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  • J'ai aimé MARDI à Aix-en-Provence:La Collection Planque au musée Granet

    FONDATION JEAN ET SUZANNE PLANQUE
    Jean Planque en 1975. Photo Claude Huber
    Jean Planque en 1975. Photo Claude Huber
    Informations pratiques

    Jusqu'au 2 octobre :
    du mardi au dimanche de 10h à 19h,
    fermeture hebdomadaire le lundi, 
    Du 4 octobre au 6 novembre :
    du mardi au dimanche de 12h à 18h,
    fermeture hebdomadaire le lundi. 
    TARIFS
    Tarif plein : 6 €
    Tarif réduit : 4 €
    Gratuité : moins de 18 ans et étudiants de moins de 26 ans. 

    VISITES GUIDEES

    Jusqu'au 2 octobre :
    du mardi au dimanche à 11h et 15h.
    Du 4 octobre au 6 novembre :
    du mardi au dimanche à 15h.
    Tarif : droit d'entrée + 4 €

    > Informations / Réservations

     
    COLLECTION PLANQUE, L'EXEMPLE DE CEZANNE

    EXPOSITION PROLONGEE JUSQU'AU 6 NOVEMBRE 2011




    L’exceptionnelle collection de la Fondation Jean et Suzanne Planque est déposée au musée Granet pour quinze ans. Afin de saluer cette collaboration hors du commun, le musée propose à l’été 2011 plus de 120 chefs-d’œuvre de cette collection inestimable.

    Jean Planque voulait suivre l’exemple de Cézanne et constituer sa collection faite de coups de cœur et de rencontres exceptionnelles de Picasso à Dubuffet. De la fin du XIXe avec les impressionnistes et les post-impressionnistes, Renoir, Monet, Van Gogh, Gauguin aux artistes majeurs du XXe tels Picasso, Braque, Dufy, Laurens, Léger, Klee, Bissière, de Staël ou Dubuffet… cette exposition constitue l’événement majeur de l’été 2011.

    Commissariat d’exposition : Florian Rodari - Bruno Ely

    Cette exposition est organisé en partenariat avec :

       



     

    A Lire : "Jean Planque, hier et aujourd'hui", un entretien avec Florian Rodari. Propos recueillis par Alain Paire. 

    Diaporama :

    Paul Cézanne (1849-1906), La Montagne Sainte Victoire vue des Lauves, 1901-1906 (Aquarelle et crayon sur papier vélin, 29.8 x 46.2 cm).

    Pablo Picasso (1881-1973), Nu et homme à la pipe (La Conversation), 1968 (Huile sur toile, 130 x 97 cm) © Succession Picasso 2011.

    Jean Dubuffet (1901-1985), Opéra Bobèche, 1963 (Huile sur toile, 81.4 x 100.2 cm) © ADAGP, Paris 2011.

    Edgar Degas (1834-1917), Deux femmes au bain, vers 1895 (Pastel sur papier, 58 x 77 cm).

    Nicolas de Staël (1914-1955), Marine, 1954 (Huile sur toile, 60 x 81 cm) © ADAGP, Paris 2011.

    Photos Luc Chessex / Fondation Jean et Suzanne Planque.

    http://www.museegranet-aixenprovence.fr/www/expositions-temporaires-fiche.php?menu=pro...&smenu=13

    Diaporama : 


    Lucie Agache | [7 clichés] | 3 août 2011


    Faute d’avoir trouvé un compromis avec le musée des Beaux-Arts de Lausanne, la collection du Suisse Jean Planque s’est installée pour quinze ans au musée...

    à voir ici:

    http://www.connaissancedesarts.com//peinture-sculpture/diaporama/la-collection-planque-au-musee-granet-90679.php?xtor=EPR-1031-[NL_generique]-20110805-[diaporama]

    j'ai 3 invit pour cette expo; j'espère pouvoir y aller

  • Au-delà du paysage

    La chronique d'Olivier Cena Peinture 3

    Il y a quelque chose de Corot chez Carrache (1560-1609), le don de révéler l'air, de le rendre visible, de faire sentir l'agitation par le vent du feuillage des arbres. Sans doute est-ce ainsi que commence l'histoire de la peinture de paysage, par l'intérêt d'un artiste pour les feuilles d'un chêne animées par la brise - par une sensation cézannienne, en quelque sorte, la première. La nature émerveille le peintre bolognais. Jusque-là, elle inspirait de la crainte. On la domestiquait dans des jardins ordonnés. On lui donnait des allures géométriques.

    Mais l'avènement de la peinture de paysage a un prix. Le Sacrifice d'Abraham (1600), de Carrache, est avant tout le sacrifice du sujet religieux. Abraham, son fils et l'ange sont relégués dans un coin du tableau, statufiés au sommet d'une falaise. Seuls importent la végétation, la vallée sinuant jusqu'à la plaine, les montagnes dans le lointain, le vent, surtout, qui souffle de la gauche vers la droite dans les arbres du premier plan, entraînant dans le ciel bleu des filets de nuages blancs. Un arbre pris dans la bourrasque, admirable dessin du peintre, confirme cette fascination.

    Gottfried Wals, miniaturiste de Cologne émigré en Italie, avait la même passion. On sait peu de chose de lui, sinon qu'il fut le professeur de paysage de Claude Gellée, dit le Lorrain, à Naples vers 1620. On ne connaît sa peinture que depuis 1969. Les dates de sa naissance et de sa mort sont incertaines (vers 1590- 1638). Corot aurait pu peindre sa Route de campagne avec une maison (1620). Le vent y souffle par la droite. La lumière franche, italienne, est splendide. Le sujet religieux a définitivement disparu. Wals ne raconte plus rien. Il peint une route en fin d'après-midi, à l'entrée d'un village où deux personnes bavardent, tandis qu'une troisième se repose à l'ombre d'un talus, voilà tout.

    On ne sait s'il a durablement marqué l'art du Lorrain (1600-1682) - un peu, à en juger par le Paysage avec un berger (1635) ou la magnifique Vue de la Crescenza (1650), bien que l'on ne sente pas, ou si légèrement, l'air circuler dans les tableaux du Français. L'affaire du Lorrain, c'est avant tout la lumière. C'est elle qui circule. En cela, il séduit - surtout, comme chez Turner, lorsqu'elle est aussi évidente que celle d'un coucher de soleil sur la mer. Le Lorrain éblouit. A ses côtés, Poussin (1594-1665) paraît terne. Ses méchantes bacchanales, où le vent anime pourtant en arrière-plan les bosquets, pèsent. Au mieux, il atteint, comme Cézanne, une gravité légère. Une lumière savante (ou, comme au théâtre, un éclairage) structure le paysage inventé. Poussin compose. Ce n'est pas tant la nature qui l'intéresse que son ossature et ses couleurs. Dans le merveilleux Paysage avec saint Jean à Patmos (1640), où Jean, simple figurant, ne semble là que pour le jaune de sa toge, le paysage du premier plan (les arbres, la rivière, les ocres et les verts du sol) paraît peint par Courbet ; le fond, une majestueuse Sainte-Victoire se reflétant dans la calanque de l'Estaque visible au-dessus des toits de tuiles, par Cézanne. Poussin ne peint pas le paysage, il peint la peinture - ou, comme le disait Picasso, « il surpasse la nature ». A peine le genre est-il né qu'il se place au-delà. Et cet au-delà, comme l'histoire de la peinture de paysage elle-même, semble infini. C'est pourquoi les nombreux jeunes artistes qui s'essaient aujourd'hui au paysage, souvent trop empêtrés dans le modèle photographique, devraient toujours s'en inspirer.

     

    | Jusqu'au 6 juin | Grand Palais, Paris 8e | Tél. : 01-44-13-17-17.

    Olivier Cena

    Telerama n° 3195 - 09 avril 2011
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  • Le soldat mort

    Paul JANIN (1890-1973). La mort du soldat (Grande Guerre 1914-1918). Huile sur toile, 1922. 82 x 130 cm.

    C’était au temps où les hommes mouraient sur les champs de bataille. Sur les bancs de l’école, les enfants apprenaient qu’il en était ainsi : un soldat devait savoir mourir pour son pays, pour sa mère-patrie. On lui avait donné la vie, il fallait qu’il puisse la rendre.

    Comme tous les tableaux qui entrent dans les collections de la Fondation, « Le soldat mort » a été exposé lors du conseil d’administration qui a suivi son acquisition. Il s’est alors passé quelque chose d’étrange. Plusieurs administrateurs, le découvrant, l’ont photographié. Avec application, posément. Ils ne l’avaient fait pour aucun autre tableau auparavant ; pourtant, il y en avait eu de très beaux.

    Ce soldat mort attire et fascine. Ce n’est pas le tableau qui est beau, c’est cet homme mort, ce dormeur du val, qui nous captive par son sommeil de pierre déjà frappée de lividité. Entre la solidité de marbre éternel et la fragilité d’une chair qui s’altère s’impose la terrible esthétique de la mort qui nous appelle et nous repousse, qui nous impose une confrontation à la vérité, à nous-même.

    « Le soldat mort » est un bon tableau, efficace, direct, simple. Solidement charpenté, il est construit comme un paysage traditionnel, le corps découpant une « Sainte-Victoire » symboliste aux formes équarries sur une banale ligne d’horizon. Mais la montagne ici recèle un drame qui se joue en plusieurs actes. Le corps minéral et anguleux du soldat présage le monument aux morts des villages –commémoration des gloires absurdes et des saignées ineptes.

    Pas de violence pourtant dans ce cadrage serré de la rencontre ; juste une douceur que soulignent les coloris éteints. Juste la vanité d’une arme inutile, sauvée du hors-champ par un bout de crosse dérisoire. Quelle arme pourrait bien protéger l’homme de son destin, écarter de lui la mort ? Surtout, ce corps qu’accueille déjà une terre douce comme un matelas moelleux, est pétrifié dans un geste familier : celui du nourrisson qui tend les bras à sa mère venue le chercher. L’homme qui meurt est peut-être un bébé rendu à sa mère ?

    Sur les bancs de l’école, les enfants apprenaient cela aussi, que le dernier mot prononcé par les soldats mourant était : maman !

    C’était au temps où les pays jetaient leur jeunesse dans d’immenses charniers. Les morts se comptaient par dizaines de millions ;

    C’était au temps où les pays, essorés de leurs jeunes hommes, voyaient les ravages causés par une grippe qualifiée d’espagnole, venue du grand-ouest cette fois. Les morts de tous les âges se comptaient par dizaines de millions ;

    C’était au temps où l’homme n’avait pas encore imaginé détrôner toutes les espèces vivantes en les exterminant, de l’éléphant au virus ;

    C’était au temps où l’homme savait que la mort était sa compagne quotidienne et patiente.

    « Le soldat mort » réveille ce temps qui sommeille au fond de chacun de nous, plus ou moins profondément.

    Denis Vaginay

    Fondation Renaud - Fort de Vaise

    25-27 bd Antoine de Saint-Exupéry

    69009 LYON

    Métro ligne D : arrêt Valmy - Bus 90: arrêt Fort de Vaise - Les Carriers

  • Paysages de montagne, entre ombre et lumière pour bric a book

    Atelier d’écriture 364

    © Clarisse Meyer

    http://www.bricabook.fr/atelier-ecriture-364/

    Paysages de montagne, entre ombre et lumière

    Je me revois marcher dans une des nombreuses représentations de la Montagne             

    Sainte-Victoire de Paul Cézanne: je voulais comme lui la voir sous toutes ses coutures.

    J'aurais voulu être avec Gustav Klimt lorsqu'il a découvert  son "Versant de montagne                     

    A Hunterach": a t-il  ensuite peint ces chalets et arbres sur place ou de mémoire?

    Caspar David Friedrich dans ses  "Croix et cathédrale dans la montagne" si romantique

    Dans son sens premier  du sublime de Burke et non dans son interprétation mièvre!

     

    Après Van Gogh, j'ai vu les "Oliviers et montagnes" du côté de St Rémy et d'Arles

    Comme je me suis senti proche de lui, comme si son ombre me suivait dans ce paysage!

     

    Ernst Ludwig Kirchner me plonge dans des souvenirs de "Coucher de soleil en montagne"

    Je m'y plongeais dans les couleurs et les flamboyances de ce décor grandiose

     

    Je voudrais traverser la terre entière avec Gauguin pour y voir à Tahiti ses  "Montagnes"

    Marcher sur ce sol jaune, voir ce sommet rouge avec mes chers palmiers casaouis

    Claude Monet m'a emmené dans une promenade à la Rousseau vers les "Montagnes

    De l'Esterel":  le pin se penche vers la mer bleue  comme le ciel, en plus sombre

     

    J'ai marché sur les pas de Gustave Courbet en Franche-Comté entre montagnes

    Effrayantes de froideur et sources magiques où se baignent des femmes ouvertes

     

    A Grenoble, j'ai revu Kandinsky qui vivait à ce moment-là dans notre capitale

    Nous n'avons  pas parlé  de son "Paysage de montagne avec un village."

     

    Ceux qui "veulent bien croire" que je suis écrivaine ont encore frappé
    et j'ai plus que jamais mal dormi
    Que ceux, vous, qui me considérez comme une écrivaine, achetez mes livres notamment ceux sur mon mari, qui plus que tout autre, croyait en moi, et qui pour cette raison et beaucoup d'autres me manque

    Quand je pense u'il y a 4 semaines, lorsque je parlais de mon deuil à certaines personnes
    on me disait(ou pas) que ça allait bien de parler de ma douleur
    Arrête de souffrir ou souffre en silence
    Aujourd'hui, je suis excédée que ces mêmes personnes et d'autres me rabattent les oreilles avec le confinement qui est une souffrance terrible
    C'est terrible les gens qui sont malades, sous assistance respiratoire(mon cauchemar),
    les gens qui se crèvent au travail
    et qu'ils oublieront le coron passé
    C'est terrible le confinement dans un petit espace, à beaucoup en plus ou por les femmes ou enfants battus
    mais pour les gens que je connais...
    Bref, achetez mes livres pour ne pas lire des choses sur le corona

    Achetez là-bas

     
     

    Là haut sur la montagne ho ho ho .... Défi 232

    Changement d'horizon, ABC embarque tous les matelots, en espérant qu'ils n'ont pas le vertige, faire un petit tour en montagne ... "Durant notre randonnée nous sommes attirés par un message envoyé du sommet du plateau. Vous devez, tout simplement, décrypter ce message et nous dire qui peut bien nous l'envoyer"  ?   Le défi 231 est à publier sur vos …

    Lire la suite.

    http://croqueursdemots.apln-blog.fr/la-haut-sur-la-montagne-ho-ho-ho-defi-232/

    Atelier d’écriture 364

    © Clarisse Meyer

    http://www.bricabook.fr/atelier-ecriture-364/
  • Bleu pour le défi 266 des Croqueurs de mots, mené par Durgalola

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    Paul Cézanne – Mont Sainte Victoire – 1906

     

    Pour ce défi 266,  Durgalola finit la saison

    en nous proposant …

    Défi du lundi 30 mai :

    Ecrire un texte à partir de quelques lignes tirées du livre de Marie Gillet

    « Aussitôt que la vie ».

    « Je suis partie de bon matin. J’ai pris ma décision après avoir ouvert les volets

    et regardé le ciel lisse vaquant simplement à son occupation de l’aube ;

    laisser la place au jour. L’air était pur et calme. Il allait faire très beau.

    Rien ne s’opposerait à la lumière. »

    Pour les jeudis en poésie :

    Thème du jeudi 26 mai :  le bleu

    http://croqueursdemots.apln-blog.fr/defi-266-cest-la-der/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=chez-les-croqueurs-de-mots_12

    Bleu

     

    Le soleil sur les épaules

    Je lève les yeux vers le ciel

    Et ce bleu du Maroc, éternel

    M’en rappelle d’autres

     

    Le bleu des nus de Matisse

    Bras croisé derrière la nuque

    Jambe repliée devant le buste

    Le bleu du Maroc de Matisse

     

    « La porte de la Casbah » bleu-

    Lumière de l’Orient, unique

    Bleu de la mer ou de l’Atlantique

    Bleu de volume et de distance

     

    Comme pour son aîné Cézanne

    Qui peignit beaucoup de vases

    Bleus : bleu de cobalt, bleu de Prusse

    Bleu d’outremer,  noir de pêche

     

    Le bleu de cobalt des faïences

    Et des maisons portugaises

    Le bleu d’outremer tiré d’une pierre

    Le «  Prusse » plus bleu que le bleu pétrole.

     

    Le bleu utilisé par Majorelle

    Pour peindre sa villa marocaine

    Choqua tant de monde

    Qu’on l’appela « bleu Majorelle »

     

    C’est un bleu outremer intense

    Clair, doux qui tranche

    Avec le vert des plantes

    Et les fleurs jaunes, oranges …

     

    « Plus bleu que le bleu de tes yeux,
    Je ne vois rien de mieux,
    Même le bleu des cieux »

    Chantait Edith Piaf à son amoureux.

     

     

     

     

     

     

    Chez moi, il y des palmiers

    Dans le ciel dégagé

     

    Chez moi, il y a des nuages

    Dans le ciel d'orage

     

    Chez moi, il y a l'océan

    Qui joue avec le vent

     

    Chez moi, il y a la pluie

    Qui tombe même la nuit

     

    Chez moi, il y a le soleil

    Qui rit dès le réveil

     

    Chez moi, le champagne

    Pétille dans les verres

     

    Chez moi, le thé somnole

    Dans le midi de canicule

     

    Chez moi, c'est ici encore

    Chez moi, c'est là-bas si fort

     paysages-marocains.jpg

     

    Tiré de mon livre "Paysages marocains" à acheter ici

    Pour la page 102, du bleu, du bleu avec Susi S

     

     
    A day at the sea de Susi S  




    Nouvelle : je viens de créer  l'Herbier sur Facebook



    Eh oui, j'avais juré que jamais... mais ma participation au conseil d'administration de la fédération Union Pro Qi Gong m'a amenée à me contredire. Et voilà, j'ai ouvert une page personnelle et aujourd'hui je viens de créer un groupe.  J'espère qu'il sera plus dynamique que celui de google. 
    Alors n'hésitez pas, si vous avez un compte Facebook à rejoindre l'Herbier et si vous n'en avez pas d'en créer un, pourquoi pas, car le groupe est un groupe fermé, les publications ne sont visibles que par ses membres. Vous n'êtes pas obligés de publier sur votre page mais vous pouvez toujours publier sur la communauté et avoir un regard sur les publications.

     

     Bon dimanche et bonne plume.

    https://imagesreves.blogspot.fr/2018/02/pour-la-page-102-du-bleu-du-bleu-

     

     

  • De Courbet à Picasso

     

    Organisé par le Musée Pouchkine, Moscou
    19 juin - 22 novembre 2009
    tous les jours de 9h à 19h

    En juin 2009, la Fondation Pierre Gianadda présente l’exposition « De Courbet à Picasso » dans la collection du Musée d’Etat des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou. C’est la deuxième fois que le célèbre musée moscovite présente ses trésors à Martigny : la première exposition s’est tenue en 2005. Le présent projet couvre la période la plus éclatante dans l’art de la se-conde moitié du XIXe – premier tiers du XXe siècle, tout comme dans l’histoire du collection-nement en Russie. Les œuvres proposées au public sont des jalons de l’histoire des tendances artistiques, du réalisme à la liberté picturale de l’impressionnisme, à la profonde individualité des maîtres du post-impressionnisme, aux expérimentations des débuts et de la maturité de l’avant-garde européenne. Cette époque coïncide avec l’essor inégalé des forces créatrices et sociales en Russie, dont l’intensité s’est exprimée dans une sensation aigüe du nouveau et a doué les collectionneurs de la capacité de reconnaître le plus important et significatif dans l’art étranger. Les œuvres présentées dans cette exposition ont été acquises à Paris par les fins connaisseurs moscovites de l’art contemporain Sergueï Trétiakov, Sergueï Chtchoukine, Ivan Morozov et d’autres. L’histoire de leurs fameuses collections s’est poursuivie et a acquis une nouvelle signification au Musée des Beaux-Arts Pouchkine.

    L’exposition s’ouvre par des œuvres de Camille Corot, artiste lyrique et introverti. Nous de-vons leur choix exceptionnel à l’intuition de Sergueï Trétiakov, frère de Pavel Trétiakov, cé-lèbre collectionneur d’art russe et fondateur de la Galerie Trétiakov. C’est grâce à lui que Moscou peut s’enorgueillir de la plus importante toile de Corot de la dernière période de son œuvre, « Le bain de Diane ». Le tableau de Gustave Courbet « Chalet dans la montagne » peint par le maître du réalisme durant son exil en Suisse est un brillant exemple de l’art du paysage. Quant au monumental « La bénédiction des jeunes époux » de Dagnan-Bouveret, chef-d’œuvre de la collection de Trétiakov, il reflète l’intérêt des peintres-réalistes pour la représentation empathique des sujets de la vie provinciale.


    L’une des parties les plus importantes de l’exposition à la Fondation Pierre Gianadda est liée aux peintres du cercle des impressionnistes et d’Edouard Manet. Son exceptionnel « Portrait d’Antonin Proust » est un brillant exemple du style intense du maître-expérimentateur. Notons également « La danseuse chez le photographe » d’Edgar Degas, « Au jardin » de Pierre-Auguste Renoir, liés aux premières années de l’impressionnisme, « La meule de foin » et les « Nymphéas blancs » de Claude Monet, où la manière mûre du chef de file de ce mouvement apparaît dans toute sa splendeur, ainsi que les paysages d’Alfred Sisley et de Camille Pissarro.


    La puissante et émotionnelle « Ronde des prisonniers » du post-impressionniste Vincent Van Gogh est l’une des œuvres les plus célèbres dans l’histoire mondiale de l’art. Paul Gauguin est représenté par des tableaux de sa période tahitienne, dont le mystérieux et splendide paysage « Matamoe ». Parmi les œuvres de Paul Cézanne se distingue « La plaine au pied de la mon-tagne Sainte-Victoire », où le motif favori du peintre apparaît pour la première fois dans son œuvre. Le symbolisme est représenté par la pénétrante toile « Le pauvre pêcheur » de Pierre Puvis de Chavannes et la peinture d’Eugène Carrière, proche du style de l’art nouveau. Les membres du groupe des Nabis Maurice Denis, Edouard Vuillard, Pierre Bonnard et le Suisse Félix Vallotton, artistes préférés d’Ivan Morozov, sont représentés par les toiles empreintes elles aussi des traits du symbolisme.


    Les œuvres d’Henri Matisse et de Pablo Picasso, que Sergueï Chtchoukine connaissait per-sonnellement, constituent la partie la plus célèbre de la collection du Musée des Beaux-Arts Pouchkine. L’exposition comprend des œuvres de Matisse, de ses premiers pas vers le fau-visme à la maîtrise de l’espace dans les « Capucines », ainsi que des membres du groupe des Fauves dont il fut le chef de file. Picasso est représenté par « Arlequin et sa compagne », une oeuvre rare de ses débuts artistiques, et par la raffinée toile cubiste « Reine Isabeau » ; le thème du cubisme est complété par un tableau de Georges Braque.


    Une partie importante de l’exposition est liée au thème du primitif et aux artistes proches de cette tendance. Henri Rousseau est représenté par la toile « La Muse inspirant le Poète », première version du célèbre portrait (le second est conservé au Musée de Bâle). C’est la pos-sibilité pour les connaisseurs de comparer les différentes solutions stylistiques des deux œuvres représentant le couple Apollinaire - Marie Laurencin (le tableau de cette dernière est lié à l’histoire de la création de ce portrait). Le thème de Paris est poursuivi par Maurice Utrillo. La série de paysages d’André Derain est pénétrée de simplicité et de solennité pathétique.


    L’exposition s’achève par un groupe de tableaux rappelant la période post-révolutionnaire des collections moscovites. Le premier Musée d’art moderne occidental au monde, créé à Moscou, tâchait de maintenir des liens avec des artistes européens ; c’est ainsi que des tableaux de Fernand Léger, d’Amédée Ozenfant et d’André Lhote arrivèrent de France dans les années 1920.


    La Fondation Pierre Gianadda, haut lieu de grandes expositions internationales, est à même de présenter avec brio l’une des plus importantes collections de la galerie de peinture du Musée d’Etat des Beaux-Arts Pouchkine.


    Le commissariat de l’exposition est assuré par Mme Irina Antonova, directrice du Musée Pouchkine, Moscou.


    Le catalogue de l’exposition De Courbet à Picasso reproduit en couleurs toutes les œuvres exposées et comprend des textes de Irina Antonova, directrice, Anna Poznanskaïa et Alexeï Petoukhov, conservateurs. Prix de vente CHF 45.-- (env. € 30.--).

    L'exposition De Courbet à Picasso
    Musée Pouchkine Moscou

    La Collection Franck,
    Le Parc de sculptures,
    Le Musée gallo-romain,
    Le Musée de l'automobile
    Léonard de Vinci, L’inventeur
    sont ouverts tous les jours
    de 9 h à 19 h
    du 19 juin au 22 novembre 2009
     
     
    Partenaire principal de la Fondation Pierre Gianadda

  • Vincent Van Gogh. La Couleur à son zénith

    image: http://img.lemde.fr/2017/09/27/0/0/414/591/534/0/60/0/a12cfbc_1545-1h532af.8w1j0jm7vi.jpg

    1 – Vincent Van Gogh. La Couleur à son zénith 
    « Un soleil, une lumière (…). Que c’est beau le jaune ! » Vincent Van Gogh


    Dans ce volume consacré à Van Gogh, vous retrouverez plus de 65 œuvres représentatives de son parcours singulier et de son style unique. Des portraits saisissants aux paysages transfigurés par sa touche tourbillonnante, découvrez comment cet artiste à la trajectoire fulgurante est passé de la noirceur des Mangeurs de pommes de terre à l’explosion de couleurs du Champ de blé aux corbeaux.


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/collection-musee-ideal/article/2017/09/29/un-musee-ideal-dans-votre-bibliotheque_5193416_5192445.html#vjaW85KdvO7S7X89.99

    2 – Paul Gauguin. L’Alchimie de l’ailleurs 
    « La couleur pure ! Il faut tout lui sacrifier. » Paul Gauguin


    L’œuvre de Gauguin est un voyage. De Pont-Aven à Tahiti, l’artiste nous offre toutes les facettes de son art. Des portraits singuliers, des paysages réalistes, des toiles empreintes d’exotisme, tout un univers que nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir. Laissez-vous transporter « loin de toute civilisation » par Arearea, Nave Nave Mahana ou bien encore Rupe Rupe.

    11,99 €, le jeudi 12 octobre.

    image: http://img.lemde.fr/2017/09/27/0/0/405/591/534/0/60/0/88b81e1_8422-b2la2q.t7194l5wmi.jpg

    3 - Claude Monet. Une impression de lumière 
    « Il faut beaucoup travailler pour arriver à rendre ce que je cherche : l’instantanéité. » Claude Monet


    Claude Monet n’eut de cesse qu’il parvienne à capter l’instant présent dans toute la richesse de ses nuances, dans la magie de ses lumières et de ses couleurs, à toute heure et en toutes saisons. Cette sélection de tableaux est le reflet de son talent de précurseur et nous emmène dans une promenade autour de Paris, à Etretat, Vétheuil, Rouen, sur les bords de Seine et de la Manche, et enfin à Giverny, avec la plus belle création de la série des Nymphéas.

    11,99 €, le jeudi 26 octobre.

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    4 - Johannes Vermeer. Peintre de l’intime 
    « Vermeer a peint jusqu’au silence rayonnant qui émane des choses amies, jusqu’à l’accueil qu’elles vous font. » Elie Faure


    Vermeer nous plonge dans les scènes de la vie quotidienne et nous révèle leur beauté, par la précision des détails et le rendu de l’atmosphère. Pour un éclairage plus pertinent de son univers pictural, des tableaux de peintres de son époque, comme Pieter de Hooch, Gérard Dou ou encore Gabriel Metsu, sont mis en regard de son œuvre.

    11,99 €, le jeudi 9 novembre.

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    5 - Léonard de Vinci. Les Secrets d’un génie 
    « Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail. » Léonard de Vinci


    Regrouper toute la richesse et la diversité de l’œuvre de Léonard de Vinci dans un volume est une gageure, mais cette sélection de dessins et de croquis représentatifs de l’esprit créatif et visionnaire de cet artiste s’y attelle. A la fois dessinateur, peintre, sculpteur, ingénieur, architecte, il a marqué de son empreinte la Renaissance italienne. Si on ne peut ignorer La Joconde, universellement connue, on approfondira son œuvre à travers l’étude d’autres tableaux tels que La Belle Ferronnière, L’Adoration des mages ou bien encore Saint Jean-Baptiste.

    11,99 €, le jeudi 23 novembre.

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    6 - Paul Cézanne. Penser avec un pinceau 
    « Les tableaux faits à l’intérieur, dans l’atelier, ne vaudront jamais les choses faites en plein air. » Paul Cézanne


    Par l’emploi des lignes géométriques, tant dans ses natures mortes et ses paysages que dans ses portraits, Paul Cézanne a révolutionné la peinture. Les successions de lignes et de traits, les touches de couleur juxtaposées marquent ses toiles et ses séries. Redécouvrez avec bonheur ces dernières, comme L’Estaque, La Montagne Sainte-Victoire, Les Joueurs de cartes ou encore ses natures mortes de pommes.

    12,99 €, le jeudi 7 décembre.

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    7 - Edgar Degas. En compagnie des femmes 
    « Le dessin n’est pas la forme, il est la manière de voir la forme. » Edgar Degas


    Passionné par le mouvement, Edgar Degas nous emmène dans des scènes de la vie moderne qui mêlent la précision du dessin, la justesse du trait et l’intensité des couleurs. Comment rester insensible au charme de ses danseuses, à la série des femmes à la toilette, au travail des repasseuses ? Autant de toiles à redécouvrir.

    11,99 €, le jeudi 21 décembre.

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    8 - Pierre Paul Rubens. Le Baroque à son apogée 
    « Aucune entreprise, pour vaste qu’elle soit dans son envergure et diversifiée dans son sujet, n’a surpassé mon courage. » Pierre Paul Rubens


    Pierre Paul Rubens, érudit humaniste, collectionneur d’art et diplomate, personnifie l’apogée de la peinture baroque. Ses toiles empreintes de couleur, de mouvement mais aussi de plaisir et de sensualité, sont encore aujourd’hui une source d’inspiration. Rubens et son atelier auraient produit plus de 2 000 tableaux, des œuvres monumentales aux thèmes religieux, mythologiques ou historiques.

    12,99 €, le jeudi 4 janvier 2018.

    Chaque volume est disponible chez votre marchand de journaux, et également sur www.lemuseeidealgeo.fr


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/collection-musee-ideal/article/2017/09/29/un-musee-ideal-dans-votre-bibliotheque_5193416_5192445.html#vjaW85KdvO7S7X89.99

  • Le guide du proustard. Un week-end en Marcel

    Dans «A la recherche du temps perdu», l'écrivain a immortalisé le Grand Hôtel de Cabourg et son personnel. Notre reporter a occupé sa chambre et profité du room service.

     

    Vous voici dans la chambre de Marcel Proust, au Grand Hôtel de Cabourg. Ici, le romancier séjourna tous les étés, après la mort de sa mère, de 1907 à 1914, et composa les chapitres balnéaires de «A la recherche du temps perdu». Le liftier-bagagiste, un bachelier de Bénéville qui se destine à des études de marketing sportif («Il paraît que ça rapporte»), pose votre valise puis vous regarde à travers ses lunettes avec un air d'abattement et d'inquiétude extraordinaire, comme s'il allait se jeter du haut des quatre étages. Vous avez lu «la Recherche», donc vous déchiffrez sans peine sa détresse et le pourquoi de sa mine atterrée. Comme le liftier de «Sodome et Gomorrhe», ce jeune Normand «tremble» pour son pourboire, il s'imagine que vous ne lui donnerez rien, que vous êtes «dans la dèche» et «sa supposition ne lui inspire aucune pitié pour vous, mais une terrible déception égoïste».

    Comment s'approprier la chambre de papier de Marcel Proust? Sous votre fenêtre passe, comme dans les pages de «A l'ombre des jeunes filles en fleurs», «le vol inlassable et doux des hirondelles» - sinon celui des «martinets». Devant vous s'étale la mer - cette mer que Proust peint sans cesse comme si c'était une montagne avec ses «contreforts» et ses «cimes bleues», et comme s'il avait trouvé dans la «surface retentissante et chaotique de ces crêtes et de ces avalanches» sa Sainte-Victoire. Sous vos yeux, un club de plage, le Canard club, et la digue où se matérialise pour la première fois Albertine, avec sa bicyclette. Cette digue s'appelle désormais la promenade Marcel-Proust.



    Quelle liturgie observer entre ces quatre murs pénétrés de littérature, dans ce belvédère du génie? Faut-il se masturber avec fureur en torturant des rats dans une cage, par déférence pour les manies sexuelles que lui prête un de ses pieux biographes? Faire l'artiste contemporain et, en guise d'installation vidéo, allumer la télé et répéter à voix haute: «Je regarde «Questions pour un champion» dans la chambre de Proust»? Consulter l'édition japonaise de «la Recherche» qui garnit, avec les «Mémoires» de Saint-Simon ou «la Comédie humaine », les bibliothèques en acajou. Vous coucher de bonne heure, et, en dormant, devenir vous-même, comme par métempsycose, ce dont parlait l'ouvrage ou le journal que vous lisiez: «Une église, un quatuor, la rivalité de François Ieret de Charles Quint», la fin du couple Royal-Hollande, la molaire d'Hatchepsout, la cocaïne d'Ophélie Winter? Se livrer aux mille tourments de l'insomnie, tel le narrateur anxieux, tragique et patraque qui, lors de sa première nuit à Cabourg, pardon, à Balbec, compare le palace à une «boîte de Pandore», et sa chambre à une «cage» plus «appropriée à l'assassinat du duc de Guise» qu'à son sommeil. Un coup de Trafalgar pour le groupe Accor, actuel propriétaire du Grand Hôtel, et une expertise à vous faire perdre une étoile dans le «Guide Michelin».

    Asthmatique, Proust découvre les bienfaits de l'établissement en juillet 1907, après avoir lu dans «le Figaro»un article vantant la «féerie» du Grand Hôtel de Cabourg, son «bar américain», ses chambres pourvues d'«un vaste cabinet de toilette avec toutes les commodités de l'hydrothérapie, chaude ou froide», etc. Son ancien camarade du cours Pape-Carpentier et du lycée Condorcet, Jacques Bizet, le fils du compositeur, dirige une compagnie de location de voitures, les Taximètres Unie de Monaco. Cette entreprise a une succursale à Cabourg. Proust loue un taxi avec trois chauffeurs. Parmi eux, il y a Alfred Agostinelli. Ce «mécanicien» devient l'objet de son «adoration» et l'une des clefs du personnage d'Albertine.


    PAS DE «SERVICE FEMMES»
    Votre «Guide du proustard» en poche, vous errez dans le hall mais vous êtes bien vite déçu. Où est le «peuple florissant de jeunes chasseurs», pareils aux «jeunes Israélites des choeurs de Racine», dont parle le narrateur dans «Sodome et Gomorrhe»? Soit récession économique, soit épidémie de gastro-entérite, «la troupe jeune et fidèle des Lévites» est dépeuplée. Dans le hall presque désert, tout ce que vous trouvez à vous mettre sous la dent, c'est Kooki. Ce charmant bagagiste d'origine tunisienne n'a rien d'israélite, mais sa figure ronde rappelle celle du chauffeur Agostinelli, la calvitie en plus. «J'ai pas fini les trois mille», dit-il, d'un air vaguement coupable, pour signifier qu'il n'a pas lu «la Recherche» dans son intégralité. Ce qui ne l'empêche pas de dire de jolies choses sur l'ouvrage. «Marcel Proust, c'est très large, comme la mer.» Mais dans son «orgueil démocratique» (selon la formule sardonique et grande-bourgeoise que Proust applique au liftier de Balbec), Kooki ne peut s'empêcher de vous préciser qu'il a deux frères avocats, un BTS réception, qu'il parle français, allemand, arabe, un peu italien, et que, outre ses fonctions de porteur («C'est nous qu'on s'occupe des bagages»), il fait aussi le night audit, c'est-à-dire le réceptionniste de nuit. Le souvenir de Nissim Bernard, personnage de Proust, vous traverse l'esprit. Amoureux des beautés ancillaires masculines, ce client du Grand Hôtel de Balbec entretient, «comme d'autres un rat d'opéra», un jeune chasseur qui a quarante ans de moins que lui. «Nissim Bernard aimait tout le labyrinthe de couloirs, de cabinets secrets, de vestiaires, de garde-manger, de galeries qu'était l'hôtel de Balbec. Par atavisme d'Oriental il aimait les sérails, et, quand il sortait le soir, on le voyait en explorer furtivement les détours.» Vous demandez à Kooki si le groupe Accor fournit toujours ce genre de prestations raciniennes. Il se récrie d'un air prude: «Ici, on a l'air, la mer et la lecture. On n'a pas un service femmes.» Moins giboyeux que Nissim Bernard, vous continuez votre expédition solitaire dans ce «Temple-Palace».

    «LA RECHERCHE» EN BD
    «J'ai pas mal de points communs avec Proust. Mon prénom, c'est Marcel. Et je suis asthmatique», vous confie le chef réceptionniste, le fils d'une femme de chambre de Lourdes. Il faudrait être atrocement snob pour tenir rigueur à Marcel de ne point compter la duchesse de Guermantes parmi ses clients: il a reçu Masako Ohya, la milliardaire japonaise qui s'habille en rosé. «Elle transportait les cendres de son mari dans son sac à main.» Avec le directeur du Grand Hôtel, vous faites chou blanc encore une fois - ou, pour le dire en termes proustiens, vous détruisez une nouvelle illusion: monsieur Sagnes s'exprime dans un français impeccable, contrairement au directeur du Grand Hôtel de Balbec, un athlète du barbarisme et du pataquès, qui se dit «d'originalité roumaine». Courtois et affairé, monsieur Sagnes, qui règne sur une soixantaine d'employés et soixante-dix chambres, vous recommande la version abrégée en cinq cents pages de «la Recherche» et son adaptation en BD. «Au risque, bien sûr, qu'elles n'intègrent pas toutes les finesses de l'oeuvre originale», dit-il. De toute évidence, monsieur Sagnes est un moins bon critique littéraire que Kooki. Le soir, vous dînez dans une brasserie de Cabourg. Sur le menu et sur le mur, un hideux portrait de Marcel Proust vous regarde. Avec sa moustache et ses yeux sombres, il ressemble à Frida Kahlo. Vous liez conversation avec votre voisine, une vieille dame aux souliers rouges. Cette proustienne est en train de désarticuler un crabe. «Vous aimez Proust? dit-elle. Il aime Proust! Il aime Proust!» Sauf le respect que vous devez à son âge, elle vous rappelle une créature de l'écrivain: «Chaque fois qu'elle parlait esthétique, ses glandes salivaires, comme celles de certains animaux au moment du rut, entraient dans une phase d'hypersécrétion telle que la bouche édentée de la vieille dame laissait passer, au coin des lèvres légèrement moustachues, quelques gouttes dont ce n'était pas la place.»

    Lorsque vous rentrez à l'hôtel, on a dressé une tente berbère dans le salon Marcel-Proust et une blonde, un boa constrictor autour du cou, se livre à la danse du ventre devant la baie vitrée qui donne sur la mer. Vous apprenez qu'il s'agit d'une soirée privée Nespresso. La firme fête le lancement d'une machine à faire du capuccino, avec cent cinquante revendeurs de Normandie, dont messieurs Cherron & Fils, de Caen. Quand on sait que c'est l'abus du café au lait qui a tué Marcel Proust, on se dit que ce tralala tient de la messe noire. Vous quittez ce sabbat, son troupeau de satanistes Darty ou Conforama, ses brochettes de dorade en chaud et froid, et vous remontez à votre chambre. Adieu, Cherron & Fils.

    Au moment où je vous parle, le « questionnaire de Proust» se trouve dans le coffre-fort de votre hôtel.

    Le lendemain après-midi, le maire divers droite de la ville, le docteur Jean-Paul Henriet, haute silhouette aux cheveux blancs, vous donne audience dans un salon de l'hôtel. Vous lui demandez qui a choisi les aimables passages de «la Recherche» qui ornent sur la digue les écriteaux en forme de pupitres. «Là, j'ai les chevilles qui vont enfler», vous dit cet angiologue du CHU de Caen. C'est lui-même. Henriet est le fondateur du cercle littéraire proustien de Cabourg-Balbec, dont le siège social est au Grand Hôtel. Ce week-end de juin, outre un jumping au profit de la lutte contre la sclérose en plaques, il organise un deuxième colloque international sur l'homme de sa vie, avec le spécialiste japonais Kazuyoshi Yoshikawa. A cette occasion, le facétieux Henriet fait modifier les panneaux indicateurs: Cabourg devient momentanément Balbec. «Vous imaginez, mon vieux, les mecs avec leur GPS, la tête qu'ils vont faire», dit-il avec une gouaille très duc de Guermantes. «Ah! les journalistes, je vais vous faire votre boulot, moi!» Et il vous apprend que le frère de Proust fut le premier à opérer une prostate en France. «Mais, ça, vous vous en en tapez le coquillard, hein? Bon, allez, je vais vous dire un truc. Au moment où je vous parle, le fameux «questionnaire de Proust»se trouve dans le coffre-fort de votre hôtel. Darel, qui doit avoir plein de pognon, vous savez, Darel, le mec qui vend des fringues, l'a acheté à Drouot en 2003 pour 120 000 euros.» Et il vous montre le facsimilé du questionnaire, dans un album britannique de 48 pages, intitulé «Album Confessions Records, Thoughts, Feelings». Enfin, il confirme vos pressentiments les plus noirs. Cette nuit, vous aviez noté que l'écrivain insistait à plusieurs reprises sur la «hauteur» du plafond de sa chambre. Or, la vôtre a le plafond bas. L'immeuble du Grand Hôtel fut scindé en 1956 et trois cents chambres furent privatisées pour former la résidence Le Grand Hôtel. La chambre - les chambres - de Proust se trouvaient sans doute dans cette aile. La voix de Marcel, le chef réceptionniste, résonne dans votre cervelle. «OEil-de-boeuf, oeil-de-boeuf, Proust parle d'un oeil-de-boeuf, on m'a dit, mais y en pas dans la chambre.» La chambre de Proust n'existe pas. Vous habitez un sépulcre vide. Kooki, s'il vous plaît, une double vodka pour la 414...

     

    Fabrice Pliskin
    Le Nouvel Observateur

    http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/supplement/p2228_2/articles/a350713-un_weekend_en_marcel.html

  • Ouverture du musée Pierre Bonnard au Cannet le 25 juin 2011

     

    Le 25 juin 2011, le premier musée au monde consacré à Pierre Bonnard ouvre ses portes au Cannet, ville de prédilection du peintre. A cette occasion, une exposition inaugurale est organisée “Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée”.

     

     

    Le Cannet comme une évidence

    Tout comme Giverny pour Claude Monet, Nice pour Matisse, Le Cannet était un lieu prégnant pour Pierre Bonnard. Il y acheta en 1926 la villa Le Bosquet et y passa plus de vingt ans. Véritable source d’inspirations, lieu de recueillement artistique... la ville et l’environnement de sa maison l’inspira au point qu’il y réalisa ses plus belles oeuvres. Encore trop méconnu du grand public, Bonnard a fait partie des 7 artistes qui ont représenté la France à l’exposition universelle de Shanghai en 2010. C’était donc légitime que Le Cannet célèbre Bonnard en lui offrant son premier musée.

    Un hommage pérenne

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    Pierre Bonnard, Autoportrait (Le Boxeur), 1931 huile sur toile, 54 x 74 cm, Paris, musée d’Orsay, don de la Fondation Meyer, 2000 © Adagp, Paris 2011 © RMN (Musée d’Orsay) / Michèle Bellot

    Tout en prenant en compte la totalité de la carrière de Pierre Bonnard, le contenu scientifique du musée est essentiellement centré sur sa période du Cannet (1922-1947). En dehors de l’exposition inaugurale « Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée » le musée met en place deux expositions par an, une exposition d’envergure et une exposition de type dossier. Enrichissement de la collectio n Les oeuvres de Pierre Bonnard sont trés recherchées et donc rares sur le marché. Chaque année un budget est consacré à l’acquisition d’oeuvres. A ces achats, s’ajoutent des dons qui sont une belle preuve de confiance de la famille du peintre d’une part, et de mécènes d’autre part, tels que la Fondation Meyer pour le développement artistique et culturel.

    L’exposition inaugurale : Bonnard et Le Cannet, Dans la lumière de la Méditerranée

    26 juin – 25 septembre 2011 - inauguration le 25 juin

    « Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État » Le thème de la première exposition s’est naturellement imposé par rapport au territoire, mais aussi parce que les oeuvres réalisées au Cannet entre 1922 et 1947 constituent la singularité et la marque de Pierre Bonnard. Elle réunira une quarantaine de peintures et près de 20 oeuvres sur papier réparties autour de 4 chapitres, et se déploiera sur l’ensemble des espaces d’exposition. Des chefs-d’oeuvre aussi incontournables que L’Autoportrait en boxeur, l’Atelier au mimosa, La Terrasse ensoleillée, Baignoire ou L’Amandier en fleurs feront partie de ce premier événement.

    « Ce peintre », écrira son neveu Charles en 1927, « qui ne veut peindre que des bonheurs n’est pas l’homme gai que l’on pourrait croire. […]. Il promène sur le monde un regard qui ne lui laisse échapper aucune de ses douleurs, aucune de ses incompréhensibles lois. » Aucune des deux guerres mondiales qu’il a connu comme la crise économique des années 30, ne sont évoquées dans cette oeuvre magistrale qui se déroule en parallèle au temps qui passe.

    L’oeuvre inclassable de Bonnard est intemporelle et détachée du temps. Sa relecture et la création d’un musée qui lui est dédié participent à sa reconnaissance.

    1 . La Découverte du Midi

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    Pierre Bonnard, Sur la côte, Antibes, 1912, huile sur toile, 29 x 35 cm, bequest 1932 by Föreningen för inköp av svensk och fransk konst the Nationalmuseum, Stockholm © Adagp, Paris 2011 © The Nationalmuseum, Stockholm

    Pierre Bonnard découvre le Midi très tôt, dès 1904 à Saint-Tropez où séjournent ses amis Édouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel. Il rend visite à Valtat et Signac, lequel reçoit la même année celle de Matisse et Derain en route vers le Fauvisme. Invité par Manguin, Bonnard reviendra à Saint-Tropez durant un plus long séjour à l’été 1909 qui lui permettra de peindre quelques toiles. Il ne cessera d’alterner des voyages entre Paris, la Normandie et le Midi jusqu’en 1914. Dans le Midi, Bonnard découvre une lumière et une végétation qu’il ne connaît pas ; la couleur des eucalyptus, oliviers, amandiers et mimosas se révèle sous la lumière de la Méditerranée. L’impact sur Bonnard est immédiat ; il écrira à sa mère une phrase désormais célèbre : « J’ai eu un coup des Mille et Une Nuits. La mer, les murs jaunes, les reflets aussi colorés que les lumières ... ».

    2. La Vie intérieure – Nus, natures mortes et intérieurs

    « La peinture doit revenir à son but premier, l’examen de la vie intérieure des êtres humains ». P. Bonnard Pierre Bonnard choisit Le Cannet dès 1922 pour venir passer plusieurs mois par an et s’imprégner de l’atmosphère de sa lumière et de ses couleurs en différentes saisons. Mais ce n’est qu’en 1926 qu’il acquiert Le Bosquet, une maison sur les hauteurs de la ville qui lui offre une vue dominante sur la baie de Cannes et le massif de l’Estérel.

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    Pierre Bonnard, Le Bain ou Baignoire, 1925 huile sur toile, 86 x 120,6 cm, Tate, Londres : Presented by Lord Ivor Spencer Churchill through the Contemporary Art Society, 1930 © Adagp, Paris 2011 © Tate, Londres, 2011

    Cette maison, dans laquelle il réalise plusieurs transformations, telles que la création d’une salle de bains, d’un atelier, d’un balcon etc. - sera un environnement privilégié et lui fournira le sujet de nombreuses compositions. Certaines font partie des standards de sa peinture. Récurrence de certains thèmes, jeux de miroirs et de reflets, atmosphère habitée, etc, tout est là pour signifier la profondeur des sentiments et le silence des attitudes.

    3. Paysages - Un monde de sensations

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    Pierre Bonnard, La Forêt de pins, 1924, huile sur toile, 56 x 47 cm, Fondation Bemberg, Toulouse © Adagp, Paris 2011

    « J’ai acquis une âme de paysagiste ayant fini par me débarrasser du pittoresque, de l’esthétique et autres conventions dont j’étais empoisonné [...] » écrit Bonnard à son ami Vuillard en 1935. Le paysage a joué un rôle très important dans la pratique picturale de Bonnard. C’est par ce genre que le peintre se distingue des différents mouvements d’avant-garde. Ses premiers paysages peints au Cannet montrent combien le peintre a une vision classique et moderne à la fois , peu à peu gagnée par la synthèse. En 1940, il distinguera 4 types de paysages : « paysage à espace avec fonds intéressants, paysage intime avec objets expressifs, paysage effet de lumière prédominant, paysage décoratif peu de ciel et meublé ». Chaque tableau rend compte de son originalité face au sujet, au format rarement standard, à l’importance donnée à la couleur et à la lumière, tout comme à l’expression de la sensation.

    4. La couleur a le pouvoir de l’abstraction - OEuvres ultimes

    - Paysages et autoportraits Les paysages ultimes de Bonnard peints en pleine guerre ne contiennent aucune trace du drame que l’Europe traverse. Dans ce contexte particulièrement sombre, et comme pour conjurer la réalité, il n’y a jamais eu autant de jaune et d’éblouissement coloré dans sa peinture. À l’opposé, ses autoportraits faits pour lui seul indiquent « sa part d’ombre ». « Celui qui chante n’est pas toujours heureux » écrit-il trois ans avant sa mort. 15 autoportraits scandent l’analyse qu’il fait de lui-même de 1889 à 1946, à chaque fois, à des moments clefs de l’évolution de sa pensée et de sa peinture, souvent des moments de crise. Quatre de ces autoportraits seront présentés à l’exposition. À la différence du corps de Marthe, le corps représenté de Bonnard vieillit, trahit les traces du temps et des songes. Restant à la surface de la peau chez Marthe, il entre dans les plis et les rides de son propre corps, comme pour mieux entrer en lui. Ces autoportraits sont à juste titre des références incontestées de ce genre dans l’histoire de l’art du xxe siècle. Qu’il apparaisse face au spectateur, en boxeur, le poing levé, les pinceaux à la main, ou en ermite, le regard absent ou si profond, que chaque autoportrait dit l’intensité de ses réflexions et l’opacité de l’être. Bonnard livre un combat avec lui-même et avec la peinture, tout en continuant à s’émerveiller à coup de taches colorées devant la beauté des paysages du Cannet qui l’entourent, et son paradis, sa maison. « Le tableau est une suite de taches qui se lient entre elles et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’oeil se promène sans aucun accroc. » déclarait Bonnard à Tériade en 1942.

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    - Pierre Bonnard, La terrasse ensoleillée, 1939-46, huile sur toile, 71 x 236 cm, collection particulière © Adagp, Paris 2011

    Informations pratiques

    4 473 553 € : Coût des travaux de réhabilitation, d’extension et de muséographie. Le conseil général des Alpes-Maritimes participe à 30 % dans le cadre du contrat de plan département-ville du Cannet. Le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour 10 %

    1. Le musée Bonnard en quelques dates

    - 1983 Michèle Tabarot, Adjoint à la culture de la ville du Cannet noue les premiers liens avec la famille de l’artiste.
    - 1995 Michèle Tabarot est élue Maire du Cannet.
    - 1998 Acquisition par la ville de l’Hôtel Saint-Vianney. 2001 Exposition Pierre Bonnard sous la lumière du Cannet à l’Espace Bonnard. Suivent chaque année des expositions consacrées à Pierre Bonnard où son environnement artistique.
    - 2003 Le Conseil municipal approuve le principe de création d’un musée sur le site de l’Hôtel Saint-Vianney. Premières acquisitions de la Ville du Cannet et premiers soutiens. Création d’un Comité scientifique placé sous l’égide de Françoise Cachin, honorée Directeur des musées de France.
    - 2004 Renaud Donnedieu de Vabres - Ministre de la Culture et de la Communication, lors de sa visite sur le site de l’Hôtel Saint-Vianney, exprime son soutien au projet.
    - 2005 Un concours de maîtrise d’oeuvre est lancé.
    - 2006 1er trimestre : L’équipe d’architectes est retenue : Frédéric Ferrero et Sylvie Rossi sont associés à Birgitte Fryland pour la muséographie et Jérôme Mazas, paysagiste. Décembre : Sur proposition du Haut Conseil des musées de France, le musée Bonnard obtient le label musée de France. Le musée reçoit par l’entremise de la Fondation Meyer pour le développement culturel et artistique, une première promesse de dépôt de l’État : Paysage soleil couchant, Le Cannet, v. 1923 Le musée prête 3 oeuvres à l’exposition Del Complesso del Vittoriano à Rome.
    - 2007 Mars : La maison de Bonnard, Le Bosquet et son jardin sont classés Monuments historiques.
    - 2008 Seconde promesse de dépôt de la Fondation Meyer : Vue du Cannet, 1927 Achat de la ville du Cannet avec l’aide de l’État de la peinture Les Baigneurs à la fin du jour, v. 1945, anc. Coll. Tériade

    Historique du musée

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    ndré Ostier, Portrait de Pierre Bonnard (Le Cannet), 1941, épreuve gélatino-argentique d’époque, musée Bonnard, Le Cannet, achat 2006

    - 2009 Janvier : La ville du Cannet participe au vernissage de l’exposition Bonnard The Late Still Lifes and Interiors au Metropolitan Museum à New-York et annonce l’ouverture prochaine du musée Bonnard. Des liens privilégiés sont créés avec la Collection Phillips à Washington. Juillet : Début du chantier. Novembre : Accord de principe pour le dépôt du musée d’Orsay, La Salle à manger au Cannet, 1932 Prêt de 5 oeuvres à l’exposition Bonnard, guetteur sensible du quotidien au musée de Lodève.
    - 2010 Janvier : Achat par la ville du Cannet avec l’aide de l’État et du mécénat privé, Nu de profil, v. 1917. Mars : Achat par la ville du Cannet d’un rare exemplaire de La Promenade des nourrices, frise de fiacres, lithographie en 4 panneaux. Septembre : Le musée Bonnard prête deux oeuvres majeures à l’exposition Bonnard Magier der Faber au Von der Heydt Museum à Wuppertal. Décembre : Identité visuelle par Vincent Hanrot, agence Bik et Book, Marseille.
    - 2011 Samedi 25 juin : inauguration du musée Bonnard, premier musée au monde consacré à cet artiste, avec l’exposition Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée.

    2. De la villa du Bosquet au musée Bonnard : une profonde légitimité

    « Dans la lumière du Midi, tout s’éclaire et la peinture est en pleine vibration. Portez votre tableau à Paris : les bleus deviennent gris. » P. Bonnard , 1946 Bonnard a séjourné au Cannet par intermittence de 1922 à 1947. Il loue trois villas entre 1922 et 1926 avant d’acquérir en 1926 Le Bosquet, une maison sur les hauteurs de la ville où il se retire définitivement de 1939 à sa mort. Les paysages du Cannet et la lumière du Midi sont pour lui des sources d’inspiration inépuisables. C’est durant cette période qui dure près de 22 ans qu’il peint ses tableaux les plus inspirés, ceux dont les spécialistes s’accordent à dire qu’ils sont ses plus belles oeuvres. Le paysage environnant agit en profondeur sur Bonnard au même titre que la Sainte-Victoire pour Cézanne ou Giverny pour Monet, comme des territoires prégnants. C’est cette histoire de lien et d’identité entre Bonnard et Le Cannet qui donne sa profonde légitimité au musée.

    3. Le Bâtiment

    Un des derniers témoignages de l’architecture Belle Époque, l’Hôtel Saint-Vianney, 1908. Typique des constructions du début du siècle, cette villa porte le nom du fondateur de l’église Sainte Philomène, Jean-Marie Vianney - patron de tous les curés - canonisé en 1925. Construite en 1908 par M. Lauthaume, elle sert d’habitation à usage privé jusqu’en 1935. 11 dossier de presse du musée Bonnard Une société immobilière en fait l’acquisition et confie à l’architecte Briet le soin d’en modifier la façade et de surélever la partie ouest. La villa devient alors une pension de famille, puis de 1943 à 1947, un commissariat de police et reprend son activité hôtelière jusqu’en 1990. Sauvée de la démolition par l’intervention de l’architecte des Bâtiments de France, la ville du Cannet l’achète en 1998 dans l’intention de créer un musée. L’implantation du musée vient s’intégrer dans un projet urbain plus vaste qui prévoit une requalification des abords. Un projet de parking attenant est en cours de consultation.

    4. Le Musée

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    Projet © Frédéric Ferrero/Rossi

    Le musée Bonnard a un statut municipal, il bénéficie du label musée de France. À ce titre, il est contrôlé par l’État. Intégralement climatisé et accessible aux handicapés, le musée se développe sur cinq niveaux avec d’importants espaces d’accueil du public, comprenant boutique, salle pédagogique, salle de projection ainsi qu’une terrasse ouverte sur le jardin. Les collections se déploieront sur les trois niveaux d’exposition. Durant les expositions temporaires, une partie ou l’ensemble de cet espace sera investi. Chaque salle sera équipée de fiches de salle et il sera possible de louer un audio-guide multimedia avec une version spécifique pour le jeune public ainsi qu’une version en langue des signes française. Des écrans multimédias permettront de consulter les carnets ou agendas de Pierre Bonnard.

    5. Le Parti architectural

    Le projet s’inscrit dans un maillage urbain et paysagé à partir d’une logique multi-sites structurée comme une promenade sur les pas de Bonnard. La réhabilitation du site de la villa Hôtel Saint-Vianney développe près de 890 m2 de surface utiles, dont 495 m2 à partir du bâtiment existant. Une extension correspondante aux surfaces supplémentaires (395 m2) est réalisée dans le dénivelé du terrain et permet de créer un important espace d’accueil, une salle pédagogique et une boutique ainsi qu’une vaste terrasse. La façade est largement ouverte sur le boulevard Sadi Carnot et marque l’entrée du musée. L’édification d’une colonne vitrée, contenant une cage d’escalier et un ascenseur décollés du bâtiment existant par une passerelle, permet l’accès aux personnes handicapées, tout en offrant une vue imprenable sur le paysage. La structure interne de la villa Hôtel Saint-Vianney est reprise dans sa totalité, les espaces sont redistribués afin d’offrir des espaces d’accrochage les plus importants possibles. Les installations techniques (gestion de la température, de l’hydrométrie et de l’éclairage) répondent aux exigences muséales édictées par la Direction des musées de France et sont conformes aux réglementations internationales. Le parti pris préserve l’esprit des lieux.

    6. Parcours pédestre Sur les pas de Bonnard….

    Le sentier de découverte du canal de la Siagne constitue un élément important du projet muséographique du musée Bonnard. Outre sa vocation de

  • J'ai lu :L’Espagne entre deux siècles de Zuloaga à Picasso (1890-1920)

     

    Paris, Musée de l’Orangerie, du 7 octobre 1011 au 9 janvier 2012.

    1. Santiago Rusinol (1861-1931)
    La Cour des orangers dit aussi Jardins arabes à Grenade, 1904
    Huile sur toile - 86,5 x 107 cm
    Castres, Musée Goya
    Photo : Castres, Musée Goya cliché P. Bru

    Si le Siècle d’or de la peinture espagnole est accroché aux cimaises de nos plus grands musées, l’histoire de l’art hispanique entre Goya et Picasso apparaît souvent comme un océan mystérieux duquel émergent quelques îles, elles-mêmes peu connues du grand public, avec pour nom Zuloaga ou Sorolla y Bastida. Il va de soi que cette image ne reflète pas la réalité mais bel et bien notre méconnaissance : au mépris ordinaire d’un certain XIXe siècle encore pratiqué par quelques cénacles retardataires, s’ajoutait jusqu’ici la distance géographique et historique d’une Espagne jugée lointaine comme vaguement marginale. La présentation au Musée de l’Orangerie, en collaboration avec la Fondation culturelle Mapfré, d’une soixantaine d’œuvres de l’art espagnol allant des années 1890 à 1920 fournit une excellente opportunité d’en découvrir ou redécouvrir la diversité et la richesse. On doit donc, avec une malice toute bienveillante, se féliciter, d’une certaine manière, qu’une brouille diplomatique de la France avec une ancienne colonie espagnole, le Mexique, ait repoussé à plus tard l’exposition consacrée à Diego Rivera et Frida Khalo initialement prévue à cette date. Le catalogue de l’exposition et le dossier de presse insistent sur une Espagne de la fin du XIXe siècle meurtrie d’avoir perdu Cuba ; voici une revanche amusante sur le Mexique ! Quelque admiration qu’on ait pour les muralistes, n’y a-t-il pas une justice à ce que l’art du XIXe siècle espagnol, si méconnu chez nous, devance ces grands noms de la peinture mexicaine souvent montrés ? Notre remarque en guise de clin d’œil a surtout pour but de féliciter l’équipe franco-espagnole qui a pu monter en un temps record cette présentation délectable.

    Dans une scénographie simple et efficace, avec un parcours agréable et des couleurs parfaitement appropriées, les œuvres présentées forment un panorama assez complet des tendances et des tempéraments qu’offre la peinture espagnole dans ces années « entre deux siècles ». Le choix des œuvres aurait pu être différent, on pourrait regretter l’absence de tel artiste ou suggérer la présence de telle œuvre, et il paraît assez audacieux de résumer trente années de l’art d’un pays en un corpus de tableaux finalement assez réduit, sans oublier qu’il y manque l’art graphique et l’estampe ; en réalité, et paradoxalement, l’aspect concentré de cette présentation a l’avantage de forcer le visiteur à intégrer rapidement l’idée même d’une Espagne active, bouillonnante et multiforme sur le plan pictural entre 1890 et 1920. S’agissant d’une visite aussi dense, la nécessité d’un synopsis avec une thématique (l’Espagne noire / l’Espagne blanche) n’apparaît toutefois pas bien nécessaire. Autant son exploitation subtile dans le catalogue paraît justifiée, avec le texte de Pablo Jimenez Burillo, qui ouvre des réflexions bien réelles et atteint à une synthèse du plus grand intérêt, autant cette dichotomie a un peu de mal à s’articuler dans le parcours de l’exposition.

    3. Ignacio Zuloaga Y Zabaleta (1870-1945)
    Portrait de Maurice Barrès devant Tolède, 1913
    Huile sur toile - 203 x 240 cm
    Nancy, Musée Lorrain
    Photo : RMN-Musée d’Orsay / Philippe Migeat

    La difficulté qu’il y a à faire coïncider, par exemple, cette notion (noir ou blanc) à la fois du point de vue du sujet et sur le plan plastique apparaît évidente. Il est significatif qu’un artiste comme Santiago Rusiñol soit présent dans les textes (y compris le dossier de presse) et les sections de l’exposition à la fois dans l’une et l’autre de ces tendances supposées : la double page du catalogue qui juxtapose sa Cour des orangers de 1904 (ill.1), à la clarté tout « impressionniste » et La Glorieta de 1909, avec son crépuscule mystérieux, ses cyprès et ses feuilles mortes symbolistes est à cet égard éloquente (ill. 2). Un même artiste, à une même période, peut produire deux œuvres d’inspiration et de contenu totalement opposés. En réalité, si l’on comprend bien la justesse du propos et cette vision dialectique de l’Espagne, l’une, sombre, catholique et solennelle, voire dramatisée, et l’autre, lumineuse, gaie et solaire des voyageurs et d’un certain « exotisme » moderniste, l’intérêt de l’exposition est surtout de montrer de la très belle peinture sans qu’il soit absolument utile d’en démêler tous les ressorts identitaires ou psychologiques. Vouloir à tout prix problématiser un parcours même lorsqu’il n’y pas absolument lieu de le faire peut être un piège. Le fait que l’on soit accueilli en dehors du parcours (pour des raisons de format, on le concède) par le grand tableau de Zuloaga représentant Maurice Barrès contemplant Tolède (ill.3), son livre sur le Greco à la main résume toutefois bien tout ce que l’on doit évidemment avoir en tête en visitant l’exposition : Espagne réelle, Espagne rêvée, Espagne du mythe, de l’histoire et de l’héritage artistique etc. Que tout ceci, toutefois, ne nous empêche pas de regarder… la peinture car on ne peut pas, à la fois, contester l’égocentrisme parisien qui aurait occulté tel ou tel pan de l’histoire de l’art européen et cantonner l’intérêt des tableaux montrés à une vision nationale et historiciste, restrictive à son tour. D’autant que la plupart des artistes présentés ont vécu ou visité Paris et participé aux salons et expositions universelles ainsi que l’étudie Dominique Lobstein avec la précision et la rigueur qu’on connaît dans un intéressant essai. Il s’agit bien, ainsi, de ne pas se cantonner à une vision « localiste » de la peinture espagnole, mais pas, non plus, d’en estimer l’intérêt uniquement à l’aune des mouvements qui triomphaient à Paris entre 1890 et 1920 quelle que soit l’évidence des rapprochements possibles. Ces artistes ont leur singularité, leur esthétique, leur talent et c’est ce qui importe.


    4. Ignacio Zuloaga Y Zabaleta (1870-1945)
    Portrait de la comtesse Anna de Noailles, 1913
    Huile sur toile - 152 x 195,5 cm
    Bilbao, Museo de Bellas Artes de Bilbao
    Photo : Photograph Archive of the Bilbao Fine Arts Museum

    5. Ignacio Zuloaga Y Zabaleta (1870-1945)
    La Naine Dona Mercedes, 1887
    Huile sur toile - 130 x 97 cm
    Paris, Musée d’Orsay
    Photo : RMN-Musée d’Orsay/Hervé Lewandowski


    Quelques très beaux paysages donnent au visiteur une entrée en matière nocturne et toutefois lumineuse. La Tombée de la nuit sur la jetée de Pinazo Camarlench (Valence, Institut Valencia d’Art Modern), la Tombée du jour de Urgell (Barcelone, MNAC) et, surtout, le sublime Paysage nocturne d’Eliseu Meifrèn y Roig (Madrid, musée Thyssen) que nous avions pu admirer à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne récemment, témoignent d’emblée de la diversité de facture dont toute l’exposition se fera le reflet. Très vite on est happé par quelques chefs d’œuvre de Zuloaga ; après le Barrès, déjà cité, c’est l’hypnotique Portrait d’Anna de Noailles (ill. 4) qui frappe par sa modernité ; que Vélazquez (avec le portrait de La Naine Dona Mercedes)(ill. 5), Goya (Le Portrait de l’oncle et des cousines de Zuloaga [1910, Boston, Fine Arts Museum]) ou encore Le Greco (avec L’Anachorète [1907, Paris, Musée d’Orsay]) se rappellent ici à notre bon souvenir, ne fait que renforcer, au-delà de cet enracinement, le caractère unique de l’art de Zuloaga et, bien plus que son prétendu « réalisme », son sentiment dramatique et abrupt, sa picturalité essentielle.

    6. Ramon Casas (1866-1932)
    La Paresse, 1898-1900 Huile sur toile - 64 x 54 cm
    Barcelone, MNAC Museu Nacional d’Art de Catalunya
    Photo : MNAC Photo Calveras/Mérida/Sagristà

    Quelques œuvres de Ramón Casas, dont la très belle Paresse (ill. 6), illustrent une veine « réaliste » et intime que l’on retrouve aussi chez Santiago Rusiñol. L’art de ce dernier, un des très beaux artistes de la période, est représenté par six tableaux, un septième, peut-être le plus saisissant, n’ayant malheureusement pu venir (mais il est reproduit dans le catalogue, il s’agit de La Morphine [1894], visible au Museu Cau Ferrat de Sitges). Comme nous l’avons déjà dit plus haut, on trouve chez cet artiste à la fois l’expression subtile d’une certaine intériorité « fin de siècle », des paysages symbolistes (sous représentés à l’Orangerie) et des vues parisiennes plus montmartroises. Un nombre restreint d’œuvres symbolistes ne suggère d’ailleurs que peu la présence de l’Espagne au sein de l’idéalisme des années 1890-1910. La Rosée d’Adrià Gual (1897, Barcelone, MNAC), avec son beau cadre parlant, et Les Hermétiques de Miguel Viladrich Vila (Barcelone, MNAC), d’inspiration préraphaélite, en attestent pourtant ; on regrette l’absence d’œuvres de Rogelio de Egusquiza, peintre wagnérien et remarquable graveur qui aurait ici eu toute sa place. Julio Romero de Torres, quant à lui, auteur d’œuvres proches de l’idéalisme, est représenté par une belle toile plutôt d’inspiration réaliste et d’un chromatisme austère. Sombres, aussi, les œuvres de Isidre Nonell dont les Deux gitanes (1903, Barcelone, MNAC) font penser à un Edvard Munch qui aurait médité Van Gogh.


    7. Dario de Regoyos (1857-1913)
    Viernes Santo en Castilla, 1904
    Huile sur toile - 81 x 65,5 cm
    Bilbao, Museo de Bellas Artes de Bilbao
    Photo : Photograph Archive of the Bilbao Fine Arts Museum

    8. Hermen Anglada Camarassa (1871-1959)
    Le Paon blanc, 1904
    Huile sur toile - 78,5 x 99,5 cm
    Collection particulière
    Photo : MNAC Museu Nacional d’Arte de Catalunya, Barcelona
    Calveras/Mérida/Sagrista


    Il va sans dire que la clarté et la lumière prévalent lorsqu’on passe aux murs consacrés à l’impressionnisme de Dario de Regoyos (ill. 7), aux paysages empâtés de Nicolau Raurich ou aux scènes parisiennes électriques et violemment colorées d’Hermen Anglada-Camarasa (ill .8). Mais c’est évidemment avec Joaquim Sorolla y Bastida que culmine cette quête libre du rayonnement, de la lumière et de la couleur. Le grand tableau de salon acquis par l’Etat français dès 1895, le Retour de pêche, le halage de la barque (ill. 9), révèle d’ores et déjà, en dépit d’une facture et d’un sujet en apparence conventionnels, cette clarté, cette transparence et ce sens du mouvement qui caractériseront bientôt les meilleures œuvres du peintre, un peu trop facilement rapproché de impressionnisme. Quelques merveilleuses peintures en attestent à l’Orangerie : la très besnardienne Préparation des raisins secs (1905, Pau, Musée des beaux-arts) avec ses couleurs acides et l’originalité de son point de vue ou l’étonnante Sieste de 1911 (ill. 10), réduite à des masses picturales mouvementées, montrent un artiste qui va bien au-delà de la nature, fût-elle « vue à travers un tempérament ».


    9. Joaquin Sorolla y Bastida (1863-1923)
    Retour de pêche, le halage de la barque, 1894
    Huile sur toile - 265 x 403,5 cm
    Paris, Musée d’Orsay
    Photo : RMN-Musée d’Orsay Gérard Blot/Hervé Lewandowski

    10. Joaquin Sorolla y Bastida (1863-1923)
    La Sieste, 1911
    Huile sur toile - 200 x 201 cm
    Madrid, Museo Sorolla
    Photo : Droits réservés


    11. Juan de Echevarria (1875-1931)
    Métisse dénudée, 1923 Huile sur toile - 111 x 162 cm
    Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia
    Photo : Archivo fotografico Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia

    Joachim Mir est aussi un artiste qui retient l’attention : plus que ses paysages post impressionnistes, ses fragments de décor pour la Casa Trinxet (Barcelone, fondation Francisco Godia) sont éblouissants de liberté. Par-delà le motif, qui se fond dans une sorte de saturation chromatique, l’artiste y atteint à une abstraction visionnaire autant qu’ornementale. On a beau tenter de garder un regard vierge sur certains de ces peintres, il est difficile de ne pas penser « Gauguin » devant Juan de Echevarria (ill. 11), « Matisse » en admirant Francisco Iturrino ou « Cézanne » en regardant Joachim Sunyer, un peintre marqué par la rétrospective consacrée en 1907 au peintre de la Sainte Victoire. Le caractère nabi d’un Daniel Vasquez Diaz n’échappera à personne non plus. Mais l’impact de l’art français sur ces artistes ne porte aucun préjudice à leur singularité. Ce ne sont en aucun cas des épigones. On peut aussi admirer trois pièces de Julio Gonzales dont l’œuvre sculpté occulte trop souvent les peintures admirables.


    12. Pablo Picasso (1881-1973)
    La Buveuse d’Absinthe, 1901
    Huile sur toile - 65,5 x 51 cm
    Collection particulière
    Photo : Succession Picasso 2011

    13. Pablo Picasso (1881-1973)
    L’Enterrement de Casagemas, vers 1901
    Huile sur toile - 150,5 x 90,5 cm
    Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
    Photo : RMN / Agence Bulloz


    Si deux œuvres précoces de Dali et de Joan Miro n’apportent pas un grand souffle au parcours, sa conclusion avec une section consacrée à Picasso est éblouissante. Quatre tableaux, certes, mais quelles œuvres ! La Buveuse d’absinthe (ill. 12) et Le Moulin rouge, toutes deux de 1901 côtoient L’Enterrement de Casagemas (ill. 13), nouvel hommage au Greco. Et que dire de L’Etreinte, admirable pastel de 1903 (Paris, Musée de l’Orangerie). Le sous-titre de l’exposition, dont on comprend bien la nécessité communicationnelle, ne doit surtout pas laisser entendre que cette réunion d’œuvres illustre une sorte de progression téléologique « de Zuloaga à Picasso », ou « de 1880 à 1920 » ou encore du XIXe siècle à la « modernité ». Tous ces artistes ont t