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Thierry Frémaux: «Mieux vaut une bonne comédie qu'un mauvais film d'auteur»

 
«À l'applaudimètre, une comédie risque gros. Une salle qui ne rit pas, ça se mesure tout de suite!», explique Thierry Frémaux.

«À l'applaudimètre, une comédie risque gros. Une salle qui ne rit pas, ça se mesure tout de suite!», explique Thierry Frémaux. Crédits photo : Francois Mori/AP

INTERVIEW - Malgré l'absence criante de comédies cette année dans la sélection officielle, le délégué général du Festival de Cannes compte bien renverser la vapeur en faveur d'un genre «cinéphiliquement incorrect».

LE FIGARO. - Pourquoi est-il si difficile de voir de bonnes comédies au Festival de Cannes?

Thierry FRÉMAUX. - Plusieurs raisons à cela. Je crois d'abord que l'image du festival s'est construite au fil des années sur l'adage: «Les chants les plus désespérés sont les plus beaux». Ne viennent à Cannes que des comédies signées par de grands cinéastes, les Woody Allen, les Coen ou Ken Loach. L'autre phénomène met en cause les producteurs et distributeurs qui ont développé une sorte de réflexe anti-Cannes. J'ai essayé dès le premier volet de Very Bad Trip signé Todd Phillips de proposer cette comédie d'un genre nouveau sur la Croisette. C'était même devenu un sujet de plaisanterie entre le festival et Warner. Pour la sortie du troisième film qui tombe le mercredi 29 mai, trois jours après la clôture du festival, je leur ai même proposé de faire une soirée spéciale avec projection de minuit: cadeau ! Pour le plaisir… Ils ne l'ont pas souhaité. Selon les décideurs américains, l'étiquette du Festival de Cannes véhicule une aura de sérieux et d'élitisme qui pourrait sanctionner le succès en salles. Personnellement, je n'y crois pas, mais c'est comme ça.

Pourtant, avec la sélection de films de Woody Allen ou Ken Loach, n'essayez-vous pas de faire évoluer les choses ?

Si et je reste optimiste. Je pense que depuis une dizaine d'années, la manifestation a cessé de cultiver l'image d'un festival qui sacralise un cinéma d'auteur parfois ennuyeux. La comédie reste le seul genre cinématographique que nous avons du mal à légitimer. Nous avons réussi à intégrer le polar, le western, les films horrifiques ou les films d'action. Je reste confiant.

Gilles Jacob, président du festival, a pourtant dit que «la comédie n'est pas le genre de la maison à Cannes»...

Gilles Jacob a dit cela en manière de boutade, je pense. Mais il a raison. Si dans les intentions, nous souhaitons programmer des comédies à Cannes, dans les faits, nous n'y parvenons pas souvent. Je me souviens de la petite condescendance des critiques de cinéma après la projection de La Part des anges de Ken Loach ou de Tamara Drew de Stephen Frears: «C'est sympa mais ça n'a rien à faire à Cannes». Je comprends alors pourquoi les distributeurs hésitent. Un drame projeté dans la grande salle du Palais des festivals ne risque rien dans l'immédiat. Par contre, à l'applaudimètre, une comédie risque gros. Une salle qui ne rit pas, ça se mesure tout de suite! Néanmoins, nous souhaitons injecter dans la sélection officielle des comédies. Nous les recherchons et nous y arriverons. Mieux vaut une bonne comédie qu'un mauvais film d'auteur.

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