Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : Bienne,Suisse, CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES

Poelvoorde, photographe sans clichés

Home CULTURE Cinéma
Antoine, photographe aussi doué que désabusé (Benoît Poelvoorde) et sa jolie voisine, Elena (Ariane Labed) dans Une place sur la terre.

Antoine, photographe aussi doué que désabusé (Benoît Poelvoorde) et sa jolie voisine, Elena (Ariane Labed) dans Une place sur la terre. Crédits photo : HASSEN BRAHITI

INTERVIEW - Le comédien fait sa rentrée dans le film de Fabienne Godet   Une place sur la terre  et crée un festival littéraire à Namur.

Dans Une place sur la terre de Fabienne Godet, Benoît Poelvoorde, photographe désenchanté, a le cœur en écharpe. Pour l'instant, c'est son bras cassé qu'il porte en écharpe, en essayant courageusement de le rééduquer très vite après un accident de vacances, pour être prêt à tourner dans un mois Trois cœursde Benoît Jacquot , où il sera amoureux de deux sœurs, Charlotte Gainsbourg et Léa Seydoux. Entre-temps, il lance ce week-end à Namur l'Intime Festival, trois jours de lectures et d'échanges (du 30 août au 1er septembre). Rencontre avec un amoureux des femmes et des livres.

LE FIGARO. - Qu'est-ce qui vous a porté vers ce film?

Benoît POELVOORDE. - Le scénario m'a vraiment ému. Fabienne Godet est douce et délicate comme ses films. J'aime beaucoup les réalisatrices, parce qu'elles sont à la fois mère, femme, sœur. Elles m'ont donné mes plus beaux rôles. Le tournage était difficile parce qu'il n'y avait pas d'argent mais il était heureux pour la même raison: les gens qui s'engagent dans des films pauvres le font parce qu'ils les aiment.

Vous vous reconnaissez dans le personnage d'Antoine?

C'est un silencieux et je suis très bavard. J'aime la solitude, mais sans doute parce que je rencontre beaucoup de gens. Et la solitude ne m'empêche pas de parler, au chien, aux plantes. En ne disant rien, j'avais l'impression de ne pas travailler. Mais je me reconnais dans sa phrase sur le répondeur: «Surtout ne laissez pas de message!»

Un côté misanthrope?

Non, pas plus que moi. Il n'est pas agressif mais déconnecté. C'est important de pouvoir vivre avec les autres, mais, pour cela, il faut pouvoir vivre avec soi-même. Les hôpitaux sont peuplés de gens qui ne se supportent pas. On croit que les alcooliques cherchent à fuir. Mon expérience me dit au contraire que, paradoxalement, la boisson est leur seule façon de se reconnecter avec ce qui les entoure, de retrouver une place dans la société. Et je ne dis pas cela par compassion chrétienne, même si ça compte pour moi.

D'être chrétien?

Je me sens chrétien parce que c'est mon éducation, et je ne crois pas qu'on puisse renier les choses qui vous ont fondé. J'ai été élevé par une mère très croyante et par des curés qui ne m'ont pas battu ni traumatisé, contrairement à tous les clichés à la mode, qui m'énervent assez. J'ai la foi, et je crois que Dieu est amour. «Aimez-vous les uns les autres», c'est la phrase la plus culottée du monde, parce que si on se regarde, on n'est pas programmé pour s'aimer. J'ai tourné récemment un film de Xavier Beauvois, un sauvage plein d'amour pour les gens. Cela s'appelle La Rançon de la gloire, l'histoire vraie du vol du cercueil de Charlie Chaplin par deux malfrats. Tout ça sous la protection de sainte Rita, patronne des causes perdues: c'est un film suisse de Rita productions!

Vous créez un festival littéraire…

Le cinéma prenait trop de place dans ma vie, et peu de choses m'intéressent à part les voitures et les livres. J'habite Namur, où il y a trois excellents libraires, donc des lecteurs. Et j'adore entendre les livres lus. Prendre le temps de s'asseoir et d'écouter, passer trois jours ensemble à échanger, voilà. C'est la rencontre qui m'intéresse. Il y aura des comédiens, Catherine Frot, Édouard Baer, Éric Caravaca, et des écrivains qui liront leurs livres. Moi-même, je lirai une nouvelle de Laurent Gaudé écrite exprès pour ce festival.

Pourquoi l'appeler «l'Intime Festival»?

Tout grand livre est intime et nous construit dans l'intimité, je crois. L'intime, pour moi, ce n'est pas l'autobiographie, la confession. Le mot est assez galvaudé aujourd'hui. En fait, c'est comme ça que l'idée m'est venue: à cause du malaise que me donnait un livre. Il me livrait des choses que je n'avais pas envie de savoir. Si on continue, il y a une gêne: est-on encore dans l'intimité, ou dans une curiosité un peu malsaine? Mais si quelqu'un sait me raconter comment dort son chat, il me parle de moi, des moments de douceur de la vie. Je me souviens d'un documentaire sur Mondrian. Pendant l'interview, il manipulait une boîte d'allumettes sur la table. C'est un geste intime, que chacun peut lire à sa façon. Ou bien, tu croises le regard de quelqu'un qui se regarde dans la glace et surprend ton regard: il y a une délicatesse, dans cet échange subtil. Je crois que c'est cela, l'intime: la rencontre de deux subjectivités profondes.

  • L'auteur
  • Sur le même sujet
  • Réagir (3)
  • Partager
    Partager cet article

    Poelvoorde, photographe sans clichés

    INTERVIEW - Le comédien fait sa rentrée dans le film de Fabienne Godet   Une place sur la terre  et crée un festival littéraire à Namur.

    < Envoyer cet article par e-mail
    Séparez les adresses e-mail de vos contacts par des virgules.

    Poelvoorde, photographe sans clichés

    INTERVIEW - Le comédien fait sa rentrée dans le film de Fabienne Godet   Une place sur la terre  et crée un festival littéraire à Namur.

    J'accepte de recevoir la newsletter quotidienne du Figaro.fr

    Oui Non
  • Imprimer
  • Haut de page
 

Les commentaires sont fermés.