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Catégories : CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES, Venise

J'ai écouté et lu cette semaine: C. Monteverdi, "Vêpres de la vierge"

L’œuvre que l’on connaît sous le titre de Vêpres de la Vierge fait partie d’un recueil dédié au pape Paul V, publié à Venise en 1610, sous le titre exact de Sanctissimae virgini Missa senis vocibus ad ecclesiarum choros, ac Vespere pluribus decantanda cum nonnullis sacris concentibus.

En 1610, Monteverdi avait réussi à obtenir un congé de la cour de Mantoue, qu’il servait depuis 1590, pour se rendre à Rome afin de proposer au pape la dédicace de son œuvre, dans l’espoir d’obtenir une aide financière et une place au Séminaire romain pour l’un de ses fils. Paul V accepta l’œuvre mais refusa l’aide financière. Trois ans plus tard, Monteverdi entrait à Venise dans les nouvelles fonctions de son poste de maître de chapelle de la basilique Saint-Marc.

En 1610, Monteverdi a déjà publié cinq livres de madrigaux, ses Scherzi musicali et surtout son opéra Orfeo. On peut dire que le rôle que les voix solistes et les instruments vont jouer dans les Vêpres, ainsi que le style dramatique utilisé par Monteverdi, sont issus de l’Orfeo.

Les œuvres rassemblées dans le recueil paru en 1610 représentent par conséquent un éventail des acquisitions techniques de leur auteur : la messe est de style archaïque, les Vêpres sont de style « moderne ». Monteverdi y unit la prima prattica et la secunda prattica, le stile antico et le stile concertato, le langage ancien et le langage d’avant-garde qui lui attira les foudres du chanoine Artusi, hermétique au sang neuf que le compositeur de l’Orfeo voulait faire passer dans sa musique.

Dans les Vêpres, Monteverdi brise le cadre stylistique habituel de toute composition religieuse et adopte les tournures de l’opéra et les combinaisons instrumentales conçues par l’école vénitienne, plus particulièrement par Andrea et Giovanni Gabrieli. Les Vêpres sont en effet conformes au type de compositions sacrées que l’on interprétait alors à Saint-Marc de Venise. Mais Monteverdi a écrit son œuvre pour l’orchestre, les solistes et les chœurs de Mantoue, les créateurs de l’Orfeo trois ans auparavant.

Les Vêpres proprement dites sont constituées de quatorze grandes pièces de dimensions et de formations diverses, qui n’appartiennent pas toutes à l’office marial. Celui-ci se compose principalement de cinq psaumes : Dixit Dominus, Laudate pueri, Laetatus sum, Nisi Dominus et Lauda Jerusalem, Dominum, de l’hymne Ave maris stella, et du Magnificat, chant d’action de grâces de la Vierge. Les cinq psaumes sont entourés ici par quatre antiennes Nigra sum, Pulchra es, Duo Seraphim et Audi caelum, très vraisemblablement comprises dans ces « nonnullis sacris concentibus » que mentionne le titre de l’œuvre. La Sonata sopra sancta Maria, onzième pièce des Vêpres, construite sur un fragment de litanie, semble être plutôt une page paraliturgique.
La variété de ces pièces ne nuit en rien à l’architecture grandiose et raisonnée d’une telle œuvre. On remarque que, judicieusement, Monteverdi fait alterner de vastes fresques avec des morceaux plus intimes. Les cinq psaumes, tous fondés sur le chant grégorien répété et sans cesse varié, requièrent un effectif de six voix ou un double chœur, et quelquefois des instruments, alors que, par contraste, les antiennes demandent une formation restreinte d’une, deux ou trois voix et basse continue.

D’après Edmond Lemaître dans Guide de la Musique sacrée et chorale profane, Ed. Fayard

http://www.notredamedeparis.fr/spip.php?article815

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