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Mort du paléontologue Yves Coppens, découvreur de Lucy

Mort du paléontologue Yves Coppens, découvreur de LucyLe paléontologue Yves Coppens, chercheur et professeur émérite, nous a quittés ce mercredi 22 juin ©️LP / Delphine Goldsztejn

Yves Coppens s’est éteint mercredi 22 juin, à l’âge de 87 ans. Connu pour avoir participé à la découverte de la célèbre australopithèque Lucy, il s’est fait l’ambassadeur de la paléontologie durant plus de 60 ans.

Un gardien de la mémoire de l’humanité s’en est allé. Le scientifique Yves Coppens est mort ce mercredi des suites d’une longue maladie, a précisé sa maison d’édition à l’AFP. Paléontologue émérite et professeur enthousiaste, il s’est passionné pendant plus de 60 ans pour l’histoire de nos ancêtres, en s’évertuant à populariser sa discipline auprès du grand public. « La préhistoire continue à m’habiter, à me hanter », déclarait-il à l’AFP en 2018, alors qu’il était âgé de 83 ans. Reconnu en France comme à l’international, il faisait autorité et a siégé dans de prestigieuses institutions comme le Collège de France ou encore l’Académie des sciences.

D’enfant passionné à chercheur émérite

Né en 1934 à Vannes, Yves Coppens grandit dans un milieu scientifique avec un père physicien, professeur à l’École nationale supérieure de géologie de Nancy. Dès son enfance, il se passionne pour la préhistoire et l’archéologie, et notamment pour les mégalithes de Carnac, situés non loin de sa ville natale. Après une licence en sciences naturelles à l’Université de Rennes, il prépare un doctorat à la Sorbonne sur les proboscidiens, groupe de mammifères à trompe. Investi et passionné, il occupe très tôt des postes à responsabilités scientifiques. En 1956, alors qu’il n’est âgé que de 22 ans, il devient attaché de recherche au CNRS, avant de rejoindre en 1959 le Muséum national d’Histoire naturelle en tant que chercheur. C’est en 1960 qu’il part au Tchad, où il découvre un mystérieux objet qui se révélera plus tard être un fragment de crâne d’hominidé, un primate de la famille des grands singes. « Il m’a permis d’entrer d’emblée dans la cour des grands », se souvenait-il en 2018 pour l’AFP.

La découverte notoire du squelette Lucy, baptisée en référence à la chanson des Beatles Lucy in the sky with Diamonds écoutée par les chercheurs durant la mission, a révolutionner l'étude du passé de l'homme ©️Wikimedia Commons / Gerbil

La découverte notoire du squelette Lucy, baptisée en référence à la chanson des Beatles Lucy in the sky with Diamonds écoutée par les chercheurs durant la mission, a révolutionné l’étude du passé de l’homme ©️Wikimedia Commons / Gerbil

Le scientifique est connu et reconnu pour avoir révolutionné la recherche sur les origines humaines, avec la découverte en 1974 des ossements d’une australopithèque, découverte en Éthiopie. Baptisée Lucy, elle a prouvé que la bipédie datait d’au moins 3,2 millions d’années et avait largement précédé le processus d’accroissement du volume endocrânien. Les caractéristiques de Lucy l’ont classée entre nos ancêtres purement grimpeurs et nos ancêtres essentiellement bipèdes. Les recherches d’Yves Coppens, réalisées en étroite collaboration avec une équipe d’archéologues, lui ont assuré une renommée mondiale dans le domaine de la paléontologie.

Du Muséum national d’Histoire naturelle à l’Académie, une reconnaissance universelle

Chercheur émérite, il bénéficie d’une importante reconnaissance scientifique en côtoyant de nombreuses institutions prestigieuses. Le Muséum national d’Histoire naturelle, l’École pratique des hautes études, l’Académie pontificale des sciences, le Haut Conseil de la science et de la technologie ou encore le Musée de l’Homme lui doivent beaucoup. Son couronnement académique culmine en 1983, date à laquelle il intègre la chaire de paléontologie et préhistoire au Collège de France avant d’y devenir professeur honoraire en 2005, et en 1985, où il rejoint l’Académie des sciences.

Yves Coppens a travaillé pour de nombreuses institutions, du Muséum national d’histoire naturelle au Collège de France ©DR

Yves Coppens a travaillé pour de nombreuses institutions, du Muséum national d’Histoire naturelle au Collège de France ©DR

Ce passionné du passé se préoccupe également de l’avenir. En 2002, il préside une commission qui est à l’origine de la Charte de l’environnement, intégrée en 2005 dans le bloc de constitutionnalité, faisant ainsi reconnaître les droits et les devoirs fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement dans le droit français.

Le devoir de transmission d’un pédagogue

Parallèlement à sa carrière académique, Yves Coppens se fait le porte-parole d’une discipline parfois jugée austère et indéchiffrable. Tant sur le front audiovisuel, avec le documentaire grand public L’Odyssée de l’espèce sorti en 2003, que littéraire, avec ses nombreux écrits, Yves Coppens adopte un ton de conteur qui lui attire l’affection du public tout en suscitant la vocation de nombreux chercheurs. Le scientifique et vulgarisateur aura « contribué à diffuser les connaissances sur l’évolution et l’humanité vers le grand public avec finesse, humour et talent », témoigne Antoine Balzeau, paléoanthropologue, directeur de recherche CNRS-MNHN-UPVD. Relayée par de nombreux médias et institutions, sa disparition laisse un vide dans le monde de la recherche préhistorique.

Il avait fait de la transmission une valeur essentielle. Ci-dessus, Yves Coppens lors d’une rencontre avec des jeunes au Musée de l’Homme, devant le moulage de Lucy, le 19 mai 2021 ©MNHN -J.-C. Domenech

Il avait fait de la transmission une valeur essentielle. Ci-dessus, Yves Coppens lors d’une rencontre avec des jeunes au Musée de l’Homme, devant le moulage de Lucy, le 19 mai 2021 ©MNHN -J.-C. Domenech

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