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Catégories : CE QUE J'AI LU,VU (et aimé), J'ai lu dans la presse

Le prestigieux prix Albert-Londres décerné à Julie Brafman, chroniqueuse judiciaire de «Libération»

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Le 27 octobre 2025

Julie Brafman, chroniqueuse judiciaire à Libération, vient d'être primée par le prestigieux prix Albert-Londres 2025 de la presse écrite, pour une série de six articles, comptes rendus de procès d’assises, sensibles, traités avec le même souci des petits riens qui permettent de déceler l’humanité au cœur des plus grands drames. C’est cette plume à nulle autre pareille, délicate et précise, qui sait fouiller dans les recoins les plus sordides tout en laissant pénétrer la lumière, que les jurés ont souhaité distinguer.

 

Discours de Julie Brafman, prix Albert-Londres 2025 «La cour d’assises est le royaume de l’intime conviction et des tréfonds de l’âme»

«C’est une immense fierté pour moi d’avoir été lue et consacrée par les membres du jury et leur président, Hervé Brusini. Je voudrais qu’ils sachent toute ma gratitude et mon bonheur. Je remercie aussi mon journal, Libération, qui m’offre la liberté et les moyens de faire ce que j’aime, sa directrice adjointe, Alexandra Schwartzbrod, qui a fait le voyage jusqu’à Beyrouth pour me représenter. Recevoir le prix Albert-Londres me touche d’autant plus que je ne suis pas reporter à l’international ni reporter de guerre. Je raconte des vies en bas de chez moi qui peuvent pourtant sembler bien lointaines.

«Je suis chroniqueuse judiciaire. J’aime bien le prononcer à voix haute parce que je ne me lasse pas d’entendre la chance que j’ai de faire ce métier et puis j’aime la sonorité un peu surannée du titre. Je couvre des procès d’assises partout en France, ceux qui sont au cœur de l’actualité, et d’autres, plus méconnus, que je choisis de suivre, souvent en solitaire. Je m’assois sur des bancs inconfortables et j’écoute le malheur humain. Je note dans mon carnet les mots des uns et des autres, leurs mensonges et leurs vérités, leurs tentatives de s’expliquer ou leur mutisme forcené, leur douleur et leurs silences. C’est important les silences. J’écoute depuis un endroit particulier, assise au premier rang du crime, dans un huis clos, parfois étouffant où tout est exposé sans artifice ni pudeur. La cour d’assises est le royaume des larmes et des corps qui tremblent. Des regards qui jugent ou se dérobent. De l’intime conviction et des tréfonds de l’âme. [...]

«On dit souvent, presque par réflexe, d’un procès qu’il est "hors-norme" pour peu qu’il soit médiatique. La plupart du temps, pourtant, la justice n’a rien de hors-norme. Elle est ordinaire. Parfois injuste, parfois lumineuse. Dans les prétoires, comme ailleurs, on s’ennuie. On rit. On tombe de sa chaise. On a le ventre qui se serre. On retient son souffle. C’est ce que je m’efforce de raconter dans mes articles, en témoin muet, sur mon banc pas très confortable.

«La chronique judiciaire, elle, est peut-être un endroit "hors-norme" du journalisme. Elle est l’espace du regard personnel, du grand récit, de l’aventure littéraire. Je sais que la fameuse objectivité journalistique est un principe très enseigné dans les écoles. Moi je n’y crois pas. Mais je crois en la fidélité et en l’honnêteté. En la sensibilité, en l’empathie et en la délicatesse. On me demande très souvent si mes nuits sont peuplées de cauchemars, s’il ne fait pas trop noir chez moi. Je n’ai pas l’impression. Ce n’est pas le crime qui m’intéresse, c’est la raison pour laquelle on le commet. C’est la capacité de la justice à transcender l’horreur. Je trouve que la violence brute est effarante. Mais il y a quelque chose de rassurant lorsque tout à coup, alors qu’on avance à tâtons dans le chaos, s’esquisse la possibilité d’une explication. Même si parfois, on repart comme on est venu, bredouille de clairvoyance. Sans que justice n’apaise.

«Je ne rêve pas depuis toute petite de devenir journaliste. Mais depuis que je suis grande, oui. Lire plus

Les 6 articles qui ont valu à Julie Brafman de recevoir le prix Albert-Londres :

 
 

Aux assises du Bas-Rhin La nounou affolée, le bébé «amorphe» et le «mauvais geste»

A l’issue d’une audience éprouvante et d’un délibéré expéditif, Vanina Reysz a été condamnée à douze ans de réclusion criminelle pour la mort d’Hugo en 2013. Elle a toujours soutenu avoir secoué le bébé de six mois «pour le ranimer». Lire plus

 

Aux assises du Maine-et-Loire Une fille, son père incestueux et le long chemin vers l’aveu

Au cours de son procès pour parricide, Michèle Nourry, 53 ans, a progressivement admis sa responsabilité. Pendant trois jours, les jurés ont examiné une affaire complexe, et finalement condamné l’accusée à vingt ans de réclusion criminelle. Lire plus

 

Procès Le Scouarnec Le royaume de l’ordinaire et la «bulle» où l’accusé était «un pervers, un pédophile et un pédocriminel»

Pendant les quatre premiers jours d’audience, la cour criminelle du Morbihan a examiné la personnalité de l’ex-chirurgien. Derrière le vernis de l’ordinaire ont émergé des récits d’inceste et de violences sur plusieurs générations. Lire plus

 

«Voilà Monsieur, je n’ai plus rien. Vous m’avez violée quand j’avais 9 ans» Au procès Le Scouarnec, les mille et une vies ravagées

Depuis une semaine, des dizaines de parties civiles se succèdent à la barre pour raconter leurs traumatismes après avoir appris qu’elles avaient subi des agressions sexuelles et des viols de la part de l’ex-chirurgien. Lire plus

 

Procès du braquage de Kim Kardashian «Je vous pardonne ce qui s’est passé, mais ça n’enlève pas le traumatisme que j’ai vécu»

La cour d’assises de Paris a écouté ce mardi le témoignage de la star, partie civile dans le procès des «papys braqueurs» qui ont volé ses bijoux en 2016. Elle a raconté sa nuit de «terreur» avant d’accepter les excuses du principal accusé. Lire plus

 

Procès du braquage de Kim Kardashian De vieux bandits et des non-dits

Pendant une semaine d’interrogatoires, la cour d’assises de Paris a tenté de déterminer le rôle de chacun des accusés dans le braquage spectaculaire de la star américaine, en octobre 2016. La plupart persiste à nier les faits. Lire plus

 
 
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