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Autoentrepreneurs, n'ayez plus peur de grandir !

Par Les Echos | 09/09 | 06:00
 

Le statut d'autoentrepreneur a été une révolution. Pour la première fois en France, on a fusionné en un prélèvement unique les impôts et les charges sociales. Révolution également car, pour la première fois, on a posé la règle du « pas d'activité = pas de charges sociales ». Révolution enfin car, pour la première fois, on a associé entrepreneuriat et simplicité administrative.

Des messages psychologiquement très forts ont ainsi été envoyés à tous les entrepreneurs en puissance, comme en atteste le succès de ce régime.

Il n'en demeure pas moins que, selon nous, une réforme est aujourd'hui nécessaire, car le régime de l'autoentrepreneur tel qu'il existe actuellement incite les autoentrepreneurs à s'autocensurer. La peur d'approcher les seuils qui les feront basculer dans l'autre monde les tétanise. Les nombreux exemples d'autoentrepreneurs qui déclarent : « S'ils baissent les seuils, j'arrête ! », si souvent relayés par les médias, montrent bien que pour rien au monde, ils ne veulent passer dans cet autre monde !

Avoir convaincu tant de personnes de s'inscrire au poney sans réussir à donner l'envie de faire du cheval : voilà le problème du système actuel !

Selon nous, le niveau des plafonds n'est, de très loin, pas la question principale qui doit sous-tendre la réforme. 32.000 ou 19.000 euros, peu importe ! Ce qui compte, c'est de gommer les craintes liées au dépassement de seuil, craintes dont l'effet est dévastateur, tant pour les autoentrepreneurs euxmêmes que pour notre économie nationale. Deux options peuvent être envisagées.

La première, celle que nous préconisons, est la méthode retenue par la fiscalité, qui parvient parfaitement à neutraliser les effets de seuil comme le montre le barème de l'impôt sur le revenu. Ses taux progressifs et son fonctionnement par tranches permettent de limiter les conséquences du franchissement de seuils en n'appliquant le taux le plus élevé qu'à la seule fraction du revenu dépassant le seuil. Techniquement donc, on sait faire. Le message associé serait bien plus positif : auto-entrepreneurs, n'ayez plus peur de grandir !

La seconde, celle que beaucoup appellent de leurs souhaits, consisterait à effacer les différences entre le régime normal et le régime d'autoentrepreneur, non pas en diminuant les avantages des autoentrepreneurs, mais davantage en en élargissant le bénéfice aux artisans et commerçants relevant du régime ordinaire. L'idée est en effet pertinente ! Par la mise en place du régime de l'autoentrepreneur, la France est parvenue à de grandes avancées telles que la simplification des procédures de création ou encore le regroupement des prélèvements obligatoires, avec pour conséquence un véritable changement des mentalités des porteurs de petits projets. Pourquoi ne pas généraliser ces modifications pour faire évoluer les mentalités de tout un pays ?

Mais il est possible d'aller plus loin encore. En effet, est-il vraiment opportun de segmenter la population : d'un côté, les salariés rattachés à la Sécurité sociale, de l'autre, les indépendants rattachés au régime social des indépendants (RSI) ? Arrêter d'opposer les artisans et les autoentrepreneurs, les indépendants et les salariés, les actifs et les non-actifs dans des régimes différents pour que tous aillent ensemble dans la même direction : voilà une belle idée !

Emmanuelle Deglaire

Emmanuelle Deglaire est directrice du MSC Entrepreneurship Edhec Business School

http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0202988741581-autoentrepreneurs-n-ayez-plus-peur-de-grandir-602722.php

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