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La Bonne Mère donne la foi aux Marseillais

Par Paul Molga | 16/08 | 06:00
 

La basilique inaugure son musée, un parcours aux allures de catéchèse pour doper la fréquentation.

La statue dorée de la Vierge veille sur Marseille depuis 1870. - Photo Only France/AFP
La statue dorée de la Vierge veille sur Marseille depuis 1870. - Photo Only France/AFP

Impossible de rater sa silhouette religieuse.

Erigée il y a bientôt cent cinquante ans sur la plus haute colline de Marseille, la basilique Notre-Dame-de-la-Garde éclaire le ciel phocéen de la luminosité des huit roches de calcaire et de grès qui ont servi à sa construction. « C'est plus qu'un édifice, plus même qu'un symbole. Visible de tous, d'où qu'on vienne, de terre ou de mer, c'est une véritable protection pour les Marseillais », décrit le maire, Jean-Claude Gaudin, venu inaugurer il y a quelques jours le nouveau musée de la Bonne Mère, surnom affectueux donné à la statue monumentale dorée de la Vierge qui orne le clocher depuis 1870.

 
 

C'est aussi un sanctuaire qui surprend les 2 millions de visiteurs annuels, fidèles, pèlerins, ou simples touristes : bâtie sur un promontoire militaire, l'enceinte est cernée de murailles équipées de meurtrières et d'un pont-levis qui aujourd'hui encore se relève tous les soirs. François I er est à l'origine de cette bizarrerie quand, en guerre contre Charles Quint, qui veut s'emparer de la Provence, il fait construire un fort sur cette colline de la Garde qui fait office de vigie à 149 mètres d'altitude et enveloppe dans ces murs une petite chapelle établie depuis 1214.

Un lifting à 12 millions d'euros

Elle aurait pu être détruite ou reconvertie en dépôt de munition, mais le roi autorise le public à y accéder en temps de paix. Au fil des ans et des épidémies, les processions se développent. L'édifice expose sur ses murs et suspendus à la nef près de 2.500 ex-voto sous forme de peintures, maquettes et autres plaques gravées qui racontent des histoires incroyables de naufragés secourus, de guérisons inespérées, de soldats revenus vivants du front, d'accidentés miraculés ou de voeux exaucés. En 1851, les administrateurs de la basilique obtiennent l'autorisation du ministère des armées d'édifier un nouveau sanctuaire pour accueillir les fidèles. La construction de ce que son architecte, Henri Espérandieu, veut être un joyau de l'art romano-byzantin prendra plus de quarante ans. Son succès est tel qu'on fait même ériger sur ses flancs un ascenseur aujourd'hui détruit, mais de nouveau à l'ordre du jour.

Contre une maison en ville, le diocèse a pris la pleine propriété du site en 1941 et hérité de son coûteux entretien. Abîmé par les embruns et les combats de la libération de Marseille, l'édifice de calcaire avait besoin d'un sérieux lifting. Pour 12 millions d'euros financés par des dons, deux importantes campagnes de travaux ont été menées entre 2000 et 2008. A l'extérieur, certaines pierres effritées sur une épaisseur de 5 centimètres ont été remplacées à l'identique par des roches traitées. Des armatures métalliques ont également été renforcées. A l'intérieur, le chantier a été plus important encore : certains stucs de la nef victimes d'infiltrations ont dû être refaits et les panneaux de mosaïques endommagés et noircis par la fumée des cierges ont été restaurés. Avec la livraison du musée, sorte de catéchèse populaire conçu pour 6,6 millions d'euros supplémentaires, le grand chantier touche à sa fin. Juste à temps pour les célébrations, en décembre, des huit cents ans de l'oratoire originel.

Paul Molga
Correspondant à Marseille
 
 

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