Quelle est cette femme qui fut capable d’embraser la sensibilité et l’esprit du philosophe Friedrich Nietzsche et ne cesse, depuis, d’imposer son insolence sur les scènes lyriques ? Qui est cette héroïne assez populaire pour se faire porte-parole de « réclames » vantant quelque détergent ou, plus poétique, un parfum aux fragrances sensuelles ? Qui est ce personnage que toutes les mezzo-sopranos rêvent d’incarner, tant son parcours vocal et dramatique, du triomphe à la mort, répand des accents flamboyants, à la fois nobles et sulfureux ? C’est Carmen, la bohémienne imaginée par Mérimée et magnifiée, en 1875 à l’Opéra Comique, à Paris, par Georges Bizet, un jeune compositeur qui devait mourir trois mois plus tard, il y a tout juste 150 ans. Marginale, provocatrice, fataliste, courageuse, moqueuse, amoureuse souvent – mais pas pour longtemps –, Carmen est une icône. Celle d’une liberté exaspérant l’ordre établi.
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