prométhée et l’alchimie, p. 17).  A ce niveau, la lecture de Jean Richer (Nerval, expérience et création) a été précieuse ainsi que (moins) celle d’Anne – Marie Amiot (Baudelaire et l’illuminisme).                                                                                                         F. Bonardel (L’hermétisme) établit le rapport entre les thèses dualistes du Poimandrès et le spleen qui ne peut se définir qu’en jouant sur les contraires (Spleen III, v. 1-2). La réunion des contraires (coincidentia oppositorum) se réalise dans les Correspondances, systématisées dans le célèbre sonnet de Baudelaire. Je n’ai trouvé qu’une seule voix pour nier l’influence de Swedenborg (B. Juden) dans l’élaboration de cette théorie. 

     

          J’ai essayé autant que possible de faire des rapprochements intertextuels. En ce qui concerne, Nerval, il s’agit surtout du romantisme allemand (Novalis, Jean – Paul Richter notamment) qui a aussi influencé Baudelaire ( Hoffmann pour le lugubre par exemple, paysages nocturnes, p. 48). On perçoit aussi dans les FM l’influence d ‘anglais comme Young (les paysages nocturnes encore) ou Coleridge (le rôle de l’imagination dans la création poétique).                                                                                                                                                 J’ai également évoqué (entre autres) Maurice de Guérin (que je connaissais très mal, que j’ai un peu lu et compris en parcourant les ouvrages de Mme Huet – Brichard), Chateaubriand (la verdure dans la Lettre sur l’art du paysage par exemple, p. 28), Hugo (le fourmillement, p. 111), Rousseau ( les fourmilières dans l’Emile, p. 119), Balzac (image irréelle et fantastique de Paris, p. 119).

                                                                                                                                     Quand cela m’a paru nécessaire, j’ai cité d’autres œuvres que celles appartenant strictement à mon corpus. Ainsi, je ne pouvais pas évoquer l’onirisation du paysage sans citer Aurélia, ni le paysage en peinture sans utiliser l’œuvre critique de Baudelaire.                            En ce qui concerne justement la peinture, j’ai tenté d’établir les rapports entre les paysages de certains artistes et les paysages contenus dans les poèmes de Baudelaire et Nerval. Il m’a semblé important d’évoquer les rapports personnels qui ont pu exister entre les deux poètes et certains peintres.

                                                                                                                               

    Le dernier axe essentiel  de mon étude est la temporalité du paysage qui fait l’objet de la troisième partie.                                                                                                                                       Les paysages urbains des « Tableaux Parisiens » naît de la confrontation entre modernité et historicité, entre la réalité historique et les images crées par le poète selon sa volonté.                                                                                                                              

    En  contraste avec la vision souvent maussade de Paris, les paysages exotiques des FM  rappellent parfois ceux du XVIII e siècle (Bernardin de Saint – Pierre).

  • PLAN DE CE BLOG 2.

    1.Ce que j’écris  

    1.1.Mes textes par genre  

    1.1.1.Mes poèmes(200 notes)

    Mes acrostiches(10)  

    1.1.2.Mes textes en prose(49)  

    1.1.2.1.Mes travaux universitaires (15)

    1.1.2.2. Mon roman de Cannelle (8 extraits)  

    1.2.Mes textes par période d’écriture  

    1.2.1.Mes textes d’adolescence(41)

    1.2.1.1.Mes textes d’adulte(118)

    1.2.1.2.Mes textes d’enfance(2)  

    1.3.Mes textes par utilisation              

    1.3.1.Ecrivain public(1)

     

                1.3.2. Mes textes commandés(2)

     

                1.3.3. Mes textes exposés(3)

     

                1.3.4. Mes textes primés(30)

     

                1.3.5. Mes textes publiés(36)

     

                1.3.6.Mes textes sur le web(19)

     

                1.3.7.Mes textes en vente

     

                                          1.3.7.1.Mon mémoire de maîtrise (3)

     

                                        1.3.7.2.Mon premier recueil de poèmes (35)

     

      1.4.Mes textes par thème              

    1.4.1. A mon mari(4)

     

                1.4.2. Mes paysages au miroir(1)

     

                1.4.3.Mes textes de circonstance(11)

     

                1.4.4. Mes textes sur l’amour (4)

     

                1.4.5.Mes textes érotiques (10)

     

                1.4.6.Mes textes pour enfants (2)

     

                1.4.7. Mes textes sur l’écriture(3)

     

                1.4.8.Mes textes sur la souffrance(2)

     

      2.Ce(ux) que j’aime  

    2.1.Ce que j’aime(ce qui m’intéresse)              

    2.1.1. Blog(24)

     

                 

     

      2.1.2. Des thèmes    

    2.1.2.1.Carpe diem(12)

    2.1.2.2. Et in arcadia ego (2)

    2.1.2.3. La mélancolie(7)

    2.1.2.4. La représentation des bohémiens dans l’art et la littérature(23)

    2.1.2.5. Le paysage(25)

    2.1.2.6. Les couleurs(4)              

    2.1.3. Culture(23)

     

                              2.1.3.1. La philosophie(4)

     

                            2.1.3.2.Le patrimoine(13)

     

                            2.1.3.3.La langue française(10)

     

                            2.1.3.4. L’ésotérisme(2)

     

                            2.1.3.5.L’univers celte(6)

     

                  2.1.4. Des événements

     

      2.1.4.1.Des anniversaires(6)

    2.1.4.2.Des concours de poèmes(10)

    2.1.4.3.Des événements(70)

    2.1.4.4.Des expositions(70)

    2.1.4.5.Des spectacles (6)              

    2.1.5. Des lieux

     

      2.1.5.1.Des bibliothèques(2)

    2.1.5.2.Des librairies(2)

    2.1.5.3. Des lieux(57)

    2.1.5.4. Des musées(29)

    2.1.5.5. Le Maroc(86)

    2.1.5.6. Des villes               

    2.1.5.6.1.Lille(3)

     

                2.1.5.6.2. Lyon(8)

     

                2.1.5.6.3. Paris(8)

     

                2.1.5.6.4. Saint-Etienne(2)

     

      2.1.5.7.L’Ariège (6)                          

    2.1.6. L’art

     

                                          2.1.6.1.Des photographies(14)

     

                                          2.1.6.2.. La peinture (79)

     

                                          2.1.6.3. L’art et les artistes(51)

     

                             

     

      2.1.7.Lire                                     

    2.1.7.1.Des poèmes (19)

     

                                          2.1.7.2.Des poèmes sur l’espoir(3)

     

                                          2.1.7.3.La poésie(21)

     

                                          2.1.7.4.La littérature(125)

     

                                          2.1.7.6. La presse(8)

     

                                          2.1.7.7.Les livres d’amis blogueurs(4)

     

                                          2.1.7.8.8. Les polars(27)

     

                                          2.1.7.9. Livre(54)

     

                                          2.1.7.10.Ma liste de livres à lire(19)

     

                           

     

                              2.1.8.Le cinéma(24)

     

    Film(25)                          

    2.1.9. Jeux(14)

     

                              2.1.10. La cuisine(6)

     

                              2.1.11. L’histoire

     

                                          2.1.11.1.La période du romantisme(3)

     

                                        2.1.11.2.Le XIX e siècle(20)

     

                                        2.1.11.3. Les Lumières(3)

     

                                        2.1.11.4. L’histoire(30)

     

                              2.1.12. La télévision(22)

     

                              2.1.13.L’humour(22)

     

                              2.1.14. Musique(19)

     

                              2.1.15. Science(14)

     

                              2.1.16. Shopping(2)

     

                              2.1.17. Sport(11)

     

                              2.1.18. Voyage(24)

     

                              2.1.19.Web(45)

     

      2.2.Ceux que j’aime                         

     2.2.1.Albrecht Dürer(7)

     

                            2.2.2.Alphonse de Lamartine(12)                           

    2.2.3.Charles Baudelaire(31)                        

    2.2.4.Charles Méryon(3)            

    2.2.5.Cyril Collard (3)                       

     2.2.6.Des poètes(8)                      

    2.2.7.Edvard Munch(2)                     

     2.2.8.Eugène Delacroix(5)                     

    2.2.9.Fernando Pessoa (2)                    

    2.2.10.François Truffaut(7)                      

    2.2.11.Gérard de Nerval (16)                    

     2.2.12.Guillaume Apollinaire(3)                   

    2.2.13.Gustav Klimt (2)                  

    2.2.14.Hervé Guibert(2)                  

    2.2.15.Jules Barbey d'Aurevilly(2)                 

    2.2.16.Kandinsky (2)                 

    2.2.17.Marc Chagall(4)                 

    2.2.18.Novalis(2)                

    2.2.19.Paul Verlaine(4)               

    2.2.20.Philipp Otto Runge(7)               

    2.2.21.Pierre Loti (3)               

    2.2.22. Rembrandt(4)             

    2.2.23.René Char (5)              

    2.2.24.René-Guy Cadou(2)            

    2.2.25.Rudyard Kipling(2)             

    2.2.26.Victor Hugo(7)      

    2.3.Celles que j’aime/Des femmes comme je les aime              

    2.3.1. Anaïs Nin(4)

     

                  2.3.2. Bettina Brentano(3)

     

                  2.3.3. Frida Kahlo (7)

     

                  2.3.4. Jacqueline de Romilly (2)

     

                  2.3.5. Kiki de Montparnasse(2)

     

                  2.3.6. Marceline Desbordes-Valmore(2)

     

                  2.3.7.Marilyn Monroe(2)

     

                  2.3.8. Virginia Woolf(7)

     

     

     

  • John Keats

    John Keats

    Les rêveries de l’effacement

     

     

     

     

    John Keats

     

    Ici repose celui dont le nom était écrit dans l'eau (Here lies one whose name was writ in water).

     

    Cette simple épitaphe sur la tombe de John Keats, écrite et voulue par lui, dit tout de son passage « liquide » parmi nous.

    Il s'en va flottant dans les fleuves patients du temps, John Keats, basculé dans l'autre rive avant son temps, avant les fruits mûrs même.

    Pour lui Shelley, son "ami", son protecteur, qui se noya dix-huit mois après la mort de Keats, et sur qui l'on retrouva un recueil des poèmes de Keats aura écrit:

    Paix, Paix

    Il n'est pas mort,

    Il n'est pas endormi

    Il s'est réveillé

    De ce rêve qu'est la vie.(Adonaïs)

    Ils reposent côte à côte désormais au cimetière protestant de Rome.

     

    Paix donc à John Keats qui avait su dire « La poésie de la terre ne meurt jamais ».

    Mais aussi:

    Disparaître loin, m’évanouir, me dissoudre et oublier

    Ce que toi, ami des feuilles, tu n’as jamais connu,

    Le souci, la fièvre, le tourment d’être

    Parmi les humains qui s’écoutent gémir. (Ode à un rossignol, traduction Alain Suied)

    John Keats fut le poète de l'effacement, l'amoureux de l'obscur. Celui d'une étrange alchimie entre une douce mélancolie et l'attrait de la douce mort. Il fut aussi un poète profondément épris d'éthique et de morale, d'affects romantiques et de visions transcendantes. Le poète d'Endymion et d'Hypérion aura inspiré les sagas éponymes de Dan Simmons.

     

    Il flotte comme l'aérien de la voix d'Alfred Deller sur ses vers ailés.

    Comme tout poète lyrique anglais romantique, il aura aimé célébrer la solitude, et la nuit, la nature immuable, le sommeil et le pays d'or à jamais perdu de la Grèce, ses dieux et ses titans ombrageux, ses amants de la Lune et ses légendes.

    Pourtant sa voix, longtemps méconnue de son vivant, est unique et singulière, admirée presque à l'égal de Shakespeare. Il reste celui que l'on aime tendrement, tant il semble fragile et évanescent, une sorte de frère cadet en poésie. En France malgré quelques traductions, Paul Gallimard, Yves Bonnefoy et par-dessus tout Alain Suied aux éditions Arfuyen, John Keats reste en marge de nos adorations. La réticence devant les longs poèmes épiques peut se comprendre, mais comment ne pas se fondre dans ses odes, qui n'ont d'égal que peu de poèmes, (Hölderlin, Novalis,...).

     

     

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    John Keats et le sortilège des mots

     

    Il est difficile de percevoir en notre langue, sans le déflorer, son univers vibrant à l'écoute du rouge-gorge et du vent tendre. Les insectes et les rossignols se mêlent aux dieux et aux automnes mélancoliques.

    «John Keats ou le sortilège des mots» s'intitulait un dossier de Christian La Cassagnère, et il s'agit bien de sortilèges pour agencer ainsi des mots avec cette fluidité faite des fils d'araignée des rosées du matin.

    Ses vers semblent s'évaporer et il nous parle souvent entre rêverie et effacement.

    D'une voix douce venant des bords de l'oubli il nous donne à boire une eau de mémoire puisée dans les ruisseaux de l'innocence.

    Pour moi sa poésie sent les amandiers en fleurs, la tendre nuit, mais aussi la nuit fraîche de la mort espérée, les planètes inconnues.

    Sa recherche éperdue de la beauté semble indolente, évidente, malgré son affirmation péremptoire: «La beauté est la vérité, et la vérité est la beauté». Cet axiome réducteur, il ne se l'appliquera pas à lui-même. Il fera plutôt sienne cette phrase de Valéry  « L'amour a la puissance du chant, si vous ne le savez pas, allez le demander au rossignol ».

    Keats le savait, il était lui-même rossignol.

     

    Keats

    John Keats, éternel adolescent, semble ne jamais avoir eu son content d'hirondelles, elles passent encore en lui, entraînant la nappe du ciel avec elles. Sa poésie semble un doux périple entre des chemins bordés de saules et de noisetiers, de fantômes et de visages de femmes enfuies. Des dieux endormis sont les bornes où se glisser.

    Elle est gorgée d'images et de désirs, de formules magiques d'un autre temps et de deuils jamais cicatrisés. Comme brume monte de ses mots une profonde mélancolie.

    Elle est une alchimie des regrets et des espérances.

    Ses odes, partie centrale de son œuvre, sortent de la terre et flottent dans la fumée.

    Lui le fragile, le passant éphémère, l'orphelin, l'amoureux mal récompensé, ne trouvait de réconfort qu'en se projetant dans la nature éternelle.

    Il avait soif de transcendance et prenait son envol vers l'ailleurs par ses mots.

     

    S’effacer, se dissoudre, et surtout oublier

    ce que toi tu n’as jamais su parmi les feuilles

    La lassitude, la fièvre et le souci,

    Ici, là où se tiennent les hommes et s’écoutent chacun gémir. (Ode au rossignol).

     

    Telle semblait être son aspiration, avec cette sourde fascination pour cette mort douce et tendre, qui lui tenait déjà compagnie depuis si longtemps et lui mettra la main sur l'épaule fermement dès 1820, après avoir fauché ses proches.

     

    Dans le noir, j’écoute ; oui, plus d’une fois

    J’ai été presque amoureux de la Mort,

    Et dans mes poèmes je lui ai donné de doux noms,

    Pour qu’elle emporte dans l’air mon souffle apaisé ;

    à présent, plus que jamais, mourir semble une joie... (Ode au rossignol, traduction Suied)

    .

    Cette tentation de cesser d’être, à minuit, sans aucune souffrance, sera en filigrane dans ses vers et dans sa courte vie. Il était lumineux, idéaliste.

    Lui le pauvre, l'autodidacte, le roturier parmi ses pairs poètes d'une autre classe sociale, il avait la tête dans les nuées et ses visions allaient vers un envol dans ces mots et par ses mots. Comme un somnambule il traverse dans un rêve éveillé ce monde, se demandant s'il dort encore ou s'il est éveillé. Adorateur des sensations, « Ô qu'on me donne une vie de sensations plutôt qu'une vie de pensée! » Il fut exaucé, mais dans la brièveté.

    Peu importe, il est passé, sorte d'elfe perdu dans ses visions.

    Au lieu du monde des sensations il hume tous les parfums de l'imagination. Il s'y dilue, il fait passer l'intensité du monde dans l'intensité de ses vers. Mais cette intensité ne sert qu'à mieux s'effacer. Comme ses mots il est devenu une réminiscence.

     

     

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    Traces de vie

     

    Une chose de beauté est une joie éternelle.(Endymion).

     

    Sa très courte vie, son encore plus brève vie créatrice, aura eu l'éternité de la beauté.

     

    Il naquit à Londres, (Finsbury Pavement), le 31 octobre 1795. Il était fils d'un palefrenier. Orphelin de père à dix ans, il perd sa mère à l'âge de quinze ans. Il est plongé dans le monde de la littérature antique et celle de son temps, et il se voue au culte de la beauté, il fait allégeance au transcendant. En fait Keats « découvre qu’il ne peut exister sans poésie – sans poésie éternelle ». Au travers uniquement de traductions, et de dictionnaires illustrés, il se recrée l'harmonie grecque sans connaître cette langue. Son éducation se fera à Enfield dans une petite école tenue par un pasteur.

    Il interrompit des études de médecine en 1814, alors qu'il avait près de vingt ans, préférant se tourner vers la poésie que vers la dissection. Ses premiers poèmes les sonnets « Oh, Solitude if I with Thee Must Dwell » et « Après une première lecture de l'Homère de Chapman », parurent en 1816. Son premier véritable recueil de poèmes, intitulé simplement « Poèmes » est publié en 1817.

    Shelley se disait son grand ami et Byron son admirateur, malgré une certaine réserve de classe envers le « cockney », le londonien de basse couche. Et puis cette sensualité et ce paganisme au milieu de la société victorienne, cela faisait mauvais genre.

    Son génie précoce est encore un mystère. Ses contemporains ne l'aimèrent guère.

    Son deuxième recueil, 1818, Endymion, est une allégorie sur les amours d'un homme et de la déesse Lune. Il fut totalement incompris, tant sa novation était grande et son sens obscur. Sa pleine maturation poétique se situe entre 1818 et 1820. Mais déjà la phtisie et une maladie héréditaire le poursuivent. La mort de son frère Tom en 1818, l'accable.

     

    Son troisième et dernier recueil à paraître de son vivant contient ses plus belles œuvres, les odes dont Ode à l'automne, Ode sur une urne grecque, Ode sur la mélancolie et Ode à un rossignol. Mais aussi le poème inachevé « Hypérion », la Veille de la Sainte-Agnès, et d'autres poèmes sur des thèmes mythiques de l'Antiquité, de la chevalerie du Moyen Âge. Son amour passionné pour Fanny Brawne, restera inaccompli, en tout cas peu compris. Ses lettres à Fanny sont déchirantes, il l'idéalisa et l'aima jusqu'à la profonde souffrance.

    À l'automne de 1820, la tuberculose est diagnostiquée, et pressé par les médecins, Keats se rend d'abord à Naples, puis à Rome, accompagné du fidèle Joseph Severn son seul véritable ami. Il y mourut le 23 février 1821, dans sa petite maison de la Trinita dei Monti, sans avoir les dix ans de poésie qu'il espérait. Il n'aura pas vu les fleurs du printemps, ni entendu le rossignol. Il le savait et il écrivait « Je sens les fleurs pousser sur moi ».

     

    John Keats a vécu ainsi: « J’ai aimé le principe de beauté en toute chose ». Et sa vie de poète fulgurant n'aura été que de cinq ans de 1816 à 1821. Cinq années intenses, flamboyantes pendant lesquelles il tente tous les chemins, toutes les quêtes ferventes, tous les styles de l'ode au sonnet, de l'intime à l'épopée. Seul il a retrouvé la vérité et la beauté, le mythe et le simple. Il n'aura vécu qu'en poésie et pour la poésie.

    Ce n'est qu'après sa mort que l'on découvrit ses derniers textes essentiels: « la Veille de la Saint-Marc » (1848), « la Belle Dame sans merci » (première version publiée en 1888) et surtout ses Lettres, merveilleux poèmes en prose.

    Les mélodies que l'on entend sont douces, mais celles que l'on n'entend pas

    Sont plus douces encore : aussi, tendres pipeaux, jouez toujours,

    Non pas à l'oreille sensuelle, mais plus séduisants encore

    Modulez pour l'esprit des chants silencieux...  Keats Ode à l'urne grecque.

     

    Keats module les mélodies indicibles, celles des allégories.

     

    Gil Pressnitzer

     

     

    Keats et l’allégorie

     

     

    Le premier poète de notre Modernité

     

    L'allégorie est pré-interprétation d'un événement ou d'un fait – une manière de « récit » qui ouvrirait en même temps à sa « traduction » irréfragable dans l'expérience humaine.

    Comme Paul, par exemple assura que l'Ancien (?) Testament n'est que la pré-figura-tion, le topos du « Nouveau ».

    Comme Saint-Augustin baptisa « prophéties réelles » les événements relatés dans la Thora, préfiguration, annonce, annonciation des épisodes de la vie de Jésus (Yeshoua).

    Comme la pensée Platonicienne est d'emblée allégorie - monde des idées mais chemin vers l'immuable, abstraction, « géométrie » mais recherche d'une objectivité difficile à démentir, totalisatrice.

     

    Keats « annonce » la dés-incarnation moderne. Mais en sauvant la « beauté » au prix de sa vie même, en incarnant alors...le poétique - refusé par Platon, Paul, Hegel!

    Nouvelle « objectivité »: le poète n'est « rien » - il est à la fois un objet, un animal, un vase, une fleur : son « identité » se déduit de son ABSENCE à lui-même.

    La Poésie devient, redevient chemin VERS la vérité, union, réunion (non plus lien, religion) du mot et de la chose, de la vie rêvée et de l'INNOCENCE EN CONSTRUCTION.

     

    A partir des allégories anciennes allait naître un Dogme (et ses institutions), un DIS-COURS DE LA VERACITE affirmée et de la fausseté supposée de la parole de l'autre.

    Le poète désormais cherchera le vrai sous toutes les apparences et les idées convenues par le discours « social ».

    Dante, entre Empire et Papauté distingue entre allégorie et symbole. Goethe, longtemps après, interrogea la « teneur de vérité » du symbole.

    Poètes majeurs, ils surent interroger les mérites et les troubles de l'allégorie - Goethe au prix d'un rejet daté de la vision « moderne » et européenne de Friedrich Hölderlin...

     

    John Keats

    Keats propose un contre-modèle, qui ouvre à la Modernité, qui préfigure Baudelaire : le poète dé-sacralise le langage (non la langue ni la parole poétique...) et les critiques contemporains haïrent le poète des « Odes » sur ce point! Mais dans le même mouvement, il fait de l'allégorie poétique ...la seule réalité accessible, déchiffrable....

    Le poète fuit le monde qui re-devient Barbare ou qui invente une industrialisation de la Barbarie...

    Keats doute des mythes et des allégories, les trouble de l'onde et de l'ordre du Désir (« La vigile de la Sainte-Agnès ») et insiste sur la quête du Vrai...cet insaisissable...cet Absolu...

    Il rejette la « véracité » et l'allégorie anciennes (Blake, déjà, avait refusé Dante!) pour puiser dans la parole poétique elle-même une lueur dans la nuit du Sens.

     

    Walter Benjamin, lecteur de Goethe et de Baudelaire, montrera que l'EXPERIENCE du monde, des choses devient le contrecoup de la perte de « l'aura »: l'allégorie vainc le symbole et ouvre à « l'autre » absolu du monde!

    Le fondement de l'intuition allégorique chez BAUDELAIRE SE TROUVE, NOUS DIT BENJAMIN dans la « dévalorisation » spécifique des choses propre à « la MARCHANDISE ». Keats, plongeant dans l'Absolu de la « Beauté » (« A thing of beauty is a joy for EVER ») sacrifie la poésie ancienne, ses mythes, sa sacralité, se fond dans l'ENIGME du monde pour inventer un devenir au poète dans la modernité qui le NIE, le dévalorise : l'invention d'une allégorie nouvelle, le passage ultime de l'EXPERIENCE à l'INNOCENCE - mais éprouvée comme une expérience humaine, trop humaine de notre PRESENCE au monde poétiquement familier et inconnu.

     

    Alain Suied

     

    Post-scriptum sur Alain Suied et Keats

     

    Alain Suied est mort le 24 juillet 2008. Il se savait condamné depuis plusieurs semaines et consacra ce temps à la méditation d’un poète qu’il aimait depuis toujours entre tous : John Keats. Depuis l’hémorragie de février 1820, Keats lui aussi avait vécu sa dernière année comme une « vie posthume ». Et Keats lui aussi souffrait que ses poèmes ne rencontrent pas un accueil plus chaleureux et fera graver sur sa tombe l’épitaphe suivante : « Here lies one whose name was writ on water » (Ci-gît un dont la gloire fut écrite sur l’eau). Terrible répétition des choses à deux siècles de distance… En 1990 avait paru aux Éditions Obsidiane la traduction de La Vigile de la Sainte-Agnès de Keats par Alain Suied, puis, en 1994, dans les Cahiers d’Arfuyen sa traduction des Odes, suivies de La Belle Dame sans Merci. Alain Suied avait souhaité que l’ensemble soit repris en un seul volume avec de nouveaux textes de présentation. Il avait eu le temps de relire le volume et ne cessa de l’enrichir des aperçus neufs que sa relecture passionnée des textes de Keats suscitait en lui durant sa propre maladie. Grâce à Alain Suied, nous pouvons lire Keats non plus comme « le grand poète anglais » mais comme notre contemporain : « En modernisant (à outrance ?) ma traduction, écrit Suied, je ne fais que suivre l’exemple et l’injonction du poète. N’est-ce pas à travers ses choix si “subjectifs” (et tellement moqués à son époque !) qu’il a ouvert la voie à toute la Poésie moderne ? » C’est le privilège du grand traducteur de donner à relire les classiques autrement. C’est le cas d’Alain Suied avec Keats. Lisons les premières lignes de sa préface des Odes : « « Puérile », « maladive », « vulgaire », « abstraite », « répétitive », « licencieuse », « insensée » : on ne saurait citer tous les qualificatifs qui accueillirent, au XIX° siècle, en Angleterre, la publication des poèmes de Keats.

     

    John Keats

    Cette œuvre vouée à la beauté et au malheur du vivant, à la quête d’une allégorisation vivace de la brièveté et de la disparition d’une existence, à l’éloge d’Homère et de Dante et à la remise en question des conceptions poétiques de ses contemporains et désormais tenue pour la plus influente dans l’univers si riche et si varié de la poésie moderne de langue anglaise, fut l’objet des sarcasmes et des insultes de nombre de ses contemporains. »

     

    Parlant de Keats, il est évident que Suied parle aussi de lui-même. Si pudique, n’est-ce pas sa propre analyse qu’il nous livre en poussant la lecture de Keats dans les zones de l’inconscient ? « Quelque chose, écrit Suied, se cache derrière ce rejet presque unanime. Et si Keats, mort à 26 ans, avait à la lettre incarné la pensée (ou l’impensé) romantique? (…) Avec les Odes et avec la Vigile, quelque chose d’autre a lieu. (…) Loin du « mâle’ » byronien, hanté par la femme-sœur, Keats abolit le féminin par cette brisure même : répondre à l’Archaïsme, à la figure maternelle intériorisée, non par la célébration romantique, mais par l’identification qui annulera, apaisera l’infinie différence. (…) Le féminin n’est pas le « faible’ », le « yin », l’abandon – mais la lutte avec l’Archaïque, le jeu cruel et vital avec le naturel. Le mouvement des Odes est le mouvement même du Romantisme : le retour à la Mère, le refus de l’ordre socio-politique, de la révolution industrielle – mais amené jusqu’à ses ultimes limites, jusqu’à ses fins dernières. »

    © Copyright Editions Arfuyen 2009

     

     

    Gérard Pfister

     


     

     

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    Choix de textes

     

     

    Ode à un rossignol

     

    (in Les Odes,

    trad. Alain Suied, Éditions Arfuyen)

     

    Mon cœur souffre et la douleur engourdit

    Mes sens, comme si j’avais bu d’un trait

    La ciguë ou quelque liquide opiacé

    Et coulé, en un instant, au fond du Léthé :

    Ce n’est pas que j’envie ton heureux sort,

    Mais plutôt que je me réjouis trop de ton bonheur,

    Quand tu chantes, Dryade des bois aux a