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The Clash, des lendemains qui chantent

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    • Par Olivier Nuc
    • Mis à jourle 10/09/2013 à 16:42
    • Publiéle 10/09/2013 à 07:00
Les membres des Clash en 1977, avec de gauche à droite: Topper Headon, Mick Jones, Paul Simonon et Joe Strummer (disparu en 2002).

Les membres des Clash en 1977, avec de gauche à droite: Topper Headon, Mick Jones, Paul Simonon et Joe Strummer (disparu en 2002). Crédits photo : Adrian Boot / urbanimage.tv

INTERVIEW - Après nous avoir bombardés de leur slogan «No Future», le fleuron du punk revient avec un coffret original assorti d'inédits. Entretien trente ans après

Savoureux paradoxe: The Clash est devenu une institution du rock ­britannique. Perle du punk, le groupe londonien a laissé un legs considérable, qui a influencé tout un pan de la musique populaire. L'intégralité de ses enregistrements studio a été restaurée pour cette superbe intégrale, qui contient des artefacts d'époque, ainsi que des témoignages des membres du Clash. Quinquagénaires tranquilles, Mick Jones (guitare) et Paul Simonon (basse), affables et sympathiques, reviennent sur l'histoire du groupe qu'ils ont formé avec Joe Strummer (disparu en 2002) et Topper Headon.

LE FIGARO.- Vous proposez aujourd'hui une intégrale en forme de ghettoblaster. Pourquoi?

Mick JONES.-C'est comme une boîte de magicien, n'est-ce pas? Parce que j'aime avoir des choses à lire et à observer lorsque j'écoute de la musique, ça me permet de m'immerger encore mieux dedans. Ceux qui ne connaissent pas le groupe découvriront l'atmosphère de cette époque-là en lisant les témoignages recueillis dans le livret.

Paul SIMONON.- Nous l'avons désignée nous-mêmes. La maison de disques souhaitait juste rééditer nos albums, au départ. Cela a fourni l'occasion de restaurer nos vieilles bandes. Elles étaient si oxydées qu'on a dû les passer au four afin de pouvoir les exploiter à nouveau.

The Clash n'a jamais été aussi influent, près de trente ans après sa disparition.

M. J.- Nous n'aurions jamais pensé que ce serait le cas. La puissance des textes de Joe Strummer et notre goût pour l'honnêteté a aidé nos disques à bien vieillir. Et puis Internet a contribué à ce que de très jeunes gens découvrent notre travail. Ils sont sans doute sensibles au fait que l'on jouait uniquement ce qu'on aimait, tout en partageant quelques bonnes blagues ici ou là.

Vous n'avez pas toujours été aussi consensuels…

P. S.- En 1977, nous avions le grand public contre nous, ainsi que les principaux journaux. Ce sentiment de rejet, et l'agressivité qui nous entourait nous ont unis encore plus. Nous avions le sentiment d'exprimer ce que les gens de notre âge ressentaient, qui n'était relayé nulle part.

M. J.- Les groupes apparus juste avant nous produisaient de la bonne musique mais ils ne parlaient pas du tout de notre vie. Quand on a vu The Sex Pistols pour la première fois, on a compris que tout le reste était dépassé. C'était si frais, excitant et bouleversant qu'on s'est dit qu'on devait faire partie de ce mouvement nous aussi.

À partir de l'album London Calling, vous êtes devenu un groupe rock plus classique.

P. S.- C'est aussi le moment où on est devenus des musiciens plus compétents. Nous voulions juste devenir le meilleur groupe du monde! Chez The Clash, la musique a toujours été le véhicule pour les textes. On travaillait tout le temps. Venant tous de familles brisées, nous avons constitué la nôtre à nous quatre, autour d'une alchimie unique.

M. J.- Paul, Joe et moi-même étions tous passés par une école d'art. Les premiers groupes punk venaient de là, contrairement à ceux qui ont suivi. Nous avions cela en commun avec The Sex Pistols, même si nous exprimions des idées différentes. The Clash, pour nous, c'était avant tout un mode de vie; nous étions les mêmes sur scène et en dehors.

Seriez-vous devenus musicien sans le punk?

M. J.- J'avais essayé de passer des ­auditions en tant que guitariste rythmique mais c'était frustrant: il ne se passait rien pour moi. Et puis j'étais trop jeune pour appartenir à la génération des ­Rolling Stones et des Beatles. Et ce qui est arrivé après eux dans le rock anglais était affreux.

Les Stones continuent de se produire sur scène. Qu'en pensez-vous?

M. J.- Vous savez, il ne fallait pas nous prendre au pied de la lettre quand nous disions «Plus d'Elvis, plus de Beatles, plus de Rolling Stones en 1977». Nous aimions ces groupes. J'ai vu la retransmission du concert donné par les Stones en juin dernier à Glastonbury, je les ai trouvés bons. Ces types ont écrit de grandes chansons, qui peut leur enlever le droit de les jouer?

Aviez-vous le sentiment de travailler pour la postérité?

M. J.- Nous tenions surtout à ce que chacun de nos disques sonne différemment du précédent, comme chez ceux que nous aimions. Les gens se souviennent de nous avec affection alors que notre histoire n'a duré que sept ans, soit un peu plus longtemps que la dernière guerre mondiale.

Vous conservez la réputation d'un groupe de scène particulièrement explosif. Pourquoi?

M. J.- Grâce à l'énergie de Joe. C'était un chanteur électrisant. Nous voir en concert, c'était comme regarder trois Eddie Cochran ensemble: on sautait en l'air le plus haut possible. C'est comme si Joe avait eu des ressorts sous les ­semelles.

Vous avez été un des rares groupes de punk anglais à triompher aux États-Unis. Pourquoi?

M. J.- Nous avons joué là-bas plus que tous les autres groupes. Mais le punk-rock y a vraiment explosé quinze ans plus tard. L'équivalent du punk était le rap, à notre époque. Train in Vain nous a d'abord fait connaître, avant que The ­Magnificent Dance devienne un énorme succès à New York. Les pionniers du hip-hop, Kurtis Blow ou Afrika Bambaataa ne savaient pas qu'on était un groupe punk, blanc de surcroît. Notre chance, ça a été d'être là-bas au bon moment.

 
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