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J'ai lu hier:François Truffaut

 

LE MONDE | 24.04.2014 à 14h24 • Mis à jour le 24.04.2014 à 14h46 | Par Jean-Luc Douin

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"François Truffaut, le roman du cinéma", Hors-série du « Monde ». Collection « Une vie, une œuvre ». En kiosques à partir du 24 avril. 7,90 €."François Truffaut, le roman du cinéma", Hors-série du « Monde ». Collection « Une vie, une œuvre ». En kiosques à partir du 24 avril. 7,90 €. | LE MONDE

 

A l’heure de célébrer les 30 ans de la mort de François Truffaut et au moment où s’annonce le Festival de Cannes qui, en 1959, lui décerna le prix de la mise en scène pour Les Quatre Cents Coups, il convient de sortir le cinéaste de sa chapelle ardente.

Si l’auteur de La Chambre verte mérite bel et bien d’être l’objet d’un culte, ce n’est plus comme icône intouchable, petit prince d’une cinématographie bien-pensante, gendre idéal pour plateaux télévisés consensuels. Si François Truffaut reste actuel, si ses films suscitent la vénération, c’est peut-être parce qu’il est aujourd’hui l’incarnation d’un tempérament irréductible, d’une sensibilité incorruptible, d’une noblesse de caractère privilégiant le mystère intime par rapport aux modes, aux consensus, au politiquement correct.

PUDEUR

Il est par exemple aujourd’hui de bon ton de s’extasier devant « la » scène au cours de laquelle Michel Serrault couine en déshabillé dans La Cage aux folles. La manière dont, après avoir passé une première nuit ensemble, Claude Jade explique à Antoine Doinel l’art et la manière de beurrer les biscottes sans les casser, dans Baisers volés, est singulièrement plus délicate, comme la façon dont Truffaut suggère l’homosexualité du personnage incarné par Jean Poiret dans Le Dernier Métro.

Telle est l’une des qualités primordiales de Truffaut : la pudeur. Oui, il aimait les femmes (et les enfants, et les morts), oui, il n’hésita pas à signer des films physiques sur l’amour, mais il avait le goût du secret, le dégoût des scènes érotiques ou susceptibles de stigmatiser une catégorie sociale, le réflexe de célébrer l’amour comme une liturgie, d’honorer « le monde des sentiments comme une messe ».

Le François Truffaut que nous voulons évoquer dans ce hors-série du Monde, à travers un florilège de ses textes, une sélection des points de vue et des hommages qu’il a suscités, est celui qui revendique le mystère humain, sa complexité et ses apparentes contradictions. Celui qui fustigea une certaine tradition du cinéma français, mais fit perdurer une autre tradition culturelle, de Charles Trenet à Bobby Lapointe, de Jean Vigo à Jean Renoir. Celui qui symbolise un cinéma à la première personne, résolument autobiographique et en même temps romanesque.

Truffaut avait un rapport exigeant à la vie et aux livres, il avait peaufiné un art de parler de soi sans en avoir l’air, un art de parler de nous à travers son propre vécu, ses propres fantasmes. Pour sésame de son œuvre, l’une de ses répliques récurrentes est devenue citation du patrimoine passionnel, repère des blessures clandestines universelles : « L’amour est à la fois une joie ET une souffrance. »


François Truffaut, le roman du cinéma
Hors-série du « Monde ». Collection « Une vie, une œuvre »
En kiosques à partir du 24 avril. 7,90 €.

 
  • Jean-Luc Douin
    Journaliste au Monde

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