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une suite pour corto maltese

  • Catégories : La littérature, Pratt Hugo

    Une suite pour Corto Maltese

    medium_cortonouveau.gifpar Jérôme Dupuis
    Lire, mai 2007

     Douze ans après la mort d'Hugo Pratt, de nouvelles aventures sont envisagées pour le célèbre marin. Le projet pourrait se construire autour de la jeunesse de Corto et de planches inédites conçues par le maestro lui-même. Mais qui va reprendre le crayon?

    Le nouveau visage de Corto ?

    Corto Maltese n'est pas mort! Douze ans après la disparition de son créateur, Hugo Pratt, le marin à l'anneau dans l'oreille devrait vivre une nouvelle aventure d'ici deux ou trois ans. La nouvelle, révélée par Le Figaro lors du dernier Festival d'Angoulême, a ouvert la porte aux spéculations les plus hasardeuses et aux rêves les plus fous. Lire peut apporter de nouveaux éléments autour de ce projet.

    Première question, légitime: qu'en aurait pensé Pratt lui-même? A la différence d'Hergé, le dessinateur vénitien n'a jamais exprimé le vœu que son héros ne lui survive pas. «Au contraire, rappelle Pietro Gerosa, directeur général de la société Cong, qui gère aujourd'hui son œuvre, Pratt n'avait pas un sens de la propriété de son héros très développé et souhaitait qu'il continue à vivre sa vie.»

    Mais quelle nouvelle aventure pour le marin maltais? Après relecture des albums, il est apparu qu'il existait manifestement un «trou noir» dans la vie de Corto. On ne sait quasiment rien de son destin entre la fin de La jeunesse de Corto Maltese, qui se terminait sur le front russo-japonais en 1905, et la première page de La ballade de la mer salée, qui s'ouvre fin 1913, en plein Pacifique. Huit années pleines de mystère: un intervalle où devrait donc s'insérer l'aventure à venir.

    D'autant que les héritiers du maestro vénitien ont récemment découvert par miracle, noyés dans ses archives, une douzaine de strips auxquels il travaillait avant sa mort et qui, coïncidence engageante, font directement suite à La jeunesse de Corto Maltese. On y voit le jeune Corto et son compagnon Raspoutine - dont la légendaire barbichette n'a pas encore poussé - sur un bateau japonais arraisonné par des pirates. Nos deux héros parviennent à se cacher dans la cale. «Vieni, presto!» lance Corto à «Rasp» dans la dernière case retrouvée... Où allaient-ils ainsi, presto? Vers les mines d'or du roi Salomon, objet de tous les rêves de Corto à l'époque? Peut-être... Mais pour l'aventure à venir, il se murmure que nos deux amis pourraient voguer vers des territoires où on ne les avait guère croisés jusqu'ici. On parle du Canada, des Etats-Unis - autant de lieux déjà explorés par Pratt dans Jesuit Joe ou Fort Wheeling, mais jamais par Corto lui-même. «Reprendre le personnage à ce stade permet de découvrir un Corto encore largement inconnu, sans sa casquette et ses favoris qui viendront plus tard, confirme Pietro Gerosa. Il n'a que dix-huit ans et c'est un peu Corto avant Corto...»

    Reste évidemment une question cruciale: qui va reprendre la série? Qui va oser mettre ses pas dans ceux du mythe Pratt? Quelques «candidatures spontanées» sont déjà parvenues à la société Cong; d'autres dessinateurs, plus confirmés, ont laissé entendre qu'ils ne se sentaient pas de taille... «Je crois qu'il faut accepter l'éventualité de ne pas trouver un créateur unique, capable de s'occuper à la fois du scénario et du dessin, analyse Pietro Gerosa. Après tout, pour remplacer Edgar P. Jacobs et poursuivre les aventures de Blake et Mortimer, on a aussi fait appel à des tandems. Alors nous cherchons, nous faisons des essais...»

    En aucun cas il ne s'agira de singer le style Pratt. D'ailleurs, contrairement à Jacobs, dont le trait «ligne claire» avait ses codes très précis, le style de Pratt a constamment évolué au fil des ans: gardant encore des traces de l'influence du dessinateur américain Milton Caniff dans La ballade de la mer salée, extrêmement maîtrisé et jouant sur les à-plats noirs dans Corto Maltese en Sibérie (peut-être son chef-d'œuvre), plus relâché dans les derniers albums... Les heureux élus ne seront donc pas prisonniers d'un carcan. A eux d'imaginer un nouveau Corto.


    Source de cet article:http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=51247/idR=200