Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Eric Fottorino veut emmener vingt-deux jeunes sur les routes du Tour de France cet été
Publié le vendredi 12 avril 2013 à 19H35
Eric Fottorino présentant son dernier ouvrage à La Galerne :
En 2001, lorsqu’il était journaliste au Monde, Eric Fottorino avait couru Le Midi Libre. En éclaireur. Juste devant les pros du peloton.
Douze ans plus tard, redevenu journaliste indépendant et écrivain, Eric Fottorino veut marquer de son empreinte le centenaire du Tour de France. Il recherche des jeunes à travers la France pour courir cet été le Tour de Fête, de la Corse à Paris.
Est-ce pour vous une façon de boucler la boucle en créant le Tour de Fête?
Eric Fottorino: « Le hasard du calendrier fait que 2013 coïncide avec le centenaire du Tour de France. J’avais envie de relever ce défi, moins pour la performance physique que pour l’imaginaire que cela procure. Pédaler, c’est se souvenir. On va de l’avant et on a la tête dans le guidon. C’est tout le paradoxe de ce sport. »
En 2007, l’un de vos journalistes au Monde, Guillaume Prébois, avait couru le Tour de France dans son intégralité, à l’eau claire…
Eric Fottorino: « C’était son idée. Il savait que j’aurais une oreille attentive à son projet.Cela correspondait à une époque où se doper était inévitable. Je l’enviais. Tous les jours, je me précipitais sur son papier. Il m’envoyait par mail des photos, des vidéos. »
Vous avez décidé d’accompagner les jeunes cyclistes sur les routes du Tour. Vous vous préparez sérieusement ?
Eric Fottorino: « J’ai commencé à m’entraîner mi-janvier. Je sors tous les jours entre 3 et 5 heures. Je m’accorde une journée de repos par semaine. La difficulté c’est que j’ai 52 ans! Il faut doser l’effort. Il faut rouler beaucoup pour emmagasiner de l’endurance et se ménager des périodes de repos pour préserver de l’influx. »
Quel est votre objectif personnel ?
Eric Fottorino: « Faire l’intégralité des étapes mais ce n’est pas une course. Le Tour de Fête est une randonnée sportive de bon niveau. Je n’en fais pas une affaire personnelle. L’idée, ce n’est pas de se tuer sur le vélo. »
Quels souvenirs gardez-vous de « votre » Midi Libre de 2001 ?
Eric Fottorino: « Le rachat du Midi Libre (NDLR: le quotidien régional et par ricochet la course cycliste éponyme) a été pour moi la renaissance au vélo. A cette époque, je « roulotais » aux beaux jours. Lorsque j’ai décidé de faire le Midi Libre en partant avant les coureurs, je me suis réentraîné. J’ai accumulé 5000 bornes de préparation. »
Finalement, en 2013, vous ne partez pas d’aussi loin…
Eric Fottorino: « Depuis deux ans, suite à mon départ du Monde, j’écris et je roule. C’est mon équilibre. »
Que vous apporte le cyclisme? Et que peut-il offrir à des jeunes aujourd’hui ?
Eric Fottorino: « On ne change pas le monde lorsque l’on pédale. Mais c’est un sport qui reste populaire. Le vélo c’est le métro à 5 heures du soir: le patron côtoie l’ouvrier qui sort du travail. »
Les derniers mois ont été marqués par les aveux de Lance Armstrong, le procès Fuentes en Espagne. Croyez-vous en 2013 au tour du « renouveau »?
Eric Fottorino: « Quand j’ai lancé le projet, Armstrong n’avait pas encore fait ses aveux. Je n’ai pas été tenté de faire le tour de la morale. Je n’ai pas cette naïveté-là. La majorité du peloton n’est pas dans le dopage. Je pense que les aveux d’Armstrong et la description du système mafieux qui entourait sa pratique du dopage ont rejeté l’opprobe sur le peloton. On dit « tous pourris en politique », on dit « tous dopés dans le vélo ». Et ce n’est pas le cas. »
Quel message souhaitez-vous transmettre cet été sur les routes de France avec votre équipe de jeunes ?
Eric Fottorino: « Il sera à l’image de ce peloton que je suis en train de composer. Cette équipe ressemblera à la France d’aujourd’hui, avec des garçons et des filles, représentatifs de toutes les régions. Je ne vais pas pouvoir rencontrer les vingt-deux jeunes mais je suis assez vigilant en matière de recrutement. J’ai deux critères: l’un sportif, retenir des cyclistes de bon niveau (NDLR: 2e-3e catégories) et l’autre moral. Je leur rappelle qu’ils ne feront pas une course individuelle. Ce n’est pas Koh Lanta. Il n’y aura pas de maillon faible dans l’équipe. »
Que reste-il aujourd’hui du jeune garçon près de La Rochelle qui rêvait sur les routes de Charente aux exploits de Merckx et Ocana?
Eric Fottorino: « Le cyclisme d’aujourd’hui me pasionne moins. Je n’ai pas l’impression que des figures ressortent du peloton. Mais je n’ai peut-être plus l’âge de m’identifier! J’ai toujours plaisir à regarder les étapes de montagne du Tour, le contre-la-montre. Se battre contre soi-même, se dépasser, ce sont toujours les valeurs du vélo. Et bien sûr en restant propre. »
Ce Tour de Fête est-il appelé à revenir en 2014 ?
Eric Fottorino: « On va déjà faire ce tour-là. Pour moi c’est un one-shot lié au centenaire. Mais déjà on me demande de réfléchir à une édition en 2014 pour faire écho au centenaire de 14-18 en composant une équipe avec des jeunes étrangers venus des Etats-Unis, du Canada, d’Australie, d’Angleterre… »
Avant de prendre le départ de Corse, vous sortirez en librairie un Petit éloge du Tour de France.
Eric Fottorino: « C’est un petit folio à 2 €. Ça m’intéressait de dire un certain nombre de choses sur cette épreuve. C’est très personnel. Ce sont mes souvenirs du Tour. J’ai grandi au milieu des grandes années Merckx-Ocana. J’étais très Merckx. C’était un type qui avait un vrai panache; il allait au bout des choses. Mais comme je passais une partie de mes vacances d’été chez mes grands-parents à Dax, la ville d’adoption d’Ocana, j’ai pleuré lorsqu’il est tombé en 1971 et qu’il a perdu le Tour. »
Le projet
Eric Fottorino recrute des jeunes cyclistes (18-25 ans) qui ont un certain niveau (2e-3e catégories) car il s’agit de courir le Tour de France 2013 (28 juin-20 juillet) dans son intégralité, soit 3300 km et 29 cols de haute montagne. Les jeunes sélectionnés seront intégralement pris en charge par les organisateurs. L’équipe du Tour en Fête pédalera la veille de chaque étape, sauf, l’ultime étape, sur les Champs-Elysées, courue le jour-même.
Candidatures à envoyer avant le vendredi 26 avril à ericfotto@orange.fr
Dans la roue de David Moncoutié
Jeune retraité du peloton, vainqueur de plusieurs étapes du Tour de France, David Moncoutié (ex-Cofidis) sera le capitaine de route de ce Tour de Fête. « C’est l’archétype du garçon modeste, intègre. Il a toujours réprouvé le dopage. C’était compliqué de lui faire prendre une aspirine. Il n’a pas le palmarès qu’il méritait », décrit Eric Fottorino. Nul doute que David Moncoutié sera précieux dans la montagne.
Petit éloge du Tour de France
Eric Fottorino achève son Petit éloge du Tour de France. Extrait: « Je pédale depuis une heure. Mes muscles sont chauds. J’ai trouvé quelques bonnes bosses qui obligent à prendre le guidon comme le toro: par les cornes. Depuis quelques jours mon vélo rue et cabre. Impossible de l’arrêter. Mélangeant ma sueur à mon encre, me voilà embarqué presque à mon corps défendant sur ce drôle d’engin qui m’a déjà fait tant voyager – sur les routes et dans le temps – qui m’a fait voir du pays, grimacer, peiner, jurer que plus jamais et rencontrer des tas d’amis, des rémouleurs du bitume, sous pluie et soleil, tous derrière et bien sûr, en rêve moi devant. »
Propos recueillispar Thierry Rabiller
Sur le chemin, nous avons pu admirer la gendarmerie refaite à neuf sur le parcours de la nouvelle ligne de tramway
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