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Rétrospective au Centre Pompidou

Martial Raysse: "Raphaël, Poussin et moi”

Martial Raysse: "Raphaël, Poussin et moi”

L'artiste devant «Sinema, les anges sont avec toi». © Manuel Lagos Cid
Le 02 mai 2014 | Mise à jour le 02 mai 2014
Elisabeth Couturier

Il est l’un des plus grands peintres français en activité. 
Le Centre Pompidou consacre enfin une rétrospective à cet artiste 
très sûr de son talent comme de son importance.

 

Au début des années 1970, Martial Raysse a effectué une remise en question. En pleine gloire, il a opéré un tournant stylistique qui a mis KO ses admirateurs. Il n’est pas le premier génie de l’avant-garde à l’avoir fait, mais il est l’un des rares à en réchapper : le Centre Pompidou lui offre aujourd’hui une rétrospective. Avant lui Magritte, l’inventeur de la peinture rébus, s’était jeté, un temps, dans ce qu’il appelait sa « période vache », une figuration de type barbouillage. Et De Chirico, l’inventeur de la « peinture métaphysique », a réalisé des chromos.

En général, l’histoire de l’art ne retient que les épisodes les plus révolutionnaires. Martial Raysse lutte contre cette fatalité, lui qui est passé brutalement d’une écriture pop ultra colorée, inspirée des affiches publicitaires et des reproductions de tableaux classiques, agrémentée de néons et d’objets en plastique, à une peinture représentant des paysages, des natures mortes, des portraits, des scènes de la vie quotidienne, réalisée dans la plus pure tradition. Il insiste pour que l’on regarde son œuvre comme un tout. Mais comment établir un lien entre ses premières années de créations flamboyantes qui ont fait de lui une star de l’art contemporain et celles où il est entré en peinture comme en religion, dans le silence et la retraite ? Est-ce bien le même homme qui déclarait : « Les Prisunic sont les nouveaux musées d’Art moderne » et celui qui, aujourd’hui, lance : « Mes œuvres en néon sont subalternes par rapport à la profondeur de ma peinture. » Ainsi, après la réalisation de films expérimentaux, un flirt poussé avec la drogue et d’autres raisons intimes, Raysse décide de quitter l’arène. Conséquence : une mise en quarantaine sévère. Jusqu’au jour où le collectionneur François Pinault le rencontre et soutient sa déroutante nouvelle peinture.

"La peinture est un processus initiatique"

A 78 ans, Martial Raysse conserve une belle allure. Et un sens aiguisé de la provocation. Ses compositions figuratives ont du mal à passer auprès de la critique d’art ? Pas de quartier, il en rajoute : il affirme, par exemple, comprendre la hiérarchie imposée au XVIIe siècle par l’Académie des beaux-arts et selon laquelle la peinture d’histoire domine les autres genres et se demande si, après tout, l’art moderne n’a pas quelque chose de trop facile. Ni Cézanne ni Matisse ne trouvent grâce à ses yeux. Sa quête ? Renouer avec la grande peinture française. Etre le fils spirituel de Poussin. Revenir au métier. Se mesurer à Raphaël. Devenir le héraut de la contre-offensive : « En regardant mon travail, les jeunes artistes pourront voir qu’il existe autre chose que la doxa. » Autre chose que ce qu’on voit actuellement ? « J’ai été un des premiers à réaliser une installation. Ça ne m’intéresse plus. » Seule une certaine peinture mérite son attention : « Une peinture noble, faite d’ombre et de lumière, tout en nuance et en relief. » En le poussant dans ses retranchements, il finit par lâcher : « La peinture est un processus initiatique. Elle permet d’atteindre un niveau spirituel supérieur. » Il ajoute, presque touchant : « Veut-on être respecté ou applaudi ? » Et conclut : « Ça me suffit d’avoir l’estime de quinze personnes. » Bien vrai ?

« Martial Raysse, 1960-2014 », du 14 mai au 22 septembre, Centre Pompidou, Paris IVe

http://www.parismatch.com/Culture/Art/Martial-Raysse-Raphael-Poussin-et-moi-562257

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