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  • Catégories : Barbey d'Aurevilly Jules

    Une autre guerre du goût

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    Par Philippe Sollers

    Barbey d'Aurevilly, l'auteur des «Diaboliques» adore Balzac et Stendhal, n'aime ni Zola ni Tocqueville, déteste George Sand, et il est souvent clairvoyant.

     

    Qui se soucie encore de Barbey d'Aurevilly (1808-1889) qui a passé son temps à déranger son époque ? Romancier, nouvelliste, critique, journaliste, il aura pourtant été un des grands réfractaires du XIXe siècle avec Baudelaire et Bloy pour ne citer qu'eux. Il détestait tous les conformismes. Il aurait aujourd'hui fort à faire.

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  • Catégories : Barbey d'Aurevilly Jules

    Littérature, Jules Barbey d'Aurevilly:Les épées sont sorties

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    ÉTIENNE DE MONTETY.
     Publié le 31 mai 2007
    Actualisé le 31 mai 2007 : 11h11

    Jules Barbey d'Aurevilly - Le portrait des académiciens de son temps fut l'occasion pour le polémiste de régler son compte à la société littéraire.

    C'EST l'exercice le plus convenu depuis la création de l'Académie française : railler son principe et sa composition. On se souvient des mots cruels de Cyrano sur les Immortels de son temps : « Porcheres, Colomby, Bourzeys, Bourdon, Arbaud.../Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c'est beau ! » Et Clemenceau et Bernanos de se joindre au choeur des moqueurs. De leur côté, les quarante peuvent exciper de la présence parmi eux de Corneille, Buffon, Montesquieu, Tocqueville, Bergson, Dumézil, Louis de Broglie. Alors ? Au moment de son élection, Cocteau, funambule qui avait décidé de s'asseoir, se justifiait ainsi : « Être académicien et décoré de la Légion d'honneur ôte à mon allure libre tout air conventionnel de révolte. » Académicien mais pas académique, la porte est décidément étroite.
    Dans ces méandres byzantins, où se situe Barbey d'Aurevilly ? On s'en doute. Le connétable porte l'épée à toute heure du jour et de la nuit. Il n'a nul besoin de fréquenter les bicornes du Quai de Conti pour se sentir coiffé. En 1863, dans Le Nain jaune, journal créé par des journalistes du Figaro en rupture de ban, l'écrivain se lance à l'assaut de l'ancien collège des Quatre-Nations. Personne ne l'avait prévenu que la voie lui était ouverte. À moins qu'il n'ait préféré par tempérament l'escalade des hauts murs. Pour le beau geste. Une façon aussi de faire son intéressant.
    Contempteur de l'Académie, Barbey ne mâche pas ses mots. Les quarante assiégés sont passés au fil de l'épée pour faits de collaboration. Collaboration avec quoi ? La médiocrité, la vanité, la mondanité, on en passe. Feu sur Vitet, Mignet, Legouvé, feu sur Cousin, Dupin, Patin, Villemain. Et Rémusat : « M. de Rémusat est un des ministres sans emploi, interné à l'Académie, cette Salpêtrière de ministres tombés et de parlementaires invalides dont l'orléanisme est incurable. » Barbey gagne à tous les coups, mais en s'étonnant qu'un homme de cette trempe s'abaisse à choisir si piteuses cibles.
    C'est quand il s'attaque aux grandes figures des lieux que l'exercice prend de la consistance. Enfin des sujets à sa mesure. Il excelle alors : « Comme il y a en littérature des questions d'honneur autant que partout, quelle réponse fera l'histoire littéraire de l'avenir à la question de savoir pourquoi M. Victor Hugo a sollicité d'être académicien ? (...) Est-ce l'amour du costume, de ce costume qu'avait porté le Grand Empereur ? » Même sort pour Mérimée que l'auteur admire et dont la présence sous la Coupole le déconcerte : « M. Mérimée a le mépris le plus honorable pour tout ce qui est vulgaire, mais c'est un mépris gouverné qui ne l'a pas empêché d'entrer dans une compagnie où les grands talents, par le fait qu'ils y sont, y sont déplacés. » La mansuétude n'est pas son fort. À peine s'applique-t-elle aux poètes. De Lamartine au milieu des quarante, il écrit : « Il y fait une énorme tache de lumière » ; et à la disparition de Vigny : « M. de Vigny est mort hier. On s'étonnait qu'il fût de l'Académie française où, par parenthèse, un Villemain ou un Saint-Marc Girardin, des professeurs ! avaient plus d'influence que lui. »

    Au nom du malheureux Baudelaire
    Comment lire aujourd'hui ces savoureux médaillons dont l'acrimonie a toutefois quelque chose de décourageant ? Avec le plaisir de côtoyer un écrivain à la plume vigoureuse, chargeant avec bonne humeur, renversant les chaises, les vases et les bibelots. Avec humilité aussi. Car enfin ricaner en 2007 de la présence d'un Laprade, d'un Falloux d'un Nisard, d'un Sandeau, est-ce accabler l'Académie pour son manque de clairvoyance ou afficher son inculture, son ignorance des mérites possibles de ces hommes en leur temps ?
    D'ailleurs, l'Académie française doit-elle être un concentré de génies ou une photographie de la France ? Et peut-on éternellement, au nom du malheureux Baudelaire, dédaigner un aréopage qui accueillit Vigny, Hugo, Lamartine, Mérimée, mais aussi Guizot ou Sainte-Beuve ?