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La langue (française)/ les langues - Page 7

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    Aporie

    Terme appartenant à la philosophie grecque de l'Antiquité ; c'est la transcription littérale de aporia, dont le sens propre est « impasse », « sans issue », « embarras ». En philosophie, on peut lui donner un sens faible, comme le fait Aristote en insistant sur l'aspect de difficulté à résoudre, notamment lorsqu'il s'agit de la « mise en présence de deux opinions contraires et également raisonnées en réponse à une même question » (ce qu'on appellera plus tard « antinomie ») ; et un sens fort, celui de Platon, pour qui il s'agit d'une difficulté qui exige un changement de registre dans la recherche ; les Modernes donnent à ce terme le sens encore plus fort de problème insoluble, d'obstacle insurmontable.

    http://www.universalis.fr/encyclopedie/aporie/

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    Je suis sélectionnée pour la finale régionale des Timbrés de l'orthographe

    Vous avez répondu aux tests de sélection de la première édition des Timbrés de l’orthographe comme près de 20 000 candidats partout en France. Nous tenons, au nom de notre parrain Philippe Delerm et de nos principaux partenaires, à vous remercier chaleureusement de votre participation à ce grand concours national d’orthographe.

    Toutes nos félicitations ! Vous faites partie des 10 000 candidats qualifiés pour les finales régionales, qui se dérouleront le samedi 9 avril prochain entre 14h et 16h dans une vingtaine de villes en France. Vous êtes personnellement rattaché à la finale régionale qui aura lieu à Lyon.

    Lors de cette finale régionale, vous devrez répondre à une série de questions autour de la langue française et serez soumis à l’incontournable épreuve de la dictée, écrite et lue par Philippe Delerm.

    Nous vous enverrons dans quelques semaines la convocation définitive vous précisant le lieu de l’épreuve et vous donnant les derniers détails vous permettant de vous préparer au mieux à cette épreuve.

    D’ici là, retrouvez toute l’actualité des Timbrés de l’orthographe sur le site internet www.timbresdelorthographe.fr et notamment notre collection de livres.

    Vous remerciant une nouvelle fois de votre participation, nous vous félicitons pour votre qualification !

    Très cordialement

    Les Timbrés de l´Orthographe

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    Les serments de Strasbourg

    Le 14 février 842, à Strasbourg, Louis le Germanique et Charles le Chauve, petits-fils de l'empereur Charlemagne, se prêtent serment d'assistance mutuelle.

    Tous les deux sont en guerre contre leur frère aîné Lothaire, qui a hérité du titre d'empereur de leur père Louis le Pieux, mort deux ans plus tôt.

    Louis le Germanique prononce son serment en langue romane (l'ancêtre du français) pour être compris des soldats de son rival et associé. Charles le Chauve fait de même en langue tudesque (l'ancêtre de l'allemand).

    Leur serment est repris par tous les soldats dans leur langue habituelle. C'est que les habitants de l'empire de Charlemagne ont oublié le latin et commencent à se distinguer par leurs idiomes, selon qu'ils vivent à l'ouest ou à l'est de la Meuse.

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    Lu dans la presse:Cette horrible langue française...

    LE MONDE DES LIVRES | 02.12.10 | 11h28  •  Mis à jour le 02.12.10 | 11h28

    A l'en croire, Nietzsche préférait lire Schopenhauer en français. N'était-ce pas "la langue maternelle du bon sens et de l'intelligibilité universelle", comme l'affirmait en 1854 Heine, l'un des plus grands poètes allemands ? Mais on aurait tort de croire que notre belle langue n'a eu droit qu'à des éloges. C'est à tous les réquisitoires prononcés contre elle depuis trois siècles que Gilles Philippe, professeur de stylistique française à l'université Paris III-Sorbonne nouvelle, consacre un livre original et admirablement documenté (Le Français, dernière des langues, Presses universitaires de France, 306 p., 21 €).

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    Êtes-vous Larousse ou Robert ?

    Par Sebastien Lapaque
    28/07/2010 | Mise à jour : 18:42

    DUELS AU SOLEIL (16) - D'un côté, pages roses, petits drapeaux et une orthographe immuable, ou presque. De l'autre, les mystères de l'alphabet phonétique et le souvenir des dissertations difficiles. C'est le jour et la nuit. 

     

     

    Le lecteur du Petit Larousse, c'est d'abord quelqu'un qui aime retrouver son enfance et ces longs après-midi méditatifs passés dans les pages de la fin, avec la reproduction en couleur des drapeaux de tous les pays du monde. Qui s'en souvient? C'était l'époque où l'on apprenait à voyager autour de sa chambre en s'appliquant à reproduire le drapeau du Vanuatu, de la Syrie, du Zimbabwe ou du Pakistan.

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    Un coup de Chiflet

    Claude Duneton
    28/05/2009 | Mise à jour : 12:01


     

    « Nativité ou natalité ce sont toujours des enfants qui pleurent et dont il faut changer les couches », dit Jean-Loup Chiflet en introduisant des couples de mots qu'il appelle des faux-semblants. Au f...

     

    Cette archive est payante.

    http://recherche.lefigaro.fr/recherche/access/lefigaro_fr.php?archive=BszTm8dCk78atGCYonbyzv7vIwLpbYZqCWlLYPlmqcjQZhzw6llv0wl%2Bg7jLzLApu2IGtjAq08M%3D

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    La Belgique malade de ses langues


    La Belgique malade de ses langues<br/>

    EN SAVOIR PLUS - Vous avez souhaité que la rédaction du figaro.fr approfondisse le thème de la crise belge. D'où vient le conflit linguistique entre Flamands et Wallons? Une scission du pays est-elle possible? Le figaro.fr vous donne des clés pour mieux comprendre les enjeux.

    http://www.lefigaro.fr/international/2010/05/06/01003-20100506ARTFIG00646-la-belgique-malade-de-ses-langues.php

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    60 e anniversaire de la mort d'Orwell

    L'auteur, disait encore cet ­éditeur, est un « vrai écrivain ». Non pas un bon écrivain, ou un écrivain génial, un vrai.

    Il nous revient encore que ce « vrai écrivain », aux dires de l'éditeur, avait effectué un remarquable « travail sur la langue », ce qui le différenciait de l'« écriture blanche » de quelques-uns de ses confrères. En langue de bois, l'« écriture blanche » est une expression commode pour dissimuler la platitude du style et le « travail sur la langue », une formule passe-partout qui habille d'un trait avantageux le moindre récit amphigourique.

    Nos défenses cédèrent quand notre interlocuteur, pour justifier un livre habité par quelque drame intense, se fit rassurant : «C'est raconté “sans pathos” » : s'il maniait le grec, ma sœur, on pouvait lui faire confiance…

    Quelques semaines plus tard, on s'enquit poliment du sort de son «vrai écrivain» dont il ne nous avait pas semblé que son « texte exigeant » avait bénéficié de l'attention générale. On s'entendit alors répondre d'un ton docte : «Il n'a pas trouvé son public.»

    Et l'on retourna, songeur, à la lecture de Molière et d'Orwell.

    http://www.lefigaro.fr/livres/2009/10/08/03005-20091008ARTFIG00471-langue-de-bois-.php

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    Ma patrie, c'est la langue française (Albert Camus). Discours de Mme Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel.

    SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
    le jeudi 3 décembre 2009

    PARIS PALAIS DE L’INSTITUT

    esdames,
    essieurs de l’Académie,

    Le général de Gaulle se plaisait à caractériser la France comme le pays des trois cent soixante-cinq fromages, c’est-à-dire comme le pays d’une prodigieuse diversité, diversité des opinions, des aspirations, des goûts et des comportements. Il rejoignait par là l’analyse de Fernand Braudel démontrant dans sa magistrale étude de l’identité de la France que l’histoire de notre pays était celle de divisions anciennes et puissantes, assemblage hétéroclite de peuples et de civilisations, de parlers, de coutumes et de modes de vie. De cette diversité, le démographe Hervé Le Bras concluait que « la France ne devrait pas exister » ou, mieux encore, qu’il aurait fallu l’inventer et ajouterons-nous, la réinventer toujours. Car, et c’est encore Braudel qui parle, « le passé, ce passé de diversité agresse le présent ». Quelle actualité dans ce propos !

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    L'art des contraires

    Claude Duneton
    18/06/2008

    Lorsqu'on dit : « Il fait noir comme dans un four », on fait une comparaison simple, à la portée de tous, le four ayant toujours figuré un lieu privé de tout éclairage ; mais lorsqu'on dit : « Ce monsieur est aimable comme une porte de prison », on fait une comparaison négative, chargée d'ironie, qui dit l'inverse de ce qu'elle est censée signifier : la personne n'est pas aimable du tout. Il s'agit d'une manière de s'exprimer par le contraire, une surenchère de l'antiphrase ; elle suppose un esprit moqueur et exige de l'interlocuteur une rectification, un léger décodage. D'ailleurs, on emploie spontanément ces antiphrases renversées pour exercer la sagacité des petits enfants.

    Il y a là la permanence d'un humour ancien : dire le contraire pour provoquer une réaction, un rire naïf. « Il est fin comme du gros sel », se dit de quelqu'un de lourdaud, obtus, ou bien maladroit dans ses propos  quelqu'un de pas subtil du tout. Ces comparaisons renversées étaient particulièrement fréquentes dans le langage populaire d'autrefois ; elles se retrouvent en abondance dans les langues minoritaires de France en voie de disparition. Feuilletant un petit livre consacré aux expressions limousines collectées par un excellent occitaniste, Yves Lavalade, je suis frappé de voir combien cet art des contraires était en honneur dans la langue du Limousin, issue de celle des poètes troubadours. Nos gens disaient d'un trait mal tiré, d'un alignement raté « C'est droit comme la jambe d'un chien » : drech coma la jamba d'un chen, ce qui me faisait rire, car la jambe des chiens est irrémédiablement tordue, coudée… L'allitération ajoutait du cocasse car jamba se prononce tsàmba, et chen fait tsi. Reste que c'est le « renversement » qui séduit, car si l'on disait : « Tordu comme la jambe d'un chien », cela tomberait à plat  l'évidence n'est pas drôle. On disait aussi drech coma mon cobde quand me moche, « droit comme mon coude quand je me mouche », mais ce n'était pas aussi riant que le chien, aux pattes toujours en mouvement.

    Pour quelqu'un de squelettique, on disait gras coma un peisel, « gras comme un piquet de vigne » (ce serait en français classique « sec comme un cotret ») ; le peisel évoquait à la fois la minceur, l'élancement, et la sécheresse de l'individu. Pour un impotent on pouvait dire jusqu'à l'absurde : leste coma una roda de molin, « leste comme une roue de moulin », ou encore mieux, pour la légèreté, avec un redoublement de malice qui plaisait aux enfants : legier coma l'ausel qu'appellen lo buèo, « léger comme l'oiseau qui s'appelle bœuf ».

    Ah ! on en disait des choses au bord des chemins de terre creusés d'ornières de charrettes  nervos coma una goga, « vif comme un boudin noir », et dans ce même esprit des images en creux, Se rit quand se burla, « il rit quand il se brûle », pour évoquer un être rébarbatif, austère et déplaisant. Pour la maigreur d'un personnage osseux  il en existait beaucoup à ces époques de rationnement forcé : qu'es pas la graisa que l'entraupa, « ce n'est pas graisse qui le fera trébucher ».

    Yves Lavalade commente un peu cavalièrement ces formulations des vieux âges : « Il faut avoir l'esprit bizarrement tourné pour dire le contraire de ce qu'on veut signifier. » Non, je ne trouve pas. Il faut avoir l'esprit mutin, sans doute, assez taquin ; nos anciens prenaient leurs images au plus près de la vie  ils disaient : « Je suis souple comme un verre de lampe » à une époque pas si reculée où le long verre de la lampe à pétrole se montrait d'une fragilité redoutable. Il s'agit d'un temps où les couteaux mal aiguisés coupaient « comme mon genou ».

    Cela étant, M. Lavalade nous en livre des joliment rigolotes de nos vieux terroirs ; « il pleuvait à queue de vache » ; on tenait à une chose « comme à ses deux yeux »  et à ce sujet oculaire une expression bien avisée préfigurait malicieusement l'idée du clonage : sembla sa mair coma si li avià sautat per un uelh : « il ressemble à sa mère comme s'il lui était sorti par un œil »… C'est tout de même plus fort que la goutte d'eau !
    Trésor des expressions limousines, de Yves Lavalade. Éd. Lucien Souny, 80 p., 10 €.

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    Un mot redécouvert en lisant les "Poèmes et légendes" d'Henri Heine(cf.note)

    Tudesque

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

    L'adjectif tudesque est un mot d'ancien français utilisé pour désigner tout ce qui est d'origine germanique (apparenté à l'allemand Deutsch), ou, en français, tout ce qui est d'origine germanique au Haut Moyen Âge.

    On pense notamment au texte écrit en tudesca lingua, opposée à la romana lingua, des Serments de Strasbourg (en 842).

    Etymologie comparée [modifier]

    Le radical de l'adjectif deutsch provient du vieil allemand « theudisko-z », qu’on peut définir par relatif au peuple, à la nation, dérivé de theudo, « peuple, nation ». Le mot était utilisé en anglais et en allemand pour désigner la langue du peuple différente du latin ou des langues romanes ; on les qualifiait de « barbares »[1].

    L'adjectif dutch du vieil anglais en est dérivé, et, après avoir eu le sens d'« allemand », a dérivé pour signifier « néerlandais ». Le nom Dutchman veut encore dire Néerlandais en bon anglais. Aux États-Unis, cet adjectif est aussi utilisé pour désigner les Amish vivant dans les Appalaches, appelés les « Pennsilfaanisch » (Pennsylvaniens), originaires du Nord de l’Allemagne. En revanche, l'adjectif duits, qui en néerlandais correspond à l'anglais dutch, a le sens d'« allemand ». En danois « tysk » (le y se prononce [y]) signifie « allemand ».

     

    • Le radical theuda a été conservé jusqu’au moyen anglais sous le nom de theude, mais a été remplacé par l’équivalent romain de people et de nation.
    • L’italien utilise le dérivé tedesco. De nos jours, la forme italienne tedesco traduit l'adjectif allemand dans ses principales acceptions françaises actuelles. Tedesco, masculin singulier, devient tedesca au féminin singulier et tedeschi/tedesche au pluriel masculin/féminin respectivement.
    • Le français utilise les dérivés variés qui recouvrent des réalités distinctes : adjectif thiois ; adjectif tudesque.

    D'autres indications linguistiques permettent d'apparenter tudesque et teuton ; voir à ce sujet l'introduction de l'article Teuton.

    Au cours du Moyen Âge, une étymologie populaire tendait à conférer à la racine theuda une origine noble en la rattachant au grec theos, Dieu.

    Notes [modifier]

    1. Souvent le mot barbare fait penser à des hommes primitifs, mais il désigne seulement les peuples ne sachant pas parler le latin. La racine du mot « barbare » se retrouve dans le mot dérivé du grec « borborygmes » [borbor-], gargouillements du tube digestif, devenu au figuré synonyme de propos incompréhensibles, avec une connotation péjorative.
      Voir à ce sujet l'article Barbare
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    Un mot découvert en lisant la revue poésie 1:"Jaculatoires"

    Jaculatoire
    Nature : adj.
    Prononciation : ja-ku-la-toi-r'
    Etymologie : Lat. jaculatorius, de jaculari (voy. ).

     

    Voir les citations du mot Jaculatoire

    Terme d'hydraulique. Fontaine jaculatoire, fontaine qui lance un jet d'eau à une grande hauteur et par la force d'une pression.

     

    Fig. Terme de dévotion. Oraison jaculatoire, prière courte qu'on adresse au ciel avec un vif mouvement de coeur.

    http://www.dicocitations.com/definition_littre/15325/Jaculatoire.php

    cf. mes notes: du 27/03/2008 

     

     

     

    .http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/27/je-viens-de-lire-poesie-1-numero-51-de-l-hiver-2007-2008.html

     

    et du 29/03/2008

     

     

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/29/suite-de-ma-note-du-27-03-2008-1.html#comments)
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    Le plaisir des mots

    Par Claude Duneton.
     Publié le 11 octobre 2007
    Actualisé le 11 octobre 2007 : 12h45

    L’amour, toujours

    FAUT-IL L’AVOUER ? Beaucoup de mots français flottent d’un genre à l’autre. Certains parce qu’ils ont changé de genre entre le XVIe siècle et nos jours, la langue populaire ayant conservé longtemps leur sexe d’origine – c’est le cas des grosses légumes, ou de la poison. D’autres
    continuent à être en suspens ; le mot perce-neige, par exemple, est porté féminin par tous
    les dictionnaires, continûment jusqu’à aujourd’hui, alors qu’on l’emploie au masculin depuis
    la Restauration. Une chanson de 1807 s’intitule La Perce-neige, une autre de 1830 Le Perce-neige. Le Robert relève les deux genres, en 2001, sans broncher.
    Ongle fut autrefois masculin ou féminin selon les gens ; Bossuet met indifféremment aigle à l’un et l’autre genre, disant tantôt « ainsi qu’une aigle volante » dans une oraison funèbre, tantôt « avec la vitesse d’un aigle » dans une autre. La Fontaine l’aimait bien femelle : « On fit entendre à l’aigle qu’elle avait tort »…Or, tandis que le masculin gagnait du terrain pour l’oiseau vivant, l’aigle en effigie, sur des étendards, demeurait féminine ; on ne parle que de l’aigle romaine, et l’usage veut que l’on ait conservé « les aigles impériales ».
    Question délicate : faut-il dire une couple de pigeons, comme l’affirme votre vieil oncle lettré
    pendant les repas de famille où on les sert avec des petits pois du jardin ? Oui, on le peut, c’est joli. Mais contrairement à ce que croit votre parent, on n’est pas obligé… Bien sûr couple devrait être féminin de par son origine latine copula. Il l’a été longtemps : « Belle couple, heureuse union », dit Du Bellay. « Comme une couple de chevaux attelés », dit Montaigne.
    La question n’était pas tranchée au XVIIe siècle ; Ménage accepte indifféremment un ou une couple de pigeons. Il ajoute (c’est essentiel) : « Comme disent les femmes ». Cette remarque en dit long : le féminin se sera perpétué en catimini aux cuisines. « Marguerite nous préparera
    une couple de pigeons pour le baptême ! » Cela sent les raffinements de la cuisine bourgeoise de Mme Saint-Ange ; votre vieil oncle a raison !
    Mais on peut dire aussi une couple de boeufs, une couple d’heures – sauf si les boeufs sont attelés ensemble au joug, alors on dira une paire de boeufs. Ô nuance !…Pour Richelet (en 1694), couple est masculin en parlant des personnes, féminin en parlant d’animaux ou de choses – ce qui paraît d’un systématisme un peu exagéré. Au fond, au temps jadis, c’était surtout au choix du client ; ajoutons que dans certains cas l’usage a séparé les sens : une pendule donne l’heure, un pendule donne…des frissons : «Et l’amour, dites-moi ? »
    Oh ! l’amour, grande affaire intime ! Pour Vaugelas (1647) : « Il est masculin et féminin,
    mais non pas toujours indifféremment, car quand il signifie Cupidon, il ne peut être que masculin, et quand on parle de Dieu. » L’amour est divin, et pas divine. « On dit fort bien, continue le grammairien de Savoie, l’amour des pères et des mères pour leurs enfants est si pleine de tendresse, ou bien si plein de tendresse, et ainsi de tous les autres. » Cependant, pour lui-même, Vaugelas préfère le féminin, « selon l’inclination de notre langue qui se porte d’ordinaire au féminin plutôt qu’à l’autre genre ». Il donne enfin pour exemple : « La petite amour parle, et la grande est muette. » C’est vrai, au fond, comme la douleur…
    D’autres auteurs du siècle classique suggéraient que l’amour fût masculin en prose, et féminin dans les vers ; ce qui paraît bizarre, mais que l’on peut comprendre à une époque où l’on portait la poésie plus haut que tout. Nous aurions des amours rimées et des amours prosaïques… Thomas Corneille, le petit frère du « Grand », a énoncé la règle qui a prévalu, couci-couça, dans le monde moderne : « Quand l’amour est pluriel, dit-il, et qu’il signifie des commerces de passion, il doit être féminin. » Oui, l’amour fou, mais de folles amours. Les amours enfantines sont de beaux attachements éprouvés dans l’enfance; des « amours enfantins » désignerait un sentiment niais, un peu simplet. Ah ! que j’aime, pour ma part, ces fluctuations au gré des humeurs : des « amours printaniers » seraient au mieux des Cupidons précoces ; tandis que les amours printanières s’en vont main dans la main, vêtues de robes claires, le long de chemins herbus. C’est la richesse d’un idiome de pouvoir se plier à des caprices d’auteur. Pour vous vanter encore la beauté de notre langue, il me faudrait une couple d’heures, au moins !
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    « Blogueur » et « géolocalisation » font leur entrée dans le dictionnaire

    190a36a44f644665e80e11135e2df224.jpgLes nouvelles éditions du Petit Larousse et du Petit Robert intègrent, cette année, beaucoup de nouveaux mots liés aux nouvelles technologies.

    Hélène Puel , 01net., le 30/08/2007 à 17h15

    « Mais non, je n'ai pas transféré les podcasts de ton blog sur mon iPod ! » Cette phrase est-elle bien française ? La réponse est oui, et vous pourrez l'employer sans faire rougir un agrégé de lettres. Le terme podcast, « de Ipod et de l'anglais broadcast, émission », figure dans la dernière édition du Petit Larousse illustré. Quant à blog, il avait déjà fait son apparition dans Le Petit Robert l'année dernière.

    Comme tous les ans, les équipes des dictionnaires ont sélectionné des dizaines de nouveaux mots ou locutions dont la présence a été jugée nécessaire dans leurs pages. Une centaine d'entre eux font ainsi leur apparition dans le millésime 2008 du Petit Larousse. Quelques-uns concernent les nouvelles technologies, comme blogueur, rétroéclairage ou encore géolocalisation.

    Quant à la nouvelle édition du Petit Robert, elle accueille 472 nouveaux mots ou nuances de sens, et n'est pas en reste dans le domaine de l'informatique. Pêle-mêle s'y trouvent : antipiratage, infobulle, podcaster, joystick ou encore mobinaute pour « un internaute qui utilise des terminaux mobiles pour accéder à Internet ».

    Nouvelles définitions adaptées à la high-tech

    Certains mots usuels des dictionnaires s'enrichissent, eux, d'une définition high-tech. C'est le cas de format, qui peut aussi aujourd'hui se comprendre comme une « structure de la couche magnétique d'un support de données permettant le stockage et l'organisation des informations. Définir le format d'une disquette ». Idem pour bannière, un « espace publicitaire sur une page Web renvoyant vers le site de l'annonceur ».

    « Un mot entre dans le dictionnaire quand il correspond à une réalité sociale nouvelle ou appartient au langage courant, explique un porte-parole des dictionnaires Le Robert. Notre service documentation épluche les médias, Internet et transmet les néologismes ou nouveaux sens à nos lexicographes. Réunis en comité, ce sont eux qui définissent, parmi les 60 000 mots étudiés chaque année, ceux qui entreront dans le dictionnaire. »

    Petit test : selon vous, quel mot correspond à la définition « effectuer des opérations de traitement, d'échange et de stockage d'informations sans recours au support papier, ces opérations conservant toute leur valeur juridique »  ? Dématérialiser, selon Le Petit Larousse illustré 2008.

    http://www.01net.com/editorial/357394/-blogueur-et-geolocalisation-font-leur-entree-dans-le-dictionnaire/

     

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    Livre à lire:"La Révolte des accents" par Erik Orsenna(clin d'oeil à Monette)

    ba39ccb499f4a0d3669496fc29d7db22.gifLe sauveur de saveurs

    par Delphine Peras

     L'académicien publie La Révolte des accents, troisième volet de sa croisade contre ceux qui s'acharnent à nous ôter le goût de la langue française. Rencontre avec un touche-à-tout passionné.

    Surprise: Erik Orsenna a rasé sa moustache! Il la portait «depuis toujours», assure- t-il. Alors? Cupidon est passé par là... A 60 ans tout ronds, l'académicien, élu en 1998, est amoureux comme un jouvenceau. Un vrai coup de foudre pour une femme médecin, il y a quelques mois. L'écrivain n'en dira pas plus. Mais le lien est tout trouvé avec son nouveau livre, La Révolte des accents, aujourd'hui en librairie, dont le message peut se résumer ainsi: aimer, c'est accentuer sa vie.

    Ce joli conte plein de fantaisie et de poésie imagine en effet à quel point l'existence devient morne le jour où les accents, mais aussi les épices, prennent la poudre d'escampette. «En partie à cause d'Internet et de l'influence de l'anglais, on n'utilise plus les accents et ça me rend furieux», tempête Erik Arnoult (pour l'état civil) - il a emprunté Orsenna à Julien Gracq dans Le Rivage des Syrtes. «Or les accents sont révélateurs de l'esprit français. Même s'ils ont été inventés il n'y a pas si longtemps, dans les années 1550, notamment par un certain Jacques Dubois, ancien prof de lettres qui passait ses journées à disséquer les cadavres!»

    Voilà le genre d'anecdotes qui ravit cet esprit curieux de tout, tout le temps. D'où un curriculum qui donne le vertige, de son titre de docteur en économie, spécialiste des matières premières, à ses postes de conseiller en tout genre, aussi bien à l'Elysée auprès de Mitterrand qu'aux Affaires étrangères avec Roland Dumas. Sans oublier l'Ecole nationale supérieure du paysage, à Versailles, ou encore le Centre de la mer à la Corderie royale de Rochefort, qu'il préside. Actuellement en disponibilité du Conseil d'Etat, où il a été nommé en 1985, ce voyageur impénitent, géographe de surcroît, est aussi l'auteur de moult essais, dont le célèbre Voyage au pays du coton (Orsenna prépare un deuxième tome sur l'eau), récits, romans, parmi lesquels L'Exposition coloniale, qui lui valut le prix Goncourt en 1988.

    La Révolte des accents est le troisième volet de sa promenade dans la langue française entamée en 2001 avec La grammaire est une chanson douce, un best-seller inattendu: 500 000 exemplaires vendus, toutes éditions confondues. Ce succès, qui l'a «totalement surpris», Erik Orsenna l'explique par un sentiment partagé: «Comme moi, les parents ne comprenaient pas pourquoi ils ne saisissaient pas les questions qu'on posait à leurs enfants en classe de français. Il y avait là une dérive jargonneuse très étrange.»

    Une dérive incarnée par le personnage de Mme Jargonos, l'enseignante trop savante que l'on retrouve dans Les Chevaliers du subjonctif, publié en 2004, puis dans cette suite sur les accents. Tout comme on y retrouve la jeune Jeanne et son frère Thomas, porte-parole candides de leur créateur, qui planche maintenant sur un dernier épisode, consacré à la ponctuation. «Je me sens avant tout pédagogue, passeur. Je ressens une espèce d'ivresse à apprendre et à transmettre», explique Orsenna. Message reçu par ses innombrables lecteurs, qui l'accompagnent avec ferveur dans cette croisade linguistique. «J'ai reçu un immense courrier après la sortie de La grammaire est une chanson douce. Les gens se sont littéralement approprié le livre, les écoliers l'ont prolongé par des spectacles, des comédies musicales.»

    Rebelote avec Les Chevaliers du subjonctif: 150 000 exemplaires vendus. «La preuve qu'il existe une vraie curiosité pour la langue française.» Intarissable sur le sujet, Erik Orsenna ne craint pas de mettre les pieds dans le plat: «La langue est le lien social et républicain par excellence. Ce qui implique le devoir de parler français, mais aussi le droit de l'apprendre, notamment pour les communautés d'origine immigrée, où les femmes sont souvent maintenues par leur mari en état de dépendance linguistique, c'est-à-dire de dépendance totale. J'ai toujours défendu cette articulation droits-devoirs, ce qui a fait grogner dans mon camp.»

    Comprendre: le clan socialiste, auquel il appartient de longue date. «En cette époque de ralliements, je préfère être en colère dans mon groupe plutôt que dans l'autre. C'est ce que j'ai dit à Sarkozy il y a quatre mois, quand il m'a gentiment proposé de travailler avec lui.» Co-rédiger un rapport sur la grammaire demandé par Gilles de Robien, ou diriger l'Observatoire national de la lecture sur la proposition de François Fillon, oui. Intégrer un gouvernement de droite et être solidaire de son action, non. Autant dire que l'homme est moins versatile qu'il n'y paraît: «Je suis d'accord avec Sarkozy quand il dit des choses de bon sens. Mais quand il se plaint de voir figurer La Princesse de Clèves au programme du concours d'attaché d'administration, je suis triste de le savoir président de la France. Ce chef-d'œuvre de la littérature française devrait même être lu dans les quartiers difficiles. Car la plupart des jeunes qui y vivent n'ont qu'une seule patrie, la langue.»

    L'Académie française est un tantinet à la traîne... «Elle est un peu sage, en effet», regrette l'occupant du fauteuil n° 17, qui fut celui de l'éminent Littré et du commandant Cousteau. Très assidu aux séances du dictionnaire, le jeudi, leur successeur s'y amuse beaucoup: «Nous en étions récemment au mot "repu". Il y avait un exemple: "repu d'honneurs". Je demande la parole pour dire que ma fréquentation de l'espèce humaine ne m'a jamais fait rencontrer une seule personne repue d'honneurs.» A ce moment-là, Valéry Giscard d'Estaing lève la main et déclare: «Ma propre fréquentation de l'espèce humaine me fait confirmer la remarque judicieuse d'Erik Orsenna.» Lequel s'empresse d'ajouter: «Je suis l'exception qui confirme cette règle. Moi, je suis repu d'honneurs et je n'en veux plus.» Il ne veut rien que du bonheur...

    La Révolte des accents
    Erik Orsenna
    éd. STOCK

    136 pages
    13,5 €
    88,55 FF

    Source:http://livres.lexpress.fr/portrait.asp/idC=12794/idR=5/idG=3

  • Catégories : La langue (française)/ les langues

    Etymologie: nos racines arabes

    Bougie, guitare, tulipe ou épinard... Un ouvrage recense près de 300 mots français issus de la langue arabe.
    Par Natalie LEVISALLES
    QUOTIDIEN : vendredi 18 mai 2007
    I l y a deux fois plus de mots français d'origine arabe que de mots français d'origine gauloise», nous apprend Salah Guemriche. Peut-être même trois fois plus. Pour une centaine de mots gaulois, donc, on a près de trois cents mots arabes dans le français d'aujourd'hui, les plus anciens arrivés il y a six ou sept siècles, les plus récents datant de la colonisation de l'Afrique du Nord, et de ses conséquences. Dans le Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et turque et persane) (1), Salah Guemriche recense tous ces mots et nous raconte leur étymologie (certaine ou probable) et leur métamorphose progressive. En linguiste amateur et enthousiaste (il est romancier et journaliste), il a compilé différents dictionnaires ( Trésor de la langue française, Dictionnaire étymologique de tous les mots d'origine orientale ...), acceptant souvent leurs hypothèses, en proposant parfois d'autres. Comme l'indique la parenthèse du titre, et comme la lecture le confirme, une bonne partie de ces mots arabes sont eux-mêmes des importations du turc, et surtout du persan.
    Si l'origine de certains ­ «caravane», «bazar», «macache», «kif-kif», «maboul»... ­ est transparente, il y a bien d'autres mots dont la présence dans cette liste est inattendue. Au hasard (de az-zahr , le coup de chance) et fissa (de l'arabe maghrébin fissa'a , illico) : «arobase», «amiral», «avanie», «albatros», «bougie», «carat», «douane», «guitare», «houle», «luth», «mage», «mesquin», «mortaise», «raquette», «truchement» ou «vérin». On remarquera que la langue arabe a généreusement alimenté certains domaines du vocabulaire : équitation, astronomie, botanique, mais aussi cuisine («café», «pilaf», «sirop», «sorbet», «sucre»), chimie («alambic», «alchimie», «alcool») ou navigation («patache», «récif», «calfater»).
    Parmi les découvertes les plus surprenantes, on apprend que «crouillat» (ou «crouille»), ce terme violemment raciste, vient de l'arabe dialectal khouya , qui signifie «mon frère». De même que «bicot», autre terme raciste, vient de l'arbi (l'arabe), d'où «arbicot», puis «bicot». Autre étonnement : le nombre de doublets (mots différents qui ont une étymologie commune). «Azimut» et «zénith» viennent tous deux de as-samt (la direction), «turban» et «tulipe» de tülbent (turban en turc), «azur» et «lapis-lazuli» de l'arabe lazurd , emprunté au persan lazward , (bleu clair et intense), «tambour» et «timbale» du persan tabir (tambour). Mais le record est battu par qirmiz (cochenille) qui, à lui seul, a donné trois mots : «carmin», «cramoisi» et le médicament ancien «alkermès».
    Calligraphie Hassan Massoudy
    (1) Dictionnaire des mots français d'origine arabe, Salah Guemriche, Seuil, 878pp.
    Hassan Massoudy est aussi l'auteur de ABCdaire de la calligraphie arabe, Flammarion et de Calligraphie pour l'Homme, Alternatives.
    Mes propres textes sont en capitales dans la liste des catégories.

  • Catégories : La langue (française)/ les langues

    Malherbe vint

    par Claude Duneton.
     Publié le 03 mai 2007
    Actualisé le 03 mai 2007 : 11h49
    QUEL plaisir de lire Ronsard ! Le chant de la langue ! Même si le dit est parfois rhétorique, la musique est là, avec les vieux mots qui donnent une vérité à ses plaintes. Lorsqu'il embouche le fifre lent des tristesses futures, Ronsard donne un tour désolant au thème des regrets - à sa maîtresse :

    Après ton dernier trépas,
    Gresle, tu n'auras là-bas
    Qu'une bouchette blesmie ;
    Et quand mort je te verrois
    Aux ombres je n'avourois
    Que jadis tu fus ma mie.

    Pour peu que l'on ait soi-même une maîtresse morte, on pleure en le disant...
    Penser, alors, qu'il y a quatre cents ans ces jours-ci il souffla sur Paris un vent de basse cuistrerie pour venir éteindre ce flambeau de poésie ! En 1605, un furieux sourd, qui se voulait ciseleur de vers mais n'avait encore presque pas écrit, arriva à la Cour pour s'y faire une rente. Poète laborieux, sans inspiration, tâcheron du rythme et de la rime froide, Malherbe - car c'était lui ! - se mit en devoir de donner des leçons à la langue française et de tailler en sacrilège dans la belle floraison dont l'avaient ornée les poètes de la Pléiade. Malherbe vint, hélas ! tout gâcher. Ce Normand de cinquante ans, plutôt aventurier, méchant comme une teigne, qui avait fait souche à Aix-en-Provence, devint le courtisan assidu d'Henri IV, dont il obtint les faveurs à force de courbettes ; il assassina la poésie française, qui mit deux siècles à ressusciter !
    Courtisant aussi la reine Marie (la « grosse banquière ») qu'il avait eu l'habileté de célébrer à sa sortie d'Italie par une ode assez piètre - « La voici la belle Marie / Belle merveilleuse d'Hétrurie » - le poète de cour prit très vite un ascendant terrible sur le peuple rimant de ce début de siècle. Mais il fut secondé : à force de sarcasmes, ce dégoûté fonda la triste école des « puristes ». Sa doctrine était simple : elle consistait principalement en des refus ; refus de tout ce qui était ancien, d'abord, et sentait la langue du XVIe siècle, considérée comme du « gaulois ». Refus également des néologismes, des créations dont les gens de la Pléiade avaient fait leur miel. Cette double exclusion avait pour résultat évident d'appauvrir l'idiome, de l'assécher même.
    Il y eut des protestations véhémentes : « Ils réduisent notre langage à la besace et à une honteuse disette et mendicité », s'exclamaient les personnes de bon sens. Ce fut en vain, car l'époque voulait avant tout rompre avec ce qui pouvait rappeler le temps de l'abominable guerre civile qui venait de se terminer, sept ans plus tôt, par l'édit de Nantes, dont l'une des clauses préliminaires stipulait qu'il serait désormais interdit de parler du passé ! En effet, beaucoup des interdits inexplicables qui frappent encore notre langue, - comme « la tante à Lucien » -, ont pour origine une lubie personnelle de François Malherbe, ce « coeur sans amour, esprit sans rêve », selon Ferdinand Brunot.
    L'orientation élitiste que prit ainsi la langue française durant le premier tiers du XVIIe siècle jusqu'à la création de l'Académie, laquelle en fut le simple prolongement et non pas l'initiatrice comme on le croit, est entièrement due aux réglementations de Malherbe et de ses suppôts. La conséquence de cette rupture fut que le français littéraire, bientôt le seul officiel, évolua désormais en champ clos, au sein de la cour de France. Il se détacha peu à peu de la langue commune, qui poursuivait son bonhomme de chemin parmi la petite et grande bourgeoisie - parisienne essentiellement.
    La langue française, de plus en plus surveillée, codifiée, émondée, raffinée, devint une plante en pot ; elle fournit, certes, les plus belles gerbes, avec l'une des plus fameuses productions littéraires au monde, mais elle se coupa pour deux cent cinquante ans de la base de sa population. Nous subissons de nos jours les retombées de cette absence populaire infligée jadis par Malherbe - un avenir proche nous dira si cette absence était mortelle. Pour l'instant, c'est une chose à craindre, en dépit des aveuglements plus ou moins volontaires, mais demain ?... Claude Imbert écrivait très récemment : « Il n'est pas, aujourd'hui, de plus grande cause française que celle de sa langue. » Il disait aussi : « La misère du verbe fait la violence du poing. »