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Catégories : Des évènements

Pierre-Jean Remy, l'homme pressé

Par Dominique Guiou
29/04/2010 | Mise à jour : 17:04

En dépit de ses fonctions de diplomate, Pierre-Jean Remy est parvenu à écrire un à deux livres par an.
En dépit de ses fonctions de diplomate, Pierre-Jean Remy est parvenu à écrire un à deux livres par an. Crédits photo : John FOLEY/Opale

Auteur de près de soixante-dix livres, membre de l'Académie française, il a mené une double carrière de diplomate et d'écrivain.

L'écrivain et diplomate Pierre-Jean Remy, qui vient de mourir à l'âge de 73 ans, était le plus stendhalien des énarques et le moins académique des membres de l'Institut. Savait-il lui-même le nombre de livres qu'il avait écrits? Auteur infatigable, Pierre-Jean Remy, de son vrai nom Jean-Pierre Angremy, avait abordé tous les genres, le roman bien sûr, mais aussi l'essai et la biographie. Au total, il aura publié près de soixante-dix ouvrages . La plupart de ses livres ont pour décor les pays dans lesquels il a séjourné en tant que diplomate: la Chine, l'Italie, l'Angleterre. Le romancier aimait mêler le réel et la fiction dans des intrigues touffues, pleines de person­nages et de rebondissements. Les expériences de la vie réelle y sont sans cesse réinventées par une imagination débordante.

 


 

L'important, pour Pierre-Jean Remy, était d'aller vite, et de captiver le lecteur. L'opéra, dont il était un passionné, le monde de la peinture et des artistes lui ont inspiré quelques-uns de ses livres. Il a touché aussi à la littérature de genre, s'essayant au roman policier sous le pseudonyme de Raymond Marlot, ou encore au récit éro­tique. On doit enfin à Pierre-Jean Remy de nombreux essais et biographies, notamment celles de Maria Callas et de Berlioz. Ce passionné d'art, de théâtre et de littérature écrivit aussi des centaines d'articles et de chroniques, notamment pour «Le Figaro littéraire». Ses romans ont touché le grand public, qui trouvait son compte dans des pages virevoltantes où le romantisme le dispute à la nostalgie. Le Sac du palais d'été fut couronné en 1971 par le prix Renaudot. Vingt ans plus tard, en 1991, l'auteur renouait avec l'empire du Milieu en publiant Chine, un roman de plus de 700 pages sur ce pays. Entre-temps, il avait connu un grand succès public avec Orient-Express, dans lequel les lecteurs retrouvaient avec plaisir le luxe de ce train si beau et légendaire.

 

Un parcours exemplaire

 

Par le nombre impressionnant de ses livres autant que par leur taille, Pierre-Jean Remy a incarné la démesure dans ce qu'elle a de plus noble. Ses romans ne manquent pas de charme ni d'élégance. Stendhal était son gourou, Paul Morand son modèle. Aux esprits chagrins qui lui reprochaient d'écrire trop vite, Remy lançait dans un éclat de rire: «J'ai la chance d'avoir un stylo qui écrit tout seul.»

Dans la vie aussi, Pierre-Jean Remy était un homme pressé. Dès le plus jeune âge, il avait compris que le temps était compté. Il n'était donc pas question de le perdre. Quand on est fils de petits-bourgeois auvergnats et qu'on n'a pas de relations, il ne faut compter que sur soi-même pour s'assurer un avenir. Est-ce lui, ce jeune homme ambitieux, doué et affamé, héros d'un roman titré sans complexe L'Autre Éducation sentimentale? Il y a sans doute de l'autoportrait dans ces pages qui ont valeur de témoignage sur cette génération qui a eu 20 ans dans les années cinquante… En tout cas, le parcours du jeune Jean-Pierre est exemplaire (après Sciences Po, il intègre l'École nationale d'administration et publie son premier roman pendant sa scolarité dans la prestigieuse école). Ce qui lui permet d'entrer tout naturellement dans la Carrière. Diplomate, il collectionne les ambassades et se retrouve en poste à Londres, Hongkong et Pékin. D'avril 1990 à février 1994, il est ambassadeur, délégué permanent de la France auprès de l'Unesco. Puis il prend la direction de la Villa Médicis, de 1994 à 1997. La Ville éternelle lui inspire un de ses romans les plus personnels, Aria di Roma.

En janvier 1997, Jean-Pierre Angremy, qui siège à l'Académie française, au fauteuil de Georges Dumézil, depuis 1988 sous le nom de Pierre-Jean Remy, est nommé président de la BNF. D'Angoulême à la rue des Saint-Pères, de l'ENA au Quai de Conti, de la Villa Médicis à la bibliothèque Mitterrand, Angremy et Remy ont, l'un et l'autre, bien rempli leur vie.

http://www.lefigaro.fr/livres/2010/04/28/03005-20100428ARTFIG00754-pierre-jean-remy-l-homme-presse-.php

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