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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La culture, La presse

Suffit-il de bomber les pecs si l’aquarium du poisson-lune est en flammes ?

AU PROGRAMME Bonsoir. Pour l'instant, tout se passe comme sur des roulettes, vous avez commencé par échanger votre Big Jim contre le sandwich aux rillettes de Timéo puis, appliquant une technique simple de programmation neuro-linguistique, avez persuadé ce benêt qu'il vous l’avait volé. Résultat: non seulement vous avez récupéré votre poupée à gros pecs, mais également le ciré de la petite sœur de Timéo. A ce rythme, vous mettrez bientôt Nos Vies en flammes, plus cruelle qu'Edouard Baer avec ses personnages, peut-être même que, comme Thomas Paulot, vous vous présenterez aux municipales de votre village, voire vous retrouverez à la tête d'une institution telle que le CAPC de Bordeaux ou d'un blockbuster avec Melvil Poupaud. Rien ne peut vous arrêter, pas même un Gentil Géant.

Photo: Sharon Williams prônant le port du bomber sans rien en dessous dans Ne vous retournez pas (1973), de Nicolas Roeg. Arte

 

par SANDRA ONANA

 CÉSARS ET VIEILLES SALADES  «Illusions perdues», cela aurait pu être le thème de la calamiteuse réception de la cérémonie des césars l’an dernier – il y a 500 av. omicron BA.2. Mais c’est d’abord le titre du film de Xavier Giannoli, qui cumule le record historique des nominations cette année. On en découvrait la liste aujourd’hui. Citée quinze fois, la fastueuse adaptation d’un des volumes les plus notoires de la Comédie humaine de Balzac est en tête du peloton formé par Annette (11 nominations), l’opéra pop en langue anglaise de Leos Carax sur la musique des Sparks, et Aline de Valérie Lemercier (10), vrai-faux biopic sur Céline Dion avec de vrais tubes et sequins à l’intérieur. Le trio distingue un cinéma de qualité française fort de beaux moyens de production, et rend statistiquement plausible une razzia d’Illusions perdues et Aline – qui dit grosses équipes techniques, dont les membres sont autant de votants aux césars, dit presque mécaniquement autoplébiscite dans les urnes. Le triomphe du premier prouverait qu’on peut rafraîchir le matériau plus-académique-tu-meurs d’un roman balzacien du XIXe. Un coup de filet du second consolerait en partie la carrière frustrante, à 1,3 million d’entrées, d’un blockbuster populaire pénalisé par le Covid – performance proche de celle réalisée en salle par l’inepte Eiffel, laissé sur le bas-côté avec trois nominations.

Au rang des déceptions: avec quatre nominations, dont aucune dans la catégorie meilleur film (ni dans meilleur second rôle pour un Vincent Lindon stéroïdé qui avait pourtant tout donné… ou tout lâché), on en viendrait à douter que la palme d’or Titane fut réellement choisie par la France pour la représenter aux oscars. Egalement cité quatre fois, l’Evénement d’Audrey Diwan (lion d’or à Venise, poussivement présenté comme le «rival» naturel du bébé monstrueux de Julia Ducournau) rafle autant de nominations que Onoda, 10 000 nuits dans la Jungle, splendide outsider loupé par les radars défaillants de la compétition cannoise. S’il fallait jouer plus sérieusement le jeu éculé de la dissection des nommés, il faudrait bien sûr s’offusquer de ne retrouver A l’abordage de Guillaume Brac dans aucune catégorie. Eventuellement, remettre une pièce dans le jukebox de la grande engueulade critique sur le bourrin Bac Nord (sept nominations). Et puis, pour la beauté du geste, interroger les chances de cette nouvelle remise de prix de racheter le loupage de l’édition 2021.

Car rappelez-vous, dans l’épisode précédent, les césars tentaient d’asseoir le règne d’une nouvelle famille rajeunie, plus cool du cinéma français, grâce à une académie rafraîchie de fond en comble. Celles et ceux qui endurèrent le sacre consternant d’Adieu les cons jusqu’au bout peuvent en témoigner: le fol espoir d’assister à un show plus regardable que du temps où il était régenté par un club de vieilles barbes a fait long feu. En maîtresse de cérémonie, la méritante Marina Foïs, qu’on ne voit pas rempiler de sitôt, faisait de son mieux avec les sketch scato écrits par Laurent Lafitte et Blanche Gardin. Les jours suivants, le violent procès en vulgarité instruit par la profession, vent debout contre le happening d’une Corinne Masiero fantastiquement déculottée, dénonçait une navrante mascarade. Laquelle fut jugée responsable à elle seule du record de chute historique des audiences, du septième art assassiné, du potentiel retrait de Canal + des aides du secteur, de la fonte des calottes glaciaires, et des sept plaies de l’apocalypse sanitaire jusqu’à l’ultime variant ZB.9.

Avec le retour d’Antoine de Caunes en maître de cérémonie, le programme de l’édition 2022 annonce la couleur. Ouf, retour aux valeurs refuges. Les tenants du radical-chic, sûrs de leur impertinence, ont eu leur chance. A présent, vous reprendrez bien un peu d’esprit Canal vieille manière sorti du formol? Plus surprenant, cette cérémonie 2022 portera aussi la cinéaste Danièle Thompson en présidente, scénariste de la Grande Vadrouille, de la Boum ou encore la Reine Margot. Sans être au stade de la Restauration, les césars à la poursuite de leur majesté d’antan s’en remettent à un marrainage empreint d’œcuménisme. Quoi de plus irrécusable que l’attelage De Funès, une jeune Sophie Marceau et Patrice Chéreau? Mais ce serait faire preuve de mauvais esprit qu’annoncer un retour en fanfare de la consensualité du spectacle avant même son déroulement. La cérémonie aura lieu le vendredi 25 février.

 

 
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 «NE VOUS RETOURNEZ PAS»

de Nicolas Roeg (visible sur Arte)

Il est des films que nulle vision n'épuise. Qu'importent le dénouement et le suspense éventés, leur richesse est telle qu'ils semblent avoir été réalisés pour être revus à l'infini. Rares toutefois sont ceux qui, comme le troisième long métrage de Nicolas Roeg, Ne vous retournez pas (1974), adapté d'une nouvelle de Daphné du Maurier, invitent, dès les premiers plans, le regard dans une forêt de signes où l'on pressent que le moindre détail fera sens, telles les pièces éparses d'un puzzle dont l'image finale nous échapperait encore. Ainsi, la scène d'ouverture: non seulement sa construction fragmentée et son montage alterné injectent une tension annonçant un drame à venir - la noyade d'une fillette en ciré rouge dans l'étang près de la maison familiale -, mais elle est, de plus, ponctuée d'éléments étranges qui la baignent dans une atmosphère de conte ou de cauchemar. Un cheval blanc traversant la campagne, le mimétisme des gestes de l'enfant, une diapositive dont les couleurs se mettent à déteindre, comme une flaque de sang coulant vers le haut, défiant ainsi la gravité… Et cette façon, surtout, qu'a le père de l'étudier à la loupe, comme s'il voulait y déceler enfin l'indice du funeste accident qui lui aurait permis de sauver sa fille à temps. Tout se passe, en somme, comme si cette séquence relatait moins l'événement au moment où il se déroule que sa reconstruction fantasmée et traumatique, mille fois ressassée dans la tête d'un être dévasté par le chagrin et la culpabilité. N.D. 

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Photo: Arte 

 
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C'est aujourd'hui l'anniversaire de Melvil Poupaud, qui réussit en 2008 l'exploit d'incarner, la même année, un guitariste veuf dans Le crime est notre affaire, un amant frenchy dans Broken English ou encore...

 Un ingénieur en armures lance-missiles dans Iron Man

 Un clown cambrioleur dans The Dark Knight

 Un commentateur de courses automobiles dans Speed Racer

DEVINEZ, CLIQUEZ, GAGNEZ DU BEURRE!

La réponse au jeu d'hier était bel et bien «Qu'elle prend de la cocaïne, qu'elle trompe son mari et qu'elle a de l'herpès». Bravo aux winners.

LIBÉ CULTURE
vous fut tricoté aujourd'hui par Marie Klock et Olivier Lamm avec Nathalie Dray, Sandra Onana et tout le service Culture en pensées.
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