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Afghanistan : pour l’Unesco, c’est un patrimoine culturel inestimable qui est menacé

Afghanistan : pour l’Unesco, c’est un patrimoine culturel inestimable qui est menacé

La résidence monastique de Tepe Shamar, IVe-VIe s. (?), vue du Nord, sur le site de Mes Aynak à 35km au sud de Kaboul. ©Jerome Starkey on Flickr

Alors que les Talibans viennent de reprendre le pouvoir en Afghanistan, le pays comme la communauté internationale s’inquiètent des dommages que pourrait subir le patrimoine national, comme lors de leur première prise de pouvoir entre 1996 et 2001.

Dimanche 15 août, les Talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan à la suite de la prise de sa capitale, Kaboul. Ce groupe fondamentalisme islamiste armé, qui a déjà été à la tête du pays entre 1996 et 2001, constitue une réelle menace pour les libertés sous toutes leurs formes mais également pour les témoignages matériels et immatériels de la culture afghane. Le 19 août, l’Unesco a donc lancé un appel à la protection de ce riche patrimoine culturel, qu’il s’agisse des sites archéologiques ou des collections nationales.

Protéger les professionnels et le patrimoine culturel

Dans un communiqué, la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay appelle à « préserver le patrimoine culturel de l’Afghanistan dans sa diversité, dans le plein respect du droit international, et à prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger le patrimoine culturel de tout dommage et des pillages ». L’Organisation insiste également sur la nécessité de garantir la sûreté des environnements de travail pour les professionnels du patrimoine culturel et les artistes locaux.

À Bâmiyan (Afghanistan), monastère rupestre avec les bouddhas datés entre le IIe et le IVe siècle, détruits par les talibans en mars 2001 (©AKG).

Un patrimoine clé pour la cohésion nationale

L’Unesco explique également que ces acteurs du patrimoine culturel « jouent un rôle central pour la cohésion nationale et le tissu social de l’Afghanistan ». Il y a vingt ans, les Talibans s’étaient en effet employés à détruire de nombreuses traces de l’histoire préislamique et de la diversité culturelle du pays. Ils avaient, entre autres, détruit des statues conservées au Musée national de Kaboul ainsi que les Bouddhas géants de Bâmiyân, trois statues monumentales sculptées entre 300 et 700 de notre ère et qui témoignaient des développements clés connus par le bouddhisme dans la région. Cette pratique, désormais qualifiée de « nettoyage culturel », et une des composantes les plus visibles d’une stratégie politique extrémiste. Un parallèle évident peut être établi entre ces agissements et d’autres advenus dans les années 2010 : la destruction en 2012 des mausolées de Tombouctou par des djihadistes, par exemple, ou encore le dynamitage en 2015 de ruines antiques de la cité syrienne de Palmyre par des combattants de l’organisation État islamique.

Des sites en danger

Aujourd’hui, les musées, tels que le Musée national de Kaboul, et des sites patrimoniaux tels que la vieille ville de Herat, pourraient de nouveau être en péril. L’Afghanistan compte également deux sites classés patrimoine mondial par l’Unesco : le paysage culturel et les vestiges archéologiques de la vallée de Bâmiyân et le minaret et les vestiges archéologiques de Djam. En mai 2019, les Talibans avaient pris possession de différents points de contrôle à proximité de ce site du XIIe siècle, y barrant l’accès et tuant 18 membres du personnel de sécurité.

Empêcher les dommages

Des mesures sont nécessaires pour éviter d’importants dommages à l’encontre du patrimoine. Certaines institutions avaient commencé à organiser l’évacuation d’artefacts vers des zones plus sûres lorsqu’elles ont été surprises et stoppées par l’arrivée soudaine des Talibans au pouvoir. « Nous ne nous attendions pas à ce que ça arrive si rapidement », a déclaré Noor Agha Noori, directeur de l’institut d’archéologie d’Afghanistan à Kaboul. Une situation d’urgence pour laquelle il n’existe pas de protocole établi.

Contre les « nettoyages culturels », une justice à inventer

À la suite des divers actes de « nettoyage culturel » ces dernières années, des réponses commencent à émerger à l’échelle internationale, non sans difficultés. En 2016, la directrice générale de l’Unesco de l’époque Irina Bokova a signé à Kaboul un accord avec le gouvernement afghan sur la création d’un fonds de financement pour la préservation des identités culturelles et nationales et la promotion du secteur culturel. Elle avait alors affirmé : « je ne dis pas que c’est facile, mais c’est nécessaire et nous devons bien commencer quelque part ». Le 27 septembre 2016, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, membre d’Ansar Eddine, un mouvement associé à Al-Qaïda au Maghreb islamique, a été la première personne à être condamnée pour une affaire de destruction du patrimoine culturel de l’humanité, pour avoir participé aux destructions de Tombouctou.

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