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Catégories : Sport

Bahreïn : la F1 en plein cas de conscience

Par Cédric Voisard Mis à jour le 12/04/2012 à 09:02 | publié le 11/04/2012 à 20:31
Apparu en 2004 dans le calendrier du championnat du monde de F1, le Grand Prix de Bahreïn a vu sa dernière édition se dérouler en 2010<i>(ici Lewis Hamilton)</i>.<br/>
Apparu en 2004 dans le calendrier du championnat du monde de F1, le Grand Prix de Bahreïn a vu sa dernière édition se dérouler en 2010(ici Lewis Hamilton).
Crédits photo : © Steve Crisp / Reuters/REUTERS

Annulé en 2011, le Grand Prix programmé le 22 avril prochain divise les acteurs et les autorités de la discipline après un regain de tension dans le royaume du Golfe.

Les écuries de Formule 1, actuellement à Shanghaï pour y disputer dimanche le Grand Prix de Chine, sont dans l'expectative concernant leur prochaine destination, Bahreïn, où elles sont supposées courir le 22 avril. Mardi, le président du circuit situé à Sakhir, Zayed al-Zayani, a lancé une campagne de communication «en réponse aux spéculations des médias». A l'appui, les témoignages de différents officiels, dont celui de Iain Lindsay, l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Manama, tous persuadés que le petit royaume du golfe Persique offre les garanties de sécurité nécessaires à l'accueil de la F1, un an après l'annulation du GP en raison des troubles qui secouaient le pays sur fond de printemps arabe.

Quelques heures plus tard, les agences de presse rapportaient cependant de nouveaux heurts confessionnels au sud de la capitale. Selon différents témoignages, des centaines de civils sunnites ont attaqué mardi soir des villages chiites, probables représailles après l'explosion d'une bombe artisanale qui a blessé lundi sept policiers. Aujourd'hui, la plupart des directeurs d'écurie sont persuadés que la situation est loin d'être apaisée sur place entre le pouvoir sunnite et l'opposition chiite, et que le déplacement à Bahreïn n'a aucun sens.

Cramponné à ses obligations commerciales, Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, s'est réfugié mardi derrière les garanties fournies par les autorités locales, tout en précisant qu'il ne pouvait pas forcer les écuries à faire le déplacement. La Fota, l'association qui regroupe sept d'entre elles, a rappelé immédiatement «qu'une telle décision ne pouvait être prise par les équipes, lesquelles s'en remettaient à la FIA, l'autorité de tutelle du championnat du monde».

Pour la Fédération internationale de l'automobile, présidée par Jean Todt, l'affaire est délicate. Il est avant tout question de politique à l'échelle de cette région du Golfe. Ce Grand Prix, Bahreïn l'a obtenu en 2004 dans le cadre d'une stratégie de promotion économique et touristique. Aujourd'hui, la bonne tenue de l'événement est devenue, pour le roi Hamad Ben Issa al-Khalifa, un symbole crucial de la stabilité de son royaume: proche de l'Arabie saoudite, membre du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, Bahreïn est d'autant plus concerné par les problématiques irakienne et iranienne qu'il est le port d'attache de la Ve flotte de l'US Navy.

«Solution humanitaire»

Très critiqué l'an dernier pour la répression meurtrière menée contre les opposants chiites, le gouvernement a depuis lancé différentes réformes, et pris conseil auprès de spécialistes anglo-saxons en matière de sécurité intérieure. Alors que Zayed al-Zayani dénonce «un débat mené depuis leurs fauteuils par quelques personnes mal informées de la situation sur place, combiné à la stratégie de la peur menée (…) par des extrémistes minoritaires», l'Égyptien Mahmoud Cherif Bassiouni, président de la commission d'enquête indépendante sous le monitoring de laquelle a été placé le pays, estime que «le Grand Prix est un élément de fierté nationale qui offre aux Bahreïniens un point de départ pour forger leur processus de réconciliation.»

Il n'empêche que, dans la foulée de Ban Ki-moon et d'autres chancelleries, la France a appelé mercredi Bahreïn à «trouver rapidement une solution humanitaire» au sujet de l'opposant chiite Abdulhadi al-Khawaja, condamné à la prison à vie et dans un état critique après deux mois de grève de la faim. Dans un tel contexte, et même si Sebastian Vettel, le no 1 mondial, s'est déclaré prêt à rouler à Bahreïn, la réserve des écuries de F1 est compréhensible. La sécurité de l'événement n'est pas leur seule préoccupation. Elles ont le souci de ne pas être instrumentalisées et préféreraient éviter le déplacement. Pour ajouter au malaise, l'organisation a annoncé mercredi un concert gratuit du groupe LMFAO à la fin du Grand Prix…

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