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Catégories : Livre

Les héros deviennent stratégiques pour les éditeurs

 

Par Gregoire Poussielgue | 12/03 | 06:00
 

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En littérature, au cinéma ou encore en BD, les suites récurrentes deviennent de plus en plus importantes.

Le phénomène touche toutes les industries culturelles, du cinéma à la télévision en passant par les jeux vidéo et, bien sûr, la littérature. Les héros ne meurent jamais, ou, à défaut, vivent le plus longtemps possible.

Tintin, qui regoûte aujourd'hui, à sa manière, à une forme de nouveauté n'a finalement pas échappé au phénomène, mais, avant le journaliste-détective, de nombreux héros ont eu droit à une vie prolongée, sous la plume de plusieurs auteurs. En littérature, on peut citer deux personnages très connus  : James Bond, qui vient de ressortir sous la plume de William Boyd, et Hercule Poirot, le héros d'Agatha Christie, qui fera son retour, après trente-huit ans d'absence, en septembre prochain.

 
 

Dans le domaine de la BD, les exemples sont nombreux, de Boule et Bill à Blake et Mortimer en passant par Spirou et Fantasio ou encore Lucky Luke et, bien évidemment, Astérix et Obélix, plus de trente ans après le décès de leur cocréateur René Goscinny. «  L'intérêt, pour un éditeur, est de faire fructifier son investissement. Mais ce qui est déterminant, c'est le talent du repreneur, même si ce n'est pas toujours facile à trouver », constate Didier Pasamonik, éditeur du site ActuaBD.

En BD, perpétuer une série est presque indispensable pour que le héros ne meure pas. «  L'économie de la BD s'appuie avant tout sur la loi des séries  ; un personnage qui ne produit plus d'épisodes se sclérose et finit par végéter. C'est un peu le sort qui pourrait advenir à Tintin : en l'absence de reprise, l'oeuvre connaît une baisse de lectorat et un manque de renouvellement générationnel, et les ayants droit cultivent des voies parallèles - merchandising, films, événements - pour assurer la pérennité du héros », notait en fin d'année dernière Numa Sadoul, auteur et spécialiste de bande dessinée, sur le site Les grands débats, qui a consacré un dossier au sujet des séries mythiques en BD. L'intéressé ne s'en déclare pas moins «  définitivement attaché à l'idée de l'oeuvre et à la notion d'auteur ».

Résurrection délicate

L'exercice peut aussi se révéler risqué. Les lecteurs sont très attachés à leurs héros, qu'ils connaissent souvent depuis leur enfance, et veulent retrouver un environnement qu'ils connaissent et apprécient. Dans la BD, la question est cruciale. «  Il faut faire la même chose tout en se renouvelant, car personne n'est plus conservateur qu'un lecteur de BD », ajoute Didier Pasamonik. Plusieurs suites ont été jugés décevantes.

Le droit d'auteur prévoit que les ayants droit des créateurs disposent des droits patrimoniaux soixante-dix ans après la disparition de l'auteur, ce qui laisse beaucoup de temps pour une exploitation économique sur le long terme. Après, le héros tombe dans le domaine public et peut être exploité en étant libre de droits. En bande dessinée, peu de héros sont concernés : par exemple Babar, créé en 1931, Popeye (1929) ou les Pieds nickelés (1908), pour ne citer que ceux qui ont réussi à traverser le XXe siècle. A ce droit patrimonial s'ajoute un droit moral, visant à protéger l'oeuvre de l'auteur.

Grégoire Poussielgue, Les Echos
 

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