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Catégories : Staël Nicolas de

La rencontre de Nicolas de Staël et de Jeannine Guillou

 la vie dure » - 9 octobre 2011 - 8 janvier 2012

 

Musée Picasso

Exposition temporaire 9 octobre 2011 – 8 janvier 2012

Jeannine_Guillou

En 1937, lors d’un voyage au Maroc, Nicolas de Staël rencontre Jeannine Guillou. Peintre comme lui, elle décide alors de le suivre dans la suite de ce périple qui les ramène en France l’année suivante. Jusqu’à sa mort en 1946, ce compagnonnage conjugal et artistique nourrira leurs œuvres respectives à un moment où le jeune Nicolas de Staël cherche précisément les voies de son art.


L’exposition du musée Picasso d’Antibes, « La rencontre de Nicolas de Staël et de Jeannine Guillou : la vie dure », rend compte de cette quête en présentant un ensemble important de peintures de Staël, réalisé entre 1939 et 1946 et, pour la première fois, une sélection de tableaux et de dessins de Jeannine Guillou, dans le contexte créatif qui a accompagné leur éclosion, fait d’échanges avec des artistes rencontrés par le couple à Grasse, lors de leur séjour à Nice entre 1941 et 1943, et à Paris. Sont ainsi réunies des œuvres, entre autres, Sonia Delaunay, Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp, César Domela, Alberto Magnelli, Wilfrid Moser, Jean Deyrolle, Vassily Kandinsky. L’exposition témoigne, au-delà de simples influences, des nombreux aller retour d’une œuvre à l’autre, d’un artiste à l’autre, au sein de ce petit groupe d’amis, lié par des recherches communes vers une certaine abstraction et la grande éthique de leur art.

 

 

 

Extraits de textes de Anne de Staël in « La rencontre de Nicolas de Staël et de Jeannine Guillou : la vie dure », catalogue de l’exposition, coédition Musée Picasso, Antibes / Silvana Editoriale, Milan.


« […] Janine naît le 17 mai 1909 à Concarneau. Elle commence à peindre vers l’âge de quatorze ans. La famille a l’habitude de passer six mois de l’année à Concarneau et six mois d’hiver dans le midi. […]


La grande maison près du phare, 7 place de la Croix, a ses fenêtres qui donnent sur la mer et la mer a construit aux deux sœurs un intérieur de bateau, tant elles sont sous l’emprise des tempêtes dont on ne sait jamais si elles sortiront déportées ou si la terre aura su les retenir. Les fenêtres se comportent sur la façade comme de petits verres d’eau dont le plein et le vide répond au beau ou mauvais temps. L’appel du vent est si fort qu’il peigne la pluie horizontalement. Ces maisons ont presque un siècle et demi de tempête et sont toujours debout ; parfois, par beau temps, on dirait qu’on les a tirées sur la grève pour les restaurer.

Au dernier étage, l’atelier de Janine, avec sa grande verrière qui ouvre sur les toits et sa petite fenêtre sur le large.

À l’âge de dix-sept ans, elle entre à l’école des arts décoratifs de Nice dont elle sortira avec tous les honneurs.

À vingt ans, elle épouse Olek Teslar, son aîné de dix ans. Elle prend alors la nationalité polonaise. […]

[…] Après leur mariage ils partent pour Varsovie, où naîtra en 1931 leur fils Antek. De 1932 à 1937, va se dérouler la longue escapade du Maroc […].
[…]

On raconte qu’avant de partir de Nice, Janine marchait sur la plage à l’heure de midi pour se familiariser avec les foudres de la chaleur. Elle vendit pour ce voyage, une bague, un diamant qu’elle tenait de sa famille. Cette expédition, sous le protectorat, était périlleuse, mais la nécessité de parvenir à un tableau avait raison de tous les dangers. […]

[…]
Le « Cahier du Maroc » tenu jusqu’en 1937, avait replié ses ailes au fond d’un tiroir. Traversé par des décennies d’hibernation, sans aucune ombre, il resurgit aujourd’hui de son soleil intouché, nous permettant d’atteindre à la réalité contemplative de ce périple. […]


[…] Elle fait la connaissance du jeune peintre Nicolas de Staël, lui-même tout juste revenu de Mogador. Ils se rencontrent dans un café de la place Djema El Fna où tout le monde avait l’habitude de se retrouver. La couleur, l’aura de leurs personnalités respectives les conduit à se reconnaître sans qu’ils se soient jamais vus. La réalité coupera la route à ce rêve et « très calmement, » deviendra tout à coup « de toute urgence ». Les ateliers prennent la relève des voyages. Et ce n’est pas pour rien qu’alors la seule lumière du nord de ces hautes verrières écartera tout autre soleil que celui des couleurs, et deviendra le témoin de tant d’études sur le vivant. […]

 

[…] En septembre [1940], elle retrouve Nicolas à Nice. Il donnera à son prénom la forme longue et dorénavant au lieu de signer Janine Teslar, elle signera Jeannine Guillou. […]

 

[…] À Nice, Nicolas peint des portraits de Jeannine. Le portrait à l’écharpe jaune avec une sonorité du Greco. Paysage au broc et Maisons à Nice avec son drap qui sèche. Ces deux tableaux se répondant nous disent la proximité des deux peintres. […]

 

[Lorsqu’ils remontent fin 1943] à Paris, Jeanne Bucher leur donne les clés […] [de l’hôtel particulier de Pierre Chareau] rue Nollet. Ils s’y installèrent dans le plus grand dénuement en trouvant que c’était un luxe. […]


[…] Sachant ne rien s’approprier pour que les choses soient surtout données en elles-mêmes. Elle habitait cet « en soi ». Elle se tenait dans l’ouverture et l’irradiation de la peinture comme devant le feu d’une forge océanique, « celui d’une fièvre de travail qui vous saisit véritablement ».[…]

 

[…] Il aura fallu à cette époque, tout le solaire de Jeannine pour que Nicolas sorte par éclairs et orage de sa nuit. Les tableaux, forts de cette lumière qui couve l’éclat, ont une formidable détonation au regard du solaire. « Quand Jeannine peignait, elle était joyeuse, elle chantait Quand Nicolas peignait, il était grave, absorbé, inquiet. » (Jean Deyrolle) […]


[…] Tout à coup cette fraîcheur avec laquelle elle intervenait sur sa propre toile se confondit à L’Orage. Elle laissa le monde à l’éclosion d’une expression nouvelle sans en perdre un pétale. Et du vert au noir la déclinaison s’épuisa. C’est elle alors qui s’écarta. […]

http://www.info-antibes.com/evenements/220-l-la-rencontre-de-nicolas-de-stael-et-de-jeannine-guillou-la-vie-dure-r

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