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Center Parcs de Roybon : Pierre & Vacances "prêt à adapter" son projet

INTERVIEW - Le président de Pierre & Vacances, Gérard Brémond, s’exprime pour la première fois dans le JDD après le coup d’arrêt au Center Parcs de Roybon.

Gérard Brémond Paru dans leJDD
 

Gérard Brémond espère lancer la construction du Center Parcs de Roybon en 2015. (Maxppp)

Pierre & Vacances en chiffres

1,415 milliard d'euros : chiffre d'affaires 2014 du groupe Pierre & Vacances (+8,8%), dont 550 millions d'euros pour Center Parcs Europe.
24 domaines Center Parcs en Europe
4 millions de touristes.

Le PSG de Pierre & Vacances, Gérard Brémond, revient sur le double bras de fer avec la justice et les écologistes au sujet du projet de Center Parcs à Roybon, en Isère. À 77 ans, l'initiateur de la station d'Avoriaz défend les 24 Center Parcs européens, qui attirent 4 millions de touristes par an.

Comment interprétez-vous la décision du juge administratif du 23 décembre?
Nous considérons que ce jugement ne fait pas obstacle au défrichement du site de Roybon. Il suspend seulement, provisoirement, la possibilité de démarrer les travaux de construction. Néanmoins, avant de reprendre le défrichement, nous souhaitons nous concerter avec le ministère de l'Ecologie. Nous solliciterons dans la semaine du 5 janvier les experts du ministère pour analyser ces jugements. 

Pourquoi ce pourvoi en cassation auprès du Conseil d'Etat?
Le Groupe conteste l'ordonnance du juge des référés concernant la loi sur l'eau. En effet, nous estimons que nous compensons l’impact sur les zones humides au-delà de ce qu'impose la réglementation. Le Conseil d'Etat mettra probablement six mois à se prononcer. Et nous attendons en juin, un autre jugement sur le fond. Je reste confiant. Roybon est un beau et bon projet. C'est le premier Center Parcs au sud de la Loire. Il cible les habitants de Lyon, de Grenoble et de tout le bassin de la région Rhône-Alpes et de la Suisse. Le potentiel est important.

Comment comptez-vous débloquer la situation? 
Je souhaite que le dossier évolue dans un climat apaisé et serein. Je suis prêt à dialoguer en personne. Le moment est venu. La concertation est possible avec les associations qui ont lancé des recours conformément au droit, notamment Pour les Chambaran sans Center Parcs, la Frapna, et la Fédération des Pêcheurs de la Drôme. Concernant les zadistes, ils n’ont ni représentant, ni porte-parole. Je doute qu'ils souhaitent nous rencontrer.

«La tension est si forte qu'il faut trouver un compromis que nous avons tous intérêt à trouver.»

Auriez-vous dû dialoguer plus tôt?
Nous avons toujours été ouverts au dialogue. Depuis 2010, cette concertation a été multiple avec notamment l’organisation de 4 réunions publiques. Il y a peu de projets où la concertation se fait sur des périodes aussi longues. Aujourd'hui, le contexte est différent. La tension est si forte qu'il faut trouver un compromis que nous avons tous intérêt à trouver. Elus et citoyens ont manifesté en faveur de ce projet touristique. La focalisation sur une forêt sans valeur patrimoniale particulière qui n'est ni classée zone Natura 2000, ni patrimoine de l'Unesco, et qui est exploitée depuis plusieurs décennies, est excessive.

Allez-vous modifier le projet? 
Je suis prêt à l'adapter. En prolongement de la commission d'enquête de la loi sur l'eau, nous avons déjà adapté notre projet. Le dialogue que je propose permettra d'informer publiquement des améliorations ainsi apportées. Nous attendons aussi des suggestions des opposants et de l'administration. En revanche, le concept qui comprend 990 cottages et un espace aquatique doit être maintenu. Center Parcs crée des destinations touristiques dans des régions peu fréquentées. Nous garantissons une palette d’activités de loisirs quelle que soit la météo. Cela convient à Roybon.

L'investissement global atteint 387 millions d'euros. Les coûts dérapent-ils?
Non. Les charges juridiques sont comprises. L'opération reste viable.

Combien d'années de retard anticipez-vous?
Le groupe souhaite commencer à construire fin 2015, pour livrer le domaine deux ans après. Tout dépend des différents recours, et des éventuels accords avec les opposants. Il est aujourd’hui impossible de préciser les délais. Mais je reste confiant sur la solidité juridique du dossier et la qualité environnementale du dossier.

«Je ressens une certaine injustice.»

Créerez-vous d'autres Center Parcs en France?
Nous ouvrirons en juin 2015 le Domaine du Bois aux Daims dans la Vienne. Le Groupe a également amorcé des projets dans le Jura, en Saône-et-Loire, et dans le Lot-et-Garonne. Nous sommes au stade des prémices. Il faut encore quatre à cinq ans pour la délivrance des autorisations et la construction. Nous poursuivons aussi les travaux du Villages Nature près des Parcs Disney et en partenariat avec d'Eurodisney. Ce développement n’a fait l’objet d’aucun recours.

Comment éviter la complexité administrative et l'insécurité juridique?
Le chantier de la simplification du gouvernement va dans le bon sens. Mais il rationnalise tout en ajoutant parfois d'autres règles. Surtout, le recours est devenu un sport national. L'intérêt à agir est souvent plus "égologiste" qu'écologiste. Conflits politiques et rivalités locales attisent les procédures. Les motifs de recevabilité des recours ne sont pas suffisamment exigeants, et les délais d'examen trop longs. 

Est-ce plus facile de mener les projets dans d'autres pays?
En Allemagne, où nous avons un projet en Bavière, le travail en amont est plus approfondi. Une fois que cette phase longue de six mois à un an est achevée, le dossier se poursuit de façon plus calme et constructive. Au Maroc, comme en Chine, les autorisations sont moins contraignantes.

Estimez-vous subir les conséquences des conflits à Notre-Dame des Landes et Sivens?
Je ressens une certaine injustice. C'est un comble d'être la cible des écologistes, alors que Pierre & Vacances et Center Parcs sont "la" référence en matière de tourisme durable, de protection de la biodiversité. Je pense que l'on peut concilier harmonieusement croissance des activités et des emplois et protection de la nature.

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Marie Nicot - Le Journal du Dimanche

dimanche 28 décembre 2014

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