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Dans la tête de Léonard de Vinci

De nouvelles voix critiquent la restauration de la « Sainte Anne « de Léonard de Vinci

Le débat autour de la restauration de "La Vierge et l’enfant avec Sainte Anne " de Léonard de Vinci a redémarré avec les déclarations d’experts français affirmant que le Louvre est allé trop loin dans le nettoyage de ce chef-d’œuvre, actuellement exposé au Louvre.

Jusqu’à présent, les tenants d’une restauration plus modérée ne s’étaient pas exprimés sur le résultat final. Mais une spécialiste de la restauration des œuvres d’art, Ségolène Bergeon Langle, a estimé dans Le Journal des Arts du vendredi 27 avril 2012 que «  le principe de précaution » n’avait pas été respecté et que le «  nettoyage aurait dû aller moins loin » , arguant qu’« il y a moins de modelé dans le visage de la Vierge ». Contrairement à elle, Jacques Franck, n’a pas démissionné du comité scientifique international constitué par le Louvre autour de la « Sainte Anne » , mais il regrette l’allègement des vernis « plus prononcé que prévu ».

Cette restauration a été menée par une restauratrice d’origine italienne, Cinzia Pasquali, assistée du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Vincent Pomarède, directeur du département des peintures du Louvre, assure avoir mené une restauration « prudente » et mis « le pied sur le frein » pour tempérer les ardeurs de membres anglais ou italiens de la commission. De son côté, l’association pour le respect de l’intégrité du patrimoine artistique (Aripa) estime que les micro-soulèvements de la couche picturale n’étaient pas liés à la dégradation des vernis, comme l’avançait le C2EMF, mais à des « mouvements du bois ».

http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Expositions/De-nouvelles-voix-critiquent-la-restauration-de-la-Sainte-Anne-de-Leonard-de-Vinci-_NG_-2012-04-29-800581

 

 

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    Par Eric Bietry-Rivierre Mis à jour le 27/03/2012 à 15:28 | publié le 26/03/2012 à 19:29
    <i>Vierge à l'Enfant avec sainte Anne</i>, de Léonard de Vinci, vers 1503-1519.
    Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, de Léonard de Vinci, vers 1503-1519. Crédits photo : Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant jouant avec un agneau dit La Sainte Anne. Vers 1503-1519. Huile sur bois (peuplier) / APRÈS RESTAURATION © RMN, musée du Louvre / René Gabriel Ojéda

Le Louvre célèbre le roi des peintres avec une «Sainte Anne» restaurée. Ce chef-d'œuvre a révolutionné les manières de penser et de créer.

Automne 1516. Un vieil homme de 64 ans traverse les Alpes à dos de mulet. Il n'a pas l'allure d'un prince mais sa réputation l'a précédé. Léonard de Vinci est, dans toute l'Europe, un maître. En son temps, Louis XII avait déjà confisqué aux Sforza, les vaincus milanais, La Belle Ferronnière et La Vierge aux rochers. Succédant à Louis XII, François Ier tombe sous le charme, lui aussi, subjugué, dit-on, par une des inventions du Toscan: un lion mécanique dont le ventre s'ouvre et libère des fleurs de lys. L'automate a disparu, il est devenu légendaire. Le souverain a tenu à avoir Léonard à Amboise. Il l'a installé au manoir de Cloux, aujourd'hui le Clos Lucé (Indre-et-Loire), avec une pension équivalente à celle d'un grand militaire. Mille écus annuels pour s'attacher l'amitié et les services de ce cerveau exceptionnel, peintre, mais aussi architecte et ingénieur.

Certes, le physique décline. Léonard est gagné par une paralysie de la main droite. Mais il dessine encore. Ses célèbres recherches et expériences semblent jaillir comme jamais. Elles serviront aux fêtes de cour, à imaginer des liaisons fluviales unifiant le territoire et même à envisager une capitale moderne, à Romorantin. François et Léonard jouent à Alexandre et Aristote. Avec ces deux-là, l'âge d'or renaît. Il durera jusqu'à la mort du second, le 2 mai 1519.

Ce que seul Dieu savait faire

Sur ses mules Léonard a notamment emmené trois tableaux, aujourd'hui au Louvre: La Joconde, Saint Jean-Baptiste et, le plus important de tous, sa Vierge à l'Enfant avec sainte Anne qui vient d'être restaurée. «Elle a été commencée à Florence. Elle résume donc les vingt dernières années, celles de la maturité, explique Vincent Delieuvin, le responsable de la peinture italienne au musée. Léonard a pu vouloir ici tester l'esthétique du non finito, si bien développée par Michel-Ange dans ses sculptures. Les dernières analyses spectrométriques incitent à le penser.»

La Sainte Anne  est au cœur d'une vaste et très complète exposition sur cet aboutissement. Lui-même à l'épicentre d'un des plus puissants séismes jamais enregistrés dans l'histoire de l'art occidental: le passage à la manière moderne. Car, dès sa mise en chantier, la Sainte Anne va inspirer aussi bien Michel-Ange que Raphaël, les Flamands que les Espagnols. Elle est la preuve que la fusion des matières est trouvée. Qu'un homme pleinement inscrit dans la nature est représentable. Qu'on peut rendre l'air, la terre, l'eau et les chairs vivants. Choses que seul Dieu savait faire jusqu'alors.

Pour la première fois, depuis 1519, sont réunis tous les documents disponibles autour du chef-d'œuvre: lettres, esquisses de composition, études de détails corporels ou de paysages (dont 22 dessins prêtés par la reine d'Angleterre), le grand carton de Burlington House venu de la National Gallery et qui devait servir au report sur panneau de bois, versions d'atelier témoignant des états intermédiaires du projet. Tout cela forme un testament passionnant. Le parcourir équivaut à entrer dans la tête du génie. Cela peut sembler ardu, mais le Louvre, qui met à disposition applications téléchargeables, films et audioguides à la pointe de la pédagogie, répond ici parfaitement à sa mission scientifique.

D'abord, Léonard détermine la disposition générale grâce à ce qu'il appelle le componimento inculto («composition inculte»), une méthode inédite. Un brouillon instinctif qui laisse parler la main, superposant les idées et les lignes jusqu'à ce que le principal émerge. Les trois étapes subsistantes de ce moment sont regroupées. Une feuille vient de Londres, une autre de Venise, la troisième est conservée au département des dessins du Louvre.

L'apogée du sfumato

Arrivent d'autres commandes, d'autres problèmes à résoudre. La Sainte Anne est mise en veilleuse, puis reprise, changée, délaissée à nouveau, affinée, méditée… Simultanément, le travail sur les détails s'amplifie. Là, Léonard rajeunit la grand-mère du Christ en lui procurant, comme le prétendait Freud, deux mères. Ici, il courbe et avance la Vierge pour libérer le paysage, le creusant jusqu'à des profondeurs bleutées insoupçonnées. Là, il supprime le petit Jean-Baptiste au profit de l'agneau. Ici, il descend Jésus à terre, sa mère acceptant enfin son sacrifice futur. Le propos est, bien sûr, théologique, mais il dépasse celui de l'époque pour aboutir à une réflexion universelle et atemporelle. À la suite de la Contre-Réforme, qui a privilégié Joseph au détriment d'Anne pour ses trinités, on ne saura bientôt plus comprendre le tableau dans son message immédiat. Il n'en deviendra que plus fascinant.

Les solutions plastiques sont, elles, durablement établies. Tout le monde, jusqu'à l'abstraction, reprendra visages, sourires et attitudes. L'exposition cite comme exemple: Delacroix, Degas, Odilon Redon, Max Ernst… Quant à l'incroyable technique picturale, elle n'a pas été dépassée. C'est l'apogée du sfumato, ces effets de volume moelleux, fondant les contours et nuançant de la manière la plus subtile les carnations. Le dessin de la tête de la Vierge, prêt du Met de New York, est à cet égard une magie de pierre noire, de sanguine et de craie blanche. L'alchimie absolue.

La Sainte Anne, l'ultime chef-d'œuvre de Léonard de Vinci, au Louvre, Paris Ier, jusqu'au 25 juin. Catalogue Louvre/Officina Libraria, 448 p., 45 €. www.louvre.fr

Soirée Léonard de Vinci sur Arte le 8 avril.

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