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Lamartine Alphonse de

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    La catégorie Lamartine?

    dea lamartine.jpgJ'ai lu Lamartine pour la première fois à l'adolescence, au collège; j'ai aimé comme mon père avant moi.

    Mon cours de DEA et mon travail sur "Les paysages chez Lamartine"(que j'ai retrouvé dans le grenier de mes beaux-parents)  sur lui m'a permis d'approfondir ma lecture.

    11 NOTES:

    1.       http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/02/08/mon-travail-universitaire-de-dea-les-paysages-chez-lamartine.html

     

     

    2. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/04/la-priere.html

    3. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/19/l-isolement.html

    4. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/02/01/alphonse-de-lamartine-biographie.html

    5. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/02/01/alphonse-de-lamartine-meditations-poetiques.html

    6. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/19/le-vallon.html

    7. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/01/22/alphonse-de-lamartine-le-poete-mourant-nouvelles-meditations.html

    8. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/04/le-retraite-meditations-poetiques.html

    9. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/04/le-golfe-de-baya-meditations-poetiques.html

    10. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/04/elegie-nouvelles-meditations-poetiques.html

    11. http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/04/la-providence-a-l-homme-meditations-poetiques.html

     

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:"La prière"

    Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire,
    Descend avec lenteur de son char de victoire.
    Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux
    Conserve en sillons d'or sa trace dans les cieux,
    Et d'un reflet de pourpre inonde l'étendue.
    Comme une lampe d'or, dans l'azur suspendue,
    La lune se balance aux bords de l'horizon ;
    Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon,
    Et le voile des nuits sur les monts se déplie :
    C'est l'heure où la nature, un moment recueillie,
    Entre la nuit qui tombe et le jour qui s'enfuit,
    S'élève au Créateur du jour et de la nuit,
    Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage,
    De la création le magnifique hommage.
    Voilà le sacrifice immense, universel !
    L'univers est le temple, et la terre est l'autel ;
    Les cieux en sont le dôme : et ces astres sans nombre,
    Ces feux demi-voilés, pâle ornement de l'ombre,
    Dans la voûte d'azur avec ordre semés,
    Sont les sacrés flambeaux pour ce temple allumés :
    Et ces nuages purs qu'un jour mourant colore,
    Et qu'un souffle léger, du couchant à l'aurore,
    Dans les plaines de l'air, repliant mollement,
    Roule en flocons de pourpre aux bords du firmament,
    Sont les flots de l'encens qui monte et s'évapore
    Jusqu'au trône du Dieu que la nature adore.
    Mais ce temple est sans voix. Où sont les saints concerts ?
    D'où s'élèvera l'hymne au roi de l'univers ?
    Tout se tait : mon coeur seul parle dans ce silence.
    La voix de l'univers, c'est mon intelligence.
    Sur les rayons du soir, sur les ailes du vent,
    Elle s'élève à Dieu comme un parfum vivant ;
    Et, donnant un langage à toute créature,
    Prête pour l'adorer mon âme à la nature.
    Seul, invoquant ici son regard paternel,
    Je remplis le désert du nom de I'Eternel ;
    Et celui qui, du sein de sa gloire infinie,
    Des sphères qu'il ordonne écoute l'harmonie,
    Ecoute aussi la voix de mon humble raison,
    Qui contemple sa gloire et murmure son nom.
    Salut, principe et fin de toi-même et du monde,
    Toi qui rends d'un regard l'immensité féconde ;
    Ame de l'univers, Dieu, père, créateur,
    Sous tous ces noms divers je crois en toi, Seigneur ;
    Et, sans avoir besoin d'entendre ta parole,
    Je lis au front des cieux mon glorieux symbole.
    L'étendue à mes yeux révèle ta grandeur,
    La terre ta bonté, les astres ta splendeur.
    Tu t'es produit toi-même en ton brillant ouvrage ;
    L'univers tout entier réfléchit ton image,
    Et mon âme à son tour réfléchit l'univers.
    Ma pensée, embrassant tes attributs divers,
    Partout autour de soi te découvre et t'adore,
    Se contemple soi-même et t'y découvre encore
    Ainsi l'astre du jour éclate dans les cieux,
    Se réfléchit dans l'onde et se peint à mes yeux.
    C'est peu de croire en toi, bonté, beauté suprême ;
    Je te cherche partout, j'aspire à toi, je t'aime ;
    Mon âme est un rayon de lumière et d'amour
    Qui, du foyer divin, détaché pour un jour,
    De désirs dévorants loin de toi consumée,
    Brûle de remonter à sa source enflammée.
    Je respire, je sens, je pense, j'aime en toi.
    Ce monde qui te cache est transparent pour moi ;
    C'est toi que je découvre au fond de la nature,
    C'est toi que je bénis dans toute créature.
    Pour m'approcher de toi, j'ai fui dans ces déserts ;
    Là, quand l'aube, agitant son voile dans les airs,
    Entr'ouvre l'horizon qu'un jour naissant colore,
    Et sème sur les monts les perles de l'aurore,
    Pour moi c'est ton regard qui, du divin séjour,
    S'entr'ouvre sur le monde et lui répand le jour :
    Quand l'astre à son midi, suspendant sa carrière,
    M'inonde de chaleur, de vie et de lumière,
    Dans ses puissants rayons, qui raniment mes sens,
    Seigneur, c'est ta vertu, ton souffle que je sens ;
    Et quand la nuit, guidant son cortège d'étoiles,
    Sur le monde endormi jette ses sombres voiles,
    Seul, au sein du désert et de l'obscurité,
    Méditant de la nuit la douce majesté,
    Enveloppé de calme, et d'ombre, et de silence,
    Mon âme, de plus près, adore ta présence ;
    D'un jour intérieur je me sens éclairer,
    Et j'entends une voix qui me dit d'espérer.
    Oui, j'espère, Seigneur, en ta magnificence :
    Partout à pleines mains prodiguant l'existence,
    Tu n'auras pas borné le nombre de mes jours
    A ces jours d'ici-bas, si troublés et si courts.
    Je te vois en tous lieux conserver et produire ;
    Celui qui peut créer dédaigne de détruire.
    Témoin de ta puissance et sûr de ta bonté
    J'attends le jour sans fin de l'immortalité.
    La mort m'entoure en vain de ses ombres funèbres,
    Ma raison voit le jour à travers ces ténèbres.
    C'est le dernier degré qui m'approche de toi,
    C'est le voile qui tombe entre ta face et moi.
    Hâte pour moi, Seigneur, ce moment que j'implore ;
    Ou, si, dans tes secrets tu le retiens encore,
    Entends du haut du ciel le cri de mes besoins ;
    L'atome et l'univers sont l'objet de tes soins,
    Des dons de ta bonté soutiens mon indigence,
    Nourris mon corps de pain, mon âme d'espérance ;
    Réchauffe d'un regard de tes yeux tout-puissants
    Mon esprit éclipsé par l'ombre de mes sens
    Et, comme le soleil aspire la rosée,
    Dans ton sein, à jamais, absorbe ma pensée.

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:"L'isolement"

    medium_lisolement.2.jpgSouvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
    Au coucher du soleil, tristement je m'assieds;
    Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
    Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

    Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes,
    Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur;
    Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
    Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

    Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
    Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
    Et le char vaporeux de la reine des ombres
    Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

    Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
    Un son religieux se répand dans les airs,
    Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
    Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

    Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
    N'éprouve devant eux ni charme, ni transports,
    Je contemple la terre, ainsi qu'une ombre errante
    Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

    De colline en colline en vain portant ma vue,
    Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
    Je parcours tous les points de l'immense étendue,
    Et je dis : Nulle part le bonheur ne m'attend.

    Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières ?
    Vains objets dont pour moi le charme est envolé;
    Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
    Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

    Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
    D'un œil indifférent je le suis dans son cours;
    En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
    Qu'importe le soleil? je n'attends rien des jours.

    Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
    Mes yeux verraient partout le vide et les déserts;
    Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire,
    Je ne demande rien à l'immense univers.

    Mais peut-être au delà des bornes de sa sphère,
    Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
    Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
    Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux ?

    Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire,
    Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
    Et ce bien idéal que toute âme désire,
    Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !

    Que ne puis-je, porté sur le char de l'aurore,
    Vague objet de mes vœux, m'élancer jusqu'à toi,
    Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
    Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

    Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
    Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons;
    Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie
    Emportez-moi comme elle, orageux aquilons

     

    http://www.poetes.com/lamartine/isolement.htm

     

    CITE DANS MON TRAVAIL UNIVERSITAIRE: "les paysages chez Lamartine"

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:biographie

    medium_lamartine.jpg

    1790

    Naissance, le 21 octobre, d'Alphonse de Lamartine. Son père, et sa mère sont des aristocrates et de fervents catholiques.

    1797

    La famille de Lamartine s'établit à Milly. Le poète conservera cette propriété jusqu'en 1860 et l'évoquera dans plusieurs de ses œuvres, notamment Milly et la Vigne et la Maison.

    1811-1812

    Lamartine voyage en Italie, entre autres à Naples où il entretient une liaison avec une Antoniella qui lui servira de modèle pour Graziella.

    1812

    Lamartine devient maire de Mâcon.

    1814

    Lamartine s'engage dans la garde de Louis XVIII.

    1816

    En octobre, le poète fréquente Julie Charles qui sera l'Elvire des Méditations et l'héroïne du Lac.

    1817

    En août, Lamartine attend en vain Julie Charles à Aix, là où les deux amants s'étaient donné rendez-vous. Ce n'est qu'en décembre, à Paris, que le poète apprend la mort de Mme Charles.

    1820

    En mars, Lamartine publie Les Méditations poétiques. Le 6 juin, il épouse une anglaise, Marianne-Élisa Birch. Le couple voyage en Italie où Lamartine a été nommé attaché d'ambassade.

    1822

    Naissance de Julia de Lamartine. La même année meurt Alphonse, le fils du poète, né l'année précédente.

    1823

    Publication des Nouvelles Méditations poétiques.

    1825

    Composition du Dernier Chant du pèlerinage d'Harold, inspiré par Byron.

    1829

    Le 5 novembre, Lamartine est élu à l'Académie française. Le 16 du même mois, sa mère meurt.

    1830

    Mise en vente des Harmonies poétiques et religieuses. En décembre, il publie un poème Contre la peine de Mort.

    1831

    Lamartine présente sa candidature comme député à Mâcon, à Bergues et à Toulon. C'est partout un échec.

    http://www.poetes.com/lamartine/biograph.htm

    1832

    Publication des Révolutions. La même année, Lamartine va en Orient où il visite notamment le Saint-Sépulcre. C'est pendant ce voyage, à Beyrouth, que meurt Julia de Lamartine.

    1836

    Publication de Jocelyn. La même année, Jocelyn et Le Voyage en Orient sont mis à l'Index.

    1837

    Lamartine est élu député de Mâcon et de Bergues. Dans les années qui suivront, Lamartine luttera contre la peine de mort, pour la suppression de l'esclavage, pour la paix et, de façon plus générale, pour les démunis. A la Chambre des députés, ses discours auront de plus en plus d'influence.

    1839

    Mise en vente des Recueillements poétiques.

    1840

    Le 30 août meurt Pierre de Lamartine, le père du poète. Lamartine refuse un portefeuille ministériel dans le gouvernement de Guizot et, la même année, il s'oppose au retour des cendres de Napoléon.

    1844

    Lamartine entreprend un nouveau voyage en Italie.

    1843-1847

    Composition d'une Histoire des Girondins dans laquelle Lamartine chante la grandeur de la Révolution, allant jusqu'à, malgré son dégoût poour les excès de la Terreur, réhabiliter Robespierre.

    1848

    Le 24 février, Lamartine devient ministre des Affaires étrangères. En décembre, il pose sa candidature à la présidence de la République. Il ne recueille que 17 910 voix.

    1850

    Première de Toussaint Louverture. En juin et juillet, Lamartine voyage en Turquie.

    1856

    Première édition du Cours familier de Littérature. C'est dans cette publication mensuelle que Lamartine fera paraître la Vigne et la Maison.

    1860

    Vente de Milly, la maison où Lamartine passa son enfance.

    1869

    Mort d'Alphonse de Lamartine, à Paris.

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:"Méditations poétiques"

    medium_lmeditations.jpg

    Les Méditations poétiques ont été publiées en 1820. Ces vingt-quatre pièces furent créées entre 1815 et 1820 et constituaient une sorte de journal intime des expériences vécues ces années-là par le poète, expériences dont la plus célèbre fut inspirée par Julie Charles, la femme évoquée par Lamartine dans Le Lac. À l'origine, les Méditations eurent un tel succès, en particulier au sein des milieux catholiques, qu'en moins d'un an sept éditions en furent faites. Même le roi de France et quelques-uns de ses ministres, Talleyrand notamment, en récitaient les vers. Au plan historique, l'importance de ce petit livre est également considérable, et il n'est pas inutile de rappeler que plusieurs lecteurs et critiques ont reconnu, dans les Méditations, la première oeuvre, avec celles de Chateaubriand, pleinement romantique de la littérature française.

    Mais à quoi, justement, tient ce caractère romantique?

    Rappelons d'abord que le poète, chez Lamartine, est un être seul, isolé, plus près de Dieu et de la Nature que de ses frères humains. Ajoutons que ce poète souffre d'une mélancolie, d'une maladie de l'âme qui annonce le Mal du siècle de Musset ou le spleen baudelairien. Il n'est pas non plus indifférent de noter que les épanchements de Lamartine - ceux qu'on entend dans Le Lac, L'Automne ou Le Vallon - ont cette qualité proprement romantique d'êtres nés de son expérience la plus intime, la plus personnelle, mais d'avoir en même temps pu rejoindre des générations entières de lecteurs où chacun prend cette expérience comme la sienne.

    Parfois le style de Lamartine est emphatique, parfois aussi ses plaintes sont trop appuyées pour qu'on les sente parfaitement authentiques, mais n'est-ce pas justement ce sens de l'excès qui, au-delà de tout le reste, fait des Méditations l'un des recueils les plus typiquement romantiques qui soient ?

    http://www.poetes.com/lamartine/meditations.htm

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:"Le vallon"(Méditations poétiques)

    medium_lvallon.jpg

    Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance,
    N'ira plus de ses vœux importuner le sort;
    Prêtez-moi seulement, vallons de mon enfance,
    Un asile d'un jour pour attendre la mort.

    Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée :
    Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais
    Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
    Me couvrent tout entier de silence et de paix.

    Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure
    Tracent en serpentant les contours du vallon;
    Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure,
    Et non loin de leur source ils se perdent sans nom.

    La source de mes jours comme eux s'est écoulée,
    Elle a passé sans bruit, sans nom, et sans retour
    Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée
    N'aura pas réfléchi les clartés d'un beau jour.

    La fraîcheur de leurs lits, l'ombre qui les couronne,
    M'enchaînent tout le jour sur les bords des ruisseaux;
    Comme un enfant bercé par un chant monotone,
    Mon âme s'assoupit au murmure des eaux.

    Ah ! c'est là qu'entouré d'un rempart de verdure,
    D'un horizon borné qui suffit à mes yeux,
    J'aime à fixer mes pas, et, seul dans la nature,
    A n'entendre que l'onde, à ne voir que les cieux.

    J'ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie,
    Je viens chercher vivant le calme du Léthé;
    Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l'on oublie
    L'oubli seul désormais est ma félicité.

    Mon cœur est en repos, mon âme est en silence !
    Le bruit lointain du monde expire en arrivant,
    Comme un son éloigné qu'affaiblit la distance,
    A l'oreille incertaine apporté par le vent.

    D'ici je vois la vie, à travers un nuage,
    S'évanouir pour moi dans l'ombre du passé;
    L'amour seul est resté : comme une grande image
    Survit seule au réveil dans un songe effacé.

    Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile,
    Ainsi qu'un voyageur, qui, le cœur plein d'espoir,
    S'assied avant d'entrer aux portes de la ville,
    Et respire un moment l'air embaumé du soir.

    Comme lui, de nos pieds secouons la poussière;
    L'homme par ce chemin ne repasse jamais
    Comme lui, respirons au bout de la carrière
    Ce calme avant-coureur de l'éternelle paix.

    Tes jours, sombres et courts comme des jours d'automne,
    Déclinent comme l'ombre au penchant des coteaux;
    L'amitié te trahit, la pitié t'abandonne,
    Et, seule, tu descends le sentier des tombeaux.

    Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime;
    Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours;
    Quand tout change pour toi, la nature est la même,
    Et le même soleil se lève sur tes jours.

    De lumière et d'ombrage elle t'entoure encore;
    Détache ton amour des faux biens que tu perds;
    Adore ici l'écho qu'adorait Pythagore,
    Prête avec lui l'oreille aux célestes concerts.

    Suis le jour dans le ciel, suis l'ombre sur la terre,
    Dans les plaines de l'air vole avec l'aquilon,
    Avec les doux rayons de l'astre du mystère
    Glisse à travers les bois dans l'ombre du vallon.

    Dieu, pour le concevoir, a fait l'intelligence;
    Sous la nature enfin découvre son auteur !
    Une voix à l'esprit parle dans son silence,
    Qui n'a pas entendu cette voix dans son cœur ?

    http://www.poetes.com/lamartine/vallon.htm#

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine, "Le poète mourant"(Nouvelles méditations poétiques)



    La coupe de mes jours s'est brisée encor pleine ;
    Ma vie hors de mon sein s'enfuit à chaque haleine ;
    Ni baisers ni soupirs ne peuvent l'arrêter ;
    Et l'aile de la mort, sur l'airain qui me pleure,
    En sons entrecoupés frappe ma dernière heure ;
    Faut-il gémir ? faut-il chanter ?...

    Chantons, puisque mes doigts sont encor sur la lyre ;
    Chantons, puisque la mort, comme au cygne, m'inspire
    Aux bords d'un autre monde un cri mélodieux.
    C'est un présage heureux donné par mon génie,
    Si notre âme n'est rien qu'amour et qu'harmonie,
    Qu'un chant divin soit ses adieux !

    La lyre en se brisant jette un son plus sublime ;
    La lampe qui s'éteint tout à coup se ranime,
    Et d'un éclat plus pur brille avant d'expirer ;
    Le cygne voit le ciel à son heure dernière,
    L'homme seul, reportant ses regards en arrière,
    Compte ses jours pour les pleurer.

    Qu'est-ce donc que des jours pour valoir qu'on les pleure ?
    Un soleil, un soleil ; une heure, et puis une heure ;
    Celle qui vient ressemble à celle qui s'enfuit ;
    Ce qu'une nous apporte, une autre nous l'enlève :
    Travail, repos, douleur, et quelquefois un rêve,
    Voilà le jour, puis vient la nuit.

    Ah ! qu'il pleure, celui dont les mains acharnées
    S'attachant comme un lierre aux débris des années,
    Voit avec l'avenir s'écrouler son espoir !
    Pour moi, qui n'ai point pris racine sur la terre,
    Je m'en vais sans effort, comme l'herbe légère
    Qu'enlève le souffle du soir.

    Le poète est semblable aux oiseaux de passage
    Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage,
    Qui ne se posent point sur les rameaux des bois ;
    Nonchalamment bercés sur le courant de l'onde,
    Ils passent en chantant loin des bords ; et le monde
    Ne connaît rien d'eux, que leur voix.


    Jamais aucune main sur la corde sonore
    Ne guida dans ses jeux ma main novice encore.
    L'homme n'enseigne pas ce qu'inspire le ciel ;
    Le ruisseau n'apprend pas à couler dans sa pente,
    L'aigle à fendre les airs d'une aile indépendante,
    L'abeille à composer son miel.

    L'airain retentissant dans sa haute demeure,
    Sous le marteau sacré tour à tour chante et pleure,
    Pour célébrer l'hymen, la naissance ou la mort ;
    J'étais comme ce bronze épuré par la flamme,
    Et chaque passion, en frappant sur mon âme,
    En tirait un sublime accord.

    Telle durant la nuit la harpe éolienne,
    Mêlant aux bruits des eaux sa plainte aérienne,
    Résonne d'elle-même au souffle des zéphyrs.
    Le voyageur s'arrête, étonné de l'entendre,
    Il écoute, il admire et ne saurait comprendre
    D'où partent ces divins soupirs.

    Ma harpe fut souvent de larmes arrosée,
    Mais les pleurs sont pour nous la céleste rosée ;
    Sous un ciel toujours pur le coeur ne mûrit pas :
    Dans la coupe écrasé le jus du pampre coule,
    Et le baume flétri sous le pied qui le foule
    Répand ses parfums sur nos pas.

    Dieu d'un souffle brûlant avait formé mon âme ;
    Tout ce qu'elle approchait s'embrasait de sa flamme :
    Don fatal ! et je meurs pour avoir trop aimé !
    Tout ce que j'ai touché s'est réduit en poussière :
    Ainsi le feu du ciel tombé sur la bruyère
    S'éteint quand tout est consumé.

    Mais le temps ? - Il n'est plus. - Mais la gloire ? - Eh ! qu'importe
    Cet écho d'un vain son, qu'un siècle à l'autre apporte ?
    Ce nom, brillant jouet de la postérité ?
    Vous qui de l'avenir lui promettez l'empire,
    Écoutez cet accord que va rendre ma lyre !...
    ...............................................
    Les vents déjà l'ont emporté !

    Ah ! donnez à la mort un espoir moins frivole.
    Eh quoi ! le souvenir de ce son qui s'envole
    Autour d'un vain tombeau retentirait toujours ?
    Ce souffle d'un mourant, quoi! c'est là de la gloire ?
    Mais vous qui promettez les temps à sa mémoire,
    Mortels, possédez-vous deux jours ?

    J'en atteste les dieux ! depuis que je respire,
    Mes lèvres n'ont jamais prononcé sans sourire
    Ce grand nom inventé par le délire humain ;
    Plus j'ai pressé ce mot, plus je l'ai trouvé vide,
    Et je l'ai rejeté, comme une écorce aride
    Que nos lèvres pressent en vain.

    Dans le stérile espoir d'une gloire incertaine,
    L'homme livre, en passant, au courant qui l'entraîne
    Un nom de jour en jour dans sa course affaibli ;
    De ce brillant débris le flot du temps se joue ;
    De siècle en siècle, il flotte, il avance, il échoue
    Dans les abîmes de l'oubli.

    Je jette un nom de plus à ces flots sans rivage ;
    Au gré des vents, du ciel, qu'il s'abîme ou surnage,
    En serai-je plus grand ? Pourquoi ? ce n'est qu'un nom.
    Le cygne qui s'envole aux voûtes éternelles,
    Amis ! s'informe-t-il si l'ombre de ses ailes
    Flotte encor sur un vil gazon ?

    Mais pourquoi chantais-tu ? - Demande à Philomèle
    Pourquoi, durant les nuits, sa douce voix se mêle
    Au doux bruit des ruisseaux sous l'ombrage roulant !
    Je chantais, mes amis, comme l'homme respire,
    Comme l'oiseau gémit, comme le vent soupire,
    Comme l'eau murmure en coulant.

    Aimer, prier, chanter, voilà toute ma vie.
    Mortels ! de tous ces biens qu'ici-bas l'homme envie,
    À l'heure des adieux je ne regrette rien ;
    Rien que l'ardent soupir qui vers le ciel s'élance,
    L'extase de la lyre, ou l'amoureux silence
    D'un coeur pressé contre le mien.

    Aux pieds de la beauté sentir frémir sa lyre,
    Voir d'accord en accord l'harmonieux délire
    Couler avec le son et passer dans son sein,
    Faire pleuvoir les pleurs de ces yeux qu'on adore,
    Comme au souffle des vents les larmes de l'aurore
    Tombent d'un calice trop plein ;

    Voir le regard plaintif de la vierge modeste
    Se tourner tristement vers la voûte céleste,
    Comme pour s'envoler avec le son qui fuit,
    Puis retombant sur vous plein d'une chaste flamme,
    Sous ses cils abaissés laisser briller son âme,
    Comme un feu tremblant dans la nuit ;

    Voir passer sur son front l'ombre de sa pensée,
    La parole manquer à sa bouche oppressée,
    Et de ce long silence entendre enfin sortir
    Ce mot qui retentit jusque dans le ciel même,
    Ce mot, le mot des dieux, et des hommes : ... Je t'aime !
    Voilà ce qui vaut un soupir.

    Un soupir ! un regret ! inutile parole !
    Sur l'aile de la mort, mon âme au ciel s'envole ;
    Je vais où leur instinct emporte nos désirs ;
    Je vais où le regard voit briller l'espérance ;
    Je vais où va le son qui de mon luth s'élance ;
    Où sont allés tous mes soupirs !

    Comme l'oiseau qui voit dans les ombres funèbres,
    La foi, cet oeil de l'âme, a percé mes ténèbres ;
    Son prophétique instinct m'a révélé mon sort.
    Aux champs de l'avenir combien de fois mon âme,
    S'élançant jusqu'au ciel sur des ailes de flamme,
    A-t-elle devancé la mort ?

    N'inscrivez point de nom sur ma demeure sombre.
    Du poids d'un monument ne chargez pas mon ombre :
    D'un peu de sable, hélas ! je ne suis point jaloux.
    Laissez-moi seulement à peine assez d'espace
    Pour que le malheureux qui sur ma tombe passe
    Puisse y poser ses deux genoux.

    Souvent dans le secret de l'ombre et du silence,
    Du gazon d'un cercueil la prière s'élance
    Et trouve l'espérance à côté de la mort.
    Le pied sur une tombe on tient moins à la terre ;
    L'horizon est plus vaste, et l'âme, plus légère,
    Monte au ciel avec moins d'effort.

    Brisez, livrez aux vents, aux ondes, à la flamme,
    Ce luth qui n'a qu'un son pour répondre à mon âme !
    Le luth des Séraphins va frémir sous mes doigts.
    Bientôt, vivant comme eux d'un immortel délire,
    Je vais guider, peut-être, aux accords de ma lyre,
    Des cieux suspendus à ma voix.

    Bientôt ! ... Mais de la mort la main lourde et muette
    Vient de toucher la corde : elle se brise, et jette
    Un son plaintif et sourd dans le vague des airs.
    Mon luth glacé se tait ... Amis, prenez le vôtre ;
    Et que mon âme encor passe d'un monde à l'autre
    Au bruit de vos sacrés concerts !

    http://poesie.webnet.fr/poemes/France/lamartin/73.html

    A RAPPROCHER DE "L'ALBATROS"  de Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)

  • Catégories : "Carpe diem", Des poèmes, Lamartine Alphonse de, Le XIX e siècle

    Le retraite (Méditations poétiques)

    Aux bords de ton lac enchanté,
    Loin des sots préjugés que l'erreur déifie,
    Couvert du bouclier de ta philosophie,
    Le temps n'emporte rien de ta félicité ;
    Ton matin fut brillant ; et ma jeunesse envie
    L'azur calme et serein du beau soir de ta vie !

    Ce qu'on appelle nos beaux jours
    N'est qu'un éclair brillant dans une nuit d'orage,
    Et rien, excepté nos amours,
    N'y mérite un regret du sage ;
    Mais, que dis-je ? on aime à tout âge :
    Ce feu durable et doux, dans l'âme renfermé,
    Donne plus de chaleur en jetant moins de flamme ;
    C'est le souffle divin dont tout l'homme est formé,
    Il ne s'éteint qu'avec son âme.

    Etendre son esprit, resserrer ses désirs,
    C'est là ce grand secret ignoré du vulgaire :
    Tu le connais, ami ; cet heureux coin de terre
    Renferme tes amours, tes goûts et tes plaisirs ;
    Tes voeux ne passent point ton champêtre domaine,
    Mais ton esprit plus vaste étend son horizon,
    Et, du monde embrassant la scène,
    Le flambeau de l'étude éclaire ta raison.

    Tu vois qu'aux bords du Tibre, et du Nil et du Gange,
    En tous lieux, en tous temps, sous des masques divers,
    L'homme partout est l'homme, et qu'en cet univers,
    Dans un ordre éternel tout passe et rien ne change ;
    Tu vois les nations s'éclipser tour à tour
    Comme les astres dans l'espace,
    De mains en mains le sceptre passe,
    Chaque peuple a son siècle, et chaque homme a son jour ;
    Sujets à cette loi suprême,
    Empire, gloire, liberté,
    Tout est par le temps emporté,
    Le temps emporta les dieux même
    De la crédule antiquité,
    Et ce que des mortels dans leur orgueil extrême
    Osaient nommer la vérité.

    Au milieu de ce grand nuage,
    Réponds-moi : que fera le sage
    Toujours entre le doute et l'erreur combattu ?
    Content du peu de jours qu'il saisit au passage,
    Il se hâte d'en faire usage
    Pour le bonheur et la vertu.

    J'ai vu ce sage heureux ; dans ses belles demeures
    J'ai goûté l'hospitalité,
    A l'ombre du jardin que ses mains ont planté,
    Aux doux sons de sa lyre il endormait les heures
    En chantant sa félicité.
    Soyez touché, grand Dieu, de sa reconnaissance.
    Il ne vous lasse point d'un inutile voeu ;
    Gardez-lui seulement sa rustique opulence,
    Donnez tout à celui qui vous demande peu.
    Des doux objets de sa tendresse
    Qu'à son riant foyer toujours environné,
    Sa femme et ses enfants couronnent sa vieillesse,
    Comme de ses fruits mûrs un arbre est couronné.
    Que sous l'or des épis ses collines jaunissent ;
    Qu'au pied de son rocher son lac soit toujours pur ;
    Que de ses beaux jasmins les ombres s'épaississent ;
    Que son soleil soit doux, que son ciel soit d'azur,
    Et que pour l'étranger toujours ses vins mûrissent.

    Pour moi, loin de ce port de la félicité,
    Hélas ! par la jeunesse et l'espoir emporté,
    Je vais tenter encore et les flots et l'orage ;
    Mais, ballotté par l'onde et fatigué du vent,
    Au pied de ton rocher sauvage,
    Ami, je reviendrai souvent
    Rattacher, vers le soir, ma barque à ton rivage.

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:"Le golfe de Baya" (Méditations poétiques)d'Alphonse de Lamartine

    près de Naples

    Vois-tu comme le flot paisible
    Sur le rivage vient mourir !
    Vois-tu le volage zéphyr
    Rider, d'une haleine insensible,
    L'onde qu'il aime à parcourir !
    Montons sur la barque légère
    Que ma main guide sans efforts,
    Et de ce golfe solitaire
    Rasons timidement les bords.

    Loin de nous déjà fuit la rive.
    Tandis que d'une main craintive
    Tu tiens le docile aviron,
    Courbé sur la rame bruyante
    Au sein de l'onde frémissante
    Je trace un rapide sillon.

    Dieu ! quelle fraîcheur on respire !
    Plongé dans le sein de Thétis,
    Le soleil a cédé l'empire
    A la pâle reine des nuits.
    Le sein des fleurs demi-fermées
    S'ouvre, et de vapeurs embaumées
    En ce moment remplit les airs ;

    Et du soir la brise légère
    Des plus doux parfums de la terre
    A son tour embaume les mers.

    Quels chants sur ces flots retentissent ?
    Quels chants éclatent sur ces bords ?
    De ces deux concerts qui s'unissent
    L'écho prolonge les accords.
    N'osant se fier aux étoiles,
    Le pêcheur, repliant ses voiles,
    Salue, en chantant, son séjour.
    Tandis qu'une folle jeunesse
    Pousse au ciel des cris d'allégresse,
    Et fête son heureux retour.

    Mais déjà l'ombre plus épaisse
    Tombe, et brunit les vastes mers ;
    Le bord s'efface, le bruit cesse,
    Le silence occupe les airs.
    C'est l'heure où la mélancolie
    S'assoit pensive et recueillie
    Aux bords silencieux des mers,
    Et, méditant sur les ruines,
    Contemple au penchant des collines
    Ce palais, ces temples déserts.

    O de la liberté vieille et sainte patrie !
    Terre autrefois féconde en sublimes vertus !
    Sous d'indignes Césars maintenant asservie,
    Ton empire est tombé ! tes héros ne sont plus !
    Mais dans ton sein l'âme agrandie
    Croit sur leurs monuments respirer leur génie,
    Comme on respire encor dans un temple aboli
    La majesté du dieu dont il était rempli.
    Mais n'interrogeons pas vos cendres généreuses,
    Vieux Romains ! fiers Catons ! mânes des deux Brutus !
    Allons redemander à ces murs abattus
    Des souvenirs plus doux, des ombres plus heureuses,

    Horace, dans ce frais séjour,
    Dans une retraite embellie
    Par le plaisir et le génie,
    Fuyait les pompes de la cour ;
    Properce y visitait Cinthie,
    Et sous les regards de Délie
    Tibulle y modulait les soupirs de l'amour.
    Plus loin, voici l'asile où vint chanter le Tasse,
    Quand, victime à la fois du génie et du sort,
    Errant dans l'univers, sans refuge et sans port,
    La pitié recueillit son illustre disgrâce.
    Non loin des mêmes bords, plus tard il vint mourir ;
    La gloire l'appelait, il arrive, il succombe :
    La palme qui l'attend devant lui semble fuir,
    Et son laurier tardif n'ombrage que sa tombe.

    Colline de Baya ! poétique séjour !
    Voluptueux vallon qu'habita tour à tour
    Tout ce qui fut grand dans le monde,
    Tu ne retentis plus de gloire ni d'amour.
    Pas une voix qui me réponde,
    Que le bruit plaintif de cette onde,
    Ou l'écho réveillé des débris d'alentour !

    Ainsi tout change, ainsi tout passe ;
    Ainsi nous-mêmes nous passons,
    Hélas ! sans laisser plus de trace
    Que cette barque où nous glissons
    Sur cette mer où tout s'efface.

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:Elégie (Nouvelles méditations poétiques)

    Cueillons, cueillons la rose au matin de la vie;
    Des rapides printemps respire au moins les fleurs.
    Aux chastes voluptés abandonnons nos coeurs,
    Aimons-nous sans mesure, à mon unique amie!

    Quand le nocher battu par les flots irrités
    Voit son fragile esquif menacé du naufrage,
    Il tourne ses regards aux bords qu'il a quittés,
    Et regrette trop tard les loisirs du rivage.
    Ah! qu'il voudrait alors au toit de ses aïeux,
    Près des objets chéris présents à sa mémoire,
    Coulant des jours obscurs, sans périls et sans gloire,
    N'avoir jamais laissé son pays ni ses dieux!

    Ainsi l'homme, courbé sous le poids des années,
    Pleure son doux printemps qui ne peut revenir.
    Ah! rendez-moi, dit-il, ces heures profanées;
    O dieux! dans leur saison j'oubliai d'en jouir.
    Il dit : la mort répond; et ces dieux qu'il implore,
    Le poussant au tombeau sans se laisser fléchir,
    Ne lui permettent pas de se baisser encore
    Pour ramasser ces fleurs qu'il n'a pas su cueillir.

    Aimons-nous, à ma bien-aimée!
    Et rions des soucis qui bercent les mortels;
    Pour le frivole appas d'une vaine fumée,
    La moitié de leurs jours, hélas! est consumée
    Dans l'abandon des biens réels.

    A leur stérile orgueil ne portons point envie,
    Laissons le long espoir aux maîtres des humains!
    Pour nous, de notre heure incertains,
    Hâtons-nous d'épuiser la coupe de la vie
    Pendant qu'elle est entre nos mains.

    Soit que le laurier nous couronne,
    Et qu'aux fastes sanglants de l'altière Bellone
    Sur le marbre ou l'airain on inscrive nos noms;
    Soit que des simples fleurs que la beauté moissonne
    L'amour pare nos humbles fronts;
    Nous allons échouer, tous, au même rivage :
    Qu'importe, au moment du naufrage,
    Sur un vaisseau fameux d'avoir fendu les airs,
    Ou sur une barque légère
    D'avoir, passager solitaire,
    Rasé timidement le rivage des mers?

    CITE DANS MON TRAVAIL UNIVERSITAIRE SUR "Les paysages chez Lamartine"

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:La providence à l'homme (Méditations poétiques)

    Quoi ! le fils du néant a maudit l'existence !
    Quoi ! tu peux m'accuser de mes propres bienfaits !
    Tu peux fermer tes yeux à la magnificence
    Des dons que je t'ai faits !

    Tu n'étais pas encor, créature insensée,
    Déjà de ton bonheur j'enfantais le dessein ;
    Déjà, comme son fruit, l'éternelle pensée
    Te portait dans son sein.

    Oui, ton être futur vivait dans ma mémoire ;
    Je préparais les temps selon ma volonté.
    Enfin ce jour parut; je dis : Nais pour ma gloire
    Et ta félicité !

    Tu naquis : ma tendresse, invisible et présente,
    Ne livra pas mon oeuvre aux chances du hasard ;
    J'échauffai de tes sens la sève languissante,
    Des feux de mon regard.

    D'un lait mystérieux je remplis la mamelle ;
    Tu t'enivras sans peine à ces sources d'amour,
    J'affermis les ressorts, j'arrondis la prunelle
    Où se peignit le jour.

    Ton âme, quelque temps par les sens éclipsée,
    Comme tes yeux au jour, s'ouvrit à la raison
    Tu pensas; la parole acheva ta pensée,
    Et j'y gravai mon nom.

    En quel éclatant caractère
    Ce grand nom s'offrit à tes yeux !
    Tu vis ma bonté sur la terre,
    Tu lus ma grandeur dans les cieux !
    L'ordre était mon intelligence ;
    La nature, ma providence ;
    L'espace, mon immensité !
    Et, de mon être ombre altérée,
    Le temps te peignit ma durée,
    Et le destin, ma volonté !

    Tu m'adoras dans ma puissance,
    Tu me bénis dans ton bonheur,
    Et tu marchas en ma présence
    Dans la simplicité du coeur;
    Mais aujourd'hui que l'infortune
    A couvert d'une ombre importune
    Ces vives clartés du réveil,
    Ta voix m'interroge et me blâme,
    Le nuage couvre ton âme,
    Et tu ne crois plus au soleil.

    " Non, tu n'es plus qu'un grand problème
    Que le sort offre à la raison ;
    Si ce monde était ton emblème,
    Ce monde serait juste et bon. "
    Arrête, orgueilleuse pensée ;
    A la loi que je t'ai tracée
    Tu prétends comparer ma loi ?
    Connais leur différence auguste
    Tu n'as qu'un jour pour être juste,
    J'ai l'éternité devant moi !

    Quand les voiles de ma sagesse
    A tes yeux seront abattus,
    Ces maux, dont gémit ta faiblesse,
    Seront transformés en vertus,
    De ces obscurités cessantes
    Tu verras sortir triomphantes
    Ma justice et ta liberté;
    C'est la flamme qui purifie
    Le creuset divin où la vie
    Se change en immortalité !

    Mais ton coeur endurci doute et murmure encore ;
    Ce jour ne suffit pas à tes yeux révoltés,
    Et dans la nuit des sens tu voudrais voir éclore
    De l'éternelle aurore
    Les célestes clartés !

    Attends; ce demi-jour, mêlé d'une ombre obscure,
    Suffit pour te guider en ce terrestre lieu :
    Regarde qui je suis, et marche sans murmure,
    Comme fait la nature
    Sur la foi de son Dieu.

    La terre ne sait pas la loi qui la féconde ;
    L'océan, refoulé sous mon bras tout-puissant,
    Sait-il comment au gré du nocturne croissant
    De sa prison profonde
    La mer vomit son onde,
    Et des bords qu'elle inonde
    Recule en mugissant ?

    Ce soleil éclatant, ombre de ma lumière.
    Sait-il où le conduit le signe de ma main ?
    S'est - il tracé soi-même un glorieux chemin ?
    Au bout de sa carrière,
    Quand j'éteins sa lumière,
    Promet-il à la terre
    Le soleil de demain?

    Cependant tout subsiste et marche en assurance.
    Ma la voix chaque matin réveille l'univers !
    J'appelle le soleil du fond de ses déserts
    Franchissant la distance,
    Il monte en ma présence,
    Me répond, et s'élance
    Sur le trône des airs !

    Et toi, dont mon souffle est la vie;
    Toi, sur qui mes yeux sont ouverts,
    Peux-tu craindre que je t'oublie,
    Homme, roi de cet univers ?
    Crois-tu que ma vertu sommeille ?
    Non, mon regard immense veille
    Sur tous les mondes à la fois !
    La mer qui fuit à ma parole,
    Ou la poussière qui s'envole,
    Suivent et comprennent mes lois.

    Marche au flambeau de l'espérance
    Jusque dans l'ombre du trépas,
    Assuré que ma providence
    Ne tend point de piège à tes pas.
    Chaque aurore la justifie,
    L'univers entier s'y confie,
    Et l'homme seul en a douté !
    Mais ma vengeance paternelle

    Confondra ce doute infidèle
    Dans l'abîme de ma bonté.

    CITE DANS MON TRAVAIL UNIVERSITAIRE SUR "les paysages chez Lamartine"