De Louise Labé –surnommée la Belle Cordière- on sait assez peu de choses, au point que certains se sont demandé si cette égérie de ‘L’École lyonnaise’ avait vraiment existé. Même si sa biographie est sommaire, on sait qu’elle est née à Lyon en 1524 dans une famille aisée et qu’elle épousa un nommé Périn, riche marchand de cordes et propriétaire foncier. Elle mourut encore jeune à l’âge de 42 ans le 25 avril 1566 dans sa propriété de Parcieux-en-Dombes située entre Lyon et Bourg-en-Bresse.
Ce surnom de ‘Belle Cordière’ lui vient certainement de sa famille de cordiers, en particulier du mari de la première femme de son père, un nommé Labé dont il reprit le nom. Elle passait pour être très belle, fine et sensible, volontaire aussi pour une fille de son époque qui voulait se faire un nom. On ne connaît d’elle qu’un portrait authentifié, un profil au visage gracieux, un menton à l’ovale parfait.
Sa beauté fut célébrée par Clément Marot dans une épigramme célèbre commençant par ces vers :
« Louïze est tant gracieuse et tant belle,
Louïze à tout est tant bien avenante,
Louïze ha l’œil de si vive esticelle,
Louïze ha face ou corps tant convenante… »
Louanges lyriques de poète sans doute, mais largement entérinés par ses contemporains et ses amis de ‘L’École lyonnaise’.
Comme toute jeune femme de la haute bourgeoisie, elle mena une vie de châtelaine, s’adonnant à l’équitation dans ses vastes jardins situés près de la Place Bellecour. Lyon, à cette époque de la Renaissance, est encore largement la Lugdunum romaine lovée autour de la primatiale Saint-Jean [1] dans le Vieux-Lyon et fièrement plantée sur la colline de Fourvière, la presqu’île alors en voie d’urbanisation. L’élite intellectuelle y est active, un imprimeur comme Jean de Tournes ratonne dans tout le pays et, avec Pernette du Guillet, Louise Labé va s’agréger tout naturellement à ce mouvement, L’École lyonnaise, que domine Maurice Scève.
Sur le plan littéraire, son inspiration tirée d’abord de Pétrarque et d’Ovide, s’éclot dans des élégies et des sonnets expriment les tourments de la passion amoureuse dont le plus connu commence ainsi :
« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noye ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie. »
Si ses élégies marquent l’influence des Héroïdes d’Ovide, Louise Labé trouve son propre style dans ses Sonnets où La Fontaine puisera le sujet d’une fable. Partisante d’une littérature symbolique et même précieuse qui élève l’âme, elle goûtera peu la façon plus prosaïque dont Jean de Meug usera pour continuer le Roman de la rose. Ainsi s’opposent deux conceptions de l’écriture, plus ou moins orientée vers le réalisme chez certains ou vers le lyrisme chez Louise Labé et L’École lyonnaise.
Si la place Bellecour a perdu depuis longtemps l’aspect champêtre qu’elle avait alors, avec la statue de Louis XIV qui trône en son centre [2], la rue de la Bellecordière n’est pas loin, juste derrière l’ancien Hôtel-Dieu, et depuis la restructuration du quartier des Terreaux au pied de La Croix-Rousse, Lyon a fait ériger une statue moderne en bronze de Louise Labé sur la place Louis Pradel, due au sculpteur Ipoustéguy. [3]
Christian.broussas at orange.fr
Repères bibliographiques :
Madeleine Lazard, "Louise Labé lyonnaise", éditions Fayard, 2004
François Pédron, "Louise Labé la femme d’amour", éditions Fayard, 1984
Enzo Giudici, "Louise Labé", éditions Nizet, 1981
Daniel Martin, Isabelle Garnier-Mathez, "Les œuvres de Louise Labé", éditions Atlande, 2004
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- Louise Labé sur la place Louis Pradel