Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La littérature - Page 3

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La littérature

    Décès du prix Nobel de littérature 2011, le poète suédois Tomas Tranströmer

    vendredi 27 mars 2015 - 17:48

     
       
     
       
     
      Décès du prix Nobel de littérature 2011, le poète suédois Tomas Tranströmer  
     
     

    La poésie simple et limpide de Tomas Tranströmer, décédé à l'âge de 83 ans, a été traduite en 60 langues. Mais avant son prix Nobel, il était peu connu hors des cercles des amateurs de poésie.

     
      > Lire la suite  
  • Victor Hugo, notre écrivain national

    Victor Hugo, notre écrivain national

    couverture de la parution
    mensuel n°554

    Enquête. Qui est l'écrivain national pour les Français ? Goethe en Allemagne, Dante en Italie, Shakespeare en Grande-Bretagne… En France, en revanche, une figure unique ne s'impose pas aussi naturellement pour incarner l'écrivain national. À découvrir dans ce numéro : notre sondage exclusif, l'analyse d'Antoine Compagnon et les choix de vingt écrivains. Dossier. Michel Leiris, l'indiscipliné Michel Leiris (1901-1990) a toujours cultivé la discrétion. Absent du paysage médiatique, il a pourtant marqué l'histoire de ses disciplines de prédilection : la littérature, l'ethnographie et l'écriture d'art. L'auteur de L'Âge d'homme fut aussi un pionnier de l'autofiction. Une vaste exposition donne à voir son musée imaginaire. Dossier coordonné par Aliette Armel. L'esprit du temps. Israël : écrire sous tension. Les urnes viennent de parler dans l'État hébreu. Le Magazine littéraire est allé à la rencontre des écrivains israéliens à la veille de ce suffrage. De notre envoyé spécial à Jérusalem, Marc Weitzmann

  • Catégories : A lire, CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La littérature

    Nostalgie de la littérature

    image: http://s1.lemde.fr/image/2015/03/12/147x97/4591871_7_a09d_2015-03-11-4e28498-4989-11llrnf_7eb145ca83d201f6538322b4a84cbb3b.jpg

    Nostalgie de la littérature

    Nostalgie de la littérature

    LE MONDE DES LIVRES | 12 mars 2015

    Le feuilleton. ...Eric Chevillard accompagne Léon-Paul Fargue dans Paris occupé..... Combien sommes-nous à avoir eu pour amis Jarry, Larbaud et ­Valéry, à avoir reçu des compliments longs comme le bras de Proust, de Max Jacob, de Rilke, de Claudel et d’Artaud, puis fréquenté encore Ravel, Satie,...


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/recherche/#97WV5aBp6Mxs0Vvg.99
  • Catégories : La littérature, Voyage

    L’ekphrasis comme description de lieux : de l’antiquité aux romantiques anglais

    Christof Schöch

    Janice Hewlett Koelb. Poetics of Description. Imagined Places in European Literature. New York & Basingstoke : Palgrave MacMillan, 2006, 232 pages.
     
    Un malentendu critique lourd de conséquences ?

    Tout commence avec une double interrogation : comment se fait-il que tout le monde emploie aujourd’hui le terme d’« ekphrasis » pour désigner des représentations verbales d’œuvres d’art, alors que ce terme grec a son origine dans une époque qui n’accordait aucun statut spécifique aux œuvres d’art ? Et est-ce que cette spécialisation sémantique n’a-t-elle pas eu pour résultat une vision réductrice et limitée de l’histoire de l’écriture descriptive ?

    Afin de répondre à ces questions, Janice Koelb propose tout d’abord une utile mise au point de l’histoire du terme « ekphrasis ». Apparaissant pour la première fois au premier siècle avant notre ère, il est présent notamment dans les Progymnasmata, les exercices de rhétorique. Aelius Théon, au premier siècle de notre ère, définit l’ekphrasis comme « un discours qui nous fait faire le tour (periégèmatikos) de ce qu’il montre (to dèloumenon) en le portant sous les yeux avec évidence (enargôs) ».1 L’ekphrasis est liée avant tout à une certaine vivacité (enargeia chez les Grecs, puis evidentia chez les Romains) qui est censée transformer les lecteurs ou auditeurs en témoins. L’objet du discours ekphrastique n’est nullement restreint, pouvant porter sur des personnes, des lieux, des temps ou des ‘choses faites’ (pragmata), sans que les objets d’art soient expressément nommés. Koelb constate une remarquable stabilité de cette notion de l’ekphrasis depuis l’Antiquité au Moyen Âge et à la Renaissance jusqu’au XVIIIe siècle, stabilité due surtout aux manuels rhétoriques antiques qui continuent d’être utilisés à travers les siècles. C’est dans les Progymnasmata d’Aphtonius, traduits en latin et augmentés par Reinhold Lorich au XVIe siècle, que Milton a puisé son éducation rhétorique. Certes, à partir de la période hellénistique, l’œuvre d’art est valorisée en tant que telle et la description d’œuvres d’art peut ensuite devenir, dans les Eikones de Philostrate, un genre d’écriture à part. Avant cette période et dans beaucoup d’autres textes, cependant, ce n’est pas le cas, et on y trouve autant et plus de descriptions animées de lieux ou d’animaux que d’œuvres d’art.

    Comment est-il possible, dans ce contexte, que le terme d’ekphrasis soit aujourd’hui limité à ne désigner que la représentation verbale d’une œuvre d’art ? Pourquoi les critiques ne citent que le bouclier d’Achille ou celui d’Énée comme des exemples représentatifs de l’ekphrasis classique ? Selon Janice Koelb, deux critiques français seraient les premiers qui, de manière hésitante, à la fin du XIXe siècle, auraient employés le terme d’ekphrasis pour désigner des descriptions d’art : Édouard Bertrand et Auguste Bougot, dans deux études sur Philostrate l’ancien parus en 1881.2 Lorsque Paul Friedländer, en 1912, dans son étude sur l’époque justinienne, insiste sur le fait que l’objet de l’ekphrasis n’était nullement limité à des œuvres d’art, c’est peut-être en réaction aux travaux de Bertrand et de Bougot.3 Et si l’Oxford Classical Dictionary semble autoriser, pour la première fois, en 1949, la définition restreinte de l’ekphrasis, ce n’est vraiment qu’avec le fameux article de Leo Spitzer sur l’« Ode to a Grecian Urn » de John Keats que cet usage du terme est consacré.4 Koelb note que si les critiques littéraires du XXe siècle avaient été aussi fascinés par l’histoire naturelle que par l’histoire de l’art, le sens restreint d’ekphrasis n’aurait peut-être pas eu le même succès. Mais c’est surtout parce que les « New Critics » anglo-saxons étaient acquis à l’idée du « poem as artifact » que la description d’une œuvre d’art les intéressait tant. Par un véritable renversement sémantique et axiologique, l’ekphrasis, qui avait désigné l’illusion d’immédiateté, était venu à désigner la représentation (verbale) d’une représentation (visuelle), l’image même de la médiation.5

    La description éthique de lieux comme paradigme antique de l’ekphrasis

    Selon Janice Koelb, la définition restreinte de l’ekphrasis a conduit la critique littéraire à négliger la tradition ekphrastique (ou descriptive) plus large et a détourné l’attention critique de descriptions « vives et animées » d’autre chose que d’objets d’art, occultant non seulement l’ekphrasis antique dans toute sa variété, mais également ses avatars ultérieurs. L’auteur entend donc rémédier à cette occultation en explorant une lignée ekphrastique négligée jusqu’ici, celle des descriptions de lieux. Elle se propose de montrer que c’est dans les descriptions de lieux entretenant un rapport figuratif avec un personnage que l’exigence de vivacité de l’ekphrasis, « the ancient topos of vividness » (p. 71), a perduré à travers les siècles. Loin d’être purement ornementales, ces descriptions sont fortement fonctionnalisées dans les textes : elles sont « integral to the design of the entire work » (p. 8) et appellent à une lecture allégorique (p. 54ff). Selon Koelb, c’est dès l’Antiquité que la description de lieux est le véritable paradigme de l’ekphrasis en tant que discours vif et animé. Koelb suggère que chez Homère et Virgile, l’enargeia des ekphrases est liée à ce qu’elles sont « interfused with (human or divine) character or feeling » (p. 14). L’auteur propose la paraphrase d’« ethical place description » pour ces ekphrases, l’épithète renvoyant au grec ethos, caractère. Cette tradition antique de la description de lieux a été transmise à la Renaissance, puis surtout à la poésie romantique anglaise dont elle représente une marque essentielle : « This study traces how the tradition of classical ekphrasis continued past antiquity into the modern world ; how its transformation after antiquity was particularly vigorous in the form of place description ; and how the poetry of Wordsworth and Byron was among the most successful and historically important offspring of that tradition ». (p. 17)  C’est donc à une redécouverte de tout un pan de l’histoire de l’ekphrasis et à une relecture de la poésie romantique anglaise à la lumière de cette histoire que s’attache le livre de Janice Koelb.6

    La tradition antique: Homère et Virgile fondateurs

    Koelb entreprend dans un premier temps d’analyser les origines de la description de lieux à travers un exemple particulièrement significatif, celui de la longue description dans l’Énéide de Virgile, quand il décrit un paysage montagneux qui forme un havre naturel où Énée trouve refuge après une tempête devastatrice et avant de visiter le temple carthagénien. Cette description est elle-même la transformation d’une description homérique du havre consacré à Phorcys, en Ithaka, où Odysseus arrive à la toute fin de son périple. Dans une lecture aussi précise qu’ingénieuse du passage, s’appuyant notamment sur la métaphore de la paroi arborée (la « sylvan scene », p. 69) qui entoure le havre, Koelb montre que la description du havre répond à une stratégie virgilienne de l’enchâssement figuratif (« figurative embedding », p. 70) qui fait qu’elle s’intègre dans l’exposition du texte, soulève des questions et des attentes chez le lecteur, et établit des rapports de comparaison, de contraste, d’ironie même avec le reste du texte épique dans son ensemble.

    Vers les romantiques anglais : Dryden et Milton passeurs

    Dans deux textes de la fin du XVIIe siècle, la traduction de l’Éneíde par Dryden (1697) et Paradise Lost de Milton (1667), Koelb montre ensuite que la métaphore de la scène arborée virgilienne fonde tout une lignée de descriptions de paysages scéniques et pittoresques dans lesquels des sujets humains se trouvent être des spectateurs nostalgiques d’un monde des objets qu’ils ne sauraient pleinement habiter (p. 83). Au-delà d’une signification figurative ou symbolique du lieu pour le texte dans son ensemble, le lieu est maintenant, chez Milton notamment, décrit à travers la vision du personnage qui le découvre, et cette description est impregnée du caractère et de la situation de ce personnage : le Satan de Milton est incapable de percevoir la beauté du paradis, décrit avec tous les attributs du locus amœnus par le narrateur, parce qu’il porte l’enfer en lui-même et ne peut pas s’en échapper : entre la vision du paradis présenté par le narrateur (« the narrator’s illumined poetic vision », p. 89) et la perception que Satan a du même lieu, il y a un décalage qui reproduit l’opposition centrale du texte entre la conscience illuminée et la conscience après la chute, et est porteuse d’une ironie cruelle envers Satan. L’artificialité du paradis renvoie à l’idée du « divine artificer » et constitue un approfondissement du thème virgilien de la réalité et de l’illusion.

    Ekphrasis et pittoresque : William Gilpin repoussoir

    Si Milton, transformant la description virgilienne, a introduit dans l’histoire de la description de lieux le topos de l’interdépendance entre la nature et l’esprit humain, ce n’est cependant qu’au confluent d’un certain nombre de tendances, à la fin du dix-huitième siècle, que cette interdépendance a pu devenir poétiquement productive : des tendances en philosophie naturelle, en culture visuelle et théorie esthétique se réunissent et conditionnent la rhétorique descriptive (« descriptive rhetoric », p. 97) de Wordsworth. Koelb identifie comme catégorie esthétique centrale pour le développement de cette rhétorique descriptive la notion du pittoresque (« the picturesque », p. 97) telle qu’elle s’est développée au dix-huitième siècle dans le contexte d’une nouvelle manière de voyager pour le plaisir de regarder le paysage (« picturesque travel »). Elle a notamment été promue et théorisée, sous l’influence décisive de la théorie du beau et du sublime d’Edmund Burke et du Spectator de Joseph Addison, par William Gilpin.7 Koelb précise : « The entire project of picturesque travel was founded on the possibility of visiting nearby and partially familiar locations, but looking on these everyday scenes as if they were exotic, unfamiliar, and worthy of represenation in art. » (p. 97)

    La théorie de Gilpin, taxinomique, rationalisante, prenant en considération les soucis pratiques du « middle-class traveler », fonctionne ici comme un repoussoir qui fait ressortir la singularité et le génie de William Wordsworth. Celui-ci réagit violemment contre Gilpin, transformant profondément le concept du « picturesque » tout en se l’appropriant : au lieu d’adopter un regard artificiel censé transformer la nature en œuvre d’art, il accentue l’idée qu’il importe surtout de prendre en compte l’homme percevant la nature pour évoquer, dans l’esprit du lecteur,  « clear thoughts, lively images, and strong feelings », autrement dit, pour faire des descriptions de lieux vives et animées dans la tradition ekphrastique décrite par Koelb.

    Les véritables héritiers de l’ekphrasis antique : Wordsworth et Byron

    On sait que l’une des innovations de Wordsworth par rapport à ses prédécesseurs (les poètes de la nature, tels Young, Gray, Thomson, Philips), c’est d’avoir opéré un déplacement : de la description du lieu en tant que tel, il passe à celle de la perception du lieu par l’homme qui l’observe ou l’habite. Mais la transformation du « picturesque traveler » de Gilpin en une nouvelle figure, le « halted old wanderer » n’apparaît pleinement que dans le grand projet de The Excursion (1814) de Wordsworth que Koelb appelle une « antipicturesque excursion » (p. 134). Dans la première partie de The Excursion, intitulée « The Wanderer », tout se passe comme si Wordsworth avait pris le voyageur distrait et impatient de Gilpin pour le ralentir et lui permettre d’avoir une réaction émotionnelle face au lieu qu’il découvre, tout en montrant que les lieux sont eux-mêmes des emblèmes des humains qui s’y meuvent. Mais surtout, The Excursion devient, à travers les descriptions de lieux, un « therapeutic psychodrama » (p. 127) : le Wanderer et le poète visitent ensemble les alentours d’une maison où habitait jadis Margaret, dont le Wanderer raconte l’histoire au jeune poète. À travers les descriptions répétées de la maison de Margaret, le Wanderer crée les émotions qu’il convient de produire chez le poète qui l’écoute : l’histoire affligeante est tantôt figurée, tantôt contre-balancée par les descriptions pour permettre au poète de comprendre le sort tragique de Margaret sans lui-même perdre tout espoir, en créant une sorte de ‘Aufhebung’ descriptive. De cette manière, le lieu où le Wanderer et le poète sont assis, devient un « complex ethical place, filled with the fluctuating human character of its former inhabitant and its visitors, all of whom are in dialogue with each other and with the environment » (p. 153).8

    Koelb clôt la série de ses interprétations par l’analyse de deux descriptions d’un même lieu, le Colisée à Rome, dans deux œuvres de Lord Byron, le « metaphysical drama » (dans les termes de Byron) Manfred (1817) and Childe Harold’s Pilgrimage (parties 3 et 4, 1816-18). Bien qu’elles représentent le lieu le plus caracéristique de la culture romaine et le moins caractéristique de Wordsworth, Byron le transforme, dans ces deux descriptions, en un « Wordsworthian emblem of mind » (p. 156). Koelb s’intéresse à ces descriptions, pour leur fonctionnement même, mais aussi dans leurs relations l’un avec l’autre, en tant qu’elles sont révélatrices de la relation entre Byron et Wordsworth. L’objectif de Koelb est de montrer comment l’« imagery » de Byron établit une « rhetorical-psychological connection » entre la suffrance mentale, l’expérience d’une fracture identitaire dans le paysage alpestre et l’expérience de repos que le héros byronique vit dans l’arène romaine (p. 160). Parlant de Manfred, Koelb écrit : « Under the night sky, the amphitheater modulates all Manfred’s extremes and integrates the opposites that tear him apart. Manfred’s rhetoric fully embodies Manfred’s potential ethos. His place description, as physical as is psychological, picks up the pieces of all the usual antinomies, fusing them into an emblem of the integration Manfred might have achieved. » (p. 170)

    Bilan : une ekphrasis peut en cacher une autre

    Outre l’ingéniosité des analyses détaillées des textes, les vastes connaissances déployées pour raconter cette histoire de la description des lieux, la ferme volonté de ne pas se laisser enfermer dans un discours critique établi, et, n’oublions pas de le dire, l’admirable maniement de la langue qui mêle réflexions sobres, commentaires et images poignantes,9 un des points forts du livre de Koelb, c’est l’impressionnante maîtrise des textes qui lui permet de montrer, avec une précision à laquelle il est impossible de faire justice ici, comment chaque description prend place et sens dans le texte dans son ensemble et comment elle se positionne vis-à-vis d’autres descriptions. La problématique choisie par Janice Koelb lui permet ainsi de proposer des relectures intéressantes des œuvres étudiées, notamment de celles de Wordsworth et de Byron.

    Il ne faudrait pas oublier, cependant, que toutes ces relectures attentives et détaillées sont au service d’un projet ambitieux et, devrait-on presque dire, polémique dont le mérite est de jeter de la lumière sur une pratique descriptive importante et sur les liens que celle-ci entretient avec la tradition antique de l’ekphrasis. L’étude gagne son pari et réussit à nous révéler une « lignée » ekphrastique sinon insoupçonnée, du moins fortement occultée jusqu’ici par la lignée ekphrastique de la description de tableaux. Prenant toutes deux leur point de départ dans l’ekphrasis antique comme « discours qui met sous les yeux de manière vive et animée l’objet du discours », l’une s’est en quelque sorte spécialisée dans la représentation des œuvres d’art et dans la problématisation de la représentation et du rapport entre le texte et l’image. L’autre s’est tournée vers la représentation de lieux et a soulignée de plus en plus fortement l’interdépendance entre lieu et personnage pour devenir une figuration du sujet qui perçoit le lieu et qui en est en même temps affecté.

    Le mérite et la réussite de cette polémique se font, certes, au prix d’une double cécité volontaire et peut-être nécessaire : d’une part, le lien entre l’ekphrasis comme discours suscitant des images et de l’ekphrasis comme discours sur des images est constamment minimisé, et dans les descriptions de lieux étudiées, toute allusion à la peinture est en quelque sorte désavouée. D’autre part, si une ekphrasis peut en cacher une autre, une restriction sémantique peut également en remplacer une autre : tout en plaidant pour une réouverture de la notion d’ekphrasis, le livre n’étudie pas l’ekphrasis en tant que discours vif et animé tout court, mais l’histoire de la description d’un lieu congruent avec l’état ou la situation d’un personnage : une poétique de l’immédiateté se transforme en une poétique de l’emblème de l’esprit, transformation dans laquelle Koelb souligne davantage les continuités que les ruptures. N’empêche que ce livre dense et érudit mérite toute notre attention.

    Publié sur Acta le 20 décembre 2007
    Notes :
    1 Trad. franç. citée d’après Sophie Rabau, Fictions de présence. La narration orale dans le texte romanesque du roman antique au XXe siècle, Paris : Honoré Champion, Bibliothèque de littérature générale et comparée, 2000, p. 63.
    2 Edouard Bertrand, Un Critique d’art dans l’antiquité : Philostrate et son école, Paris: Thorin, 1881 ; Auguste Bougot, Philostrate l’ancien : une galérie antique, Paris: Renouard, 1881. C’est au prix de délaisser volontairement les Eikones de Philostrate et la tradition qu’elles fondent que Koelb peut se concentrer sur l’ekphrasis comme description de lieux.
    3 Paul Friedländer, Johannes von Gaza und Paulus Silentiarius : Kunstbeschreibungen in Justinianischer Zeit, Leipzig : Teubner, 1912.
    4 Leo Spitzer, « The Ode on a Grecian Urn, or Content vs Metagrammar », in : Comparative Literature 7, 1955, p. 203-225.
    5 S’il est effectivement courant de définir l’ekphrasis comme la description ou la représentation (verbale) d’un objet artistique (visuel), cela n’implique pas que l’on ait entièrement oublié le sens ancien : parmi les nombreux chercheurs qui distinguent clairement entre sens antique et sens moderne du terme, on peut nommer à titre d’exemple Michael Riffaterre aux Etats-Unis, Donald Fowler en Angleterre, Fritz Graf en Allemagne, Anne-Elisabeth Spica en France. (Cela dit, il semble qu’en France, le terme d’ekphrasis soit aujourd’hui moins courant : on parle plus volontairement de « description de tableau » et se réfère à l’« hypotypose » des XVIe et XVIIe siècles et au « tableau littéraire » du XVIIIe siècle. Une mise au point terminologique récente qui n’omet pas non plus de pointer la restriction du terme par rapport à son origine  est : Christina Schaefer & Stefanie Rentsch, « Ekphrasis. Anmerkungen zur Begriffsbestimmung in der neueren Forschung », Zeitschrift für französische Sprache und Literatur 114.1, 2004, p. 132-165.
    6 Ce projet vaste et passionnant ne mérite pas d’être jugé à l’aune du titre extrêmement généralisant du livre qui semble chercher l’effet d’annonce. En effet, le véritable télos du livre, même quand il est question de John Milton ou de William Gilpin, c’est la poésie romantique anglaise, et notamment la poésie de Wordsworth. Le livre ne présente pas « la » poétique de « la » description, mais une poétique de la description de lieux, ni concerne vraiment la « littérature européenne », mais les lettres grecques antiques et anglais romantiques. On n’est guère surpris d’apprendre que, lorsque Janice H. Koelb a obtenu son Ph.D. en 2004, c’était pour une thèse dirigée par l’éminente spécialiste du romantisme, Lilian Furst, et intitulée « Figures in the Carpet : Classical Ekphrasis and Romantic Description ».
    7 Dans une série de publications parues entre 1768 et 1804, par exemple dans un ouvrage intitulé Three Essays : On Picturesque Beauty ; On Picturesque Travel ; and on Sketching Landscape, 2nd edition, London : Blamire, 1794.
    8 Koelb rappelle que c’est Wordsworth qui a forgé le terme de « locodescription » pour désigner les descriptions de lieux dans la tradition rhétorique de l’ekphrasis antique. On peut se demander si l’introduction de ce terme dans le vocabulaire littéraire et critique ne prépare pas, en quelque sorte, une différenciation sémantique entre description de lieu et description d’art.
    9 On ne peut qu’être frappé par ces images poignantes et libres de ton qui parsèment le texte : « Wordsworth wants to dampen the cognitive noise so that he can pick up a clearer signal » (p. 113) ; « [This increased complexity [...] is a rather brilliant riff on the basic melody already worked out at a smaller scale in Manfred » (p.  178) ; « Manfred gets an unexpected fringe benefit from the cessation of psychomachic hostilities » (p. 173).

    http://www.fabula.org/revue/document3691.php
  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, J'ai lu, La littérature

    J'ai fini hier après-midi(ramené vendredi soir)

     
    Le prix Renaudot pour David Foenkinos
    Charlotte de David Foenkinos, publié chez Gallimard, a reçu le prix Renaudot ce mercredi 5 novembre, au sixième tour avec 5 voix devant  deux écrivains qui n'étaient pas dans la dernière sélection, Jean-Marc Parisis (Les inoubliables, Flammarion) avec 3 voix et Kamel Daoud (Meursault, contre-enq... Lire la suite
      David Foenkinos décroche le Renaudot 2014
    L'écrivain est couronné pour son ouvrage "Charlotte", dans lequel il rend un vibrant hommage à la jeune artiste Charlotte Salomon. Lire

    Lire la suite

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La littérature

    Cafés littéraires et cafés d'artistes

    Cafés littéraires et cafés d'artistes

     
    Cafés littéraires et cafés d'artistes
     
     

    Résumé

    Depuis trois siècles, les cafés ont été des lieux d'inspiration, d'insurrection et d'échanges pour les artistes en tous genres et les personnalités politiques. Le premier café littéraire a été créé à Paris en 1686 par le gentilhomme italien Francesco Procopio, rue de l'ancienne Comédie. La Closerie des Lilas, la Nouvelle Athènes, Le Chat noir, le Lapin agile et d'autres établissements ont ouvert leurs portes dans les quartiers de la capitale française, au fil du temps, et à travers toute l'Europe. De nombreux mouvements sont nés dans ces cafés, jusqu'à une époque récente. Retour sur l'histoire de ces établissements.

    Autres

    • Dominik Rimbault / Réalisateur

    http://www.france5.fr/emission/cafes-litteraires-et-cafes-dartistes

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La littérature, La presse

    Magazine littéraire

    Foire du livre de Bruxelles

    Du 26 février au 2 mars. La 45e édition de la Foire du livre de Bruxelles, qui met cette année le Québec à l'honneur, accueille 1350 éditeurs et espère 70000 visiteurs.

     

    En kiosque

    Le roman Gothique

    couverture n°552

    Le Magazine Littéraire propose une nouvelle formule, et revient à ses origines en plaçant l’esprit critique au coeur de ses pages. Décliné en trois grandes parties - esprit du temps, critique et dossier - il se positionne comme le magazine de tous les livres et de tous les écrivains. Au sommaire: L’esprit du temps. Roman, La nouvelle vague réactionnaire. De Michel Houellebecq à Aurélien Bellanger, plus que jamais, le roman français interroge la politique. Plus que jamais pourtant il est tourné vers le passé. Nostalgie postmoderne ou révolution réactionnaire? La littérature contemporaine s’inscrit dans cette tension. Par Marc Weitzmann. Apostrophes, ma mère et moi. Il y a quarante ans naissait «Apostrophes». Avec un cheptel d’écrivains sans cesse renouvelé, les vendredis de «Bernard» réinventaient le salon littéraire et donnaient corps aux «faiseurs de livres». Par Philippe Claudel. Grand entretien. Fleur Pellerin. Quelques mois après sa malencontreuse «petite phrase» sur Modiano, la ministre de la Culture et de la Communication défend ses convictions et son goût pour la lecture. Propos recueillis par Pierre Assouline. Dossier. Le Roman gothique. L’éternel revenant. Sous la direction de François Angelier, ce dossier explore à travers les âges la contagion gothique des univers romanesques européen et américain, des mondes graphiques et du cinéma mondial.

    Lire la suite

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La littérature, La presse

    Magazine littéraire

    Patrick Modiano : le discours de réception du prix Nobel

    Patrick Modiano a prononcé dimanche 7 décembre, à 17h30, son discours de réception du prix Nobel de littérature 2014 dans la majestueuse salle de l'Académie suédoise.

    Actualité

    Écrivains

    Du nouveau sur la mort de Pasolini

    Le 2 novembre 1975, le corps de Pier Paolo Pasolini était découvert à Ostie, près de Rome. Sa mort est depuis l'objet de multiples hypothèses malgré les aveux de Pino Pelosi, le jeune homme qui l'accompagnait ce soir-là. Des traces d'ADN ont été retrouvées sur les vêtements de l'écrivain et indique que Pino Pelosi n'aurait pas participé au massacre.

    Médias

    Le Petit Prince, bientôt au cinéma

    La première adaptation en cinéma d'animation du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry sortira dans les salles le 7 octobre 2015, plus de 70 ans après la publication du livre.

     

    Le Magazine-Littéraire

    «Les hommes éveillés n'ont qu'un monde, mais les hommes endormis ont chacun leur monde.»

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La littérature

    Le prix Wepler 2014 couronne Le Soleil

    # Dernière minute
    il y a 10 min
     
    Le prix Wepler-Fondation La Poste 2014 couronne Le soleil de Jean-Hubert Gailliot (L’Olivier), auquel il sera remis lors d’une soirée festive, lundi 10 novembre à la Brasserie Wepler, à Paris (18e). L’ouvrage relate la quête d'Alexandre Varlop pour retrouver Le soleil, un manuscrit volé ayant s... Lire la suite