Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : Le patrimoine

Tuileries: un pas de plus vers la reconstruction

Anne-Marie Romero .
 Publié le 10 août 2006 dans le Figaro

Le projet de reconstruction du palais incendié sous la Commune prend corps. Un décret paru au «Journal officiel» du 9 juin dernier crée une commission auprès du ministre de la Culture, chargée de l'étudier.

IL Y A des gens passionnés et tenaces. Alain Boumier, président de l'Académie du Second Empire, est de ceux-là. Avec une obstination sans faille, il se bat depuis des années pour obtenir la reconstruction du Palais des Tuileries. Sa persévérance a porté ses fruits. Le 9 juin dernier, le Journal officiel publiait un arrêté en date du 6 juin portant création d'une commission de huit membres chargée, auprès du ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, d'étudier les modalités d'une telle opération. En font partie, entre autres personnalités, les chantres de toujours d'un tel projet, Maurice Druon, Erik Orsenna, Jean Tulard et l'ambassadeur Jean Guéguinou.
«Le 28 juin 1882, explique Alain Boumier, Jules Ferry avait donné l'ordre de faire disparaître les ruines des Tuileries incendiées, seul véritable moyen, disait-il, de hâter leur reconstruction. Jules Ferry a été renversé peu après, mais tout ce que nous demandons aujourd'hui c'est que la Ve République honore les engagements pris par la IIIe. »
Cette promesse de l'État a été réitérée maintes fois : d'abord en 1960 par le général de Gaulle, qui voulait «faire un bijou du centre de Paris», comme l'a confirmé son fils, l'amiral Philippe de Gaulle, à Alain Boumier ; puis par Philippe Séguin, en 1994, alors président de l'Assemblée nationale, devant 600 membres de l'Académie du Second Empire qui fêtait ses 25 ans ; enfin, en 2002, par Jean-Jacques Aillagon, d'accord sur le principe, à condition que l'État n'en assume pas la charge. En 2004, fort de cette bienveillance, un Comité national pour la reconstruction des Tuileries voyait le jour, auquel participent toutes les personnalités aujourd'hui nommées à la commission.

Mais qui va payer ? Ce serait un comble, en effet, à l'heure où la restauration des Monuments historiques est en panne faute de crédits (voir nos éditions du 21 mars) d'imputer une charge évaluée à 300 millions d'euros au ministère de la Culture. Non, les Tuileries ne coûteraient pas un sou au contribuable, poursuit Alain Boumier, «elles seraient financées par une souscription». Pour cela, il faut créer une fondation, ce qui implique une mise de départ de 3 millions d'euros qu'Alain Boumier se fait fort de trouver lui-même «auprès des grands mécènes traditionnels de la culture». Mieux encore, il travaille actuellement à un montage financier qui permettrait à son association de «trouver les 300 millions d'un coup sur la base de garanties bancaires».

 

Un monument de mémoire

 

Dans quel style reconstruirait-on ? Il s'agirait d'une reconstitution «à l'identique», insiste Alain Boumier. C'est une formule qui ne plaît guère aux architectes en chef des Monuments historiques, mais, après tout, il y a bien le précédent du Parlement de Rennes, intégralement refait tel qu'il se présentait avant l'incendie de février 1994.
Mais surtout, pourquoi reconstruire les Tuileries ? Les tenants du projet ont des arguments de poids. En premier lieu, disent-ils, «le Louvre est une enceinte et n'a jamais été un lieu ouvert sur rien. Il est incompréhensible sans les Tuileries et l'arc de triomphe du Carrousel n'a plus de sens».

Autres raisons : la distance qui sépare les deux pavillons d'about du Louvre, Flore et Marsan, est bien trop grande (266 mètres). Les fondations du palais, qui a été le siège du pouvoir central de 1789 à 1870, sont toujours intactes sur trois mètres de large. Et en 2004, interrogé par notre consoeur Anne Muratori-Philip, Alain Boumier ajoutait : «Les Tuileries sont un monument de mémoire inséparable des principes de 1789, associé à la notion de la France moderne, siège de la personne morale de Louis XVI à Napoléon III, et un lieu qui possède une charge émotionnelle très forte.» Dernier argument, enfin : tous les plans des Tuileries existent, intacts, ainsi que son mobilier et ses tableaux, conservés au département des objets d'art du Louvre.

 

Vers l'ouverture d'un débat

 

Les architectes ont donné leur point de vue : Roger Taillibert, président de l'Académie des Beaux-Arts et Stéphane Millet, qui souhaite rendre sa raison d'être au jardin aujourd'hui dénaturé par une «jachère couverte d'immondices en plein coeur de Paris». De nombreuses personnalités y ont joint leur voix, telles Christian Prévost-Marcilhacy, Jean-Philippe Lecat, ancien ministre de la Culture, et, last but not least, Alain Boumier a reçu en octobre dernier une lettre de Jacques Chirac qui engage vivement le Comité national pour la reconstruction des Tuileries à «ouvrir un débat, le plus large possible, auprès du grand public» sur ce sujet.

Mais un palais de 20 000 mètres carrés pour quoi faire ? Alain Boumier propose d'y héberger un musée de l'oeuvre du Louvre et de l'histoire des Tuileries, un centre de conférences internationales et, à la place de l'ancien théâtre de Louis XIV démantelé, un auditorium de 600 places. Les services de la Francophonie pourraient également s'y installer et le musée voisin des Arts décoratifs s'y étendre.

 

Comité national pour la reconstruction des Tuileries, 5, rue Rude, 75116 Paris. www.tuileries.fr

Commentaires

  • c'est une bonne initiative,,surtout si ce batiment est reconstruit à l'identique,,
    il s'agit du patrimoine et d'une partie de l'histoire française,,j'espere que le debat entamè va aboutir sur cette reconstruction

Les commentaires sont fermés.