Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : L'art

Les bâtiments novateurs de Brasilia sont fatigués

brasilia.jpgUne grande déception attend les visiteurs venus à la découverte de Brasilia. Les principaux monuments à l'origine de sa renommée, ne sont pas ouverts au public, ils sont même devenus parfois invisibles ! En raison du 50e anniversaire de la capitale du Brésil, renommée pour ses bâtiments futuristes et visionnaires, qui sera célébré le 21 avril 2010, des gros travaux ont été lancés, tous en même temps.

AFP/EVARISTO SA

La cathédrale de Brasilia, dessinée par l'architecte Oscar Niemeyer.

L'élégante et arrondie cathédrale dessinée par Oscar Niemeyer, l'architecte des grandes oeuvres de cette ville planifiée, est dissimulée sous une bâche blanche, et des panneaux d'aluminium bloquent son accès souterrain par le couloir de marbre noir. Dix ans après le Jubilée de l'Eglise catholique, la cathédrale subit de nouveaux travaux. Cette fois, les vitraux de la Française Marianne Peretti doivent être remplacés ; certains viendront d'Allemagne.

Autre chantier, celui du palais du président du Brésil. Sur la place des Trois-Pouvoirs, le Planalto sans vitre, semble révéler son squelette. La fameuse rampe de marbre blanc, sur laquelle sont accueillis les chefs d'Etat étrangers, est dissimulée par des panneaux où s'exposent des photos en noir et blanc de la construction, entre 1957 et 1960.

Installé depuis plusieurs mois au Centre culturel de la Banque du Brésil voisin, le président Luiz Inácio Lula da Silva avait un jour confié travailler "dans une vraie favela". Le palais du Planalto n'avait jamais subi de rénovation : les fils et câbles couraient ou pendaient le long des murs de béton gris. Les travaux vont remédier à ce problème, et mettre le bureau du chef de l'Etat aux normes de sécurité.

Sur cette même place, le "panthéon de la patrie" est fermé au public depuis plusieurs mois, son périmètre étant présenté comme "dangereux". Malgré sa récente inauguration, en 1986, l'édifice en forme de colombe, perd son revêtement de marbre blanc.

La "pyramide aztèque" du Théâtre national a, elle, perdu les volumes de béton blanc des murs latéraux, créés par l'artiste Athos Bulcão. Les formes irrégulières ont été décrochées il y a deux ans, et pas encore replacées, "pour des problèmes bureaucratiques."

L'eau s'infiltre

Les bâtiments de Brasilia ont pour la plupart un air fatigué. "Cela s'explique par la rapidité de leur exécution, estime Alfredo Gastal, responsable de l'Institut du patrimoine historique (Iphan). La technologie du béton armé n'en était alors qu'à ses débuts, il y a eu des excès de barres de fer dans les structures, où l'eau s'infiltre et engendre la rouille."

Le manque d'entretien est flagrant, par exemple à l'Igrejinha, la chapelle dédiée à Fatima inaugurée en 1958. Des azulejos d'Athos Bulcão sont cassés, endommagés, salis par des tags.

Ajoutons que Brasilia est aujourd'hui un immense chantier de voirie : avec un nombre grandissant de véhicules (9 000 immatriculations nouvelles chaque mois), des avenues sont en train d'être élargies, sans résoudre les engorgements. "Les voitures risquent d'étouffer cette ville inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco", s'inquiète Alfredo Gastal.

Brasilia sera-t-elle en beauté pour souffler ses 50 bougies ? Rien n'est moins sûr. En plus du retard sur des chantiers, une crise politique paralyse l'administration de la capitale, à cause d'une affaire de corruption. Fin novembre, le gouverneur de la ville, José Roberto Arruda, a en effet été filmé en train de recevoir des paquets de billets de banque. Sa seule présence pourrait ternir les festivités.

Annie Gasnier (Correspondance, Brasilia)

http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/12/31/les-batiments-novateurs-de-brasilia-sont-fatigues_1286312_3246.html

Les commentaires sont fermés.