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Catégories : CELLES QUE J'AIME, Des femmes comme je les aime

Rachida Brakni et Françoise Fabian : “N’oublie jamais d’être une femme…”

Interview croisée des deux actrices ensemble sur scène dans “Sonate d'automne”

Françoise Fabian et Rachida Brakni Photo Jean-François Robert.

L’une se décrit « sauvage » quand l’autre s’affirme « barbare » : une amitié née sous le signe de la passion

Mère et fille dans Sonate d’automne, elles s’affrontent sur scène dans un face-à-face déchirant. En vérité, les deux actrices se vouent une admiration réciproque. Femmes épanouies et accomplies, elles nous offrent cet échange complice.

Deux caractères bien trempés, deux femmes ardentes, deux actrices indomptables… L’une a le regard bleu inquiet, l’autre la pupille noire perçante. N’empêche ! Elles pourraient être mère et fille à la ville. Tout les rapproche, à commencer par un territoire, l’Algérie de leurs racines communes. Chacune a fait le Conservatoire, multiplié les choix exigeants et su dire non.

Aujourd’hui, elles sont Charlotte et Eva à la scène, dans Sonate d’automne (1), d’Ingmar Bergman, où mère et fille s’affrontent et se détruisent dans un déchaînement de passions. Dans la vraie vie, ce serait plutôt l’inverse. Pendant les répétitions, Françoise avait deviné – avant que Rachida ne le sache – que la jeune femme attendait une petite fille… C’est dire le lien qui les unit.

(1) Mise en scène Marie-Louise Bischofberger, au Théâtre de l'Œuvre, à Paris. 

Madame Figaro. – Comment est né ce projet ? 
Françoise Fabian. – Sonate d’automne m’intéresse depuis très longtemps. J’avais demandé les droits à Bergman, qui avait refusé. Le temps a passé. Cette envie me trottait toujours dans un coin de la tête. J’en ai fait part à mon nouvel agent, Laurent Grégoire. Un an après, on avait les droits. 
Rachida Brakni. Je connais Françoise depuis trois ans. Quand on s’est rencontrées dans L’Amour, la mort, les fringues, la pièce de Danièle Thompson, elle m’en parlait comme d’un rôle qu’elle rêvait de jouer.
F. F. – Il y a une telle confusion des sentiments d’amour, de haine dans cette pièce. Toutes les femmes peuvent s’identifier à ces personnages. On y parle de leurs revendications, des femmes qui n’ont pas le droit de travailler, qui doivent être épouse et mère. Ce qu’on ne reprocherait pas au père, on le reproche à la mère. Le père pourrait partir, être un grand artiste, on trouverait ça tout à fait légitime, la mère non, il faut qu’elle soit là. Ce n’est pas très satisfaisant pour une femme de n’être qu’une mère. On a une intelligence, des désirs, des talents. Pourquoi être mutilée ? C’est parfaitement injuste.

Vous avez pensé à Rachida pour interpréter la fille ?
F. F. – Je suis tombée folle d’amour pour Rachida, que j’ai vue au théâtre, au cinéma, qui est une grande actrice. Je suis assez barbare, très entière : j’aime ou je n’aime pas. Et je chéris tellement les gens que j’aime que je n’ai pas de place pour tout le monde. Mais je n’avais pas pensé à Rachida pour la simple raison que je la trouve beaucoup trop belle pour le rôle. Il faut qu’il y ait une différence entre la mère et la fille. Ce n’est pas une fille qui a réussi sa vie.

 

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