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Edito : Rendons ses dessins à Orsay

Signature : Guy Boyer - 21 mars 2014
 
Guy Boyer, directeur de la rédaction (Photo : Manolo Mylonas).

Guy Boyer, directeur de la rédaction (Photo : Manolo Mylonas).

 

 

Alors que tout Paris bruisse ce mois-ci des va-et-vient du papier avec le Salon du dessin, Drawing Now et D-Dessin, alors que les cabinets de dessins des grandes institutions comme le musée Rodin ou la Cité de la Céramique de Sèvres s’ouvrent aux amateurs et que croît le nombre d’expositions consacrées aux arts graphiques, penchons-nous sur le cas du musée d’Orsay.

N'est-il pas étrange que ce musée, dirigé de main de maître par Guy Cogeval et son équipe de conservateurs, n'ait pas le contrôle de ses propres collections de dessins? Pourquoi ses quelque quatre-vingt mille feuilles, dont plus de dix-neuf mille dessins d'arts décoratifs et d'architecture et sept cents pastels, sont-elles conservées en majorité au Louvre? Il faut y voir surtout une raison historique: Orsay est dans la continuité du Louvre et ne prend le relais de celui-ci que pour les artistes nés après 1820. Ce fonds de dessins s'est formé au rythme des salons du XIXe siècle, des expositions du musée du Luxembourg (le musée d'art contemporain de l'époque), des dons d'artistes ou d'héritiers d'artistes, et des ventes d'ateliers telles que celles de Jean-François Millet en 1875, Johan-Barthold Jongkind en 1892 ou Edgar Degas en 1918-1919.

Après la fermeture du musée du Luxembourg et la création du Musée national d'art moderne en 1937, de nombreuses oeuvres nabies et post-impressionnistes entrèrent dans les collections aux côtés d'un bel ensemble de James Ensor. Les modernes furent séparés des anciens, lors de la création du Centre Pompidou en 1977, et regagnèrent le cabinet d'art graphique du Musée national d'art moderne. En revanche, quand Orsay vit le jour en 1986, les dessins qui lui revenaient de droit restèrent au Louvre. Depuis, de L'Encens de Khnopff aux cent quatorze Bonnard donnés sous réserve d'usufruit, les achats et les legs sont allés bon train. La question n'est pas tant celle de leur conservation. Au Louvre, les dessins d'Orsay sont bien protégés, classés par format et par école avec leurs confrères des siècles précédents. Mais pourquoi ne pas les faire revenir près des productions peintes ou sculptées de leurs auteurs ? Pourquoi, à chaque exposition, faut-il faire traverser la Seine à ces oeuvres délicates qu'il faut manier avec précaution ?

Pourquoi maintenir cette séparation géographique, qui n'a plus aucun sens aujourd'hui ? Profitons de l'exposition « Les Archives du rêve » à l'Orangerie, bâtie à partir des fonds du musée d'Orsay conservés au Louvre, pour interpeller à la volée les deux institutions concernées. Le temps est venu de relocaliser à Orsay les feuilles de ses artistes et de leur faire quitter les ors du Louvre pour le nouvel Orsay.

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Magazine Connaissance des Arts avril 2014
 

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