Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La Chine à l'âge de raison

 

Publié le 24/04/2014 par
La province du centre-nord de Ningxia est déterminée à devenir la région vinicole de la Chine.
Photo : DR

Un site Internet de Shanghaï vient d'organiser une dégustation de vins locaux. L'occasion de s'arrêter sur la bonne qualité de la



En savoir plus : http://avis-vin.lefigaro.fr/magazine-vin/o111911-la-chine-a-l-age-de-raison#ixzz30HlfQJvf

En France, il est de bon ton de se gausser de l'immaturité du consommateur chinois et de son comportement de nouveau riche. Pourtant, les attitudes évoluent très vite. Le site Internet chinois TasteSpirit vient d'organiser à Shanghaï une série de " master class " qui a attiré les amateurs de vin de l'ensemble du pays - malgré les grandes distances. Plus de 2 000 personnes, dont de nombreux professionnels, se sont déplacées pour cet événement qui a bénéficié d'une grande couverture médiatique. Et pas un seul ne s'est avisé de lâcher un " kampaï ! " en vidant sont verre cul sec, selon l'ancienne tradition. Bien au contraire, dans la prestigieuse session réunissant, grâce à leur soutien, l'élite des crus classés en 1855 - une douzaine de grands vins de Bordeaux couvrant les millésimes entre 2000 et 2010, avec, entre autres, les châteaux Haut-Brion 2009, Mouton-Rothschild 2010 et Yquem 2007 -, ces amateurs ont fait preuve d'une connaissance et d'une pertinence qu'il n'est pas garanti de retrouver en France.

La dégustatrice anglaise Jancis Robinson a mis la barre très haut, avec une session éclectique sur le style des vins du monde qui demandait une ouverture d'esprit peu commune. Même enthousiasme, même connaissances, lorsqu'il s'est agi de comparer les mérites du vin espagnol Pingus avec le français Mission Haut-Brion, tous deux dans le millésime 2010, ou encore les vertus du californien Montebello Ridge avec Cos d'Estournel, le cru classé de Saint-Estèphe.

Ian d'Agata, le critique italien qui écrit dans la presse américaine (International Wine Celar) s'est employé à décrire les vertus des cépages autochtones à un moment où la Chine plante compulsivement du cabernet-sauvignon dans les vins rouges et accessoirement du chardonnay dans les blancs. Ce sujet est d'autant plus d'actualité que le monde entier commence à se lasser des cépages dits internationaux, comme les répétitifs sauvignons qui se ressemblent tous, qu'ils soient plantés à Bordeaux, en Nouvelle-Zélande ou au Chili. L'un des enjeux de la Chine sera la diversification des cépages. Le vainqueur de l'année dernière (le cabernet-franc du château Reifeng -Auzias, né de la collaboration entre Dominique Auzias, le patron du guide Le Petit Futé, et son ami d'HEC, le Dr Wu Feng) montrait la voie.

Peu de défauts techniques

Côté vignoble, la Chine évolue aussi très vite. Une dégustation à l'aveugle très professionnelle au Mandarin Imperial (Pudong) réunissait une bonne cinquantaine de vins chinois, ce qui a permis de tester la réalité de la production. Les deux tiers provenaient de la province du centre-nord de Ningxia, qui, avec un appui conséquent du pouvoir politique, est déterminée à devenir la région vinicole du pays. En un an, de nombreux nouveaux venus sont apparus, témoignant d'une vitalité hors du commun. Tous ces vins présentent peu de défauts techniques : les robes sont de bonne tenue, loin de celles usées d'autrefois, les boisés caricaturaux ont disparu et ils sont bien intégrés. Alors que la sous-maturité du raisin est très commune dans les vins d'entrée de gamme du marché chinois, ceux-là dévoilaient une bonne maturité avec des arômes engageants. Peu jouaient le côté doucereux, très fréquent il y a peu encore.

Parmi les sept primés à la dégustation à l'aveugle, beaucoup proviennent d'entreprises ayant largement investi dans la production, dont une société franco-chinoise comme Bolongbao, une autre comme Citic, qui se positionne exclusivement sur la production en Asie, ou encore Zhihuiyuanshi, qui a réalisé un important investissement local avec l'oenologue français Patrick Soyé. La production se professionnalise et se donne les moyens de ses ambitions.

Dernière remarque : les prix de ces vins sont élevés. Ils frisent la centaine d'euros, une mauvaise habitude prise avant la loi de moralisation, lorsqu'ils faisaient largement partis des cadeaux d'entreprise. Mais la dure réalité du marché mondial, auquel ils seront tôt ou tard confrontés, les fera baisser de manière conséquente. La consommation comme la production sont en pleine évolution, d'autant que les soutiens politique et médiatique sont importants. La manifestation a ainsi bénéficié de bonnes retombées tant dans la presse - le quotidien Morning Shanghaï Post était partie prenante de l'organisation -, qu'à la télévision avec la première chaîne chinoise CCTV. Selon les organisateurs, la couverture médiatique a dépassé les cinquante millions de personnes. Un chiffre qui laisse rêveur.



En savoir plus : http://avis-vin.lefigaro.fr/magazine-vin/o111911-la-chine-a-l-age-de-raison#ixzz30Hlx0gLD

Les commentaires sont fermés.