Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : ARAGON Louis, CEUX QUE J'AIME

Le vrai Zadjal d’en mourir

Ô mon jardin d’eau fraîche et d’ombre
Ma danse d’être mon cœur sombre
Mon ciel des étoiles sans nombre
Ma barque au loin douce à ramer

Heureux celui qui meurt d’aimer

Qu’à d’autres soit finir amer
Comme l’oiseau se fait chimère
Et s’en va le fleuve à la mer
Ou le temps se part en fumée

Heureux celui qui meurt d’aimer

Heureux celui qui devient sourd
Au chant s’il n’est de son amour
Aveugle au jour d’après son jour
Ses yeux sur toi seule fermés

Heureux celui qui meurt d’aimer

D’aimer si fort ses lèvres closes
Qu’il n’est besoin de nulle chose
Hormis le souvenir des roses
A jamais de toi parfumées

Heureux celui qui meurt d’aimer

Celui qui meurt même à douleur
A qui sans toi le monde est leurre
Et n’en retient que tes couleurs
Il lui suffit qu’il t’ait nommée

Heureux celui qui meurt d’aimer

Mon enfant dit-il ma chère âme
Le temps de te connaître ô femme
L’éternité n’est qu’une pâme
Au feu dont je suis consumé

Heureux celui qui meurt d’aimer

Il a dit ô femme et qu’il taise
Le nom qui ressemble à la braise
A la bouche rouge à la fraise
A jamais dans ses dents formée

Heureux celui qui meurt d’aimer

Il a dit ô femme et s’achève
Ainsi la vie ainsi le rêve
Et soit sur la place de grève
Ou dans le lit accoutumé

Heureux celui qui meurt d’aimer

Louis Aragon

Le Zadjal ou zajal est le nom arabe donné, en Al-Andalus (Andalousie), à une forme poétique similaire au Muwashshah, utilisant exclusivement l'arabe dialectal.
Le zadjal s'adapte bien à la musique.
Il a atteint son apogée avecIbn Quzman, poète Andalous originaire de Cordoue, qui s'en est servi pour ses panégyriques, mais également pour chanter la nature, le vin et, surtout, l'amour. Il fut également à l'honneur chez les soufis,

Il en existe deux formes :
• Le zadjal poétique (préservé uniquement à Constantine)
• Le zadjal de forme musicale chantée.

Zadjal : Du verbe zadjala; zadjalan qui signifie émouvoir; genre poétique (constantinois surtout).
Forme andalouse de la poésie arabe. Après un distique introductif, il se compose de quatrains constitués par un tercet monorime et un quatrième vers rimant avec le distique introductif.
Son inventeur serait Ibn-Bâdja (XI / XII ème siècle).
Il passe au XIV ème siècle en langue castillane. Les diseurs de Zadjal peuvent alors se comparer aux troubadours.

La construction se fait sur quatre quatrains suivant le schéma :


BB1 - AAAB2CCCB3DDDB4EEEB5

BB1
étant le distique introductif



Si B est une rime masculine, nous aurons 3 rimes féminines suivit de la rime masculine =
MM1 – FFFM2 – FFFM3 – FFFM4 – FFFM5

Si B est une rime féminine, nous aurons 3 rimes masculines suivit de la rime féminine =
FF1 – MMMF2 – MMMF3 - MMMF4 – MMMF5

- Tous les mètres peuvent être utilisés, je n’ai trouvé aucune contre-indication ainsi que les vers hétérométriques

Recuerdo del Alhambra

Au sein d’El Andalus , Oued el Kebir charme
Les sévillans. Macarena perle sa larme.

Sous l’auréole d’or, l’émeraude d’espoir
De son manteau d’hiver illumine le soir
La saeta bénie au parfum d’encensoir.
Le vieux, maure et gitan, implore le ciel parme.

Al Hamra palais rouge au soleil du couchant,
Pur joyau de Grenade, illumine le chant
Des princes d’Asturies sur l’amour se penchant.
Albeniz virtuose aux impies ne désarme.

La mosquée où Cordoue a son mirhab niché
Au chœur de l’ostensoir accueille le péché
Et le stuc et le marbre ont le désir caché
Qu’à l’oecoumen perdu je dépose mon arme.




Il existe une variante, appelée Zégel, reprenant la construction ci-dessus mais sans le distique introductif, qui se construit en 16 vers de quatre quatrain (de 08, 10 ou 12 syllabes)
Forme :

AAABCCCBDDDB - EEEB

 http://blacknails.over-blog.com/page-zadjal-zajal-zegel-5874867.html

Les commentaires sont fermés.