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Cinema paradiso

  • Catégories : Livre

    Cinema paradiso

    ÉTIENNE DE MONTETY.
     Publié le 11 octobre 2007
    Actualisé le 11 octobre 2007 : 12h53

    Éric Fottorino - Un roman plein de charme, sur un homme en quête de soi, dans un Paris enchanteur.

    UNE SALLE obscure : drôle d’endroit pour chercher sa mère. C’est pourtant là que Gilles Hector passe une partie de ses journées cherchant sur le visage des actrices qui défilent sur l’écran un indice, un signe de familiarité qui attesterait qu’elle est celle qui l’a mis au monde. En mourant, son père, Jean Hector, photographe de plateau, ne lui a pas laissé grand-chose, sinon un secret : il est le fruit d’une liaison de tournage – qui a tourné de façon inattendue.
    Son ADN est déposé sur une pellicule, reste à savoir laquelle.
    Gilles écume les cinémas de quartier, dévisage les seconds rôles, formule des hypothèses.
    Pour lui, la cinémathèque est une banque génétique. Il tente tout de même de vivre, de mener une vie qui ne soit pas projetée sur un mur, mais de chair et de sang. Sa rencontre avec Mayliss participerait plutôt du genre théâtral : accès de passion, bouderies, malentendus, réconciliations. On le sent : difficile d’aimer quand on n’a pas reçu de baiser d’une mère, eussent-ils été « de cinéma ».
    L’éternelle malédiction de l’homme
    Il y a du panthéon dans le roman d’Éric Fottorino et l’on n’entend pas par là qu’il se déroulerait dans un célèbre quartier parisien (ce serait plutôt l’île de la Cité qui aurait sa dilection). Mais les cinémas, les films, une maison d’édition dirigée par un savoureux personnage, tout dans le roman plein de charme exhale un parfum familier. Une espèce en voie de disparition, parisienne, du temps que ce mot désignait une forme d’élégance et non une caricature, exprime ses codes et ses goûts : les films de Truffaut, Charles Denner, la rue Monsieur-le- Prince, le Flore-en-l’Ile. Il doit bien se nicher un roman de Modiano quelque part, que l’on n’aura pas relevé. Plus profondément, Fottorino a écrit une enquête. Moins sur les origines, que sur l’amour et le mystère de l’être. Il dit à ce sujet des choses très simples. Sans appuyer, sans clin d’oeil à Sophocle, il met au jour l’éternelle malédiction de l’homme. Comme il y a deux mille cinq cents ans, celui-ci est aveugle et se démène comme il peut, cherchant le bonheur, le salut, le paradis. Le cinéma ne lui est qu’une maigre consolation – un divertissement aurait dit Pascal (pas Thomas, Blaise). 
    Baisers de cinéma d’Éric Fottorino Gallimard, 190 p., 14,50 €