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Delacroix Eugène

  • Catégories : Baudelaire Charles, Delacroix Eugène, Des expositions

    J'ai aimé revoir dimanche dernier ce que j'avais vu en 2012:Fantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’hommage à Delacroix

    Fantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’hommage à Delacroix - musée national Eugène DelacroixFantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’hommage à Delacroix - musée national Eugène DelacroixDu 7 décembre 2011 au 19 mars 2012
    Musée national Eugène Delacroix

    1863, année du scandale du Déjeuner sur l’herbe de Manet au Salon des Refusés, est aussi celle de la mort d’Eugène Delacroix dans son appartement de la place de Fürstenberg.


    Choqué par la tiédeur des hommages officiels rendus à l’artiste lors de sa disparition, Fantin-Latour se lança dans la réalisation de son fameux Hommage à Delacroix pour le Salon suivant : toile-manifeste qui rassemblait une nouvelle génération d’artistes novateurs, et de critiques comme Baudelaire et Champfleury, autour de l’austère effigie du maître disparu. Manet, Whistler, Legros, Bracquemond et les autres n’étaient pourtant pas des disciples fidèles, mais en se plaçant sous son égide, ils revendiquaient une même liberté artistique face aux conventions.

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  • J'ai aimé revoir au Musée du Luxembourg dimanche dernier ce que j'avais vu en 2012 au Musée Delacroix:Exposition Fantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’Hommage à Delacroix

    Une exposition présentée au musée Delacroix, Paris (7 décembre 2011 - 19 mars 2012).
    Publié le mercredi 18 janvier 2012

    L’exposition du musée Delacroix retrace l’aventure de la peinture de Fantin-Latour "Hommage à Delacroix" sa conception, les variantes, les élus et les exclus parmi les figurants. Cette grande toile-manifeste rassemble une nouvelle génération d’artistes novateurs et de critiques autour du portrait de Delacroix, et révèle leur révolte contre le poids de la tradition académique.


    Commander le catalogue d’exposition "Fantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’Hommage à Delacroix"

     

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  • J'ai revu dimanche dernier avec plaisir ce que j'avais vu en 2012:Exposition Fantin-Latour, Manet, Baudelaire, L’Hommage à Delacroix au musée Delacroix, Paris

    LES ENFANTS DE DELACROIX
    par Camille Vieville

     

    Fantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’hommage à Delacroix, nouvelle exposition du confidentiel Musée national Eugène Delacroix, raconte la fascination qu’exerce le peintre de La Mort de Sardanapale dans les années 1860 sur un petit cénacle d’artistes et de critiques.

     

    1863. Eugène Delacroix disparaît. L’artiste a marqué son siècle par son indépendance radicale à l’égard des conventions académiques — son œuvre fit souvent scandale — indépendance teintée d’ambivalence, tant il cherchait aussi la reconnaissance institutionnelle. Objet d’un culte fiévreux porté par certains, auréolé de commandes officielles, c’est pourtant dans une indifférence relative que se déroulent ses obsèques. Indigné, le jeune et fervent Henri Fantin-Latour (1836-1904) prépare sa réponse, un ambitieux hommage pictural au Maître.

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  • Delacroix,un paysagiste-poète

    Charles Baudelaire:"Delacroix,93fa75d45a.jpgtoujours respectueux de son idéal, est souvent, à son insu, un poète en peinture." (Salon de 1846)

    Portrait de l'artiste
    Vers 1837
    H. : 0,65 m. ; L. : 0,54 m.

    "Une physionomie farouche, étrange, exotique, presque inquiétante."
    La description de Delacroix par Théophile Gautier est bien en accord avec ce "portrait au gilet vert", le plus fameux des autoportraits de l'artiste.
    Légué par Delacroix à Jenny Le Guillou, sa gouvernante, et par celle-ci à Mme Duriez de Verninac pour être remis au Louvre après la chute de l'Empire ; en exécution de cette volonté, remis au musée par l'intermédiaire du peintre Pierre Andrieu en 1872
    Département des Peintures

    http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=8243

  • Catégories : Baudelaire Charles, CEUX QUE J'AIME, Delacroix Eugène

    Delacroix

    Le 7/9 Un été avec Baudelaire

    Un été avecBaudelaire

    par Antoine Compagnon
    du lundi au vendredi à 7h55

    visuel Un été avec Baudelaire

    l'émission du jeudi 31 juillet 2014

     

     

     

    Après Diderot et Stendhal, Baudelaire est l’un de ces écrivains qui furent passionnés de peinture et qui servirent de passeurs aux artistes contemporains :

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  • Delacroix en héritage

    Delacroix en héritage,
    Autour de la collection
    d’Étienne Moreau-Nélaton
    11 décembre 2013 - 17 mars 2014

    Eugène Delacroix Cavalier arabe traversant un gué
    Eugène Delacroix
    Cavalier arabe traversant un gué

    © RMN-GP (Louvre) Jacques L’Hoir / Jean Popovitch

     

    Eugène DelacroixEtudes d'après des miniatures persanes
    Eugène Delacroix
    Etudes d’après des miniatures persanes

    © RMN-GP (Louvre) / Michèle Bellot

    Eugène DelacroixMusiciens juifs de Mogador
    Eugène Delacroix
    Musiciens juifs de Mogador

    © RMN-GP (Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

    Eugène DelacroixEssais de couleurs
    Eugène Delacroix
    Essais de couleurs

    © RMN-GP (Louvre) / Stéphane Maréchalle

    Les coulisses de l'exposition
    Les coulisses de l’exposition

    © Musée du Louvre / Antoine Mongodin

    Les coulisses de l'exposition
    Les coulisses de l’exposition

    © Musée du Louvre / Antoine Mongodin

    En réunissant dans la magie sensible et intime du musée Delacroix, ancien appartement et atelier du peintre, des chefs-d’oeuvre de la collection Étienne Moreau-Nélaton, un ensemble de dessins et de peintures rarement montrés, l’exposition Delacroix en héritage célèbre la fidélité de trois générations de grands collectionneurs à la personne et à la création d’Eugène Delacroix : Adolphe Moreau, Adolphe Moreau fils et Etienne Moreau-Nélaton. Les oeuvres de l’artiste rassemblées par le grand-père, conservées par le père et données par le fils trouvent dans leur présentation dans le lieu où vécut, travailla et mourut Delacroix une lecture singulière et privilégiée. Elles y dialoguent avec les collections permanentes du musée

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  • Catégories : Baudelaire Charles, Delacroix Eugène, Le paysage

    Charles Baudelaire:"Delacroix,

    93fa75d45a.jpgtoujours respectueux de son idéal, est souvent, à son insu, un poète en peinture." (Salon de 1846)

    Portrait de l'artiste
    Vers 1837
    H. : 0,65 m. ; L. : 0,54 m.

    "Une physionomie farouche, étrange, exotique, presque inquiétante."
    La description de Delacroix par Théophile Gautier est bien en accord avec ce "portrait au gilet vert", le plus fameux des autoportraits de l'artiste.
    Légué par Delacroix à Jenny Le Guillou, sa gouvernante, et par celle-ci à Mme Duriez de Verninac pour être remis au Louvre après la chute de l'Empire ; en exécution de cette volonté, remis au musée par l'intermédiaire du peintre Pierre Andrieu en 1872
    Département des Peintures

    http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=8243

  • Catégories : Delacroix Eugène, Des expositions, Des musées

    J'aurais aimé voir au Musée Delacroix

    http://www.musee-delacroix.fr/fr/les-activites/expositions/

     

  • Catégories : Delacroix Eugène, Goethe Johann Wolfgang von, Nerval Gérard de

    Goethe, Nerval, Delacroix

    L'éditrice Diane de Selliers publie chaque année un classique de la littérature universelle, illustré par un grand peintre, tout aussi classique. Ces ouvrages luxueux sont ensuite repris en format réduit dans La Petite Collection, où l'on vient de publier le Faust de Goethe, accompagné de lithographies, d'aquarelles et de dessins de Delacroix, que le mythe de Faust fascinait. Une rencontre au sommet, puisque l'on retrouve dans ce livre la traduction désormais légendaire de Nerval, le tout accompagné d'une postface de Michel Butor

    http://fr.news.yahoo.com/78/20110329/tcu-goethe-nerval-delacroix-54da62d.html

  • Catégories : Delacroix Eugène

    le premier des romantiques

    C'est là, dans ce lieu de mémoire riche de souvenirs et d'émotions, qu'est actuellement exposée une collection qui sera une révélation pour le public français qui verra ces œuvres pour la première fois : celle de Karen B. Cohen, riche collectionneuse américaine, fascinée par Delacroix au point de réunir depuis plus de trente ans tableaux, esquisses et dessins qui racontent le parcours artistique du maître. Durant quelques semaines, ce bel ensemble retrouve ainsi les lieux où il a été créé. Toute la carrière de Delacroix est ici évoquée : un demi-siècle de peinture, durant une période étrangement bousculée. Delacroix naît dans les toutes dernières années du XVIIIe siècle, alors que Fragonard qui a connu la « douceur de vivre » de ce temps vit toujours. Il meurt alors que Monet, Renoir et Cézanne se sont déjà rencontrés à Paris. Bientôt, on parlera des impressionnistes. Dans l'intervalle, Delacroix a joué son rôle sans que l'on sache très bien où il convient de le situer dans ce siècle traversé de courants contradictoires. Le mystère de sa naissance n'a jamais été percé : il serait le fils de Talleyrand, amant de sa mère et avec lequel des contemporains lui trouvent une ressemblance assez frappante. Voilà en tout cas qui expliquerait que, jeune artiste débutant, Eugène reçoive déjà des commandes prestigieuses de l'Etat. Il semblait qu'un protecteur occulte veillait sur lui. Ses premières années se passent à Bordeaux où l'organiste de la cathédrale, qui avait été l'ami de Mozart, remarque ses dons. Comme Ingres, Delacroix jouait du violon et, sa vie durant, la musique l'accompagnera : il aimait entendre de l'orgue quand il travaillait à Saint-Sulpice, il fut l'ami fidèle de Chopin et de Berlioz. Mais c'est finalement la peinture qui va l'emporter : il fréquente l'atelier de Pierre Guérin, où il fait la connaissance de Géricault, dandy rétif à l'art officiel qui fascine Delacroix, qui posera pour lui pour Le Radeau de la Méduse. L'atelier de Géricault était alors une sorte de morgue où s'entassaient des cadavres, des pieds et des bras coupés qu'étudiait le peintre pour réaliser sa grande saga des suppliciés du naufrage. Exposé au Salon de 1819, le tableau fait grand bruit et donne à Delacroix l'envie de frapper lui aussi un grand coup : en 1821, il travaille à une toile dont il prédit lui-même qu'elle sera considérable. Exposée au Salon de 1822, La Barque de Dante est en effet un coup d'éclat. La critique est en état de choc et si certains parlent de «vraie tartouillade», d'autres comparent au contraire Delacroix à Michel-Ange et à Rubens. Après Dante, Delacroix interrogera Byron, Shakespeare, le Tasse, Goethe, Walter Scott, avec la même complaisance pour le thème de la solitude du génie à l'écart des hommes.

    Delacroix n'en néglige pas pour autant ses relations mondaines. En mars 1833, il est invité au grandiose bal costumé que donne Alexandre Dumas et auquel est conviée toute la fine fleur du romantisme. Rossini est déguisé en Figaro, le sculpteur Barye en tigre du Bengale et Delacroix en Dante. Il fait, ce soir-là, la connaissance d'Elisa Boulanger, qui devient sa maîtresse. Les femmes occupent d'ailleurs une grande place dans sa vie : Alberte de Rubempré, qui a aussi une liaison avec Stendhal, Joséphine de Forget, avec laquelle il entretiendra une complicité de plus de trente ans, George Sand, enfin, pour qui il éprouvera toute sa vie une amitié amoureuse. Il séjournera plusieurs fois chez elle, à Nohant, dans le Berry, avant de passer ses dernières années dans une retraite quasi ascétique place de Furstenberg, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, dorloté par sa vieille servante, Jenny Le Guillou. Son existence sera de plus en plus vouée au travail. Visité par de rares amis, parmi lesquels Andrieu et Baudelaire, dont l'œuvre critique est presque tout entière une glorification de Delacroix, il se tiendra à l'écart des luttes de la peinture vivante. Dans son testament, Delacroix demandait que la totalité des œuvres qui se trouvaient dans son atelier soit dispersée aux enchères. La vente eut lieu en février 1864 et dura plus d'une semaine. Ce fut un énorme succès : tout ce que Paris comptait d'amateurs, de marchands, de gens du monde était là. On découvrit alors l'étendue de ses hardiesses, mais dans un dessin pur. On comprit la profondeur de ses connaissances qui n'entravait pas la spontanéité de son génie. Un peintre à la fois classique et moderne.

    http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2010/01/02/01006-20100102ARTFIG00082--le-premier-des-romantiques-.php

  • Catégories : Delacroix Eugène

    Delacroix et la manière

    Critique

    Le «Journal» comme peinture sur soi

    Par PHILIPPE LANÇON

    Eugène Delacroix Journal Nouvelle édition intégrale établie par Michèle Hannoosh. José Corti ; tome 1, 1 214 pp. ; tome 2, 2 520 pp. ; 80 € les deux volumes.

    Le 29 septembre 1931, ayant ouvert l’édition à paraître du Journal de Delacroix par André Joubin, la seule disponible jusqu’à cet automne et dont l’unique tome, tant aimé et toujours réédité par Plon, va désormais rejoindre les oubliettes d’une maison de campagne, André Gide note : «Du temps que j’admirais encore Delacroix, la lecture de son Journal a été une grande déconvenue. Pas plus dans son style que dans son art, il ne parvient à être tout à fait près de lui-même, comme font Baudelaire, Stendhal ou Chopin, qu’il savait pourtant admirer.»

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  • Charles Baudelaire, "Le Salon de 1859", "Le paysage

    Si tel assemblage d’arbres, de montagnes, d’eaux et de maisons, que nous appelons un paysage, est beau, ce n’est pas par lui-même, mais par moi, par ma grâce propre, par l’idée ou le sentiment que j’y attache. C’est dire suffisamment, je pense, que tout paysagiste qui ne sait pas traduire un sentiment par un assemblage de matière végétale ou minérale n’est pas un artiste. Je sais bien que l’imagination humaine peut, par un effort singulier, concevoir un instant la nature sans l’homme, et toute la masse suggestive éparpillée dans l’espace sans un contemplateur pour en extraire la comparaison, la métaphore et l’allégorie. Il est certain que tout cet ordre et toute cette harmonie n’en gardent pas moins la qualité inspiratrice qui y est providentiellement déposée ; mais, dans ce cas, faute d’une intelligence qu’elle pût inspirer, cette qualité serait comme si elle n’était pas. Les artistes qui veulent exprimer la nature, moins les sentiments qu’elle inspire, se soumettent à une opération bizarre qui consiste à tuer en eux l’homme pensant et sentant, et malheureusement, croyez que, pour la plupart, cette opération n’a rien de bizarre ni de douloureux. Telle est l’école qui, aujourd’hui et depuis longtemps, a prévalu. J’avouerai, avec tout le monde, que l’école moderne des paysagistes est singulièrement forte et habile ; mais dans ce triomphe et cette prédominance d’un genre inférieur, dans ce culte niais de la nature, non épurée, non expliquée par l’imagination, je vois un signe évident d’abaissement général. Nous saisirons sans doute quelques différences d’habileté pratique entre tel et tel paysagiste ; mais ces différences sont bien petites. Elèves de maîtres divers, ils peignent tous fort bien, et presque tous oublient qu’un site naturel n’a de valeur que le sentiment actuel que l’artiste y sait mettre. La plupart tombent dans le défaut que je signalais au commencement de cette étude : ils prennent le dictionnaire de l’art pour l’art lui-même ; ils copient un mot du dictionnaire, croyant copier un poème. Or un poème ne se copie jamais : il veut être composé. Ainsi ils ouvrent une fenêtre, et tout l’espace compris dans le carré de la fenêtre, arbres, ciel et maison, prend pour eux la valeur d’un poème tout fait. Quelques-uns vont plus loin encore. A leurs yeux, une étude est un tableau. M. Français nous montre un arbre, un arbre antique, énorme il est vrai, et il nous dit : voilà un paysage. La supériorité de pratique que montrent MM. Anastasi, Leroux, Breton, Belly, Chintreuil, etc., ne sert qu’à rendre plus désolante et visible la lacune universelle. Je sais que M. Daubigny veut et sait faire davantage. Ses paysages ont une grâce et une fraîcheur qui fascinent tout d’abord. Ils transmettent tout de suite à l’âme du spectateur le sentiment originel dont ils sont pénétrés. Mais on dirait que cette qualité n’est obtenue par M. Daubigny qu’aux dépens du fini et de la perfection dans le détail. Mainte peinture de lui, spirituelle d’ailleurs et charmante, manque de solidité. Elle a la grâce, mais aussi la mollesse et l’inconsistance d’une improvisation. Avant tout, cependant, il faut rendre à M. Daubigny cette justice que ses œuvres sont généralement poétiques, et je les préfère avec leurs défauts à beaucoup d’autres plus parfaites, mais privées de la qualité qui le distingue.
       M. Millet cherche particulièrement le style ; il ne s’en cache pas, il en fait montre et gloire. Mais une partie du ridicule que j’attribuais aux élèves de M. Ingres s’attache à lui. Le style lui porte malheur. Ses paysans sont des pédants qui ont d’eux-mêmes une trop haute opinion. Ils étalent une manière d’abrutissement sombre et fatal qui me donne l’envie de les haïr. Qu’ils moissonnent, qu’ils sèment, qu’ils fassent paître des vaches, qu’ils tondent des animaux, ils ont toujours l’air de dire : « Pauvres déshérités de ce monde, c’est pourtant nous qui le fécondons ! Nous accomplissons une mission, nous exerçons un sacerdoce ! » Au lieu d’extraire simplement la poésie naturelle de son sujet, M. Millet veut à tout prix y ajouter quelque chose. Dans leur monotone laideur, tous ces petits parias ont une prétention philosophique, mélancolique et raphaélesque. Ce malheur, dans la peinture de M. Millet gâte toutes les belles qualités qui attirent tout d’abord le regard vers lui.
       M. Troyon est le plus bel exemple de l’habileté sans âme. Aussi quelle popularité ! Chez un public sans âme, il la méritait. Tout jeune, M. Troyon a peint avec la même certitude, la même habileté, la même insensibilité. Il y a de longues années, il nous étonnait déjà par l’aplomb de sa fabrication, par la rondeur de son jeu, comme on dit au théâtre, par son mérite infaillible, modéré et continu. C’est une âme, je le veux bien, mais trop à la portée de toutes les âmes. L’usurpation de ces talents de second ordre ne peut pas avoir lieu sans créer des injustices. Quand un autre animal que le lion se fait la part du lion, il y a infailliblement de modestes créatures dont la modeste part se trouve beaucoup trop diminuée. Je veux dire que dans les talents de second ordre cultivant avec succès un genre inférieur, il y en a plusieurs qui valent bien M. Troyon, et qui peuvent trouver singulier de ne pas obtenir tout ce qui leur est dû, quand celui-ci prend beaucoup plus que ce qui lui appartient. Je me garderai bien de citer ces noms ; la victime se sentirait peut-être aussi offensée que l’usurpateur.
       Les deux hommes que l’opinion publique a toujours marqués comme les plus importants dans la spécialité du paysage sont MM. Rousseau et Corot. Avec de pareils artistes, il faut être plein de réserve et de respect. M. Rousseau a le travail compliqué, plein de ruses et de repentirs. Peu d’hommes ont plus sincèrement aimé la lumière et l’ont mieux rendue. Mais la silhouette générale des formes est souvent ici difficile à saisir. La vapeur lumineuse, pétillante et ballottée, trouble la carcasse des êtres. M. Rousseau m’a toujours ébloui ; mais il m’a quelquefois fatigué. Et puis il tombe dans le fameux défaut moderne, qui naît d’un amour aveugle de la nature, de rien que la nature ; il prend une simple étude pour une composition. Un marécage miroitant, fourmillant d’herbes humides et marqueté de plaques lumineuses, un tronc d’arbre rugueux, une chaumière à la toiture fleurie, un petit bout de nature enfin, deviennent à ses yeux amoureux un tableau suffisant et parfait. Tout le charme qu’il sait mettre dans ce lambeau arraché à la planète ne suffit pas toujours pour faire oublier l’absence de construction.
       Si M. Rousseau, souvent incomplet, mais sans cesse inquiet et palpitant, a l’air d’un homme qui, tourmenté de plusieurs diables, ne sait auquel entendre, M. Corot, qui est son antithèse absolue, n’a pas assez souvent le diable au corps. Si défectueuse et même injuste que soit cette expression, je la choisis comme rendant approximativement la raison qui empêche ce savant artiste d’éblouir et d’étonner. Il étonne lentement, je le veux bien, il enchante peu à peu ; mais il faut savoir pénétrer dans sa science, car, chez lui, il n’y a pas de papillotage, mais partout une infaillible rigueur d’harmonie. De plus, il est un des rares, le seul peut-être, qui ait gardé un profond sentiment de la construction, qui observe la valeur proportionnelle de chaque détail dans l’ensemble, et, s’il est permis de comparer la composition d’un paysage à la structure humaine, qui sache toujours où placer les ossements et quelle dimension il leur faut donner. On sent, on devine que M. Corot dessine abréviativement et largement, ce qui est la seule méthode pour amasser avec célérité une grande quantité de matériaux précieux. Si un seul homme avait pu retenir l’école française moderne dans son amour impertinent et fastidieux du détail, certes c’était lui. Nous avons entendu reprocher à cet éminent artiste sa couleur un peu trop douce et sa lumière presque crépusculaire. On dirait que pour lui toute la lumière qui inonde le monde est partout baissée d’un ou de plusieurs tons. Son regard, fin et judicieux, comprend plutôt tout ce qui confirme l’harmonie que ce qui accuse le contraste. Mais, en supposant qu’il n’y ait pas trop d’injustice dans ce reproche, il faut remarquer que nos expositions de peinture ne sont pas propices à l’effet des bons tableaux, surtout de ceux qui sont conçus et exécutés avec sagesse et modération. Un son de voix clair, mais modeste et harmonieux, se perd dans une réunion de cris étourdissants ou ronflants, et les Véronèse les plus lumineux paraîtraient souvent gris et pâles s’ils étaient entourés de certaines peintures modernes plus criardes que des foulards de village.
       Il ne faut pas oublier, parmi les mérites de M. Corot, son excellent enseignement, solide, lumineux, méthodique. Des nombreux élèves qu’il a formés, soutenus ou retenus loin des entraînements de l’époque, M. Lavieille est celui que j’ai le plus agréablement remarqué. Il y a de lui un paysage fort simple : une chaumière sur une lisière de bois, avec une route qui s’y enfonce. La blancheur de la neige fait un contraste agréable avec l’incendie du soir qui s’éteint lentement derrière les innombrables mâtures de la forêt sans feuilles. Depuis quelques années, les paysagistes ont plus fréquemment appliqué leur esprit aux beautés pittoresques de la saison triste. Mais personne, je crois, ne les sent mieux que M. Lavieille. Quelques-uns des effets qu’il a souvent rendus me semblent des extraits du bonheur de l’hiver. Dans la tristesse de ce paysage, qui porte la livrée obscurément blanche et rose des beaux jours d’hiver à leur déclin, il y a une volupté élégiaque irrésistible que connaissent tous les amateurs de promenades solitaires.
       Permettez-moi, mon cher, de revenir encore à ma manie, je veux dire aux regrets que j’éprouve de voir la part de l’imagination dans le paysage de plus en plus réduite. Çà et là, de loin en loin, apparaît la trace d’une protestation, un talent libre et grand qui n’est plus dans le goût du siècle. M. Paul Huet, par exemple, un vieux de la vieille, celui-là ! (je puis appliquer aux débris d’une grandeur militante comme le Romantisme, déjà si lointaine, cette expression familière et grandiose) ; M. Paul Huet reste fidèle aux goûts de sa jeunesse. Les huit peintures, maritimes ou rustiques, qui doivent servir à la décoration d’un salon, sont de véritables poèmes pleins de légèreté, de richesse et de fraîcheur. Il me paraît superflu de détailler les talents d’un artiste aussi élevé et qui a autant produit ; mais ce qui me paraît en lui de plus louable et de plus remarquable, c’est que pendant que le goût de la minutie va gagnant tous les esprits de proche en proche, lui, constant dans son caractère et sa méthode, il donne à toutes ses compositions un caractère amoureusement poétique.
       Cependant il m’est venu cette année un peu de consolation, par deux artistes de qui je ne l’aurais pas attendue. M. Jadin, qui jusqu’ici avait trop modestement, cela est évident maintenant, limité sa gloire au chenil et à l’écurie, a envoyé une splendide vue de Rome prise de l’Arco di Parma. Il y a là, d’abord les qualités habituelles de M. Jadin, l’énergie et la solidité, mais de plus une impression poétique parfaitement bien saisie et rendue. C’est l’impression glorieuse et mélancolique du soir descendant sur la cité sainte, un soir solennel, traversé de bandes pourprées, pompeux et ardent comme la religion romaine. M. Clésinger, à qui la sculpture ne suffit plus, ressemble à ces enfants d’un sang turbulent et d’une ardeur capricante, qui veulent escalader toutes les hauteurs pour y inscrire leur nom. Ses deux paysages, Isola Farnese et Castel Fusana, sont d’un aspect pénétrant, d’une native et sévère mélancolie. Les eaux y sont plus lourdes et plus solennelles qu’ailleurs, la solitude plus silencieuse, les arbres eux-mêmes plus monumentaux. On a souvent ri de l’emphase de M. Clésinger ; mais ce n’est pas par la petitesse qu’il prêtera jamais à rire. Vice pour vice, je pense comme lui que l’excès en tout vaut mieux que la mesquinerie.
       Oui, l’imagination fait le paysage. Je comprends qu’un esprit appliqué à prendre des notes ne puisse pas s’abandonner aux prodigieuses rêveries contenues dans les spectacles de la nature présente ; mais pourquoi l’imagination fuit-elle l’atelier du paysagiste ? Peut-être les artistes qui cultivent ce genre se défient-ils beaucoup trop de leur mémoire et adoptent-ils une méthode de copie immédiate qui s’accommode parfaitement à la paresse de leur esprit. S’ils avaient vu comme j’ai vu récemment, chez M. Boudin qui, soit dit en passant, a exposé un fort bon et fort sage tableau (le Pardon de sainte Anne Palud), plusieurs centaines d’études au pastel improvisées en face de la mer et du ciel, ils comprendraient ce qu’ils n’ont pas l’air de comprendre, c’est-à-dire la différence qui sépare une étude d’un tableau. Mais M. Boudin, qui pourrait s’enorgueillir de son dévouement à son art, montre très modestement sa curieuse collection. Il sait bien qu’il faut que tout cela devienne tableau par le moyen de l’impression poétique rappelée à volonté ; et il n’a pas la prétention de donner ses notes pour des tableaux. Plus tard, sans aucun doute, il nous étalera, dans des peintures achevées, les prodigieuses magies de l’air et de l’eau. Ces études, si rapidement et si fidèlement croquées d’après ce qu’il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur, d’après des vagues et des nuages, portent toujours, écrits en marge, la date, l’heure et le vent ; ainsi, par exemple : 8 octobre, midi, vent de nord-ouest. Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pouvez vérifier par mémoire l’exactitude des observations de M. Boudin. La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l’heure et le vent. Je n’exagère rien. J’ai vu. A la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium. Chose assez curieuse, il ne m’arriva pas une seule fois, devant ces magies liquides ou aériennes, de me plaindre de l’absence de l’homme. Mais je me garde bien de tirer de la plénitude de ma jouissance un conseil pour qui que ce soit, non plus que pour M. Boudin. Le conseil serait trop dangereux. Qu’il se rappelle que l’homme, comme dit Robespierre, qui avait soigneusement fait ses humanités, ne voit jamais l’homme sans plaisir ; et, s’il veut gagner un peu de popularité, qu’il se garde bien de croire que le public soit arrivé à un égal enthousiasme pour la solitude.
       Ce n’est pas seulement les peintures de marine qui font défaut, un genre pourtant si poétique ! (je ne prends pas pour marines des drames militaires qui se jouent sur l’eau), mais aussi un genre que j’appellerais volontiers le paysage des grandes villes, c’est-à-dire la collection des grandeurs et des beautés qui résultent d’une puissante agglomération d’hommes et de monuments, le charme profond et compliqué d’une capitale âgée et vieillie dans les gloires et les tribulations de la vie.
       Il y a quelques années, un homme puissant et singulier, un officier de marine, dit-on, avait commencé une série d’études à l’eau-forte d’après les points de vue les plus pittoresques de Paris. Par l’âpreté, la finesse et la certitude de son dessin, M. Meryon rappelait les vieux et excellents aquafortistes. J’ai rarement vu représentée avec plus de poésie la solennité naturelle d’une ville immense. Les majestés de la pierre accumulée, les clochers montrant du doigt le ciel, les obélisques de l’industrie vomissant contre le firmament leurs coalitions de fumée, les prodigieux échafaudages des monuments en réparation, appliquant sur le corps solide de l’architecture leur architecture à jour d’une beauté si paradoxale, le ciel tumultueux, chargé de colère et de rancune, la profondeur des perspectives augmentée par la pensée de tous les drames qui y sont contenus, aucun des éléments complexes dont se compose le douloureux et glorieux décor de la civilisation n’était oublié. Si Victor Hugo a vu ces excellentes estampes, il a dû être content ; il a retrouvé, dignement représentée, sa
       
    Morne Isis, couverte d’un voile !
       Araignée à l’immense toile,
       Où se prennent les nations !
       Fontaine d’urnes obsédée !
       Mamelle sans cesse inondée,
       Où, pour se nourrir de l’idée,
       Viennent les générations !
       . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
       Ville qu’un orage enveloppe !


       Mais un démon cruel a touché le cerveau de M. Meryon ; un délire mystérieux a brouillé ces facultés qui semblaient aussi solides que brillantes. Sa gloire naissante et ses travaux ont été soudainement interrompus. Et depuis lors nous attendons toujours avec anxiété des nouvelles consolantes de ce singulier officier, qui était devenu en un jour un puissant artiste, et qui avait dit adieu aux solennelles aventures de l’Océan pour peindre la noire majesté de la plus inquiétante des capitales.
       Je regrette encore, et j’obéis peut-être à mon insu aux accoutumances de ma jeunesse, le paysage romantique, et même le paysage romanesque qui existait déjà au dix-huitième siècle. Nos paysagistes sont des animaux beaucoup trop herbivores. Ils ne se nourrissent pas volontiers des ruines, et, sauf un petit nombre d’hommes tels que Fromentin, le ciel et le désert les épouvantent. Je regrette ces grands lacs qui représentent l’immobilité dans le désespoir, les immenses montagnes, escaliers de la planète vers le ciel, d’où tout ce qui paraissait grand paraît petit, les châteaux forts (oui, mon cynisme ira jusque-là), les abbayes crénelées qui se mirent dans les mornes étangs, les ponts gigantesques, les constructions ninivites, habitées par le vertige, et enfin tout ce qu’il faudrait inventer, si tout cela n’existait pas !
       Je dois confesser en passant que, bien qu’il ne soit pas doué d’une originalité de manière bien décidée, M. Hildebrandt, par son énorme exposition d’aquarelles, m’a causé un vif plaisir. En parcourant ces amusants albums de voyage il me semble toujours que je revois, que je reconnais ce que je n’ai jamais vu. Grâce à lui, mon imagination fouettée s’est promenée à travers trente-huit paysages romantiques, depuis les remparts sonores de la Scandinavie jusqu’aux pays lumineux des ibis et des cigognes, depuis le Fiord de Séraphitus jusqu’au pic de Ténériffe. La lune et le soleil ont tour à tour illuminé ces décors, l’un versant sa tapageuse lumière, l’autre ses patients enchantements.
       Vous voyez, mon cher ami, que je ne puis jamais considérer le choix du sujet comme indifférent, et que, malgré l’amour nécessaire qui doit féconder le plus humble morceau, je crois que le sujet fait pour l’artiste une partie du génie, et pour moi, barbare malgré tout, une partie du plaisir. En somme, je n’ai trouvé parmi les paysagistes que des talents sages ou petits, avec une très grande paresse d’imagination. Je n’ai pas vu chez eux, chez tous, du moins, le charme naturel, si simplement exprimé, des savanes et des prairies de Catlin (je parie qu’ils ne savent même pas ce que c’est que Catlin), non plus que la beauté surnaturelle des paysages de Delacroix, non plus que la magnifique imagination qui coule dans les dessins de Victor Hugo, comme le mystère dans le ciel. Je parle de ses dessins à l’encre de Chine, car il est trop évident qu’en poésie notre poète est le roi des paysagistes.
       Je désire être ramené vers les dioramas dont la magie brutale et énorme sait m’imposer une utile illusion. Je préfère contempler quelques décors de théâtre, où je trouve artistement exprimés et tragiquement concentrés mes rêves les plus chers : Ces choses, parce qu’elles sont fausses, sont infiniment plus près du vrai ; tandis que la plupart de nos paysagistes sont des menteurs, justement parce qu’ils ont négligé de mentir.

    http://baudelaire.litteratura.com/?rub=oeuvre&srub=cri&id=473

  • Catégories : Delacroix Eugène, Des évènements, Le Maroc:vie et travail

    Mon après-midi du 14 février au Salon du Livre de Casablanca(Maroc) 4.

    Dans les allées du Salon, j'ai rencontré 2 artistes (que je connais et que j'aime) qui ont aimé le Maroc:

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    Souvenirs du voyage au Maroc de Delacroix
    par Eugène Delacroix


    Gallimard
    Collection Art et artistes
    février 1999, 184 p., 22.87 euros

    ISBN : 2070754138

    Le récit par le peintre de son voyage au Maroc de 1832, rédigé bien des années après d'après ses souvenirs. Ce texte peut aussi être lu comme le témoignage d'un Européen sur le Maroc du Sultan Moulay Abd er-Rahman.

    Eugène Delacroix décrit d'abord sa traversée de la France, puis son arrivé au Maroc où il est fasciné par les costumes, les scènes de rue, les paysages...

    Ce texte n'a pas été publié de son vivant. Il a été retrouvé récemment par miracle : « Lors de la vente en 1997 organisée par les héritiers d'Achille Piron (le légataire universel de Delacroix), quelle ne fut pas la surprise des historiens de découvrir un manuscrit incomplet relatant le voyage au Maroc. Acquis par la Bibliothèque nationale, une publication de ce texte est aussitôt entreprise par les éditions Gallimard. Quelques jours avant la sortie en librairie de l'ouvrage, un collectionneur inconnu présente un important fragment de ce même manuscrit. Face à cette découverte inespérée, Gallimard décide de réimprimer immédiatement l'ouvrage complété du fragment manquant. Rédigé sans doute au début des années 1840, près de dix ans après son voyage (1832), ce texte de Delacroix est une suite de souvenirs recomposés, un ensemble d'impressions, de descriptions extrêmement précises et d'anecdotes diverses relativisées par dix années de peintures où les thèmes marocains abondent. » (extrait d'un article d'ExpoRevue, 1999).

    « Des travaux littéraires de l'artiste, on a retenu le Journal, oubliant trop souvent la correspondance et les articles publiés dans les journaux de l'époque. Aujourd'hui, cet admirable récit de voyage tiré de l'oubli révèle un Delacroix écrivain, digne du panthéon des romantiques. » (extrait d'un article d'Anne Muratori-Philip, Le Figaro).

    « Aussi bien qu'avec ses pinceaux le peintre excelle à traduire avec les mots les impressions reçues, la nature et l'architecture, les gens et les bêtes : "...comme une grande ombre le rocher bizarre de Gibraltar »", "Tanger et sa casba placée comme en vedette au dessus du port", "le burnous dont les bords rejettés par derrière dégagent les bras et descendent sur l'épaule en fesant les plis en tuyaux que nous admirons dans les statues ». Les descriptions de costumes ou de l'agencement intérieur des maisons alternent avec les observations plus personnelles, la dissipation de préjugés : "Au lieu de l'oripeau et du luxe si l'on veut dont notre imagination parait à l'avance une cohue de pachas, de spahis, de bimbaderi en costume de parade ou de théâtre, nous voyons devant nous trois ou quatre beaux vieillards à barbe blanche, couverts de la toge comme des sénateurs de Rome..." Ici, le récit fougueux d'un combat de chevaux fait venir à l'esprit certaine toile connue, tandis qu'ailleurs on s'amuse de la fine observation des femmes : "Quand il leur arrivait de rencontrer quelqu'un de nous dans une rue écartée et qu'elles étaient bien assurées de n'être point vues de quelque passant à barbe et à turban, elles écartaient très complaisamment quelques plis de ce linceul où s'ensevelissaient leurs charmes et se laissaient voir dans un appareil un peu plus humain. Prises en flagrant délit d'une licence aussi condamnable, elles n'eussent peut-être pas manqué de dire que des infidèles n'étaient pas des hommes." » (extrait d'un article d'Armelle Godeluck, Lire, 1999)

    Ce livre a été édité par Laure Beaumont-maillet, Barthélémy Jobert et Sophie Join-Lambert.

    Lorsque Delacroix arrive au Maroc en 1832, la magie des couleurs le séduit au point que plusieurs de ses œuvres en porteront à jamais l'empreinte. Cet ouvrage présente certaines toiles qu'il réalise à la suite de ce voyage, ainsi que de nombreux objets des arts décoratifs marocains des XVIIIe et XIXe siècles, mis en relation avec l'interprétation qu'en fait l'artiste ébloui par l'Orient. Situés dans la grande fresque de l'histoire, ces objets livrent leurs secrets au lecteur, qui imagine sans peine des artisans au savoir ancestral effectuer les gestes traditionnels pour ciseler le métal précieux des bijoux, appliquer les émaux aux tons si particuliers de la faïence de Fès, décorer avec raffinement cuirs, étoffes ou tapis. Véritable invitation à un chatoyant voyage, ce livre, richement illustré, fait partager la fascination d'un des plus grands peintres du XIXe siècle pour le Maroc.

    Dans BiblioMonde

    Delacroix, voyage au Maroc par Maurice Serullaz, Ariette Serullaz et Lee Jonson

    Couleurs Maroc. Delacroix et les arts décoratifs marocains des XVIIIe et XIXe siècles

    Tanger sur les pas de Delacroix

    Le Maroc a inspiré d’autres peintres

    Sur la Toile

    Le voyage en Afrique du Nord

    CF.MA CATEGORIE "DELACROIX"

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  • Catégories : Delacroix Eugène

    Les peintures de Delacroix pour la bibliothèque de l'Assemblée Nationale

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    Eugène Delacroix vient de terminer la décoration du salon du Roi lorsque, en septembre 1838, le Ministre de l'Intérieur, Marthe-Camille de Montalivet, lui confie celle de la Bibliothèque.

    Le projet, d'une toute autre ampleur, est à la mesure de son génie créatif et de son goût de "faire grand" : deux culs-de-four séparés par cinq coupoles, chacune reposant sur quatre pendentifs, le tout formant un vaisseau de quarante-deux mètres de long et dix de large.

    Cette fois il s'entoure de collaborateurs : Gustave de Lassalle-Bordes (1815-1846), Louis de Planet (1814-1875), Léger-Cherelle et Pierre Andrieu, mais les travaux ne commencent pas aussitôt, retardés par des problèmes de santé, la commande qui lui est faite par la Chambre des pairs du Palais du Luxembourg, mais aussi par le besoin de mûrir ce vaste projet.

    Il hésite, prend des notes, demande conseil à ses collaborateurs, choisit des sujets, esquisse, surcharge, rature, élimine. Sa correspondance et son journal témoignent d'un labeur acharné.

    Beaucoup plus qu'à une décoration c'est à l'élaboration d'un programme cohérent qu'il s'attache. La destination du lieu et la classification des savoirs qui était celle de l'époque s'imposent finalement à lui et cristallisent son inspiration.

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