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ARAGON Louis

  • Catégories : ARAGON Louis, CEUX QUE J'AIME

    Le vrai Zadjal d’en mourir

    Ô mon jardin d’eau fraîche et d’ombre
    Ma danse d’être mon cœur sombre
    Mon ciel des étoiles sans nombre
    Ma barque au loin douce à ramer

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    Qu’à d’autres soit finir amer
    Comme l’oiseau se fait chimère
    Et s’en va le fleuve à la mer
    Ou le temps se part en fumée

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    Heureux celui qui devient sourd
    Au chant s’il n’est de son amour
    Aveugle au jour d’après son jour
    Ses yeux sur toi seule fermés

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    D’aimer si fort ses lèvres closes
    Qu’il n’est besoin de nulle chose
    Hormis le souvenir des roses
    A jamais de toi parfumées

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    Celui qui meurt même à douleur
    A qui sans toi le monde est leurre
    Et n’en retient que tes couleurs
    Il lui suffit qu’il t’ait nommée

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    Mon enfant dit-il ma chère âme
    Le temps de te connaître ô femme
    L’éternité n’est qu’une pâme
    Au feu dont je suis consumé

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    Il a dit ô femme et qu’il taise
    Le nom qui ressemble à la braise
    A la bouche rouge à la fraise
    A jamais dans ses dents formée

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    Il a dit ô femme et s’achève
    Ainsi la vie ainsi le rêve
    Et soit sur la place de grève
    Ou dans le lit accoutumé

    Heureux celui qui meurt d’aimer

    Louis Aragon

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  • Catégories : ARAGON Louis, CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES, CEUX QUE J'AIME, Venise

    Louis Aragon:Chante la beauté de Venise afin d'y taire tes malheurs.

    Tout est sans prix
    L'amour sans prise
    Un plaisir seul n'est pas un leurre
    Et la lumière se divise à l'arc-en-ciel rompu des pleurs
    Car nulle part comme à Venise on ne sait déchirer les fleurs
    Nulle part le coeur ne se brise comme à Venise la douleur


    Le Roman inachevé
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  • Catégories : ARAGON Louis, CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES, CEUX QUE J'AIME, Venise

    Louis Aragon

    Louis Aragon

    Par Jean Montenot publié le 01/06/2011

    Né en 1897, cet intellectuel français fut un des créateurs du mouvement surréaliste. Homme engagé pendant les deux guerres mondiales pour lesquelles il a été décoré, militant du mouvement communiste, son oeuvre évoluera sous l'influence d'Elsa Triolet, sa muse.


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    Aragon hélas... Aragon tout de même ! Tout commence par cette enfance invraisemblable, entre comédie de boulevard et drame : un père préfet de police qui se fait passer pour son parrain, et une mère, qui se fait passer pour sa soeur. Ni sans famille, ni en famille, déjà à plein dans les faux-semblants, pas encore le "mentir-vrai" mais de vraies blessures dans les coulisses de son moi-théâtre. Puis il y eut la Grande Guerre : la révélation de sa véritable ascendance, la rencontre avec André Breton et l'expérience du front - pas encore le "front rouge" - mais avec du sang, du vrai, une première croix de guerre en sus. Il faut imaginer en ancien combattant de vingt et un ans cet "enfant de l'automne", sensible, délicat, perturbé - on le serait à moins - déjà poète assurément ! Il ne pouvait que prendre le large, fuir là-bas dans cet imaginaire où des oiseaux bariolés sont ivres. Dada, surréalisme, roaring twenties, ce fut le temps des amours mondaines, des élans et des retombées, jusqu'au suicide manqué... Puis il y eut Elsa qui vint à sa rencontre, la reconstruction de soi et le parti communiste, l'ancrage solide, définitif. Le déboussolé avait trouvé une famille : Triolet et Parti à perpétuité ou presque. Le surréaliste provocateur un rien dépravé s'était mué en bolchevique du genre stalinien : ce fut Front rouge(1931) - "Descendez les flics/Camarades/descendez les flics/Plus loin plus loin vers l'ouest où dorment/les enfants riches et les putains de première classe [...] Feu sur Léon Blum/Feu sur Boncour Frossart Déat/Feu sur les ours savants de la social-démocratie" et - en avant tovarischi ! - Vive le Guépéou(1931). 
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  • Les écrivains et leurs villes

    Les écrivains et leurs villes

    Les écrivains et leurs villes

    Nedim GÜRSEL
     
    Seuil, Cadre vert ,  ,  280 p.

    Reprenant ses vagabondages à travers les villes où ont vécu et écrit les grands écrivains de notre siècle, Nedim Gürsel nous emmène cette fois dans la Venise d'Aragon, d'Hemingway et de Proust, à travers les steppes de Gogol et le Moscou des poètes, l'Allemagne de Goethe et de Kafka et la Méditerrannée de Camus et de Mahmoud Darwich, pour ne citer que ces quelques auteurs. Ces villes si distantes, aux lumières si différentes, prennent alors une dimension nouvelle et jusque-là inconnue : elles existent parce qu'elles ont été écrites et vivent dans les pas de cet écrivain d'aujourd'hui parti sur les traces des mots d'autrefois.


    ISBN : 2021092046

    Quelques mots à propos de :  Nedim GÜRSEL

    Né en Turquie en 1951, Nedim GÜRSEL est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, romans, nouvelles, récits de voyage, essais littéraires. Lauréat de plusieurs grands prix, dont le prix France-Turquie, il occupe une place primordiale dans la littérature de son pays et son œuvre est traduite dans de nombreuses langues. Il vit à Paris, où il est directeur de recherche au CNRS et enseigne à l'École des langues orientales.

    http://cetobac.ehess.fr/index.php?1372

  • Louis ARAGON,Après l'amour

     

     

     

     

    Je me souviens de cette ville
    Dont les paupières étaient bleues
    Où jamais les automobiles
    Ne s'arrêtent que quand il pleut



    Une lessive jaune et rose
    Y balançait au bord du ciel
    Où passaient des canards moroses
    Avec un ventre couleur miel



    On y a des manières d'être
    Qu'ailleurs on ne voit pas souvent
    Juste s'entrouvre une fenêtre
    Qu'un rideau blanc s'envole au vent



    Toutes les filles le dimanche
    S'en vont flâner au bord de l'eau
    Elles se gardent les mains blanches
    Pour attirer les matelots



    Le plus souvent marins d'eau douce
    Rencontrés sous les peupliers

    On voit qu'ils ne sont plus des mousses
    Comme ils dénouent les tabliers



    Tout est vraiment sans importance
    Un jour ou l'autre on se marie
    Les charpentiers dans l'existence Épousent la
    Vierge
    Marie



    Les hommes facilement chantent
    Et jurent plus facilement
    Quand leurs femmes se font méchantes
    Ils leur procurent des amants



    Le conjoint rentre sur le tard
    Avec une haleine d'anis
    L'épouse élève ses bâtards
    Et leurs héritiers réunis



    C'était peu après l'autre guerre

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  • Catégories : ARAGON Louis, CEUX QUE J'AIME, Ormesson Jean d'

    Louis ARAGON, extrait du "Cantique à Elsa"

     

    Comme autour de la lampe un concert de moustiques

    Vers le plafond spirale et la flamme convoie

    Du fin fond du malheur où reprend le cantique

    Dans un fandango fantastique

    Un choeur dansant s'élève et répond à ta voix

     

    Ce sont tous les amants qui crurent l'existence

    Pareille au seul amour qu'ils avaient ressenti

    Jusqu'au temps qu'un poignard l'exil ou la potence

    Comme un dernier vers à la stance

    Vienne à leur coeur dément apporter démenti

     

    Si toute passion puise dans sa défaite

    Sa grandeur, sa légende et l'immortalité

    Le jour de son martyre est celui de sa fête

    Et la courbe en sera parfaite

    A la façon d'un sein qui n'a point allaité

     

    Toujours les mêmes mots à la fin des romances

    Comme les mêmes mots les avaient commencées

    Le même cerne aux yeux dit une peine immense

    Comme il avait dit la démence

    Et l'éternelle histoire est celle de Rancé

     

    Saoulé par le grand air il quitte ses domaines

    Ayant fait bonne chasse et plus heureux qu'un roi

    Son cheval et l'amour comme un fou le ramènent

    Après une longue semaine

    A la rue des fossés Saint Germain l'Auxerrois

     

    Il voit déjà les longs cheveux et les yeux tendres

    De Madame la Duchesse de Montbazon

    Il la voit il l'entend ou du moins croit l'entendre

    Qui se plaint de toujours attendre

    Et lui tend ses bras nus plus beaux que de raison

     

    L'escalier dérobé la porte et c'est l'alcôve

    Les rideaux mal tirés par des doigts négligents

    Il reconnaît ces yeux que souffrir a fait mauves

    Cette bouche et ces boucles fauves

    Cette tête coupée au bord d'un plat d'argent

     

    Aveugles chirurgiens qui déchirent les roses

    Les embaumeurs entre eux parlaient d'anatomie

    Autour du lit profond où le beau corps repose

    Qui trouve son apothéose

    Comme le pain rompu la blancheur de sa mie

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