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Chantal Thomas : deux poupées sous la Régence

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RENTRÉE LITTÉRAIRE - Dans L'Échange des princesses, à travers l'histoire réelle de deux jeunes princesses, Chantal Thomas pose le problème de la liberté.

On le sait depuis ses exaltants Adieux à la reine, Chantal Thomas excelle dans les portraits de femmes, avec une prédilection pour ce XVIIIe siècle qu'elle affectionne tant. Trois ans après Le Testament d'Olympe, dans lequel elle opposait les destins de deux sœurs, voilà qu'elle nous raconte l'enfance de deux princesses dans un roman enivrant dédié à ­Alfredo Arias.

Nous sommes en période dite de Régence. Louis XIV vient de mourir. L'héritier du trône, le futur Louis XV, n'a que douze ans. L'intérim royal est assuré par Philippe d'Orléans, neveu de feu le Roi-Soleil. Un homme d'armes, amateur de bamboches. Le royaume de France cherche la paix.

Sa frivolité n'en fait pas moins un fin stratège. En 1721, le régent organise, avec la complicité de son conseiller le duc de Saint-Simon (le grand mémorialiste), de marier sa fille de douze ans au jeune prince des Asturies, le futur Philippe V d'Espagne. Parallèlement, il propose l'union de l'infante avec le futur Louis XV. La petite Anna Maria n'a pas encore quatre ans. Ce sera l'échange des princesses, deux poupées de porcelaine ballottées entre deux mondes, deux cours, deux langues que Chantal Thomas nous fait découvrir, par la grâce de son art subtil, par son regard scrutateur. Watteau n'est pas loin.

Des baisers qui claquent

Deux destins croisés par-delà les Pyrénées en un temps où tout n'est que bals, menus plaisirs, fastes, baisers furtifs, rumeurs, maléfices, scandales, chaconnes et rigaudons, règlements de comptes. Les libertés et la débauche gagnent du terrain. Le peuple claironne le refrain: «C'est le joli temps de la Régence, où l'on fit tout excepté pénitence.» Choyée, adulée, l'infante «a le goût des senteurs capiteuses, des baisers qui claquent, des chansons à pleine voix». Quant au futur Louis XV, voilà comment elle l'imagine et le décrit avec tendresse et bienveillance, alors qu'il est à Versailles: «Le jeune garçon porte des bas rose vif, un habit vert pomme. Il appartient au printemps. Il est si charmant et léger, il déambule avec tant de grâce que, plutôt que le rusé Dubois, ce sont peut-être les elfes et les fées disséminés au creux des troncs d'arbres, dans les tiédeurs du sainfoin et les palais de mousse.» Dans cette vaste galerie de personnages reflétés dans des miroirs dorés, on croise également Mme de Montespan, le cardinal Dubois, le détrousseur Cartouche, la duchesse de Berry, la princesse Palatine… La fin de l'histoire, on la connaît: elle appartient à l'Histoire. Une nouvelle fois, à travers le destin de ces femmes prisonnières de leur rang, otages de leur sang royal et jouets de la diplomatie, Chantal Thomas pose trois siècles plus tard la question sempiternelle de l'émancipation et de la liberté: sommes-nous vraiment les acteurs de nos vies?

«L'Échange des princesses», de Chantal Thomas, Seuil, «Fiction  Cie», 342 p., 20 €.

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