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Le peintre qui multiplie les citations

  • Catégories : Courbet Gustave

    Le peintre qui multiplie les citations

    É. B.-R..
     Publié le 11 octobre 2007
    Actualisé le 11 octobre 2007 : 10h10
    Le maître d'Ornans apparaît comme un affamé d'images, qu'elles soient anciennes ou contemporaines. D'où vient le format panoramique d'Un enterrement à Ornans ? Du Sacre de David, des portraits de groupes hollandais que l'on peut voir au Rijksmuseum d'Amsterdam et, plus avant, des cortèges médiévaux. D'où vient Bonjour Monsieur Courbet ? De l'imagerie populaire du Juif errant et aussi de l'Adoration des mages de Masaccio. Comment expliquer ce très haut fond de tableau dans L'Atelier du peintre si ce n'est par le souvenir de celui des Ménines de Vélasquez ?
    Moins érudit qu'un Delacroix, Courbet n'en est pas moins un affamé d'images, qu'elles soient anciennes ou contemporaines. S'il reprend tout de mémoire, il a longtemps arpenté les musées de France et d'Europe pour en faire son miel. Un peu comme le fera plus tard Picasso. Artiste de la rupture avec l'académisme, son oeuvre tisse donc, comme le montre à plaisir l'exposition, d'innombrables liens avec le passé.
    L'Hallali du cerf doit ainsi beaucoup, tant aux cavaliers napoléoniens de Gros ou de Delacroix qu'aux scènes de chasse royales d'Oudry. Le cou du cerf du Rut de printemps est aussi improbablement étiré que celui de la nymphe dans le Jupiter et Thétis d'Ingres. De même, c'est à ce peintre du Bain turc qu'il faut abandonner le bras lisse de la brune probablement en phase de repos postcoïtal dans Les Demoiselles des bords de la Seine (été). Toutes ces citations sont la définition même du réalisme selon Courbet, lequel consiste, comme l'avait dit Barthes à propos de Balzac, « non à copier le réel, mais à copier une copie (peinte) du réel ».