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Un espace réinventé

"Je trace d’abord sur la surface à peindre un quadrilatère […] qui est pour moi une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l’histoire."
(L. B. Alberti, De pictura)

Au XVe siècle, l’art change, il devient une fenêtre ouverte sur le monde. Dans le sillage de Cimabue et de Giotto, la peinture, rompant avec les codes hiératiques et figés de l’art byzantin, se lance à l’assaut du réel. L’espace du tableau cesse d’être le lieu d’une simple juxtaposition d’éléments pensés plus qu’observés ; il déploie désormais sur une surface organisée une vision globale, unifiée, où tout s’ordonne autour d’un sujet principal clairement défini. Les lointains se creusent, l’horizon semble s’éloigner à l’infini. Les miniatures de Fouquet attestent pleinement de cette émergence du réalisme dans l’art français. Par le jeu des regards, par un art théâtral de la mise en scène, par les échos et les dégradés de couleur, par la synthèse originale entre différentes formes de perspective, il réinvente l’espace pictural, à sa manière, faite d’équilibre et d’harmonie.
L’espace du tableau est conçu comme la scène d'un mystère, analogue à un cirque, où des putti au premier plan supportent des panonceaux chargés de textes ou d’armoiries, repoussant au second plan l’histoire principale, ses acteurs et son décor, dans un étagement de plans successifs. Acteur solitaire animé d’une inspiration divine dans un paysage idéalisé ou foule chamarrée cavalcadant sur les pavés d’un décor urbain sont pris dans le même mouvement tournant d’une perspective curvilinéaire qui place l’action dans une sphère. Le cercle hante l’œuvre de Fouquet, il lui confère son secret dynamisme, il inscrit les actions des hommes dans une harmonie profonde en laquelle tout semble venir naturellement prendre sa place, il les suspend dans une sorte d’éternité.

    Un art de lumière…
   

Autour de l’évangéliste absorbé dans la rédaction inspirée de l’Apocalypse se déploie la magie lumineuse d’un paysage savamment étagé où tout semble se fondre dans la transparence.

    … et de géométrie
 

Le mur blanc éclatant, qui se casse à angle droit au centre de la scène, inscrit dans une rigoureuse géométrie le muet dialogue entre saint Martin, remettant au fourreau l’épée qui lui a servi à couper son manteau, et le vieillard en haillons qui vient de s’en draper.

 

 
http://expositions.bnf.fr/fouquet/pedago/dossiers/62/5/index.htm  

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