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Bernard Petit, ex-patron du 36 quai des Orfèvres

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À l'occasion de la parution de son premier roman, Bernard Petit, l'ex-patron du 36 quai des Orfèvres, a répondu à nos questions. 

La Traque est votre premier polar. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette aventure qu’est l’écriture ? Est-ce une idée qui germait en vous depuis longtemps ?

J’aime écrire. J’ai toujours écrit. De façon confidentielle, pour mes proches. J’ai, par exemple, de très nombreux carnets de voyage avec des textes et des aquarelles. J’ai aussi rédigé une dizaine de nouvelles. Et ça faisait un certain temps que j’avais envie d’écrire un roman, tout en redoutant de le faire pour de nombreuses raisons.

En effet, même avec une histoire solide, il faut vraiment du temps et de la persévérance pour aboutir. Et puis, je suis aussi un lecteur. Quand je commence un livre, j’ai des attentes : je veux être emporté par l’histoire, je veux être surpris, je veux rencontrer des hommes et des femmes, je veux m’interroger… C’est fou ce qu’on peut être exigeant. Alors, quand on devient auteur, on repense à tout ça et on a peur de décevoir.

Pour moi, écrire un roman, c’est bien sûr raconter une histoire dans l’espoir qu’elle suscite l’intérêt, qu’elle captive le lecteur, mais pas que… C’est aussi s’exposer plus personnellement en livrant une certaine perception du monde et de la société. Or, le regard des autres est, comme pour beaucoup de gens, une véritable source d’appréhension.

Finalement, écrire, c’est une aventure. D’autant que, chose à laquelle je ne m’attendais pas, on peut se laisser déborder par ses personnages ! Par une alchimie mystérieuse que je ne sais pas expliquer, ils finissent par vous échapper, ils ont leur propre vie. Certains en viennent même à vous tirer par la manche pour que vous leur fassiez plus de place…

 

Vous avez consacré de nombreuses années de votre vie à la police et avez même été patron du célèbre quai des Orfèvres. On imagine donc facilement que vous puisez votre inspiration dans cette longue expérience. Mais vous avez cependant décidé de vous lancer dans la fiction. Pourquoi ce choix ?

Évidemment, 38 ans d’enquêtes criminelles, ça ne s’oublie pas, ça change même votre regard sur la vie quand ça ne change pas votre personnalité ! Durant toutes ces années, j’ai écrit pas mal d’articles, de rapports, de notes, d’études… Mais dans ce genre d’écriture, on ne s’en tient qu’aux faits, on retient sa plume, on justifie beaucoup. Il n’y a pas de place pour l’imaginaire. On aborde rarement la question des sentiments. Il faut dire aussi que, dans une enquête, il est fréquent qu’on n’appréhende pas toute la vérité. Il y a beaucoup de trous, des choses qu’on ne sait pas expliquer, des moments qui restent secrets… Dans un roman, on peut combler ces « blancs », transformer les faits, et laisser place à son imagination. Il est également moins délicat de dire certaines vérités.

 

En lisant La Traque, votre refus du manichéisme apparaît assez clairement. En effet, si on perçoit chez les braqueurs une vraie humanité, certains policiers, quant à eux, ont indéniablement un côté sombre. Était-ce important pour vous de veiller à cet équilibre en construisant des personnages avant tout caractérisés par leur complexité ?

Oui, c’était important. Le monde n’est pas binaire, loin de là ! L’humain est extraordinairement compliqué. Qu’on le reconnaisse ou pas, il y a toujours une sorte de loterie de la vie, au moins au départ, selon son milieu ou son lieu de naissance. Le droit chemin peut être plus caché pour certains et, du coup, la tentation de prendre des raccourcis plus grande.

Le « monde obscur » auquel je fais référence dans ce roman, c’est bien entendu l’univers criminel, celui que les braves gens ne connaissent pas, sauf quand ils en sont victimes. Mais c’est également la part du Mal qui est au fond de chacun et qui peut conduire, dans certaines circonstances, à des comportements, disons, improbables. La certitude absolue d’appartenir au camp du Bien ne suffit pas toujours à éviter de se transformer en monstre, et les personnages de Delise et Hartmann en sont de beaux exemples. C’est un effort de tous les instants de garder le bon cap. Parfois, un moment d’inattention suffit à basculer de l’autre côté…

 

Vous décrivez un univers très masculin, tant du côté des malfaiteurs que du côté des flics. Est-ce une volonté de votre part ou le simple reflet d’une réalité ? Si vous aviez dû mettre en avant une figure féminine dans ce roman, laquelle aurait-ce été ?

Non, ce n’est pas une volonté délibérée. C’est juste que le monde de la criminalité violente est quasi exclusivement masculin, les femmes y sont beaucoup moins représentées. Dans un souci de vraisemblance, j’ai donc résisté à la tentation de mettre non pas une, mais plusieurs femmes en avant…

Côté flic, j’étais très attaché au commandant Florence Delambre. C’est une femme d’exception. Ses qualités professionnelles surpassent celles de ses collègues masculins. Elle est au-dessus du lot et d’une grande vivacité d’esprit ! Même si sa personnalité garde sa part de mystère pour le lecteur, il y a une vraie histoire derrière elle.

Et côté obscur, c’est évidemment de Léa, l’ancienne maîtresse de Brian, dont j’aurais pu parler davantage. Même si elle traverse la vie des autres comme une météorite, l’effet papillon est saisissant ! Cette femme a même le rôle principal. Elle est comme une synapse qui met en contact deux terminaisons nerveuses, en l’occurrence deux mondes que tout oppose et qui ne devraient pas se rencontrer. De plus, contrairement à tous les autres personnages, pas question pour elle de rester au milieu de cette histoire. Au final, c’est la seule qui parvient à s’extraire de la spirale criminelle. Son histoire, avant et après La Traque, mériterait d’être racontée. Un jour, peut-être…

En fait, j’ai beaucoup d’affection pour toutes les femmes de ce roman. Et en disant cela, je pense également à Mélanie, car, au cours de ma carrière, j’ai rencontré beaucoup de « Mélanie » qui, par amour, ont accepté de mener des vies qu’elles n’auraient jamais choisies autrement.

 

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