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Henri Rouart l’oeuvre peinte au Musée Marmottan

Le musée Marmottan-Monet propose, à l’occasion du centième anniversaire de la mort d’Henri Rouart (1833-1912), une exposition monographique sur ce grand peintre modeste et trop peu connu, immense impressionniste, possédant cette technique à la perfection.

Une quarantaine de ses toiles sont ici exposées.

Qui sont les Rouart ?

La famille Rouart est une grande famille d’artistes qui, en raison de plusieurs mariages, deviendra une véritable galaxie de peintres, écrivains, poètes, philosophes, etc.

 

Elle compte parmi ses membres, plus ou moins proches les uns des autres, Berthe Morisot, les frères Manet, Paul Valéry, Mallarmé, et le dernier en date qui n’est autre que Jean-Marie Rouart, le célèbre écrivain et Académicien contemporain.

Henri Rouart, né en 1833, est évidemment l’un des piliers de cette dynastie d’artistes.

 

Industriel, peintre et mécène

Henri Rouart est un ingénieur, grand industriel qui eut un temps le monopole des tubes en France, mais dont la passion est la peinture.

Un de ses camarades de classe, qu’il rencontre en troisième au Lycée Louis-le-Grand à Paris, s’appelle Edgar Degas.

Ils resteront amis leur vie durant et l’un des fils d’Henri Rouart, Ernest, qui épousera la fille de Berthe Morisot, sera l’élève de Degas (le seul d’ailleurs !)

Henri Rouart évolue donc dans le milieu de la peinture, parmi les plus grands peintres de l’époque et en devient aussi un mécène.

Parallèlement à son travail d’ingénieur, il peint et dessine autant qu’il peut.

Il se rend souvent, en fin de semaine, à Barbizon où il peint avec Millet (dont il achète aussi des œuvres).

Il rencontre aussi Corot à Paris qui lui donne des conseils à l’occasion (on verra dans la toile intitulée « Chemin au Mée, Melun » une jeune femme coiffée d’un bonnet rouge qui fait fortement penser au style de Corot !).

 

Chemin au Mée, Melun
Huile sur toile 78 x 53 cm Collection particulière ©Christian Baraja, studio SLB

 

La vie d’Henri Rouart n’est pas sans rappeler celle de Caillebotte… Ils sont tous les deux allés au Lycée Louis-le-Grand, même s’ils n’ont pu s’y rencontrer (quinze années les séparent), et tous les deux sont devenus ingénieurs, peintres (impressionnistes) et mécènes.

 

L’exposition

Une magnifique exposition, dans le cadre, toujours enchanteur, du musée Marmottan.

Les toiles que nous verrons ici (une quarantaine), proviennent presque toutes de collections privées et de quelques musées suisses et français.

Il y a également de belles aquarelles sur de petits carnets (Henri Rouart aimait beaucoup l’aquarelle et le dessin).

C’est d’ailleurs un grand dessinateur (il obtient un accessit de dessin à Louis-le-Grand à 14 ans).

 

Le peintre des arbres

Henri Rouart excelle dans l’art de peindre la nature, les arbres en particulier.

Il y a ici de nombreuses peintures d’arbres , toutes plus merveilleuses les unes que les autres.

Comme on peut le voir dans la toile ci-dessous (un chef-d’œuvre selon moi), faîte uniquement de verts différents (si l’on excepte le bleu du ciel), il y a dans sa façon de peindre la forêt, les arbres, comme un véritable hymne à la nature.

Il fait de ces grands arbres de véritables cathédrales de verdure, tellement l’agencement des verts est en réalité complexe et beau.

La délicatesse des tons, le velouté des couleurs et la précision du dessin, la pelouse plus claire, mise en relief par deux lignes d’ombre, montrent qu’Henri Rouart, est un très grand peintre. Il allie la rigueur de l’ingénieur à la sensibilité du peintre.

 

Les arbres, La Queue-en-Brie
Huile sur toile, signé en bas à droite 73 x 92 cm Collection particulière ©Christian Baraja, studio SLB

 

Il peint aussi des fleurs, ici un massif, remarquable par sa facture et son équilibre.

Ce tableau, contrairement aux apparences, est très structuré, notamment par la verticalité des deux masses grises au fond (des arbres ? Peu importe…) et l’oblique de l’allée. Les couleurs chantent et enchantent !

 

Massif de fleurs
Huile sur toile, signé en bas à gauche 50,5 x 61 cm Collection particulière ©Christian Baraja, studio SLB

 

Le dessin n’est pas absent mais sous-jacent, comme souvent chez Rouart.

On voit ci-dessous un détail qui montre et démontre que la technique est parfaitement impressionniste, et il n’est pas impossible qu’il ait mis les dernières touches à sa toile en atelier :

 

Massif de fleurs (détail)
Huile sur toile, signé en bas à gauche 50,5 x 61 cm Collection particulière ©Christian Baraja, studio SLB

 

Les voyages

Une des sections de l’exposition concerne les voyages, même s’il ne s’agit parfois que de petits voyages !

Dans cette section figure une toile remarquable, un bateau à vapeur qui passe sur la Seine, à Rouen :

 

La Seine aux environs de Rouen
Huile sur toile, signé en bas à droite 36 x 52 cm Collection particulière ©Christian Baraja, studio SLB

 

Toutes les couleurs sont fortement rompues, presque « sales », mais de l’ocre rouge vient éclairer la toile : sur la coque du bateau et, dans la fumée !

Si l’on y réfléchit, il est étonnant qu’il y ait du rouge dans la fumée… à moins d’énormes escarbilles !

Je pencherais plutôt pour des raisons purement esthétiques, deux traces de pinceau qui viennent donner tout l’équilibre à ce tableau sur le plan des couleurs.

 

Les portraits

Si Rouart semble moins à l’aise, tout au moins plus inégal, dans ses portraits que dans les arbres ou les fleurs, on pourra cependant voir ici celui d’une « jeune femme au jardin » (peut être celui de sa fille Hélène) rappelant La Capeline rouge de Monet, notamment par sa facture et l’agencement des couleurs :

 

Jeune femme au jardin
Huile sur panneau 54 x 37 cm Collection particulière ©Christian Baraja, studio SLB

 

Rouart précurseur ?

Autre portrait intéressant à cause de son côté « Nabis »(plutôt inattendu chez Rouart) : « Hélène Rouart lisant dans le jardin de Melun ». Une grande ressemblance avec un Maurice Denis, un Valloton ou un Vuillard !

Étant donné que cette toile est datée d’avant 1886 et que les Nabis ont plutôt œuvré après 1890, on peut se demander si Rouart n’était pas aussi un peu précurseur ? Sur le plan du traitement des arbres, on est ici en effet plus proche des Nabis que des Impressionnistes…

Pour résumer, je dirais que cette exposition est à voir absolument, d’abord parce qu’Henri Rouart représente parfaitement la technique impressionniste et aussi parce qu’il est trop peu connu par rapport à son talent.

L’exposition devait se terminer le 11 novembre 2012, mais elle est prolongée, en raison de son succès, au 9 décembre 2012.

http://www.journaldespeintres.com/henri-rouart-loeuvre-peinte-au-musee-marmottan/

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