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Catégories : Des expositions

Masques. De Carpeaux à Picasso

masque.jpgAdrien Goetz
27/10/2008 | Mise à jour : 10:53 | .
 
Il y a les masques japonais, parés des mystères du théâtre nô. Il y a les masques d'Afrique qui fascinaient les cubistes. Il y a les masques de la côte Nord-Ouest de l'Amérique qui inspirèrent La Voie des masques à Claude Lévi-Strauss. Tout cela est bien connu, archiétudié. Mais qui savait que l'Europe, au XIXe siècle, avait cultivé une culture des masques très originale, qui inspira Rodin, Bourdelle ou Picasso ? Ces masques, porteurs eux aussi de vertus magiques, scéniques, symboliques, n'ont rien à envier à ceux des cultures lointaines. C'est ce que révèle cette magistrale exposition conçue par Édouard Papet, conservateur au Musée d'Orsay, spécialiste de sculpture : ces masques français, italiens, allemands ne sont pas anecdotiques, ils forment un univers complexe, d'une richesse égale à celle dont témoignent les masques du Japon, de l'Afrique, ou de l'île de Vancouver. Ils ont eu, eux aussi, leurs usages rituels. Une Atlantide de masques inquiétants, grotesques ou sublimes, oubliés par les historiens de l'art renaît ici d'un coup. On comprend aussi, par rebond, pourquoi l'Occident fut si réceptif aux visages venus du Japon vers 1875 et aux sculptures africaines après 1900 : l'imaginaire européen parlait déjà le langage des masques.

 

Dès la première salle d'Orsay, les masques mortuaires côtoient ceux du carnaval. La problématique est posée. Apparaissent tour à tour le visage pétrifiant de cette Méduse sculptée par Böcklin après 1887 et la grimace inspirée de l'antique de ce masque de papier mâché modelé, en 1900, par Sarah Bernhardt elle-même. Comme dans un cabinet de curiosités, l'exposition fait surgir de la pénombre des pièces inouïes et des chefs-d'œuvre. Un incroyable bronze de Gabrielle Dumontet de 1906 montre une tête terrifiée, coiffée de serpents qui s'allument quand on actionne un interrupteur : Méduse électrisée. Le sculpteur Geoffroy-Dechaume moule sur le vif un homme qui masque ses yeux avec ses mains. Les têtes étranges d'Edward Gordon Craig (vers 1910) dialoguent avec l'ironique Arlequin sculpté en 1880 par René de Saint-Marceaux. Le Marchand de masques de Zacharie Astruc (1883), vend aux promeneurs du jardin du Luxembourg les « masques » de Balzac, Berlioz, Baudelaire ou Gounod, c'est le jeu de massacre de la postérité. La Nouvelle Salomé de Max Klinger, prêtée par le musée de Dresde, ouvre la danse des symboles. Pierrot jaloux, le tableau d'Ensor, qui vient de la collection d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé, est, dans la dernière salle, avec le Masque de picador au nez cassé de Picasso, une bouleversante révélation.

« Masques, de Carpeaux à Picasso », jusqu'au 1er février 2009 au Musée d'Orsay. Catalogue, avec une préfacede Jean-Luc Nancy, Hazan-Musée d'Orsay, 274 p., 49 €.

     http://www.lefigaro.fr/culture/2008/10/27/03004-20081027ARTFIG00340-l-autre-voie-des-masques-.php

Commentaires

  • J'espère voir cette expo la semaine prochaine, en même temps que celle consacrée à Picasso-Manet.
    Il y a aussi une belle expo de pastels... que l'embarras du choix!

  • Donne-moi des nouvelles de cette expo... si tu as le temps
    Oui, j'ai u des choses sur l'expo de pastels qui a l'air maginifique.
    Ca fait 3 ans que je ne suis pas allée à Paris et ça me manque.

  • J'ai utilisé le plan de ton blog pour retrouver cette note... c'est facile finalement!

    Je suis allée à Orsay mardi dernier. La «petite expo» Picasso-Manet est intéressante mais ne vaut pas à elle seule le déplacement (en ce qui me concerne, car les représentations que Picasso a fait du déjeuner sur l'herbe de Manet ne sont pas «ma tasse de thé»!). Par contre c'est tout de même intéressant à voir car sa démarche y est bien expliquée, il y a toujours un côté frondeur chez Picasso et cela le rend attachant. Mais bon, si vous voulez voir Picasso en ce moment c'est au Grand Palais «Picasso et les Maîtres»: je l'ai vu deux fois et c'est magnifique, un vrai «ramassis» de chef d'oeuvres... et pas seulement de Picasso!

    Je suis donc allée voir ensuite l'exposition de pastels qui est une petite merveille; j'ai d'ailleurs découvert que des oeuvres connues de Degas ou de Manet étaient des pastels, ce qui m'avait échappé!! Les explications données sont par ailleurs intéressantes et concises, et rendent la visite agréable. Un vrai «plaisir des yeux».

    Puis - après un repas rapide dans la belle salle à manger de l'ancienne gare d'Orsay, où on peut cependant manger une salade pour pas trop cher, ce qui permet de profiter du cadre - je suis allée voir l'expostion de masques. C'est aussi une très belle exposition, mais à laquelle je ne m'étais pas préparée. Donc si j'y retournais, je passerais d'abord une heure ou deux sur Internet pour lire tout ce qu'il y a à savoir sur les masques, leur symbolique, leur évolution chronologique.

    Puis une fois sur place je me contenterais de REGARDER!! Car cela en vaut la peine, c'est magnifique.

    Les masques, cela reste un peu un domaine ésotérique, et selon moi il faut suivre les explications. Les salles d'expo sont sombres (ce qui avec un éclairage adapté permet de mettre bien en valeur les objets) et les explications pour chaque masque sont écrites en assez petit. Ce qui fatigue un peu, et nuit au simple plaisir d'admirer.
    Donc si j'ai l'occasion de retourner à Orsay avant la fin de cette expo, je referai un tour des salles sans rien lire.
    [Ce qui est toujours impressionnant aussi dans une expo, c'est de trouver rassemblés des objets qui viennent de partout; par exemple ici deux masques du même auteur, très similaires, présentés côte à côte comme deux jumeaux. Habituellement l'un est dans je ne sais plus quel musée, et l'autre chez un particulier à l'autre bout du monde. Les expos, ce sont vraiment des instants uniques].

    Il y a en effet d'autres expos en cours jusque début février à Orsay, mais après avoir vu les trois, et parcouru «lentement» les allées du musée pour aller de l'une à l'autre, j'atteignais la saturation..

    Dis-moi Laura, tu ne penses pas à demander comme cadeau au Père Noël un petit séjour à Paris? il y a vraiment beaucoup à voir ces temps-ci.

  • Je suis contente que mon plan soit utilisé...
    Il est toujours intéressant de voir comment un peintre ou un auteur a intégré et réinterprété un autre (peintre,poète)...
    Pour les aquarelles, j'aimerais surtout voir les Redon...
    C'est vrai qu'il faudrait aller voir 2 fois les expos: une fois pour comprendre, lire et une fois juste pour admirer...
    Car, au bout d'un moment , on sature et on ne profite plus...
    Il y a toujours beaucoup de choses à voir à Paris, expos et autres mais il y a aussi de belles choses en province, à Lyon par exemple.
    Mon plus beau cadeau de Noël serait de récupérer mes affaires...

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