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Rechercher : cimetière marin

  • Nous avons vu samedi:Chailly-en-Bière

    Dès 1820, Chailly-en-Bière, devient une destination fréquentée par les artistes peintres. Jean Baptiste Corot fut l’un des premiers à y séjourner régulièrement. Claude Monet y a peint son célèbre « Déjeuner sur l’herbe ». Frédérique Bazille a peint Claude Monet souffrant dans sa chambre d’auberge à Chailly (L’ambulance improvisée, 1865). Tous se retrouvaient à l’Auberge du Lion d’Or ou bien du Cheval Blanc où quelques traces du passé sont encore visibles sur les murs.

    Certains de ces artistes sont enterrés au cimetière de Chailly-en-Bière : Jean-François Millet et Théodore Rousseau.

    https://www.fontainebleau-tourisme.com/fr/decouvrir-la-region/patrimoine/itineraire-dartistes/

     

    Patrimoine

    L’auberge du cheval Blanc
    Le cimetière
    L’Eglise Saint Paul

    Liens utiles

    Mairie de Chailly-en-Bière

  • Carl Friedrich Lessing (1808-1880) ,Paysage montagneux : ruines dans une gorge, 1830(vu à Paris il y a un mois)

    JPEG - 480.5 koHuile sur toile - 138,2 x 120 cm
    Francfort-sur-le-Main, Städel Museum
    Photo : Städel Museum – Artothek


    http://www.latribunedelart.com/l-ange-du-bizarre-le-romantisme-noir-de-goya-a-max-ernst

    L’Ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst

     

    Paris, Musée d’Orsay, du 5 mars au 9 juin 2013.
    L’exposition s’était tenue précédemment à Francfort-sur-le Main, Städel Museum, du 26 septembre 2012 au 20 janvier 2013.

    Dissipons d’abord un malentendu tenace : l’expression « romantisme noir » n’est pas une création du critique italien Mario Praz. Celui-ci ne l’utilise ni dans le titre de son ouvrage1, ni dans le cours de celui-ci. Et d’ailleurs à quoi ce « romantisme noir » s’opposerait-il ? A un romantisme pleurnichard ? chlorotique ? angélique ? Avec une extension de la notion de romantisme qui conduit le critique à y inclure le décadentisme « qui n’[en] est qu’un développement »2, l’exposition, qui suit assez, et même trop fidèlement les pas de Mario Praz – sans aucun regard critique (il est vrai qu’il est malvenu de critiquer Praz ) –, se condamne à survoler une suite de thèmes plutôt qu’à tenter de cerner comment et pourquoi, si « romantisme noir » il y eut bien, celui-ci put se développer au point de devenir un courant autonome du romantisme.

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    1. Carlos Schwabe (1866-1926)
    La Mort et le Fossoyeur, 1900
    Aquarelle, gouache et mine de plomb - 76 x 56 cm
    Paris, musée d’Orsay
    Photo : Musée d’Orsay-RMN/Patrice Schmidt

    Dans une scénographie d’Hubert Le Gall sobre, lisible et qui laisse respirer les œuvres, ouvrant çà ou là sur de jolies perspectives, le parcours, très inspiré par l’univers germanique (n’oublions pas que l’exposition est d’abord un projet du Städel qu’Orsay a capté à la va-vite), offre de très beaux ensembles consacrés à Füssli, Goya, Friedrich – ce qui, en soi est déjà une véritable réussite. On ne compte pas les chefs-d’œuvre : Le Cauchemar parmi sept toiles de premier plan de l’Helvéto-Britannique ; Le Vol des sorcières qu’accompagnent une bonne vingtaine de peintures et gravures appartenant aux cycles des Caprices, des Proverbes ou des Désastres de la guerre ; Le Rivage avec la lune cachée par les nuages du maître de Greifswald, côtoyant ruines, cimetière et paysages montagneux… Sans oublier la première esquisse du Radeau de la Méduse de Géricault, une sublime Route de campagne en hiver au clair de lune de Carl Blechen, un Paysage montagneux : ruines dans une gorge de Carl-Friedrich Lessing, panorama verticalisé où le minéral semble tout absorber, Le Péché de Von Stuck qui ouvre la voie aux femmes fatales avec une Salomé de Moreau (L’Apparition), l’extraordinaire et trop méconnue La Mort et le Fossoyeur de Carlos Schwabe (ill. 1)… toiles qui sont autant de mises en bouche ou de plats de résistance que l’on prendra le soin de savourer minutieusement.


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    2. Johann Heinrich Füssli (1741-1825)
    La Folie de Kate, 1806-1807
    Huile sur toile - 91,8 x 71,5 cm
    Francfort-sur-le-Main, Frankfurter Goethe-Haus
    Photo : Ursula Edelmann - Artothe
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    3. Théodore Géricault (1791-1824)
    Le Radeau de La Méduse,
    première esquisse, 1818-1819
    Huile sur toile - 37,5 x 46 cm
    Paris, Musée du Louvre
    Photo : Daniel Couty

    En ouverture du catalogue, dans un très judicieux essai, Annie Lebrun rappelle que « le noir est une invention des Lumières. »3. Et de rappeler : « En fait, avec la montée de l’incroyance, quelque chose a commencé qui n’a pas fini de nous interroger, autant sur nous-mêmes que sur ce que nous croyons ne pas être ». Bien sûr, les chronologies des romantismes en Angleterre, en Allemagne et en France ne se superposent pas ni ne se posent dans les mêmes termes. Si le gothic novel triomphe en Angleterre dès 1765 avec Le Château d’Otrante de Walpole, ouvrant la voie à Beckford, Radcliffe, Lewis ou au génial Melmoth de Mathurin parmi bien d’autres, avant de déferler sur le continent (on l’ignore trop souvent, mais le fulgurant succès des années 1820 en France fut un roman inspiré du gothique, Le Solitaire de Prévost d’Arlincourt), le noir du romantisme français a des origines politico-métaphysiques. La prise de la Bastille peut bien être retenue comme la date symbolique qui inaugure la Révolution, il n’en demeure pas moins que la rupture fondamentale a lieu en ce 21 janvier 1793 lorsque la tête du roi Louis XVI tombe sous le couperet de la guillotine. Car en ce jour c’est un ordre multiséculaire qui s’effondre : personne sacrée, le roi tient son pouvoir de Dieu, et de lui seul. Le régicide qui a lieu en place de Grève est donc un déicide. Désormais, ainsi que le dira Nerval par la bouche du Christ en Croix : « Frères, je vous trompais : Abîme ! abîme ! abîme ! / Le dieu manque à l’autel où je suis la victime.../ Dieu n’est pas ! Dieu n’est plus ! »4. Face à ces cieux vides, les puissances infernales ressurgissent : diables, incubes, succubes, sorcières… Aux certitudes vont donc succéder le chaos et celui-ci durera, malgré quelques phases de pseudo-stabilité, jusqu’à l’avènement de la Troisième République.

    Qu’on y regarde de près : la génération des premiers romantiques français est celle de l’exil. Ces enfants de 89 ne retrouvent leur sol natal qu’à l’aube du XIXe s. ; lorsque la génération suivante arrive à maturité, une nouvelle révolution, les Trois Glorieuses, vient les inscrire dans le tourbillon de l’Histoire ; et moins de vingt ans plus tard, les journées de 48 sonnent le glas du romantisme (cf. Flaubert, L’Éducation sentimentale) qui ne se survit plus que dans un confort petit-bourgeois qu’incarne le Dominique de Bray de Fromentin, confort qui sera laminé par la dernière grande « émotion », celle de 1871. Et de « mal du siècle » en « spleen » puis en « névroses », c’est bien une même maladie métaphysique qui accompagne ces enfants de tout le siècle. Mais ce continuum pathologique ne saurait masquer les profonds rejets de génération en génération (cf. Flaubert et les romantiques, Huysmans et le naturalisme), et les radicales transformations esthétiques qui vont du Château d’Otrante à A Rebours et de Géricault à Moreau ne sauraient masquer de profondes mutations, sinon révolutions. Pourtant cette pathologie qui glisse jusqu’à la folie fournit matière à nombre de toiles. Folie livresque dont Füssli transpose le vers 566 du poème de William Cowper, The Task (1785) : La Folie de Kate (ill. 2)5. Mais aussi folie extraordinaire faisant retomber l’homme dans l’animalité, celle que montre Géricault dans Le Radeau de la Méduse dont nous est proposée ici une première esquisse (ill. 3), histoire sordidement anthropophagique dans laquelle Michelet voyait une métaphore de la « société française » déboussolée que le peintre aurait « embarquée » sur son radeau. Ce rappel, qui ne recouvre pas ce que la tradition appelle romantisme mais en élargit les marges temporelles, donne implicitement son rythme à l’exposition. Non que l’Histoire serve de fil rouge, mais elle est sous-jacente aux mouvements, thèmes et mythes qui y sont présentés. Aussi adopterons-nous une lecture du parcours qui bouscule quelque peu l’ordre que la présentation nous propose.


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    4.Thomas Cole (1801-1848)
    Expulsion - Lune et lueur de feu, 1828
    Huile sur toile - 91, x 121,9 cm
    Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza
    Photo : Daniel Couty
    JPEG - 480.5 ko
    5. Carl Friedrich Lessing (1808-1880)
    Paysage montagneux : ruines dans une gorge, 1830
    Huile sur toile - 138,2 x 120 cm
    Francfort-sur-le-Main, Städel Museum
    Photo : Städel Museum – Artothek

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    6.Max Ernst (1891-1976)
    Forêt d’arêtes, 1927
    Huile sur toile - 47,5 x 37,5 cm
    Collection particulière
    Photo : Daniel Couty

    Dès l’entrée, mais strictement in absentia, il y a donc le roman gothique, roman transgressif s’il en fut puisqu’il « en appelait à l’enfer » ainsi que le notait Sade dans ses Idées sur les romans (1799) et se plaisait à multiplier viols, enlèvements voire meurtres d’innocentes vierges dans des lieux ruiniformes (châteaux, cryptes, cimetières…) en accord avec la théorie du sublime développée par Burke6. Cet appel à l’Enfer se traduit métaphoriquement avec le tableau de Thomas Cole qui ouvre, dans un recoin, l’exposition : Expulsion - Lune et lueur de feu (ill. 4)7 présente un paysage désolé aux arbres squelettiques, gouffre qu’enjambe une mince arche naturelle de pierre conduisant à une gueule ouverte dans le rocher – décentré vers la droite – d’où émane une aveuglante lumière surnaturelle et infernale alors qu’à l’opposé, sur la gauche, les ténèbres semblent obscurcir le ciel dans le lointain comme lors de la mort du Christ. Paysage désolé sans personnages ni ruines. Ces ruines nous en trouvons quelques-unes, absolument magnifiques, dans le cours de l’exposition, tel ce vertigineux Paysage montagneux : ruines dans une gorge de Carl-Friedrich Lessing (ill. 5), parfaite illustration de ce qu’écrit Burke : « La Grandeur des dimensions est une puissante cause de sublime. L’étendue est soit en longueur, soit en hauteur, soit en profondeur. De ces trois dimensions de l’espace, la longueur est celle qui impressionne le moins. Une étendue de cent mètres de terrain plat ne produira jamais le même effet qu’une tour de cent mètres de haut ». Effet que l’on retrouve au cours du parcours sur une feuille à la plume de Gaston Redon, Paysage fantastique, tours et flèches enveloppées de nuages (1899, Paris, musée d’Orsay) ou l’une des nombreuses versions de Forêt d’arêtes de Max Ernst (ill. 6). De même que l’on pourrait trouver matière à lire en subliminal la présence du roman gothique dans la toile de Franz Ludwig Catel (1778-1856), Moines à la Chartreuse de San Giacomo à Capri (1827-1830, coll. part.) ou dans celle de Friedrich, Portail du cimetière (1825-1830, Brême, Kunsthalle).


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    7. Caspar David Friedrich (1774-1840)
    Rivage avec la lune cachée par des nuages
    (Clair de lune sur la mer)
    , 1836
    Huile sur toile - 134 x 169,2 cm
    Hambourg, Hamburger Kunsthalle
    Photo : BPK, Berlin-RMN-Grand Palais/Elke Walford
    JPEG - 325.4 ko
    8. Carl Blechen (1798-1840)
    Route de campagne en hiver au clair de lune,
    après 1829
    Huile sur panneau - 39 x 53 cm
    Lübeck, Museum Behnhaus Drägerhaus
    Photo : Daniel Couty

    Si l’horizontalité ne produit pas le « sublime » cher à Burke, elle satisfait en revanche pleinement le goût pour les paysages panoramiques aux étendues mélancoliques : Friedrich s’y est adonné de son génie si particulier avec ces immensités qu’aucun personnage ne vient troubler. Témoin ce superbe Rivage avec la lune cachée par les nuages (ill. 7), composition strictement équilibrée par une ligne d’horizon médiane que figure une très étroite bande claire qui sépare un plan inférieur à la dominante vert foncé dans lequel se noient les rochers et l’eau marine d’un ciel aux bleus profonds roulant leurs nuages. Sur ce plan au calme paradisiaque que viennent de loin en loin éclairer à égale distance des deux bords latéraux les reflets argentés d’une invisible lune, trois voiliers témoignent d’une présence humaine tout aussi invisible. Tout comme Route de campagne en hiver au clair de lune de Carl Blechen (ill. 8), nocturne sublime par le travail sur les couleurs (un ciel au bleu saturé par l’atmosphère neigeuse, le brun glaiseux du chemin de terre), la composition des lignes – une diagonale brune qui rejoint à l’extrême gauche la ligne d’horizon, découpant ainsi entre la route et le ciel un triangle à l’indécise blancheur, et, « habitant » cet espace désolé, une douzaine de maigres arbres aux troncs et aux branches squelettiques qui élèvent leur prière muette vers le ciel. Deux superbes paysages, absolument romantiques dans leur conception et leur philosophie, et dont on se demande en quoi ils illustrent le « romantisme noir » ou « l’Ange du bizarre »…

  • L'humeur vagabonde

     

    Auteur(s) : Antoine Blondin

    «Après la Seconde Guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler. On rétablit le tortillard qui reliait notre village à la préfecture.» Benoît Laborie quitte femme et enfants pour tenter fortune à Paris. Rastignac triste, il s'égare dans le cimetière du Père-Lachaise. Quand il revient au pays, sa mère le prend pour un amant de sa femme et tue l'épouse supposée infidèle. Parce...


    Editeur : Editions de La Table Ronde
    Date de parution : 19 Mai 2016
    Catégorie : Littérature française
    Voir le livre »

     

  • ”Istanbul” par Daniel Rondeau

    Récit de voyage, flânerie érudite, évocation poétique...

    « Après Tanger et Alexandrie, avec cet Istanbul, Daniel Rondeau arrive au terme d’un voyage en Méditerranée commencé il y aura bientôt vingt ans. Trois villes entre deux mondes, entre deux mers, situées sur le parcours d’un voyage homérique, trois villes comme des charnières à la surface du monde…

    Istanbul ou la Sublime Porte : le portrait d’une ville magique, une promenade dans ses mystères, et une autre façon d’interroger l’histoire et la littérature. De nombreux séjours ont conduit l’auteur à entrer dans l’intimité de la ville. À la manière de Pausanias, ce voyageur et géographe grec du IIe siècle, qui parcourut les villes de la Grèce, petites et grandes, pour en faire une Description dans un style simple et sans prétention, Rondeau raconte ce qu’il voit là où ses pas le mènent : le long de la muraille, sur les rives du Bosphore, aux îles des Princes, dans les cimetières d’Europe et d’Asie.

    Choses vues, choses lues, choses vécues aussi, glanées en quelques années de fréquentation assidue d’une ville inoubliable : une invitation au voyage merveilleusement écrite, un souffle chargé de couleurs et de passions.

    Son livre nous parle des choses qui sont et de celles qui ne sont plus, de la Grèce et de Rome, de la culture des tulipes, de la vente des tourterelles, des yeux clairs des Natacha, des Arméniens et des Juifs, des travestis qui courent sur l’Istiklal, de la mémoire et de l’histoire, et des trois Dieux qui veillent sur l’ancienne capitale ottomane. « Le lyrisme et la culture de Rondeau effacent la poussière du temps », écrivait Bruno Corty dans le Figaro littéraire au sujet d’Alexandrie… » (présentation de l'éditeur)

    « Rondeau est le seul écrivain français à ma connaissance qui est sensible aux quartiers non touristiques d'Istanbul et à la vie du menu peuple qui y vit. Qui aurait en effet l'idée de parler non pas des cimetières de la Corne d'Or chers à
    Loti, mais des cimetières de voitures américaines. (...) Cela dit, l'auteur parle aussi de cimetières, de tous les cimetières de la ville pour commémorer les morts, tous les morts, qu'ils soient musulmans, chrétiens ou juifs. Daniel Rondeau porte un nouveau regard sur une ville ancienne pour y déceler des vies cachées et faire des portraits de gens dont on ne parle pas (...).

    En dépit de quelques coquilles concernant les noms de lieux, ce beau livre est un des rares ouvrages qui parlent à la fois des slpendeurs et des misères de ma ville bien-aimée qui m'a suivi partout et dont le souvenir, tel un fer rouge, est à jamais planté dans ma mémoire. Rondeau a trouvé une belle métaphore pour expliquer son expansion qui fait peur : "Un jour, la ville a sauté le mur. Depuis, elle galope." » (extraits d'un article de Nedim Gürsel, Le Monde, décembre 2002)


    Un extrait sur le site de l’éditeur

    http://www.bibliomonde.com/livre/istanbul-1024.html

  • J'ai aimé récemment:Deon Meyer, l'Afrikaner fasciné par le noir

    Le Monde | 19.06.2013 à 17h59 | Par Macha Séry

     
     
    Deon Meyer, chef de file du polar sud-africain ? L'idée fait sourire ce romancier peu loquace, de passage à Paris pour la promotion de son dernier roman, "7 jours".

     

    On aura beau faire, impossible de prononcer à l'afrikaans le nom de Benny Griessel, héros de 7 jours, le nouveau polar de Deon Meyer. Par chance, celui-ci est patient. Et, dans sa barbe blanche piquetée de poils roux, il a le rire facile. Gommer le "g" puis rugir le "r". Oui, pas de doute, l'homme qui claque sa langue à répétition est jovial. Pedigree ? Bon vivant. Au rang de ses passions : la musique, le rugby, la moto, la photographie, la cuisine, les voyages, la danse, "oh, et la France", ajoute-t-il. Lors de son passage à Paris, il a posté sur son compte Twitter de magnifiques clichés des quais de Seine et une vue de la pierre tombale de Sartre et Simone de Beauvoir, au cimetière du Montparnasse, où il s'est rendu en pèlerinage.

    Lui, chef de file du polar sud-africain ? L'idée fait sourire ce romancier peu loquace. "Ce n'est pas à moi de le dire", botte-t-il en touche. En tout cas, pionnier du genre dans son pays. Ce fait-là, au moins, est incontestable. "Meyer n'a pas seulement révolutionné la littérature afrikaans, résume, sur son blog, l'écrivain Mike Nicol, son compatriote. Il l'a aussi fait découvrir aux anglophones, et ses livres ont ouvert le genre à de nouvelles voix."

    Encore Deon Meyer aura-t-il attendu la fin de l'apartheid pour apparaître sur la scène littéraire. Le 2 février 1990, lorsqu'il entend à la télévision le président De Klerk annoncer la libération des prisonniers politiques, l'émotion le submerge. "Quelques semaines plus tard, je me suis rendu ...

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    Deon Meyer, chef de file du polar sud-africain ? L'idée fait sourire ce romancier peu loquace, de passage à Paris pour la promotion de son dernier roman, "7 jours".

    Deon Meyer, l'Afrikaner fasciné par le noir

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    On lui confie pourtant un dossier ultrasensible : la réouverture de l'enquête Hanneke Sloet. Un sniper s'en prend aux flics au motif que ceux-ci n'ont rien fait pour élucider le meurtre de cette juriste, tuée un mois et demi plus tôt. Pas ou peu d'indices. La jeune femme, employée par un cabinet spécialisé dans les transactions financières, menait une vie réglée, n'avait pas d'ennemis...

    Le nouveau polar de Deon Meyer est un roman "trousseau de clés". Toutes les pistes seront méthodiquement examinées, la dernière résoudra l'énigme. Griessel aime à répéter : "Rien n'est jamais simple." La formule sied à 7 jours. Car, derrière une intrigue en apparence classique, moins ambitieuse que celle d'A la trace (2012), l'écrivain parvient, une fois encore, à brosser en pointillé le portrait de l'Afrique du Sud, pays affairiste où se mêlent, encore plus qu' ailleurs, intérêts financiers et politiques.

    Il faut lire également ce livre pour ses belles figures féminines : Sloet l'ambitieuse, issue de la classe moyenne afrikaner, Mbali, l'inspectrice zouloue, et la chanteuse Alexa, fragile, si fragile et si émouvante. M. S.

    7 jours (7 Dae), de Deon Meyer, traduit de l'afrikaans par Estelle Roudet, Seuil, "Policiers", 496p., 22 €.

    Signalons, du même auteur, la parution en poche d'A la trace (Spoor), traduit par Marin Dorst, Points "Policier", 732p., 8,80 €.

     

    Extrait

    "En roulant pour rentrer chez lui, il éprouva un fort besoin de se débarrasser de la pression qu'il ressentait à l'intérieur, de jurer et de cogner le volant. Il y avait des moments où il ne voulait pas faire ce boulot – ni aller frapper à la porte d'une maison un dimanche matin, perturber la paix, apporter les ennuis en franchissant le seuil. La famille Klein, unie contre lui, l'avait bouleversé d'une façon particulière. Et la critique non déguisée : nous ne sommes pas blancs, nous ne sommes pas riches, mais nous avons nos valeurs. Il aurait voulu protester, dire que ça n'avait rien à voir avec la couleur, que c'était juste lié au fait de posséder les clés et un casier. Ils ne l'auraient pas cru – c'est ça qui le frustrait. Il n'y avait que dans ce pays... La couleur, tout tournait autour de la couleur, tout le temps, où qu'on regarde, c'était là. Putain. Tout ce qu'il voulait, c'était faire son boulot.

    Nous avons nos valeurs. En fait, ils supposaient implicitement que lui n'en avait pas, que sa présence même le prouvait."

    7 Jours, page 94

     

    Parcours

    1958 Deon Meyer naît à Paarl (Afrique du Sud).

    1980 Il est reporter dans un quotidien afrikaans. Il sera par la suite rédacteur publicitaire et consultant en stratégie de marques.

    1994 Parution de Wie met vuur speel ("Qui joue avec le feu", non traduit), son premier roman.

    2003 Les Soldats de l'aube, Grand Prix de littérature policière.

    2013 Die Laaste Tango ("Le Dernier Tango"), le premier long-métrage qu'il a écrit et réalisé, sort sur

    les écrans de son pays le 5 juillet.

    Lui, chef de file du polar sud-africain ? L'idée fait sourire ce romancier peu loquace. "Ce n'est pas à moi de le dire", botte-t-il en touche. En tout cas, pionnier du genre dans son pays. Ce fait-là, au moins, est incontestable. "Meyer n'a pas seulement révolutionné la littérature afrikaans, résume, sur son blog, l'écrivain Mike Nicol, son compatriote. Il l'a aussi fait découvrir aux anglophones, et ses livres ont ouvert le genre à de nouvelles voix."

    Encore Deon Meyer aura-t-il attendu la fin de l'apartheid pour apparaître sur la scène littéraire. Le 2 février 1990, lorsqu'il entend à la télévision le président De Klerk annoncer la libération des prisonniers politiques, l'émotion le submerge. "Quelques semaines plus tard, je me suis rendu ...

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    On lui confie pourtant un dossier ultrasensible : la réouverture de l'enquête Hanneke Sloet. Un sniper s'en prend aux flics au motif que ceux-ci n'ont rien fait pour élucider le meurtre de cette juriste, tuée un mois et demi plus tôt. Pas ou peu d'indices. La jeune femme, employée par un cabinet spécialisé dans les transactions financières, menait une vie réglée, n'avait pas d'ennemis...

    Le nouveau polar de Deon Meyer est un roman "trousseau de clés". Toutes les pistes seront méthodiquement examinées, la dernière résoudra l'énigme. Griessel aime à répéter : "Rien n'est jamais simple." La formule sied à 7 jours. Car, derrière une intrigue en apparence classique, moins ambitieuse que celle d'A la trace (2012), l'écrivain parvient, une fois encore, à brosser en pointillé le portrait de l'Afrique du Sud, pays affairiste où se mêlent, encore plus qu' ailleurs, intérêts financiers et politiques.

    Il faut lire également ce livre pour ses belles figures féminines : Sloet l'ambitieuse, issue de la classe moyenne afrikaner, Mbali, l'inspectrice zouloue, et la chanteuse Alexa, fragile, si fragile et si émouvante. M. S.

    7 jours (7 Dae), de Deon Meyer, traduit de l'afrikaans par Estelle Roudet, Seuil, "Policiers", 496p., 22 €.

    Signalons, du même auteur, la parution en poche d'A la trace (Spoor), traduit par Marin Dorst, Points "Policier", 732p., 8,80 €.

     

    Extrait

    "En roulant pour rentrer chez lui, il éprouva un fort besoin de se débarrasser de la pression qu'il ressentait à l'intérieur, de jurer et de cogner le volant. Il y avait des moments où il ne voulait pas faire ce boulot – ni aller frapper à la porte d'une maison un dimanche matin, perturber la paix, apporter les ennuis en franchissant le seuil. La famille Klein, unie contre lui, l'avait bouleversé d'une façon particulière. Et la critique non déguisée : nous ne sommes pas blancs, nous ne sommes pas riches, mais nous avons nos valeurs. Il aurait voulu protester, dire que ça n'avait rien à voir avec la couleur, que c'était juste lié au fait de posséder les clés et un casier. Ils ne l'auraient pas cru – c'est ça qui le frustrait. Il n'y avait que dans ce pays... La couleur, tout tournait autour de la couleur, tout le temps, où qu'on regarde, c'était là. Putain. Tout ce qu'il voulait, c'était faire son boulot.

    Nous avons nos valeurs. En fait, ils supposaient implicitement que lui n'en avait pas, que sa présence même le prouvait."

    7 Jours, page 94

     

    Parcours

    1958 Deon Meyer naît à Paarl (Afrique du Sud).

    1980 Il est reporter dans un quotidien afrikaans. Il sera par la suite rédacteur publicitaire et consultant en stratégie de marques.

    1994 Parution de Wie met vuur speel ("Qui joue avec le feu", non traduit), son premier roman.

    2003 Les Soldats de l'aube, Grand Prix de littérature policière.

    2013 Die Laaste Tango ("Le Dernier Tango"), le premier long-métrage qu'il a écrit et réalisé, sort sur

    les écrans de son pays le 5 juillet.

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  • Qu’il était vert, mon poireau !

     

    23 avril 2014 à 18:26

       (Photo Nicozz. Flickr)

    Jacky DURANDJacky DURAND

    Méfiez-vous des fossés, car il s’en passe souvent de bonnes au bord des chemins vicinaux. Tiens, l’autre jour qu’on va par monts et par vaux entre la pâture et la futaie, faisant rugir notre tombereau qui n’aime pas la quiétude du bocage, on est en train de farfouiller dans notre autoradio quand on croit apercevoir un ovni de couleur bleu entre l’accotement et le taillis. Quelques centaines de mètres plus loin, le temps d’exfiltrer Jimmy Page de notre mange-disque, on est pris d’une curiosité rétroactive qui nous pousse à rebrousser chemin dans un déchirant craquement de boîte à vitesses. Et nous voilà scrutant le susdit bas-côté entre les prunelliers en fleurs et le muguet qui devance l’appel avec ses grelots blancs.

    Pandores. C’est pas tous les jours que l’on fait ainsi les fonds de fossé comme un chasseur de grenouilles, mais on s’attend pas tout de même à pêcher un tel crapaud quand on découvre un petit vieux tombé cul par-dessus tête, dardant son postérieur vers le ciel. Il patauge dans les feuilles mortes, sa casquette de traviole lui bouffant les trois quarts du museau : «Eh, toi qui passes, faudrait t’y me sortir de là», bafouille le malheureux en brandissant une poignée de muguet dans sa main droite. Imaginez-vous en train de retourner un scarabée géant qui aurait muté à Fukushima et vous aurez une idée du quintal que l’on tente de soulever au ras des pâquerettes. On ahane, on peste, on jure alors que lui, mi-inquiet, mi-rigolard, nous serine : «Va-y gars, te tins l’bon bout !» (1) Le bousier finit enfin par retomber sur ses pattes antérieures, ajustant les bretelles de sa salopette de bleu de chauffe : «Fait pas bon devenir vieux, hein ! qu’il piaune. J’ai chu dans la gouille.» Il contemple son muguet qui s’est fait méchamment sonner les clochettes dans sa chute. «Tout ça, c’est la faute de la Germaine, qu’il grogne. M’avait fait promettre sur son lit de mort que je lui porterais tous les mois de mai quelques brins au cimetière. T’as vu où j’en suis, gaugé comme une soupe.»

     

    Tandis qu’on lui propose de le ramener à ses pénates, le vieux jauge, méfiant, notre dragster. «Ça roule, un tarare pareil, on va pas se casser la margoulette hein ?» Il s’installe précautionneusement sur le siège passager, bataille avec la ceinture de sécurité et, vexé, refuse qu’on lui attache. «Pas besoin de ta ficelle, j’ai été ondoyé par saint-Christophe [patron des automobilistes, ndlr]». On roule en silence jusqu’à un village où il désigne la rue principale. «Tu vas tout droit, comme les corbeaux. J’habite tout au bout, tu verras les litrons, tu peux pas te tromper», qu’il promet, énigmatique. A peine dépassé le panneau de sortie du patelin, on découvre une ancienne ferme basse envahie par une invraisemblable collection de bouteilles juchées sur le mur de clôture ou posées sur des étagères fixées sous l’avant-toit. Nous voilà chez un Facteur Cheval accro aux goulots. «Vous avez bu tout ça ?» qu’on risque. «Et même plus !» se marre l’ancien qui nous laisse mariner, le temps de trouver ses clés sous une dame-jeanne. «Mais non, j’ai pas bu tout ça même si comme on dit ici "Ne craichot pas chu l’canon". C’est les gens qui m’apportent leurs plus jolis restes de cuite quand ils vont au container à verre. Chez moi, c’est comme ça, je préfère les bouteilles aux nains de jardin pour décorer. Tiens donc, tu prendras bien une mousse ?» On dit «non» poliment ; la faute aux pandores qu’on se justifie. Le vieux rigole : «T’as qu’à aller à pied. Tant pis, j’en boirai deux.» Alors qu’on va pour lui serrer la louche, il décrète «Attends un peu, je vais te donner quelque chose pour la peine.» On le suit jusqu’à l’orée de son potager où, muni d’une fourche bêche, il nous arrache une généreuse botte de poireaux. «C’est pas mieux que le muguet, hein ? T’as vu comment ils sont beaux mes poireaux, j’ai un secret. Lequel à ton avis ?» Ignare en horticulture, on hausse les épaules. «Un petit pipi tous les matins, c’est le meilleur des engrais, chuchote le patriarche poireauphile. Tu me crois pas ? Crouaix d’bouais, Crouaix d’far ! Ch’y y ment, y vai en enfâr.»

    Rouleaux. Vous n’êtes pas obligé d’amender ainsi votre jardin, mais vous pouvez tenter sans hésitation cette tourte aux poireaux, il vous faut deux rouleaux de pâte feuilletée ou brisée, selon vos goûts ; un bon kilo de poireaux ; 4 œufs entiers plus un jaune d’œuf ; 30 cl de crème fraîche entière épaisse ; 5 cl de lait ; beurre ou huile d’olive selon vous goûts ; sel, poivre.

    Coupez la moitié de la partie supérieure verte des poireaux (vous pourrez la recycler dans une soupe) et le pied. Fendez ensuite les poireaux en croix sur toute la longueur et lavez-les soigneusement (le sable sous la dent, ça craint…). Séchez-les et émincez-les grossièrement. Faites fondre un peu de beurre ou chauffez un peu d’huile d’olive dans une sauteuse. Ajoutez les poireaux et faites-les revenir quelques instants, salez modérément puis couvrez-les et faites-les étuver entre un quart d’heure et vingt minutes jusqu’à ce qu’ils soient fondants. Ajoutez deux cuillères à soupe de crème fraîche, mélangez et laissez refroidir un peu. Pendant ce temps, battez les quatre œufs entiers en omelette, ajoutez la crème et le lait, salez et poivrez. Dans un moule à tarte à bords hauts ou dans une tourtière, étalez un disque de pâte et piquez-la à la fourchette. Répartissez sur la surface la fondue de poireaux, versez le mélange œufs battus-crème. Vous pouvez ajouter, selon votre humeur, des dés de jambon blanc, des lardons blanchis, un pavé de saumon cuit et émietté. Recouvrez avec l’autre disque de pâte, soudez les bords, pratiquez une cheminée au centre de la tourte avec un petit morceau de carton roulé en cylindre. Dorez la surface avec le jaune d’œuf. Enfournez dans votre four préchauffé à 180°C et laissez cuire une quarantaine de minutes.

    (1) Patois morvandiau emprunté aux sets de table de La petite auberge, 58370 Glux-en-Glenne 03 86 78 65 79.

     

    Jacky DURAND

     

    http://next.liberation.fr/food/2014/04/23/qu-il-etait-vert-mon-poireau_1003068

  • L'île d'Yeu de Marie Billetdoux

    Par Marie Billetdoux, Stéphan Cladieu
    20/08/2010 | Mise à jour : 18:25

    Les îliens ne sont pas des gens comme les autres. Marie Billetdoux non plus. En 1991, une demi-heure avant de reprendre le bateau, elle achète une maison sur l'île d'Yeu. Depuis, son histoire d'amour ne s'est jamais démentie, comme en témoigne cette évocation élégiaque.

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    <strong>Sous la bienveillante garde de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle</strong>, la plus ancienne chapelle de l'île, le petit port de La Meule, unique refuge de la côte sauvage, accueille dans son ventre de granit des embarcations telles ce vieux petit cotre de pêche ou ce corsaire tirant sur son amarre.
    Sous la bienveillante garde de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, la plus ancienne chapelle de l'île, le petit port de La Meule, unique refuge de la côte sauvage, accueille dans son ventre de granit des embarcations telles ce vieux petit cotre de pêche ou ce corsaire tirant sur son amarre. Stéphan Gladieu / Le Figaro Magazine

    C'est une fière, une pudique, une qui ne se donne pas le premier soir, ils arrivent non prévenus ou malmenés par une mer verdâtre, à «cinq lieues» du continent, remettent pour premier tribut à la sortie du bateau leur sac à vomissement et, laissés seuls, absolument seuls en un instant, valises aux pieds, tandis que s'éloignent bruyamment à l'entour 2 CV bleu pâle ou rouge framboise, jeeps, Méharis, emportant par familles entières les habitués et leurs connaissances, ils vont attendre là, sur le quai de Port-Joinville, le retour des deux seuls taxis partis surchargés, par chemins et venelles, déposer devant leur portail les propriétaires de résidences secondaires, plus nombreuses aujourd'hui que les maisons des Islais...

    C'est une violente, une qui a du chien, une qui charme au premier œil, ils ont pris l'aller-retour pour la journée ou pour la semaine, mariés devant Dieu à la fleur de l'âge ils sont prêts tout à coup à s'endetter, à se ruiner pour elle, royaume pour les enfants, vrai livre animé où se lèvent par surprise des mini-reliefs, des moulins, des puits, des tirettes, des petites portes et des volets multicolores qui s'ouvrent et qui se ferment...

    Tantôt île, tantôt presqu'île il y a quelques millions d'années selon le niveau de l'océan, longtemps coupée du monde (« Certains jours on ne voit plus le continent » alors résonne la corne de brume) mais toujours convoitée, assaillie avant les estivants par les envahisseurs de toutes sortes, barbares, pirates, corsaires (assiettes en étain et longs pistolets de bois à guirlandes d'argent giseraient par centaines de mètres de fond) - longtemps elle n'a pas fait parler d'elle. Encore stupéfait de son triomphe à Ré, Satan offre toujours, contre une âme, ses ouvriers contrefaits pour 25 km de pont, mais n'a pas réussi à conclure, manque l'enfant, dit-on, - « un garçonnet de 4 ans de préférence » - à emmurer vivant dans les premières fondations pour leur solidité comme à Rosporden (Finistère) celui, tout nu, une chandelle bénite dans une main, un morceau de pain dans l'autre, qu'on entend, la nuit, appeler sa mère...

    Posée dans l'océan à la proue de l'Europe, l'air d'un jeune chat assis, de dos, fixant les Anglais, oreille gauche dressée (la Pointe du But) oreille droite moussue (la Pointe de la Gournaise), le bout de la queue à la Pointe des Corbeaux, faisant gros dos du côté du large (la Côte sauvage), accueillante par où justement elle est vulnérable et par où on l'aborde depuis toujours, elle est faite de la pierre dont elle a fait ses églises et du bois de ceux qui n'ont (n'avaient) besoin de personne, hors la protection de Notre-Dame-du-Port, patronne des marins.

    Elle est là, fragile et forte à la fois, brutalité de la lumière, rose des hortensias, bleu vif des coques dansant au bas des quais, jaune des genêts et des mimosas, vert noir des hauts cupressus, mais aussi soumission, consci ence perpétuelle de celle avec les humeurs de qui chaque matin il faut compter, traiter ou pactiser; celle qui, par gros temps et grosse lune, renverse les navires, libère des hordes de chevaux blancs étincelant soudain comme les rubans des danseuses chez Degas dans le vaporeux du tulle, qui courent, courent à sa surface tout en poussière d'eau se fracasser contre les rochers; celle qui la cerne de sa présence parallèle, qui la nourrit, mais lui prend ses enfants, et d'où s'élèvent, « chaque fois que la lame en fureur roule leurs ossements dans ses plis et les éloigne du rivage », les gémissements des âmes des naufragés... (la zone la plus touchée des côtes de Vendée).

    Nombre de bateaux ont été perdus «corps et biens», sans autre explication que la violence des tempêtes, un long passé d'attente, de courage, de sauvetages la Norvège reconnaissante »), puis de deuils a marqué une population de femmes, d'enfants, d'anciens et de malades restés à terre, tandis que les hommes « prenaient service en mer comme mousses dès l'âge de 10 ans »... Ceux dont l'océan n'a pas rendu le corps - il faut 9 jours, dit-on -, chaque fois qu'une porte grince, sont toujours attendus.

    Mais nombre de miracles aussi ont jalonné l'histoire de cette terre, terre enfantine et impétueuse où il faut faire avec les astres, avec le vent, avec les flots et les esprits: « Vierge, tes marins et tous leurs enfants / jamais n'oublieront tes bienfaits touchants / car cent fois ton bras menant au rivage / leur fit éviter un triste naufrage /... Reine du port, chantent depuis près de deux siècles (au temps où on chantait en mer) les marins en chœur, nous te saluons ! » Il n'est que de voir la photo prise du côté des Chiens-Perrins, au large de la Pointe du But, pour être parcouru d'un long frisson chargé d'effroi: la force de la houle là-bas est telle que l'écume épaisse, devenue jaune, semble charrier des ballots de coton brut... C'est alors (1620) qu'un maître d'équipage et un vicaire de la paroisse, après avoir ordonné de « couper les mâts », vouèrent le navire « à la glorieuse sainte Anne » et le navire... se releva! Mais aussi le Bienheureux Louis-Marie Grignion de Montfort qui réussit à déplacer, seul (1712) un énorme rocher. Mais aussi l'abbé Théophile Poirier et l'instituteur Edouard Moreaux - « nous partions quatre en excursion... » -, qui furent « à deux doigts de la mort » sauvés du lieu-dit «le Trou d'Enfer» le soir du 8 décembre 1921 par Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours...

    J'ai compté, sur une carte simplifiée, 4 trous, 6 grottes, 1 cap, 3 phares, 2 becs, 10 anses, 19 pointes, 2 églises dont un clocher tronqué par la foudre, 4 cloches, 2 cimetières et... 23 plages: il y a celle où tout de suite on n'a plus pied, celle où il n'y a jamais de vives (ou «épines de Judas»), celle où les petits ne risquent pas de se perdre, celle où « il n'y a personne », celle éclairée comme à Venise par un soleil dans le dos, celles dont on revient seul, à bicyclette au soleil couchant, ébloui, avec des mines d'explorateur de terres encore vierges, celle où les jeunes, aplatis en étoiles sur le sable en fin d'après-midi, nous préparent la société future tandis que les vagues, en rouleaux tout à coup, déchainées, trouant le sol sous les pieds, retirent leur culotte aux enfants, médailles de baptême, croix d'or en pendentifs ou boucles d'oreilles car les dames, ici, surtout plage des Vieilles (c'est un poisson), se baignent avec bijoux.

    Mais quand la mer le matin est plate, presque laiteuse, on peut voir ces dames immobiles au milieu, une cuisse levée, puis l'autre, une main en cuiller ramenant rapidement un peu d'eau sur les bras ou la nuque, parlant à une autre semblable se découper sur l'horizon et l'air aux échos de cathédrale, par bribes alors, porte aux oreilles les évènements de l'hiver: « Domitille a quitté Noé... Elle m'a dit : "Ma-man-je-ne-le-sup-porte-plus !..." » et cela peut durer un temps infini. C'est là, dans l'île, qu'on a connu tant de «premières fois»: la première fois que, pour suivre les autres, on s'est lancé à l'eau du haut de la falaise; la première fois qu'on a chanté à grande voix, «Chez Tintin», à Saint-Sauveur - les bébés en pyjama sur les épaules des papas debout dans la petite rue - des chants de marins; ou des chansons fleuries (entendez gaillardes) «Chez Jeannette», au bar de l'Escadrille, jusqu'à 3 heures du matin et foulé la rosée de Vendée; la première des «premières fois», derrière les dunes, attirée là par le séducteur de l'été (du latin seducere, conduire à l'écart) qui s'est marié deux ans plus tard avec une autre, car, de Paris, d'Angers, du Mans, d'Amboise on vient à Yeu s'épouser. Noces en juillet amènent les regrets; en août, époux jaloux; mariage retardé, mariage faussé; mais combien de mariages, aussi, sous la pluie? Si les mariés se mouillent les pieds, ils seront trois dans l'année: la première fois, alors, qu'on remorque son bébé en carriole jusqu'aux plages; la première fois qu'on lui met sur la langue un doigt trempé de pineau, des miettes de tarte aux pruneaux (pâte semi-feuilletée au beurre salé, 5 cl de rhum pour 200 grammes de pruneaux, cannelle, sucre, croisillons de pâte dorée au jaune d'œuf, 25 minutes à 220 °C) pour la tête qu'il fera; la première fois que, ligoté sur le porte-bagage de la bicyclette, on va l'emmener par les chemins creux à travers la lande couchée par le vent essayer, à son tour, de basculer la Pierre tremblante dans la mer; la première fois qu'on voit se vendre des poissons entiers, bars, turbots, dorades, ou des langoustines par kilos dans la balance: « Cinq kilos, ça vous fait trop ? » devant tout le monde, songeant à part soi « C'est sans doute ça, le bonheur »; la première fois que, ruisselant de larmes assise sur la plage, n'ayant plus le temps ni de courir ni de crier, les yeux fixés dans le ciel au sommet de la falaise où progresse en file indienne vers le vide une dizaine de jeunes gens nus, vous priez pour votre grand qui va sauter. Mais qu'un Islais en visite l'aperçoive un peu plus tard sur le canapé: « A feurm'ses eilles pir qu'ine peutonc ! » (il dort bien!).

    Maisons du bourg et fleurs des rues, hantées encore par les silhouettes noires des dentellières et des gaufreuses en quichenotte, ou maisons avec terrain, marguerites et résineux? Il y a ceux qui trouvent vulgaire la rose trémière, - une roturière qui se prend pour une aristo (al et fagotée comme une maraîchine), une m'as-tu-vu qui fait sa pimbêche au pied des façades (a leuve un nez pir qu'in chin qu'emporte ine tripe), et ceux qui la révèrent pour les mêmes raisons, sa solitude et son indépendance. Il y a ceux qui se souviennent des forts caractères qu'a produit cette île: l'abbé Tournemire qui réglait les différends entre paroissiens à coups de poings, mort à la guerre, ou la veuve Dumonté, née Félicie Bernard: « Je donne et lègue tous mes biens aux pauvres et malades de la commune de l'île Dieu (sic)... Le nom de M. Dumonté sera mis en relief sur la porte d'entrée [de l'hôpital], si on n'accepte pas cette condition, je ne donne rien ! », il y a 134 ans... Et il y a ceux qui oublient qu'elle a dû conquérir tout de haute lutte pour sa survie (l'électricité par câbles sous-marins en 1954, l'eau courante idem en 1961 seulement, coupures mémorables par «cargos non identifiés», etc.), une île qui se réveille ahurie de s'entendre appelée, depuis quelques étés, «le Saint-Tropez de l'Atlantique».

    Et pourtant... Visite de maisons à vendre (un jeune notaire vient d'arriver), mais aussi concours de surf-casting, sorties en voilier pour la journée ou le coucher de soleil, école de plongée, championnats et tournois de foot pour benjamins et poussins, défilés de chars fleuris à la Pentecôte, Fêtes de la sardine, dédicaces à la Maison de la presse, après-midis patois par l'association « Y vl'ons parler îlas », trail sur 45 ou 23 km organisé par les pompiers de l'Extrême, florilège d'airs et de duos d'opéras, et même, même, saut en «chute libre», de l'hélico OYA VENDÉE, 15 minutes de vol (+ le film): « Avec une mariée aussi ? » fis-je, voyant déjà la robe, le voile, les petits pieds dans le ciel comme un Chagall: « Mariée, divorcée, pacsée... J'emmène tout le monde ! »


    Les bonnes adresses de Marie Billetdoux


    Crédits photo : Le Figaro Magazine

    Le restaurant La Meule (barbecue sur la terrasse en juillet-août, 02.51.59.57.32).

    Le restaurant «Les Bafouettes» (spécialités de la mer, 02.51.59.38.38).

    Le café «A l'abri des coups de mer» (Chez Tintin), à Saint Sauveur, (pour ses tables en merisier «polies par les manches des marins» et son ambiance, (02.51.58.52.31). On ne réserve pas, on entre, on prend un verre.

    La crêperie Snack-Martin (pour ses patagos à l'ail et au vin blanc, 02.51.58.52.68.)

     

    Par Marie Billetdoux

  • Poulpe fiction à Sète

    Poulpe fiction à Sète

     

    Poulpe fiction à Sète

    TOUR DE FRANCE GOURMAND (9/12) - Au pays de Brassens et de Valéry (Paul, pas François), on déguste à tous les coins de rue la tielle, une tourte marine qui sent bon l'Italie et la route lointaine des épices.

  • Moi aussi, je ramène des gadgets

    Paire de chaussettes "Breizh cho7"

    Echarpes rayées

    http://www.lecomptoirbreton.fr/paire-de-chaussettes-breizh-cho7-c2x19073485

    http://www.legoutdularge.fr/51-bonnets-marins-echarpes-accessoires

  • Dora Maar, enfin sans Picasso

     

    À l'enterrement d'Henriette Theodora Markovitch, au cimetière de Clamart en 1997, il y avait sept personnes. Célèbre à jamais sous le nom de Dora Maar, cette inconnue survivait dans tous les musées du monde, parce que Picasso, qui vécut avec elle durant neuf ans une grande passion, l'avait peinte, dévorée des yeux, dévorée tout court. Elle avait été pour lui la «femme qui pleure».

    http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2014/06/11/03015-20140611ARTFIG00240-dora-maar-enfin-sans-picasso.php

  • Comme un barbare

    medium_chagall.4.jpghttp://www.michelfillion.com

     

    Là où se pressent des maisons courbées
    Là où monte le chemin du cimetière
    Là où coule un fleuve élargi
    Là j’ai rêvé ma vie

    La nuit, il vole un ange dans le ciel
    Un éclair blanc sur les toits
    Il me prédit une longue, longue route
    Il lancera mon nom au-dessus des maisons

    Mon peuple, c’est pour toi que j’ai chanté
    Qui sait si ce chant te plaît
    Une voix sort de mes poumons
    Toute chagrin et fatigue

    C’est d’après toi que je peins
    Fleurs, forêts, gens et maisons
    Comme un barbare je colore ta face
    Nuit et jour je te bénis

    Marc Chagall (1930-1935), Poèmes, Cramer éditeur, Genève, 1975.

    http://www.ulg.ac.be/chagall/peda/poemes.html

  • Irène Némirovsky, « Suite française » 3.

    suite française.jpgp.21 :


    Pour soulever un poids si lourd,
    Sisyphe, il faudrait ton courage!
    Je ne manque pas de cœur à l’ouvrage,
    Mais le but est est long et le Temps est court.

    Qui ressemble aux vers du « Guignon «  de Baudelaire :


    Pour soulever un poids si lourd,
    Sisyphe, il faudrait ton courage!
    Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage,
    L'Art est long et le Temps est court.
    Loin des sépultures célèbres,
    Vers un cimetière isolé,
    Mon cœur, comme un tambour voilé,
    Va battant des marches funèbres.
    - Maint joyau dort enseveli
    Dans les ténèbres et l'oubli,
    Bien loin des pioches et des sondes;
    Mainte fleur épanche à regret
    Son parfum doux comme un secret
    Dans les solitudes profondes.


  • Joseph BRODSKY

    — Joseph BRODSKY (1940-1996) : poète américain d’origine russe, il fut un autodidacte. Après la publication de ses poèmes dans les années 1960, il est arrêté pour « parasitisme » et condamné en 1964 à sept ans de travaux forcés. Libéré en 1966, il fut expulsé de son pays natal en 1972. Après Vienne, il s’installa et enseigna dans les universités prestigieuses des Etats-Unis. Il reçuit le Prix Nobel de littérature en 1987. Amoureux de l’Italie, et de Venise en particulier, il fut inhumé dans la partie protestante du cimetière.

    http://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article1474

  • Des anniversaires et des cérémonies

    Maurice Genevoix en 1979 (ANDERSEN ULF/SIPA / SIPA USA)https://www.france.tv/france-3/centre-val-de-loire/maurice-genevoix-entre-au-pantheon/2090215-emission-du-samedi-7-novembre-2020.html

    https://www.la-croix.com/Culture/Maurice-Genevoix-virtuose-choses-vues-2020-11-05-

    Guerre de 14-18

    « Avec Maurice Genevoix entrent au Panthéon tous ceux de 14 »
    À Maurice Genevoix, la patrie enfin reconnaissante
    Mémoire de la Grande Guerre : le cimetière des « mutilés du cerveau » sort de l’oubli
    Dans les Hauts-de-France, des jardins de la Paix

     

    https://www.france.tv/france-2/ceremonie-du-11-novembre/2065169-ceremonie-du-11-novembre.html

    Replay Cérémonie du 11 novembre - Émission du lundi 11 novembre 2019 - France  2