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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Des anniversaires

En Bosnie, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand reste controversé

À Sarajevo, les motifs de l’assassinat de l’héritier de l’Autriche-Hongrie sont toujours discutées.

 

9/1/14 - 14 H 00

Avec cet article

28 juin 1914. L’archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. Il était l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie et sa mort enclenche le mécanisme qui mènera à la Première Guerre mondiale.

« Un message de réconciliation »

Un siècle plus tard, Sarajevo se prépare à commémorer les événements. « Après 1914, après le siège de 1992-1995 et après les Jeux olympiques d’hiver de 1984, on espère remettre Sarajevo sous le feu des projecteurs dans un message de réconciliation, de paix et de solidarité », explique Jasmina Pasalic, présidente de la fondation chargée des commémorations, « Sarajevo, cœur de l’Europe ».

Créée en 2012, la fondation réunit à la fois la mairie de Sarajevo, la mission française du centenaire et plusieurs ambassades européennes, dont celles de France, d’Allemagne et d’Autriche. Soutenue financièrement par la délégation de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine, elle prévoit plusieurs événements sous la forme d’un festival pluridisciplinaire incluant, entre autres, une course cycliste, des concerts, la diffusion d’un film ou encore une conférence historique.

Un sujet très sensible

Bien qu’ayant lieu du 21 au 28 juin, il ne s’agit pas de « commémorer l’assassinat mais bien le début de la guerre, avance Jasmina Pasalic. C’est là-dessus qu’on a pu obtenir le plus large consensus. » À Sarajevo, le sujet reste en effet très sensible. Au cœur des potentielles polémiques historiographiques : la figure de Gavrilo Princip.

De celui-ci, on sait qu’il a appuyé sur la détente et tué l’héritier du trône le 28 juin 1914. On sait aussi que c’était un citoyen de l’Empire austro-hongrois aux racines serbes orthodoxes. Ses motivations, en revanche, restent discutées. Plusieurs théories, plus ou moins probables, existent autour de son geste : on le dit tour à tour manipulé par la Serbie, par les Russes, par l’Autriche-Hongrie même, ou encore par la France ou la Grande-Bretagne. Certains le disent franc-maçon.

 « Au-delà des théories du complot, estime Tim Butcher, un journaliste britannique qui a retracé le parcours de Princip dans un livre prévu pour le 1er  mai 2014 (The Trigger , The Journey That Led the World to War in 1914, en anglais) , si on ne s’en tient qu’aux preuves, on voit bien que Princip était un agent libre », motivé, estime-t-il par la seule envie de libérer les Slaves du Sud de l’impérialisme austro-hongrois. « C’est ce qui ressort de ses correspondances et des propos qu’il a pu tenir au cours de son procès. Princip était un radical, un rêveur, un précurseur yougoslave (NDLR : « Yougoslave » signifie « Slave du Sud ») . Mais en aucun cas un agent de qui que ce soit, encore moins des Serbes. »

De toutes les théories, la plus entendue le relie en effet à la Serbie : « Les enquêteurs de l’Empire l’ont présenté comme un radical nationaliste serbe, poursuit Butcher. L’enquête fut très politisée, l’Empire ne voulait voir dans cet assassinat que l’œuvre de la Serbie. »

Une guerre de défense

En Serbie, aujourd’hui, la Première Guerre mondiale est ainsi perçue par tous comme une guerre de défense contre l’Autriche-Hongrie et ses alliés. « Au début du XXe siècle, analyse Milos Jagodic, historien serbe, l’Empire avait perdu de son prestige et cherchait un moyen d’en découdre avec la Serbie, qui refusait d’entrer dans sa sphère d’influence ; l’assassinat fut un bon prétexteLa Serbie ne voulait pas de cette guerre, elle se remettait doucement des guerres balkaniques (1912-1913), elle n’y était pas préparée. »

À l’approche du centenaire, plusieurs conférences historiques seront organisées, notamment à Belgrade et à Sarajevo… mais, compte tenu des polémiques qui les précèdent parfois – tant sur leur programme que sur leurs participants – il est peu probable qu’elles aideront à définir une historiographie commune à tous les protagonistes de la guerre.

Sophie Guesné, à Sarajevo

 
 

9/1/14 - 14 H 00

http://www.la-croix.com/Actualite/France/En-Bosnie-l-assassinat-de-l-archiduc-Francois-Ferdinand-reste-controverse-2014-01-09-1086943

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