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Scénario : Pascal Quignard et Alain Corneau, d’après le roman de Pascal Quignard Photographie : Yves Angelo Décors : Bernard Vezat Costumes : Corinne Jorry Montage : Marie-Josèphe Yoyotte Musique : Marin Marais (Improvisation sur les folies d’Espagne, L’Arabesque, Le Badinage, La Rêveuse, La Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris) ; Sainte Colombe (Les Pleurs, Gavone du Tendre, Le Retour) ; Jean-Baptiste Lully (Marche pour la cérémonie des Turcs) ; François Couperin (Leçons de ténèbres : Troisième leçon) ; Jordi Savall (Prélude pour Monsieur Vauquelin, Une jeune fillette, Fantaisie en mi mineur), musique dirigée et interprétée par Jordi Savall Production : Film par Film, Divali Films, D.D. Production, Sedif, FR3 Films Production, Paravision International Durée TV : 1 h 54 min
Avec Jean-Pierre Marielle (Sainte Colombe), Gérard Depardieu (Marin Marais âgé), Guillaume Depardieu (Marin Marais jeune), Anne Brochet (Madeleine), Caroline Sihol (Mme de Sainte Colombe), Carole Richert (Toinette), Michel Bouquet (Baugin), Yves Gasc (Caignet)
Le film
Le contexte
Après Nocturne indien (1989), d’après Antonio Tabucchi, où s’exprimait de manière déjà secrète un parti pris pictural et un goût pour la quête initiatique, Alain Corneau se tourne vers la musique française du XVIIe siècle. Il s’adresse au romancier Pascal Quignard pour le scénario et au musicien Jordi Savall pour la musique du film. Le premier avait déjà écrit en 1987 un petit roman, La Leçon de musique, dont le premier chapitre narrait « un épisode tiré de la vie de Marin Marais ». Il se lance alors dans l’écriture d’un roman plus important, Tous les matins du monde, qui sera le support littéraire du film. Quant à Jordi Savall, il est le plus fameux violiste en exercice. En collaboration étroite avec Quignard et Corneau, il choisit dans le répertoire baroque les pièces essentielles du film et exhume pour la circonstance les rares pièces écrites par Sainte Colombe, compositeur très peu connu, qu’il adapte de manière à l’opposer esthétiquement et philosophiquement à la musique de Marin Marais.
Le résumé
Le célèbre violiste Marin Marais se souvient de son maître, un musicien solitaire, monsieur de Sainte Colombe. Il raconte la vie austère de cet homme, l’éducation sévère qu’il infligea à ses deux filles après la mort de sa femme, ainsi que la recherche d’une perfection absolue dans son art. Il raconte l’initiation qu’il a reçue de lui et surtout l’antagonisme qui opposa le jeune ambitieux désireux d’être reconnu par la Cour au vieux musicien de l’ombre, intransigeant. À la suite d’une querelle avec son maître, Marin Marais poursuivit son apprentissage avec Madeleine, la fille aînée de Sainte Colombe, qui devint aussi sa maîtresse. Elle lui sacrifia tout, mais le jeune musicien s’éloigna pour mener une carrière brillante. La jeune femme se dessécha puis se suicida. Hanté par les secrets du grand maître, Marin Marais épia la cabane dans laquelle Sainte Colombe avait pris l’habitude de jouer pour faire revenir sa femme. Un soir, cependant, le vieil homme surprend son ancien disciple et lui révèle enfin son art.
La Ballade du vieux marin et autres textes suivi d’extraits de L’autobiographie littéraire Choix, présentation et traduction de Jacques Darras, édition bilingue 448 p. 9, 80 € Poésie / Gallimard, n° 436, 2007 haut de page
« Coleridge (1772-1834) est considéré comme le plus romantique de tous les poètes romantiques. Il aime passionnément la nature, dans sa version sauvage du Pays de Galles et des Lacs où il vit avec une parfaite sobriété écologique. Dans le même temps, il ne peut se passer de Londres, dont il aime fréquenter les cafés. Il compose dans les toutes dernières années du XVIIIe siècle un très grand poème en sept chants, La Ballade du vieux marin » Cette édition bilingue est accompagnée d’un bel appareil, présentation, notes, repères biographiques et bibliographiques.
Route du Rhum : L''histoire incroyable du navigateur Alain Colas
LE SCAN SPORT/VIDEO - En 1978, Alain Colas prend le départ de la première route du Rhum sur Manureva. Mais le marin est emporté par une tempête. Frédéric Picard vous raconte comment le marin est entré dans la légende.
VOILE - À mi-parcours, le leader de la Route du rhum confie au Figaro «être constamment en ébullition cérébrale».
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé que la décision d'une candidature de Paris aux JO-2024 sera communiquée en janvier.
Hier soir, François Hollande s'est déclaré favorable : "C'est très important parce que ça sera un moment de ferveur et surtout ça fera plein d'équipements avant, plein d'emplois, plein d'industries qui pourront se montrer", a-t-il ajouté.
Le lundi 13 septembre à 18h30, rendez-vous avec 3 nouveaux lieux culturels à Paris !
Trois nouveaux lieux culturels sont à découvrir ou redécouvrir à Paris cet automne.
Et d’abord le plus parisien des musées, le musée Carnavalet, qui concentre désormais dans un parcours repensé de 3900m2 toute l'histoire de la ville, du Mésolithique à l’immédiat contemporain.
L’hôtel de la Marine nous prouve qu’à plus de 250 ans, il est encore capable de s’imaginer des projets d’avenir sans pour autant perdre la mémoire et oublier qu’il a été le Garde-Meuble de la Couronne avant d’être le siège de la Marine.
Et enfin, l’une des ouvertures les plus attendues de 2021, la collection de François Pinault dans l’ancienne Bourse de Commerce relookée par l’architecte Tadao Ando.
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En partenariat avec les Archives nationales, Historia propose chaque mois un document jamais publié dans la presse grand public commenté par son conservateur.
C'est le ministère de la Marine qui, en ces premières années du XIXe siècle, est en charge des bagnes portuaires de métropole, héritage d'un temps où les condamnés aux travaux forcés effectuaient leur peine sur les galères. L'ordonnance royale du 27 septembre 1748 remplace la peine des galères par la peine des travaux forcés dans les arsenaux. Et c'est aux divers directions, bureaux ou divisions chargés successivement de la Police au sein du ministère de l'Intérieur que sont destinés les états et dossiers d'évadés, dressés par la Marine. En effet, ce sont les services de la police qui diffusent dans tout le pays les feuilles de signalement des forçats en rupture de ban.
Ainsi sur ce registre daté de l'année 1818 figure le nom de François Vidocq, dûment signalé comme évadé du bagne de Toulon le 15 ventôse an VIII [6 mars 1800]. Vidocq, repris après s'être échappé du bagne de Brest, avait en effet été renvoyé au bagne de Toulon, cette fois, condamné à trois années supplémentair ...
Dans la nuit perpétuelle des fonds marins, seule reste la peur... Au large de Marseille, dans les filets d'un chalutier, un corps de femme est retrouvé entièrement nu, couvert de morsures et le pied gauche sectionné. Pour Chloé Latour, commandante de la brigade criminelle, c'est le début d'une traque hors norme qui la conduit à s'immerger dans le monde opaque des plongeurs professionnels et des chercheurs d'épaves. Des spécialistes qui descendent à des profondeurs abyssales et affrontent les pires dangers. Parmi eux, Jean Sardi. Il est l'un des meilleurs et connaissait intimement la victime. Il pourrait bien avoir un mobile, lié à ce terrible secret qui l'a poussé à se réfugier dans le silence des fonds marins. Crime passionnel ou rituel dément ? La présence dans les poumons du cadavre d'un plancton inconnu en Méditerranée intrigue les enquêteurs de la Crim'. Pendant que le mystère s'épaissit, d'autres corps remontent à la surface et sèment l'effroi chez les plongeurs des eaux profondes. Un huis-clos à la limite de l'asphyxie.
Le romancier suisse vit depuis trente ans à Ropraz, petit village faussement paisible où règnent légendes et superstitions. Hanté par le décès de sa mère, survenu il y a sept ans, il lui dédie deux ouvrages sur lesquels plane son souvenir ému.
première vue, tout a l'air calme. Ni l'imposante chaîne des Alpes à l'horizon, ni le chant criard des mésanges ne semblent pouvoir troubler la tranquillité de Ropraz, petite bourgade perchée à quelques kilomètres de Lausanne. Pour un peu, on se croirait dans un épisode de Heidi. Difficile donc d'imaginer les atrocités qu'ont pu abriter ces lieux, et dont Jacques Chessex se faisait l'écho l'an passé, avec force détails, dans Le vampire de Ropraz: au début du XXe siècle, plusieurs tombes de défuntes, dont celle de la jeune Rosa, furent profanées, les corps dépecés et violés. Un jeune valet du nom de Favez, un peu attardé et zoophile avéré, fut condamné - sans que le mystère soit complètement dissipé... «Les Français croient souvent que la Suisse est un pays neutre et paisible, mais ils se trompent!» jure Jacques Chessex, dans son phrasé élégant, mâtiné d'une pointe d'accent. «En réalité, c'est une terre de violence et de sorcellerie, surtout dans ces petits villages en hauteur, longtemps restés à l'écart.» C'est pourtant ici que l'auteur de Monsieur s'est installé, il y a trente ans, dans une maison paysanne qu'il a fait construire grâce au succès de L'ogre (prix Goncourt en 1973). A presque 74 ans, l'écrivain, poète, romancier et essayiste y goûte, loin du tapage parisien, le plaisir de la réclusion, du «désencombrement».
Sa demeure ne fait d'ailleurs pas dans l'épate. Précédé d'une petite terrasse, l'intérieur, plutôt rustique, frappe surtout par l'omniprésence de toiles accrochées à tous les murs de la maison. Si la plupart ont été exécutées par des amis peintres, tels que Pietro Sarto, Oscar Lagunas ou Zao Wou-ki, d'autres sont signées par Chessex lui-même. «Je n'ai commencé à montrer mes toiles qu'à l'âge de 60 ans, à la demande de François Nourissier. Depuis, j'ai exposé dans plusieurs galeries européennes.» Le motif, invariable, représente un Minotaure, souvent entouré de femmes, dans des positions plutôt explicites. «C'est un personnage qui m'est très fraternel, explique-t-il. Mi-homme, mi-bête, il annonce la mort et se nourrit de jeunes filles.» En passant, on remarque, menant à l'étage, l' «escalier des dames», où s'exhibent sans pudeur des dizaines de femmes nues et alanguies.
Plus austère, le vaste bureau de l'écrivain est à peine éclairé par la lumière d'hiver. Sur ses longues étagères se côtoient Ramuz, Mauriac, Blanchot, René Char, ou encore Jean Giono, auteur chéri - il reçut en 2007 le Grand Prix qui porte son nom. Dans une vitrine, un objet brillant et incongru: un large couteau un peu rouillé, dont la lame approche les vingt centimètres. «Mon fils l'a trouvé l'an dernier, alors qu'il braconnait des truites dans le torrent, en contrebas du cimetière. C'est un couteau de boucherie des années 1900, très certainement celui qu'utilisa Favez pour ouvrir le ventre de la jeune Rosa, avant de le lancer au-dessus du parapet», assure Chessex. On s'étonne un peu de trouver là cet objet assassin exhibé comme un trophée. «On me traite souvent de fou, de nécrophage. Mais il n'y a aucune morbidité en moi, aucun attristement sur le funèbre», se défend l'auteur.
Dans un coin du bureau sont empilés une dizaine d'ouvrages consacrés aux oiseaux, l'une des marottes de l'auteur. «C'est une passion qui remonte à l'enfance, quand ma mère m'apprenait à les reconnaître. Sans elle, je n'aurais jamais connu ces choses-là.» Cette mère à qui il dédie aujourd'hui un recueil de poèmes, Revanche des purs, et un récit, Pardon mère. Dans ce beau texte, le fils évoque cette femme pure et dévouée, protestante éclairée, amoureuse de la nature et de ses élégies, et dont il regrette de ne jamais s'être montré plus digne. «Lorsque ma mère m'a annoncé, dans ses derniers mois de vie, qu'elle ne désirait pas de tombe, j'ai su que j'écrirais ce livre, en hommage à son souvenir, mais aussi comme lieu de recueillement», avoue-t-il avec émotion. Sans jamais verser dans un pathos inutile, l'auteur trace ainsi le parcours de ce lien filial, de cet amour universel, dont la rupture laisse des blessures inguérissables. «Le deuil est une chose impossible. Mais ce livre me permet aujourd'hui de mieux écouter ma mère, dans cette étrange présence qu'est celle des morts.»
A ces mots, on comprend pourquoi l'attire tant le petit cimetière de Ropraz. C'est ici qu'il parvient le mieux à écrire, dans un petit carnet qui ne le quitte jamais: «J'aime me reposer sur le petit banc de l'entrée, à l'aube, lorsque surgissent les odeurs du matin, des bêtes qu'on vient de traire, de la terre profonde et humide. C'est le meilleur moment pour écrire de la poésie.» Il arpente ce royaume de pierres, présente les morts un à un, montre du doigt l'endroit exact où fut déterré le cadavre de Rosa. «Ils ont refait le cimetière il y a quelques années, et sa stèle a disparu», confie-t-il avec une pointe de déception. «Ce que je vois ici convient à mon appétit pour la beauté, souffle-t-il. Des forêts sublimes, dignes de Schubert, le petit pont au-dessus de la rivière à truites, la couleur des saisons qui passent... Il n'y a ici aucun obstacle entre le monde et moi.»
Sa demeure ne fait d'ailleurs pas dans l'épate. Précédé d'une petite terrasse, l'intérieur, plutôt rustique, frappe surtout par l'omniprésence de toiles accrochées à tous les murs de la maison. Si la plupart ont été exécutées par des amis peintres, tels que Pietro Sarto, Oscar Lagunas ou Zao Wou-ki, d'autres sont signées par Chessex lui-même. «Je n'ai commencé à montrer mes toiles qu'à l'âge de 60 ans, à la demande de François Nourissier. Depuis, j'ai exposé dans plusieurs galeries européennes.» Le motif, invariable, représente un Minotaure, souvent entouré de femmes, dans des positions plutôt explicites. «C'est un personnage qui m'est très fraternel, explique-t-il. Mi-homme, mi-bête, il annonce la mort et se nourrit de jeunes filles.» En passant, on remarque, menant à l'étage, l' «escalier des dames», où s'exhibent sans pudeur des dizaines de femmes nues et alanguies.
Plus austère, le vaste bureau de l'écrivain est à peine éclairé par la lumière d'hiver. Sur ses longues étagères se côtoient Ramuz, Mauriac, Blanchot, René Char, ou encore Jean Giono, auteur chéri - il reçut en 2007 le Grand Prix qui porte son nom. Dans une vitrine, un objet brillant et incongru: un large couteau un peu rouillé, dont la lame approche les vingt centimètres. «Mon fils l'a trouvé l'an dernier, alors qu'il braconnait des truites dans le torrent, en contrebas du cimetière. C'est un couteau de boucherie des années 1900, très certainement celui qu'utilisa Favez pour ouvrir le ventre de la jeune Rosa, avant de le lancer au-dessus du parapet», assure Chessex. On s'étonne un peu de trouver là cet objet assassin exhibé comme un trophée. «On me traite souvent de fou, de nécrophage. Mais il n'y a aucune morbidité en moi, aucun attristement sur le funèbre», se défend l'auteur.
Dans un coin du bureau sont empilés une dizaine d'ouvrages consacrés aux oiseaux, l'une des marottes de l'auteur. «C'est une passion qui remonte à l'enfance, quand ma mère m'apprenait à les reconnaître. Sans elle, je n'aurais jamais connu ces choses-là.» Cette mère à qui il dédie aujourd'hui un recueil de poèmes, Revanche des purs, et un récit, Pardon mère. Dans ce beau texte, le fils évoque cette femme pure et dévouée, protestante éclairée, amoureuse de la nature et de ses élégies, et dont il regrette de ne jamais s'être montré plus digne. «Lorsque ma mère m'a annoncé, dans ses derniers mois de vie, qu'elle ne désirait pas de tombe, j'ai su que j'écrirais ce livre, en hommage à son souvenir, mais aussi comme lieu de recueillement», avoue-t-il avec émotion. Sans jamais verser dans un pathos inutile, l'auteur trace ainsi le parcours de ce lien filial, de cet amour universel, dont la rupture laisse des blessures inguérissables. «Le deuil est une chose impossible. Mais ce livre me permet aujourd'hui de mieux écouter ma mère, dans cette étrange présence qu'est celle des morts.»
A ces mots, on comprend pourquoi l'attire tant le petit cimetière de Ropraz. C'est ici qu'il parvient le mieux à écrire, dans un petit carnet qui ne le quitte jamais: «J'aime me reposer sur le petit banc de l'entrée, à l'aube, lorsque surgissent les odeurs du matin, des bêtes qu'on vient de traire, de la terre profonde et humide. C'est le meilleur moment pour écrire de la poésie.» Il arpente ce royaume de pierres, présente les morts un à un, montre du doigt l'endroit exact où fut déterré le cadavre de Rosa. «Ils ont refait le cimetière il y a quelques années, et sa stèle a disparu», confie-t-il avec une pointe de déception. «Ce que je vois ici convient à mon appétit pour la beauté, souffle-t-il. Des forêts sublimes, dignes de Schubert, le petit pont au-dessus de la rivière à truites, la couleur des saisons qui passent... Il n'y a ici aucun obstacle entre le monde et moi.»
Ce documentaire retrace quelques décennies de la vie opérationnelle du croiseur Colbert, fleuron de la Marine nationale et des constructions navales des années 60 à 90. Le film relate l’épopée maritime et militaire d’un bâtiment de guerre à travers des témoignages émouvants d’anciens combattants et de membres d’équipage. Des documents d’archives et une visite commentée du bord complètent ce documentaire.
L’Institut du monde arabe accueille 250 objets issus de sept années de fouilles sous-marines menées par l’archéologue Franck Goddio dans les villes submergées de Thônis-Héracléion et de Canope, près d’Alexandrie.
L’occasion unique d’être initié aux « mystères d’Osiris » et aux rituels accomplis dans le secret des temples.
Le Harrar, Djibouti, Aden... Pas de doute, le jeune Monfreid marche bien sur les traces de Rimbaud. Mais la littérature ne l'intéresse guère ; pas plus que la civilisation, ces petits comptoirs coloniaux où il étouffe. Il lui faut l'air du large, le pont vibrant de son boutre, toutes voiles dehors fuyant coups de vent et tempêtes, en compagnie de ses fidèles Danakils, dont il porte le turban et le simple pagne. Remarquable marin, il trafique les perles et les fusils... >Voir plus
• Peyo, 15 ans, n'est pas un étalon comme les autres. Son empathie instinctive pour les personnes fragiles fait de lui un médiateur exceptionnel auprès des gens qui souffrent. Le photo-journaliste Jérémy Lampin a suivi pendant plusieurs jours ce cheval et son ex-cavalier, Hassen Bouchakour. Depuis deux ans, ce duo se rend au chevet de personnes en fin de vie. À leur manière, Hassen et Peyo apportent du réconfort aux patients et à leurs familles. Un reportage exclusif au sein du service de soins palliatifs de l'hôpital de Calais.
• Sur la place de la Concorde à Paris, ce chef-d’œuvre d’architecture XVIIIe ouvrira au public fin mai. Plongée dans les coulisses d’une rénovation d’exception, à l’heure où les Français peuvent enfin retourner au musée.
Un lieu qui raconte deux siècles d'histoire de France.
• À 600 km de l'Hôtel de la Marine, aux chantiers du Guip à Brest, Yann passe l’essentiel de sa vie à quai, mais les bateaux en bois sont sa passion. Du modeste sardinier au yacht taillé pour la régate en passant par les bateaux de la Marine nationale, le charpentier nous raconte son amour pour ce magnifique métier.
Naître, mourir, renaître : dans les hangars du Guip, chaque bateau vit une résurrection singulière.
• Le samedi 22 mai est le jour de la fête de Sainte Rita de Cascia, patronne des causes désespérées. Voici cinq repères pour mieux la connaître et la prier.
• À la Pentecôte, Dieu le Père envoie aux hommes l'Esprit de son Fils. Pas besoin d'être saint ou mystique pour que l'Esprit saint viennent habiter en chacun de nous ! Voici quelques conseils pour entretenir le feu de la Pentecôte.
"L’Esprit saint est un dynamisme qui nous aide à progresser vers un amour toujours plus grand".
Les origines de Saint-Malo remontent à l'Antiquité, mais c'est à la période moderne que la cité connaît son âge d'or. Corsaires, explorateurs intrépides et riches négociants?armateurs façonnent la renommée de la cité par?delà les frontières. La grande époque de la marine à voile passée, Saint-Malo devra se réinventer.
Vue générale du port de Toulon en 1755, sous Louis XV.
L'histoire militaire « moderne » du port commence lorsque Louis XII y fait édifier la Tour royale en 1514.
La construction de l'arsenal du Mourillon démarre au début du xixe siècle, il s'agit de l'extension du grand arsenal de Toulon située du côté est de la rade. Cette extension accueille jusqu'au xxe siècle les entrepôts où l'on conserve les bois pour la construction des vaisseaux de la Marine royale.
Dès la fin du xixe siècle, on procède aux constructions des premières frégates cuirassées (Ironclad) puis des premiers sous-marins modernes du monde[réf. nécessaire]. Durant le xxe siècle, l'arsenal du Mourillon sera principalement affecté aux activités sous-marines comme base des sous-marins français jusqu'à la guerre, puis à compter du 20 janvier 19431, comme base de sous-marins allemands (U-Boote) durant la Seconde Guerre mondiale, puis de construction navale et d'ateliers des torpilles après la guerre.
Plutôt que de rejoindre les Forces françaises libres en Afrique du Nord et pour éviter d'être capturée par les forces nazies, la flotte française de Toulon s'est sabordée dans le port de Toulon le sur les ordres de l'amirauté pour ne pas se rendre à la flotte allemande.
La base militaire est divisée en cinq principales zones ayant chacune leurs accès à la mer. D'est en ouest :
Vauban
Castigneau ;
Malbousquet ;
Missiessy ;
Milhaud.
La base comporte trois entrées principales :
La première, située dans la zone Vauban, à proximité du port civil ; c'est la porte principale, adossée au musée de la marine dont la façade, classée monument historique, n'est autre que l'ancêtre de cette nouvelle porte qui se situe en outre à proximité du quai d'honneur de l'arsenal et de la façade monumentale de la préfecture maritime de la Méditerranée, flanquée de canons et de dorures.
La seconde ouverture appelée Castigneau, à l'entrée ouest du centre-ville de Toulon et qui a le même nom, est nettement plus pratique. Elle assure l'approvisionnement en fret ainsi que la circulation des convois militaires et civils de la base militaire ;
La troisième, Malbousquet, tire son efficacité du fait qu'elle se situe à moins de 200 mètres de la sortie de l'autoroute sur une quatre voies.
Les trois autres portes ne constituent que des entrées secondaires peu ou plus utilisées, mais néanmoins gardées, de l'arsenal. À l'extrême ouest sur les communes de La Seyne-sur-Mer et d'Ollioules la base militaire est en contact avec le port commercial de Brégaillon, rattaché aux transits régionaux et nationaux ainsi qu'à la pyrotechnie pour les approvisionnements en munitions.
Premier employeur industriel du Var, l'entreprise NAVAL GROUP compte 3 500 collaborateurs dans le département dont 2 200 sur la base navale de Toulon. Ses activités sont l'entretien des bâtiments de la Marine nationale et de quelques marines étrangères mais aussi l'entretien de bateaux civils comme ceux de la SNCM. L'entreprise déploie également ses compétences dans le domaine des services énergétiques.
L'arsenal du Mourillon, situé côté est de la rade est directement accessible par son arsenal nord qui abrite la base des sous-marins jusqu'à la fin de la guerre. L'arsenal sud quant à lui est accessible par la petite darse du Mourillon située à côté de l'atelier des torpilles aujourd'hui disparu.
Routes et chemin de fer
La base militaire possède environ 30 kilomètres de routes. Elle est aussi dotée d'un réseau ferroviaire allant de la ligne SNCF à hauteur de La Seyne-sur-Mer jusqu'aux quais en passant par des hangars de stockage.
Sabordage de la flotte française à Toulon en 1942.
D'est en ouest :
Le quai d'honneur : il sert à accueillir les bâtiments étrangers ou de grande capacité et, comme son nom l'indique, les bâtiments à honorer pour des faits le méritant. Situé en face du port marchand, il met à la vue des grands ferrys et des navires de croisière le bâtiment ainsi honoré ;
les cales sèches et la darse Vauban (bassins) : les quatre premières permettent l'entretien des navires de taille moyenne à grande. La darse Vauban sert de quai pour les petits bâtiments (plongeurs-démineurs, remorqueurs, patrouilleurs) ainsi que des bâtiments en fin de vie ;
Les quais de Missiessy et de Malbousquet comptent aussi des cales sèches mais ils sont plus connus pour accueillir les sous-marins nucléaires d'attaque et leurs « marmites » comme les surnomment les marins qui ne sont en fait que de grands hangars sur rails qui recouvrent les sous-marins pendant la maintenance de leurs cœurs nucléaires. En 2009, l'accueil et le soutien des SNA est pérennisé sur la base de Toulon, tranchant la question de leur transfert vers l'île Longue, évoqué dès 19972 ;
Les quais de Milhaud sont les quais principaux de l'arsenal puisqu'ils accueillent la force d'action navale (frégates, frégates légères furtives, porte-avions) mais aussi les bâtiments de soutien (pétroliers-ravitailleurs…) et plus récemment les PHA (Porte hélicoptères amphibie) de classe Mistral).
Infrastructures terrestres de la base
Celle-ci comprend une panoplie d'antennes radar pour la surveillance aussi bien maritime qu'aérienne de la zone. En outre, elle est dotée d'un service des essences possédant plusieurs stations-service et des canalisations vers les quais, et de services pour l'entretien et la réparation des unités navales et terrestres.
La base est épaulée par la compagnie des marins-pompiers de Toulon. Les infrastructures pour le personnel comprennent plusieurs réfectoires, salles de sports et terrains, un cinéma et divers lieux de vie.
L’artiste Pierre Soulages est mort ce mercredi 26 octobre, à l'âge de 102 ans. Figure majeure de l'art contemporain en France, le peintre, né en 1919 à Rodez (Aveyron), a travaillé jusqu'à son dernier souffle dans son atelier de Sète.
D'origine arménienne, il apprend le français au cours de ses études. Il fuit la Turquie pour échapper au génocide et s'installe en 1923 à Paris, où il devient retoucheur photographique.
Il publie des romans en arménien sous le nom de Chahnour Kerestedjian. Vers 1936, il est atteint d'une tuberculose osseuse, ce qui le conduit d'hôpital en hôpital. En 1945, il commence à écrire en français. Il transcende la douleur par une création poétique tendre, souvent gaie et amère, et à l'écoute des êtres les plus faibles.
Le Passager clandestin - Sainte Patience - Les Hautes Terrasses et autres poèmes, 2005, préface de Jacques Réda, coll. Poésie/Gallimard.
La retraite sans fanfare. Histoire illustrée des Arméniens à leur arrivée à Paris suite au génocide de 1915-1916., 1929 (trad. française, L'Act Mem, 2009)
A l’occasion des 50 ans de la naissance du héros imaginé par Hugo Pratt, et de la sortie du deuxième album des aventures du marin renaissant sous le crayon de ses nouveaux auteurs, « Equatoria », Ouest-France propose de partir à la découverte des mondes maritimes à travers le prisme de Corto Maltese. Journalistes, historiens, anthropologues, explorent l’œuvre d’Hugo Pratt et les aventures de Corto Maltese pour nous embarquer dans un voyage maritime inédit. Les océans, les civilisations, les ports, les légendes, les récits, les hommes et les femmes qui peuplent les albums de Corto Maltese, sont autant de prétextes et d’escales pour mieux connaître et comprendre le monde maritime d’aujourd’hui.
Ce hors-série de 130 pages, richement illustré de planches signées Hugo Pratt, de photos anciennes et contemporaines, est un périple inédit à travers les mers du globe.
Au sommaire :
Corto Maltese, la naissance d’un héros.
Hugo Pratt, la bibliothèque du grand large.
Horizons lointains : le mythe du Pacifique ; la chasse aux trésors, Corto l’Irlandais ; le mythe de l’Atlantide ; Corto en Bretagne.
Escales mythiques : Venise, Hong Kong, Buenos Aires… Mauvais garçons et filles de joie.
Récits de marins : tempêtes et naufrages ; pirates et flibustiers ; peuples marins.
Mais aussi : la cuisine de Corto ; les nouveaux auteurs ; les fans, etc.
Dans l’égypte ancienne, les pharaons faisaient ériger à l’entrée de leurs temples, deux obélisques sur lesquels étaient gravés leurs exploits et leurs hommages aux dieux, principalement Amon, dieu du soleil. Rayon de soleil pétrifié, l’obélisque était le point de contact entre le monde des dieux et celui des hommes.
Les deux obélisques édifiés sous le règne de Ramsès II à l’entrée du temple de Louxor au XIIIe siècle av. J.-C., furent offerts à la France par le vice-roi d’Égypte en 1830. l’obélisque occidental, celui qui fut choisi pour être transporté à Paris, mesure 22,84m et pèse entre 220 et 230 tonnes.
Transporter l'obélisque fut l’occasion d’une aventure humaine riche en rebondissements qui dura près de sept ans pour l’abattre sans le briser, descendre le Nil, traverser en remorque la Méditerranée et l’océan Atlantique, remonter la Seine et ériger ce monolithe au centre de Paris.
Ces opérations, que beaucoup pensaient impossibles à l’époque, furent conduites essentiellement à bras d’hommes et sans machines modernes.
Parmi les hommes qui contribuèrent à relever ce défi, se détachent les figures de Champollion, à l’origine du don des obélisques, du lieutenant de vaisseau de Joannis - dont les dessins, réalisés au cours du séjour en Egypte, sont des témoignages de premier ordre - et de l’ingénieur de la Marine, Apollinaire Lebas qui calcula et conçut les machines. Il dirigea à Louxor, en Bretagne et à Paris toutes les opérations de déplacement de l’obélisque et de son piédestal, avant d’être nommé au poste de conservateur du musée de la Marine en 1836 en remerciement de ses talents.
Les mystères de l’obélisque au musée national de la Marine
Toutes ces péripéties reprennent vie au travers d’oeuvres variées, souvent inédites et jamais réunies - tableaux, plans originaux, dessins, maquettes, dioramas des différentes opérations, objets archéologiques et documents - illustrant les moments forts de cette incroyable épopée qui trouva son aboutissement en 1836 au coeur d’une des plus belles places de Paris.
Braque dans l'atelier de sa maison de Varengeville Crédits photo : Robert DOISNEAU/ Gamma-Rapho
REPORTAGE - Disparu il y a cinquante ans, le peintre cubiste fera l'objet à la mi-septembre, au Grand Palais, d'une grande et spectaculaire rétrospective - la première depuis 1973. Dans le petit village normand où il a vécu et travaillé jusqu'à sa son dernier souffle, personne ne l'a oublié.
La Bentley. Tout le monde à Varengeville-sur-Mer se souvient de la Bentley de Georges Braque. Grise et noire. Il raffolait du gris, Braque, et des voitures. Un temps, il eut même des Alfa Romeo rouges qu'il repeignait dans cette couleur. A Varengeville, située à 12 kilomètres à l'ouest de Dieppe, en Seine-Maritime, la Bentley était conduite par un chauffeur en livrée qui l'amenait en réparation au garage Blondin, à l'entrée du village. Le garage est toujours là, ainsi que la maison du «patron», comme l'appelait Jean Paulhan, à l'autre extrémité, au bord d'un chemin qui porte aujourd'hui le nom de Braque, connu autrefois sous la désignation de chemin communal numéro 22.
Braque a façonné Varengeville comme Varengeville a modelé sa palette. Ils ont fini par se confondre, sous le même ciel, au bord des hautes falaises blanches et de la mer qui se dérobe au-delà des champs et des valleuses. Il y fit construire sa maison en 1929 et, jusqu'à sa mort en 1963, y passa la moitié de l'année. Trente-quatre années de travail, de marche, de fêtes en famille ou avec les amis: Miró, de Staël, Prévert, Char, Renoir (le cinéaste) et même Picasso.
A Varengeville, il y avait la Bentley, mais aussi la Simca Grand Sport cabriolet. «Braque, se souvient Guy Blondin, le fils du garagiste qui entretenait les voitures du maître, il ne faisait de mal à personne. Il faisait son petit machin de son côté.»«Le petit machin», c'est-à-dire son œuvre de géant de la peinture moderne. Braque ne détestait pas les pointes de vitesse.
La Bentley et la Simca Grand Sport s'arrêtent devant un portail bleu recouvert de mousse verte. La demeure de Braque ne se voit pas. Elle tourne le dos au regard, est enfouie sous la frondaison des arbres à travers laquelle passe un pinceau de soleil. La végétation dense recouvre la maison rectiligne de briques et de ciment, au toit de tuiles. Les herbes folles poussent dans le jardin. La propriété est inhabitée depuis la mort du peintre et de son épouse, Marcelle. Conçue selon une idée de Georges Braque - il la voulait simple, épurée -, d'après les plans de l'architecte d'origine américaine Paul Nelson, autre habitant de Varengeville. Sur une photographie de Mariette Lachaud, la gouvernante de la famille Braque, mais surtout une remarquable photographe, on voit Braque assis, entouré de Paul Nelson et des ouvriers du chantier. Braque n'a jamais oublié que son père était à l'origine peintre en bâtiment.
Les falaises que Monet avait peintes naguère
A côté de la demeure principale se trouve l'atelier avec sa verrière. Il y a encore quelques années, les enfants de Varengeville ou les admirateurs pouvaient y pénétrer et ramasser quelques pigments. Restent les troncs d'arbres émondés sur lesquels il aimait poser les blocs de craie qu'il travaillait, sculptait. Né à Argenteuil en 1882, Braque a passé toute son enfance au Havre avant de venir à Paris, de faire escale dans le Sud fauviste, d'être blessé à la tête à la guerre de 14 avec le grade de sous-lieutenant (cette proximité avec la mort si déterminante) et de s'implanter dans le pays de Caux, royaume de la craie, de la glaise, fouetté par une mer verte, grise, laiteuse selon les saisons. Il suffisait à Braque de sortir de chez lui, de traverser la route départementale, d'emprunter une sente herbeuse pour rejoindre la route de l'église, avant de descendre le sentier qui longe le presbytère, de passer devant la cabane du douanier peinte par Monet pour atteindre la gorge des Moutiers et la mer.
Le «Grand intérieur à la palette», de 1942. Crédits photo : Photo Hicket-Robertson, Houston. The Menil Collectio,; Houston (c) Adagp, Paris 2013
C'est un homme du grand air, un promeneur, un cycliste. Plus jeune, il arpentait à vélo les environs du Havre. Marcher, pédaler, se concentrer. Tous les témoins ont été fascinés par l'intensité de son regard comme s'il s'abîmait dans le paysage. «Braque était enraciné dans la terre», écrit son remarquable biographe, Alex Danchev, auteur de Georges Braque, le défi silencieux.«Je travaille avec la matière et non pas avec des idées»,justifiait-il. Ou comment être cubiste et paysan. La nature qu'il avale, digère dans le sillage de la baleine Moby Dick, une de ses grandes lectures. Du Normand, il a le goût du silence, de la spiritualité et la méfiance de l'engagement politique, des idéologies flamboyantes.
Etre à l'unisson de la nature bien plus que la copier
La terre de Varengeville, cette campagne à la mer, est cisaillée par quatre gorges qui s'ouvrent sur la Manche: Les Moutiers, Vasterival, Le Petit Ailly et Mordal. A l'entrée de l'une d'elles, un panneau d'interdiction de stationnement «sauf pêcheurs, artistes peintres, cinéastes professionnels».Avant la Seconde Guerre mondiale, les pêcheurs laissaient leur doris sur les galets, ces fameuses barques qui serviront de modèle à Braque. «Braque peint ses barques hors de toute présence humaine, le plus souvent échouées sur des galets, au pied des falaises crayeuses, devant des mers sombres et des ciels d'orage», écrit l'historien d'art Edouard Dor. On dirait en effet des morceaux de bois brûlé, des spectres. Braque sort son carnet, fait quelques croquis - il ne peint pas sur le motif. Il a une fascination pour le minéral. Aller au-delà des apparences, atteindre l'arête, la part sombre et dérobée de chacun, de chaque chose. Il a toujours aimé l'art étrusque. Et sur le mur d'enceinte de l'église Saint-Valéry qui domine la gorge des Moutiers, sa phrase qui sert presque de mot d'ordre pour le cinquantième anniversaire de sa mort:«J'ai le souci de me mettre à l'unisson de la nature, bien plus que de la copier.»
Braque ne se limite pas à Varengeville, il va dans les villages alentour, à Saint-Aubin-sur-Mer (la plage de Saussemare), à Veules-les-Roses.«Il récupérait de grands galets, se remémore le galeriste Quentin Laurens, son héritier et filleul de sa femme Marcelle. On allait déjeuner au restaurant mais on allait également pique-niquer.»
La mer mais aussi les champs. Sur les photographies de Mariette Lachaud - où l'on découvre un Braque intime, inédit -, exposées cet été à la mairie de Varengeville avant de rejoindre le Grand Palais, on le voit assis sur une charrue, l'air joyeux.«Il aimait les agriculteurs,affirme Yves Sagaert qui se souvient de Braque venant à la ferme de son père Norbert chercher du lait.De sa maison, il avait une vue magnifique sur la plaine.» Cette grande plaine du pays de Caux, royaume des oiseaux, des corbeaux, autre motif de Braque.
De grands oiseaux volaient dans l'atelier de Braque
Son lait, il allait le chercher aussi chez Paul Lavenu, son voisin, garde champêtre redouté, dont le képi et la haute taille lui donnaient une ressemblance avec le général de Gaulle. Sa femme s'appelait d'ailleurs Yvonne. Paul Lavenu entretenait le jardin de Braque:«Le samedi, Mme Braque emmenait tante Yvonne au marché de Dieppe dans la Bentley», se souvient Véronique Fredou, nièce des Lavenu, qui montre un fauteuil en osier au liseré rouge ayant appartenu aux Braque, offert à son oncle et sa tante. «J'ai des cartes postales de Mme Braque qu'elle envoyait avant leur arrivée à Varengeville. Elle utilisait le mot “maître” pour parler de son mari. Et s'assurait que le jardin était bien entretenu. “Le maître demande si Paul a bien planté les graines.”»
Quand on interroge les Varengevillais sur le peintre, ils répondent en chœur: «Un homme discret.»«Il était assez secret, le père Braque, se rappelle Michel Viandier dont le grand-père, Louis, a construit la maison du peintre, voire un peu distant.»«On voyait surtout Mme Braque dans Varengeville, affirme Danièle Martin, infirmière retraitée. Elle était très généreuse avec les enfants de la commune.»
Braque n'était en rien un personnage austère ou hautain.«Dans la maison de Varengeville ça rigolait beaucoup, se souvient Quentin Laurens. L'existence y était belle et simple. Le matin, Braque allumait un feu dans la grande cheminée. Je me souviens de belles flambées et de soirées au coin du feu et de la lumière orangée du salon, reflétée par un abat-jour de couleur safran. J'avais le droit aussi d'aller dans son atelier et de le regarder travailler. Il avait des oiseaux qu'il lâchait pour mieux les peindre. Il découpait et assemblait ses toiles lui-même car ses formats ne se trouvaient pas dans le commerce. C'est vrai, il aimait le silence! Mais le dimanche, par exemple, le curé, le père Lecoq qui avait de l'embonpoint, venait déjeuner. Et les fins de repas tournaient aux plaisanteries de caserne.»
Marcelle Braque allait chaque dimanche à la messe. Elle y avait sa chaise.«Georges Braque a beaucoup fait pour la paroisse, assure le maire Patrick Boulier qui tient à ce que sa commune lui rende hommage grâce à des expositions, concerts et conférences.Il a non seulement créé des vitraux pour l'église Saint-Valéry et la chapelle Saint-Dominique, mais aussi participé à leur entretien.»
Braque, ce n'est pas seulement un souvenir mais une sorte de saint terriblement vivant. «Je me suis souvent recueilli devant son vitrail, L'Arbre de Jessé,pour lui demander de l'aide», reconnaît le peintre Jean Renut dont la cote internationale a flambé en quelques années et qui a créé lui aussi un vitrail pour l'église, représentant le Christ sur sa croix.Je pense à Braque dix fois par jour. Quand j'avais une vingtaine d'années, je me suis même endormi une nuit devant sa tombe. Braque c'est toujours le patron!»
Braque, enterré au cimetière marin dans le même caveau que son épouse et Mariette Lachaud. Braque, dont la tombe est veillée par un grand oiseau blanc sur une mosaïque bleue. Braque, fouetté par les très grands vents. Braque, le regard tourné selon les mots de Prévert«vers la mer étoilée, la mer entoilée»
A lire: «Georges Braque, le défi silencieux», d'Alex Danchev (Hazan) et «Sur les barques de Braque», d'Edouard Dor (Editions Michel de Maule)..
L'injure faite à Georges Braque
Il est avec Picasso, l'inventeur du cubisme, mais c'est à l'artiste espagnol que la postérité a attribué la paternité du mouvement. Récit de l'une des grandes injustices de l'histoire de l'art. En présentant Braque à Picasso fin 1907, Apollinaire ne se doutait pas du dialogue créatif qui allait naître entre les deux peintres. Au moment de leur rencontre, Picasso et Braque occupaient des places très différentes dans le paysage artistique parisien. Picasso était déjà considéré comme une personnalité forte et indépendante. Des collectionneurs avaient acquis des toiles de ses périodes bleue et rose et l'intérêt qu'Ambroise Vollard, le marchand le plus clairvoyant du temps, portait à son œuvre, ne faisait qu'ajouter à son prestige. La carrière de Braque avait été moins précoce, et plus lente. Jusqu'à ses magnifiques toiles fauves exposées au Salon des indépendants de 1907 (La Baie de La Ciotat), il n'avait rien fait de particulièrement remarquable.
C'est en 1908 que Picasso et Braque commencèrent à se voir quotidiennement, à visiter ensemble musées et expositions, à avoir de longues discussions et à se montrer leurs œuvres. Ils furent surpris de constater que leurs recherches allaient dans la même direction (Braque, Maisons à l'Estaque ; Picasso, La-Rue-des-Bois).
Mais de quelles recherches s'agissait-il? On comprend l'ahurissement des contemporains devant ces toiles «cubistes» où Braque et Picasso semblent voir le monde à travers un miroir brisé. Les cubes eux-mêmes tendent à disparaître pour faire place à des angles aigus, à des plans stridents et brefs, à des triangles imbriqués les uns dans les autres (Braque, Joueur de mandoline). Les objets n'ont plus de contour et paraissent s'être cassés. La vision cubiste n'est plus celle de l'apparence, mais celle de l'esprit et de l'intelligence. Entre les deux artistes, les variations sont infimes: primauté de la figure humaine chez Picasso, qui cristallise la zone des visages ; obsession de la nature morte chez Braque, désireux de maintenir un contact avec la réalité. Ces grands duos permettent d'entrer dans le jeu d'échanges au jour le jour, de déceler la spécificité des démarches au sein de recherches communes, d'approcher deux tempéraments de natures contraires, qui sont allés prendre chacun chez l'autre ce dont il avait besoin pour avancer: Picasso, une aptitude à sérier les problèmes picturaux et de la rigueur ; Braque, de l'énergie et de l'imagination.
A la déclaration de guerre, Braque dut rejoindre son régiment à Paris. Picasso l'accompagna à la gare d'Avignon. C'est là que prit fin leur dialogue de plusieurs années. Tout de suite, la plupart des écrivains et des critiques firent de Picasso le fondateur du cubisme. Pire: quand Braque était mentionné, on le citait comme simple disciple. Il aurait pourtant suffi de mettre en parallèle des toiles des deux artistes pour reconnaître leur parfaite connivence, mais les raisons de la primauté de Picasso aux yeux du public étaient évidentes: sa personnalité était plus flamboyante que celle de Braque. Tous voyaient en lui le chef de file de la peinture d'avant-garde. Ce n'est qu'après la guerre que l'on commença à comprendre le véritable rôle de Braque dans l'invention du cubisme. Daniel Henry Kahnweiler, qui fut leur marchand à tous deux, écrivit en 1920: «Dans l'élaboration du nouveau style, leurs apports à l'un et à l'autre furent étroitement entremêlés. Leur quête mentale mutuelle et parallèle a scellé l'union de deux tempéraments tout à fait différents.»
Désormais séparés, les deux artistes continuèrent à s'informer l'un de l'autre, mais quelle différence entre Picasso, statufié de son vivant, qui transforme en or tout ce qu'il touche et Braque dont la vie, sans hardiesse, n'éclaire nullement sa peinture! Alors que Picasso a droit tous les ans à un cortège d'expositions des deux côtés de l'Atlantique, où la seule mention de son nom assure une cohorte de visiteurs, la rétrospective que le Grand Palais consacre à Braque cet automne est la première depuis près de quarante ans. Par bonheur, tout y est, ou presque, tout ce qu'on pouvait espérer, les chefs-d'œuvre et les œuvres clés. On y retrouvera la prédilection de Braque pour les intérieurs et les natures mortes, la lente et profonde réflexion qui n'a cessé de soutenir ses inventions plastiques et la sobre gravité de sa palette qui font de lui l'héritier des grands maîtres du classicisme français, de Nicolas Poussin à Paul Cézanne.
Véronique Prat
Grand Palais, du 18 septembre 2013 au 6 janvier 2014
REPORTAGE - Disparu il y a cinquante ans, le peintre cubiste fera l'objet à la mi-septembre, au Grand Palais, d'une grande et spectaculaire rétrospective - la première depuis 1973. Dans le petit village normand où il a vécu et travaillé jusqu'à sa son dernier souffle, personne ne l'a oublié.
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