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Catégories : CE QUE J'AI LU,VU (et aimé), J'ai lu dans la presse

Mort de l’acteur Henri Serre, le Jim de Jules

Henri Serre, en octobre 1962.© Botti

Article de Didier Péron •13h

Pour la postérité, il est et restera Jim dans le Jules et Jim de François Truffaut, récit d’une amitié durable dans les années 1900 entre un Français et un Autrichien (Oskar Werner), amoureux de la même femme – Catherine (Jeanne Moreau). Henri Serre est mort le 9 octobre à 92 ans. On sait en définitive peu de choses sur cet homme discret qui fut dans les années 50 un chanteur de cabaret se produisant dans la rive gauche parisienne avec son ami Jean-Pierre Suc.

«Jules et Jim est un roman d’amour en style télégraphique, écrit par un poète qui s’efforce de faire oublier sa culture et qui aligne les mots et les pensées comme le ferait un paysan laconique et concret», disait François Truffaut. Le cinéaste a acheté par hasard le livre tardif de Henri-Pierre Roché qui a 73 ans quand il le publie, en 1953, donnant une version romanesque d’une histoire personnelle complexe et identique impliquant l’écrivain allemand Franz Hessel et son épouse Helen Grund. Le choix de Truffaut pour Henri Serre tenait, semble-t-il, à la ressemblance physique entre le comédien et l’auteur du livre dans sa jeunesse. La comédienne, Liliane David, de passage sur le plateau de Jules et Jim en mai 1961, racontait à Libération : «C’était compliqué parce que tout le monde était amoureux de Jeanne Moreau : le coproducteur Raoul Lévy, Henri Serre, François [Truffaut] évidemment. Il était littéralement fasciné par elle. L’ambiance était par moments euphoriques et par moments très pénible, presque tragique.» La chanson le Tourbillon, écrite et composée par Serge Rezvani, chantée par Jeanne Moreau, sera la ritournelle définitive de cette histoire d’amour à trois : «On s’est connu, on s’est reconnu /On s’est perdu de vue, on s’est r’perdu d’vue /On s’est retrouvé, on s’est réchauffé /Puis on s’est séparé.»

La même année, Henri Serre joue Paul, l’imprimeur du Combat dans l’île d’Alain Cavalier dont Anne (Romy Schneider) tombe amoureuse. Et il a un petit rôle dans le feu follet de Louis Malle avec Maurice Ronet, déambulation d’un suicidaire dans Paris, adapté d’un roman de Pierre Drieu la Rochelle, film régulièrement revisité pour son aura ténébreuse, que ce soit par Joachim Trier (qui en fit le remake dans Oslo, 31 août) ou récemment par Justine Triet, qui le citait comme un de ses films favoris.

 

Curieusement, Serre ne poursuit pas sa route aux côtés des auteurs de la Nouvelle Vague, multipliant les choix hasardeux entre Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 de Michel Boisrond ou Club privé pour couples avertis de Max Pécas. Dans cette même période, il semble plutôt s’investir dans son goût pour le théâtre, jouant Shakespeare, Hugo, Claudel… Il fait une apparition chez Manoel de Oliveira dans le Soulier de satin en 1985, seule mention notable d’une filmo complètement partie en vrille. Parallèlement, il écume les plateaux des séries et téléfilms français dont le rôle-titre dans Moi, général de Gaulle de Denys Granier-Deferre en 1990.

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/culture/mort-de-l-acteur-henri-serre-le-jim-de-jules/ar-AA1i3oz0

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