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Catégories : Des femmes comme je les aime

Sonja Ferlov, femme Cobra

 

 

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    Par Valérie Duponchelle Mis à jour le 16/03/2012 à 11:23 | publié le 15/03/2012 à 10:49
    Sonja Ferlov dans son studio en 1983 (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)
    Sonja Ferlov dans son studio en 1983 (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)
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      Paris est invité à redécouvrir feu Sonja Ferlov, l'une des rares artistes femmes du modernisme danois et pilier discret de l'axe Paris-Copenhague. Portrait d'une sage et d'une résistante.

 

  • Sonja Ferlov, femme Cobra

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    Par Valérie Duponchelle Mis à jour le 16/03/2012 à 11:23 | publié le 15/03/2012 à 10:49 Réagir
    Sonja Ferlov dans son studio en 1983 (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)
    Sonja Ferlov dans son studio en 1983 (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)
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    Paris est invité à redécouvrir feu Sonja Ferlov, l'une des rares artistes femmes du modernisme danois et pilier discret de l'axe Paris-Copenhague. Portrait d'une sage et d'une résistante.

    COBRA est un courant créé en 1949 en réaction à la querelle entre l'abstraction et la figuration. C'est aussi l'acronyme de «Copenhague, Bruxelles, Amsterdam», du nom des villes de résidence de ses membres fondateurs: Christian Dotremont, Asger Jorn, Karel Appel, Constant, Corneille, le jeune Pierre Alechinsky, Pol Bury, Henry Heerup, Carl-Henning Pedersen, Atlan et Pierre Wemaëre, récemment disparu. Les Parisiens pourront désormais y ajouter Sonja Ferlov (1911-1984), petit modèle de femme et fort tempérament, comme le démontre la Maison du Danemark dans son exposition intitulée «Confiance» (du nom de sa sa grande sculpture totemique de 1963). Pour bien des Français, le travail de ce sculpteur «qui découpait ses pensées en plâtre» est une découverte. Sauf s'ils sont allés au Danemark. Ou encore plus ciblé, dans le Jutland, au Musée Asger Jorn de Silkeborg ou au Musée Carl-Henning Pedersen à Herning, deux lieux excentrés, hors modes et bénis des vrais amateurs d'art moderne.

     

    «Mask» de Sonja Ferlov, 1970, hauteur 52 cm. (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)
    «Mask» de Sonja Ferlov, 1970, hauteur 52 cm. (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)

     

    Non seulement Sonja Ferlov fut l'une des rares femmes artistes de son époque, mais la jeune peintre éprise de Klee et de Kandinsky opta pour la sculpture, cette discipline d'homme, prit très tôt une orientation internationale, quitta Copenhague la sage pour Paris en ébullition en 1936... Sur la piste d'un contact direct avec l'art moderne. Elle trouva un atelier dans un petit immeuble du 46 rue Hippolyte Maindron dont les deux autres ateliers étaient occupés par Alberto et Diego Giacometti. Alberto lui apprit à construire une sculpture directement en plâtre et les deux frères restèrent des amis très proches. C'est d'ailleur dans l'atelier d'Alberto qu'elle donna naissance à son fils unique, Wonga Mancoba, aujourd'hui un pur Parisien mais parlant danois comme sa mère, un artiste, forcément comme ses deux parents. «Elle fit connaissance avec le mode d'expression du surréalisme, par l'intermédiaire de Jean Arp et de Miro. Dans le tout nouveau Musée de l'Homme, elle retrouva les expressions multiples de l'art océanique et africain, et le masque devint pour elle un motif important», raconte l'historien de l'art, Troels Andersen, mémoire vivante du grand artiste du COBRA danois Asger Jorn et figure incontournable de son musée blanc, avec son vélo d'écolo et son petit bonnet en laine de lutin.

    Une histoire française

    «Lorsqu'on ne suit pas le courant, on doit être conscient que plus de mille fois dans la vie, il faudra affronter l'opposition et les constants bâtons dans les roues. mais c'est extérieur, et pas essentiel, même si sur le moment cela paraît l'être. L'essentiel, c'est avoir l'aptitude de ne pas laisser les autres grignoter son courage intérieur et de garder son cap en dépit de tout (...) Rien que de la patience, du courage et du courage, et puis ne jamais perdre foi en l'homme», disait en 1962 l'artiste déterminée Sonja Ferlov, en disciple modeste de Kipling, poète de la force d'âme et de la droiture morale. Quand la guerre éclata en septembre 1939, elle fut contrainte au dernier moment de quitter Paris son son fiancé, l'artiste sud-africain Ernest Mancoba (1904-2002). Citoyen du Commonwealth, il fut alors interné à la Grande Caserne à Saint-Denis. Sonja obtint des autorités allemandes une autorisation de retour et son mariage fut célébré en 1942 dans le bureau du commandant allemand du camp de Saint-Denis, par le maire français. Une histoire française, donc.

     

    «Mask» de Sonja Ferlov, 1965-1975. (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)
    «Mask» de Sonja Ferlov, 1965-1975. (Courtesy Galerie Mikael Andersen, Copenhague)

     

    «Ce n'est pas la première fois que la Maison du Danemark accueille une exposition de Sonja Ferlov. Nous avons eu cette chance quand elle était encore vivante, en 1970. «L'essentiel, peut-on lire dans l'une de ses lettres, ne sont pas les sculptures, mais l'esprit commun qu'on s'efforce d'exprimer». L'harmonie, le respect, l'unité semblent des valeurs importantes de sa recherche artistique, valeurs qu'elle ne trouve pas souvent dans le monde qui l'entoure», souligna SE madame l'ambassadeur du Danemark en France, Anne Dorte Riggelsen, fière au nom de toutes les Danoises. Aujourd'hui, la promenade de Sonja Ferlov Mancoba est une épure en en noir et blanc, sans coquetterie ni fioritures, étonnamment sereine. Quelques dessins, beaucoup de sculptures prêtés par les musées, collectionneurs et galeries danois, à commencer par le galeriste Mikael Andersen, toujours entre Copenhague et Berlin, initiateur du projet. Cette exposition au parfum désuet'est un retour dans le temps désarmant.

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    Par Valérie Duponchelle
    Grand reporter service Culture,

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