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  • J'ai fini hier:L'Oeil N°663

    L'OeilDécembre 2013

    Plurielles comme les « modernités » du nouvel accrochage réussi du Centre Pompidou. Courageusement, le Musée national d’art moderne réalise avec le quatrième accrochage thématique de ses collections permanentes une relecture critique de l’histoire de l’art de 1905 à 1970. Fini le récit progressiste et dominant de l’histoire de l’art occidental qui voit s’enchaîner seuls les mouvements européens d’avant-garde – le cubisme après le fauvisme, etc. –, place à une histoire globale de l’art qui prend en compte les « autres » modernités, celles d’Asie, d’Afrique, des Amériques latine et du Nord… « “Modernités plurielles” élargit ce principe à une relecture non plus thématique, mais générale et historique de l’histoire de l’art », écrit dans le catalogue Catherine Grenier, directrice adjointe du MNAM et grand ordonnateur de ce nouvel accrochage qui ajoute, par ...

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    L'oeil en mouvement
  • L'abstraction géométrique, un art qui bouge toujours

    300x200_1603742_0_f943_ill-1341021-3c05-000-par2004060309335.jpgLEMONDE | 22.04.10 | 16h48  •  Mis à jour le 22.04.10 | 16h48

    Bâle (Suisse) Envoyé spécial

    En 1955 s'est tenue à la galerie Denise René, à Paris, une exposition collective intitulée "Le mouvement". Elle fit date, car la galeriste défendait - elle défend toujours, et ce depuis 1944 - l'abstraction géométrique. Le Musée Tinguely, à Bâle (Suisse), a eu la belle idée de reconstituer cette exposition, à voir jusqu'au 15 mai.

    En 1955, ce courant, dit "froid", de l'abstraction géométrique était battu en brèche par une nouvelle peinture, plus "chaude", gestuelle, agitée : l'abstraction lyrique. Conseillée par le peintre Victor Vasarely, qui eut l'idée de l'exposition, et soutenue par un jeune critique nommé Pontus Hulten, qui deviendra vingt ans plus tard le premier directeur du Centre Pompidou, Denise René regroupa des artistes pour montrer qu'eux aussi pouvaient être dynamiques.

    Au sens propre : toutes les oeuvres exposées bougeaient, ou pouvaient le faire. Toutes sont mobiles. Manuel, optique ou mécanique, le mouvement était partout. La petite exposition eut des répercussions considérables.

    Elle amena tout d'abord des artistes, attirés par la rigueur et la cohérence des choix de Denise René. La galerie redevint le centre de l'avant-garde parisienne, drainant vers Paris des artistes venus de l'Europe du Nord comme de l'Amérique latine. Selon le joli mot du critique Pierre Descargues, "le cinétisme, parce qu'il offrait au regard la possibilité de douter de soi, fut un succès universel".

    Après une exposition au Musée d'art moderne de New York, en 1964, intitulée "The Responsive Eye", on crut que l'abstraction géométrique allait remplacer le pop art, et qu'un mouvement européen pouvait à nouveau concurrencer l'école de New York. Sentiment renforcé par l'attribution du grand prix de la Biennale de Venise à Julio Le Parc, en 1966, et à Nicolas Schöffer lors de l'édition suivante. Des artistes de Denise René.

    L'idée du Musée Tinguely est simple mais rude à -mettre en pratique : reconstituer l'exposition à l'identique. Y compris dans la scénographie, puisque les trois pièces de l'appartement du 124, de la rue La -Boétie, qui abritaient la galerie parisienne, ont été reconstruites fidèlement.

    Les adeptes de voyages dans le temps sont servis, même si certaines oeuvres n'ont pu être retrouvées, remplacées par leurs équivalents. On revoit ainsi, ou on découvre, les travaux de Jacobsen, Mortensen et Calder, Duchamp, Agam et Bury, Soto et Vasarely. Et Tinguely bien sûr, qui n'était pas encore le sculpteur délirant que l'on connaît. Il faisait bouger, avec des petits -moteurs cachés, des formes géométriques blanches inspirées des tableaux de Malevitch. Il y a aussi, seule dérogation par rapport à l'exposition originale, un petit carnet de l'Américain Robert Breer, un folioscope ou flipbook , dont les dessins s'animent lorsqu'on en feuillette les pages.

    LE CINÉMA AUSSI

    Car, et c'est l'une des révélations de l'exposition bâloise, "Le mouvement" était accompagné d'un programme de cinéma expérimental. Projetés à la Cinémathèque le 21 avril 1955, les films de Robert Breer, d'Henri Chomette, d'Edgar Pillet ou de Richard Mortensen passèrent largement inaperçus. Injustice réparée à Bâle, qui ajoute une série passionnante d'autres essais sur pellicule réalisés à partir des années 1920 par Duchamp, Man Ray ou Moholy-Nagy, mais aussi Fernand Léger, Hans Richter, Walther Ruttmann et Viking Eggeling, dont les oeuvres furent projetées dès 1925 à Berlin sous le titre de "Films absolus". Dieu que les utopies étaient belles alors !

     


    "Le mouvement. Du cinéma à l'art cinétique". Musée Tinguely, Paul Sacher Anlage 1, Bâle (Suisse). Tous les jours, sauf lundi, de 11 heures à 17 heures. Tél. : (00-41)-61-681-93-20. Entrée : 15 CHF (10,46 €). Jusqu'au 15 mai. Catalogue, éd. Kehrer, 160 p., 18 €,

     

    Harry Bellet
  • La prochaine fois que j'irais dans le nord, peut-être:”La piscine” de Roubaix

    1312918368.jpgLa Piscine est l'un des plus beaux musées de France installé à Roubaix dans une ancienne piscine art déco des années 30. Découvrez des collections exceptionnelles de peintures, sculptures, céramiques et tissus des 19 et 20ème siècles.


    http://www.roubaix-lapiscine.com/pages/2007/08/2-2%20-%20visite-%20animations.php

    A VOIR LA - BAS EN CE MOMENT:Le zoo d'Orsay

    Quand Emmanuelle Héran arrive comme conservatrice au musée d’Orsay, elle découvre, dans les réserves, plus de 200 sculptures animalières et décide de sortir au grand jour ces richesses oubliées. A partir de cet été, le musée parisien présentera donc une section entièrement dédiée à l’art animalier. En attendant, Orsay a prêté une partie de sa collection à La Piscine de Roubaix pour une exposition intitulée avec humour « Le Zoo d’Orsay ». C’est dans un décor vert pomme que sont exposées un peu plus de 150 œuvres signées des plus grands noms : Manet, Courbet, Delacroix, Bonnard, Pompon, Gauguin, Grasset, Doré… Les animaux sont classés par « famille ». Ainsi, peut-on, grâce à un choix varié de tableaux, dessins, pastels, sculptures et objets d’art couvrant toute la période de 1848 à 1914, passer des animaux à plumes (faisans, paons, canards, coq…), aux animaux exotiques (girafes, singes, éléphants, antilopes…), domestiques (chats, chiens, chevaux…) mais également au monde marin. Le public se retrouve à l’intérieur d’une véritable ménagerie, les cris des différents animaux étant diffusés en fond sonore. Autre exposition accrochée au même moment à La Piscine : « Bijoux-sculptures. L’art vous va si bien ! ». 150 bijoux provenant de différentes collections, dont celle de Diane Venet, épouse du sculpteur Bernar Venet et commissaire de l’exposition, proposent une autre vision de la parure aux XXe et XXIe siècles. Il n’est pas question ici de joaillerie mais d’art moderne et contemporain où l’on croise les noms de Calder, Fontana, Picasso, Rauschenberg, Kapoor… Ils ont tous créé des « sculptures to wear » souvent restées inconnues du grand public.

     

    Elodie de Boysson

    Les expositions « Le Zoo d’Orsay » et « Bijoux-sculptures. L’art vous va si bien ! » ont lieu jusqu’au 25 mai à La Piscine-musée d’Art et d’Industrie André Dilligent, 23, rue de l’Espérance, 59100 Roubaix. Renseignements : 03 20 69 23 60 et www.roubaix-lapiscine.com

    Image : François Pompon, Ours blanc, 1922, Roubaix, La Piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent - dépôt du musée de saint-omer en 1994 (photo A. Loubry).


    http://www.connaissancedesarts.com/peinture-sculpture/actu/articles/oeuvres-expositions/point-de-vue/le-zoo-dorsay-et-bijoux-dartistes-a-roubaix.html

  • Décollage immédiat chez Artcurial

     

    Par Béatrice De Rochebouet Publié le 14/02/2013 à 06:00
    Avion de chasse biplace Vampire de 1959 prêt à l'emploi, estimé entre 70 000 et 90 000 euros.
    Avion de chasse biplace Vampire de 1959 prêt à l'emploi, estimé entre 70 000 et 90 000 euros. Crédits photo : ARTCURIAL

    Pour sa huitième vente, 500 maquettes et engins en état de marche retracent un siècle d'aéronautique.

    C'est le rendez-vous tant attendu des fous d'avia­tion. Cette huitième vente organisée ce dimanche par Artcurial couvre «un siècle de prises de risques, de Blériot avec sa traversée de la Manche jusqu'au prototype du Rafale, en 1986», explique Axelle Givaudan, qui coordonne l'événement. Dans la cour de l'Hôtel Dassault, les amateurs peuvent déjà admirer l'hélicoptère Alouette III datant des années 1960-1970, énorme engin civil et militaire mais qui n'est pas en état de marche. Il doit repasser sa vitesse pour avoir son nouveau brevet de vol (estimation entre 30.000 et 40.000 euros).

    En revanche, si l'envie est trop grande de prendre les airs, on peut aller voir dans un hangar, près de Paris, l'avion de chasse biplace d'entraînement Vampire datant de 1959 et qui est prêt à l'emploi. D'une belle ligne, cet avion de légende de haute voltige, classé en avion de collection, ce qui est très rare, est estimé entre 70.000 et 90.000 euros. Il fut conçu en Angleterre pour mettre en échec les Messerschmitt à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Produit à 4500 exemplaires, il équipa les forces aériennes d'une quinzaine de pays. Aujourd'hui, il n'en reste plus que quelques exemplaires en mains privées.

    Les pilotes de chasse: ces héros

    Les amateurs seront-ils prêts à craquer leur bourse comme l'an passé où un Fouga Magister de 1966, légende de l'aviation militaire et civile, livré en état de marche, avait été acquis pour la somme de 88.500 euros, bien au-delà de son estimation? L'acquéreur était un pilote amateur qui avait pris des cours pour piloter ce genre d'engin. «Dans les années 1960, les pilotes de chasse étaient des héros. La Coupe Schneider, une sorte de 24 Heures de l'aviation, a attiré les foules à la fin des années 1930. Ce domaine fait rêver mais il attire essentiellement des collectionneurs hommes, précise encore Axelle Givaudan. Ces légendes aériennes ont bercé leur enfance.»

    Estimés autour de 500.000 euros, plus de 500 lots sont proposés: des maquettes Air France aux panneaux de carlingue avec hublots transformés en éléments de décoration (400 à 600 euros). Ce siège éjectable de Mirage 3 de l'entreprise Martin Becker, le leader mondial en ce domaine, reconverti en siège de bureau (1800 à 2000 euros) ou une maquette Braniff de DC8 livrée Calder (2500 à 3000 euros).

    Quand l'aéronautique rejoint la science-fiction, cela donne naissance à de drôles de petits engins. Artcurial a déniché une étrange navette spatiale de 2,60 mètres de long. Cet élément de décor a été la vedette du film américain Prometheus de Ridley Scott. C'est une pièce unique qui pourrait s'envoler au-delà des 10.000 euros.

    LIRE AUSSI:

    » Toute l'actualité des enchères avec Le Figaro Enchères  

  • Le Journal des Arts N°424

    Le Journal des Arts

    28 novembre 2014

    Les ventes d’art contemporain de New York ont battu des records et pourtant les médias se sont montrés moins enthousiastes que d’habitude pour en faire état. En trois jours, entre le 10 et le 12 novembre, Christie’s et Sotheby’s ont vendu à elles deux, pour les seules vacations du soir, pour 1,31 milliard de dollars d’œuvres d’art d’après-guerre, soit 22 % de plus que l’an dernier. En 2007, avant la crise financière, le chiffre d’affaires alors qualifié d’historique n’était, si l’on peut dire, que de 641 millions de dollars. Record ? Le terme est tellement utilisé par les maisons de ventes depuis des années qu’il commence à être galvaudé. À force de comparer des choux et des carottes, c’est-à-dire des prix de vente frais compris avec des estimations hors frais, ou de pointer des records dans des sous-catégories telle que « dessin réalisé par une femme née en 1952 sous le signe du verseau », chaque vente est un record. Ces records en série signalent moins la bonne santé du marché de l’art que l’afflux d’argent qui se concentre sur un petit nombre de reliques : Warhol, Basquiat… Et de ce point de vue, les maisons de ventes n’ont pas de soucis à se faire. ...

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    Evénement
  • Balades au pays du rosé

     

    Par

    Philippe Richard

     

     

     

    Les vignes du château Sainte-Roseline, aux Arcs-sur-Argens, à une trentaine de kilomètres de Fréjus. ©CHÂTEAU SAINTE-ROSELINE

    OEnotourisme. Vous êtes en Provence, sirotant un verre de rosé à l’ombre d’un olivier. Mais savez-vous que vous tenez dans ce verre un véritable morceau de culture provençale ? Pour vous en convaincre, rien de mieux qu’un petit tour dans les vignes à la découverte de lieux magiques et inédits, première étape d’une route des vins que nous suivrons tout l’été.

     

    Depuis plusieurs années, de nombreux vignerons ouvrent leurs portes aux artistes tant locaux qu’internationaux. Vous pouvez alors profiter de votre séjour dans la région pour rouler de domaine en domaine à la visite de ces expositions. Commencez par le château Sainte-Roseline (lire page de droite), un cru classé de Provence situé aux Arcs-sur-Argens (tél. : 04.94.99.50.30), à 27 kilomètres de Fréjus. Là, Aurélie Bertin, la maîtresse des lieux, organise depuis quatorze ans des expositions de sculptures monumentales. L’édition 2014 accueille Bernard Pagès, le célèbre sculpteur cadurcien. À deux pas de là, au château des Demoiselles, situé à La Motte (tél. : 04.94.70.28.78), l’autre propriété d’Aurélie Bertin, se tient, jusqu’au 14 septembre, une exposition du peintre avignonnais Jean Lérin (www.jeanlerin.com). À Rians, à 40 kilomètres d’Aix-en-Provence, voici le magnifique château Vignelaure (tél. : 04.94.37.21.10), propriété de Bengt et Mette Sundstrom, un couple passionné d’art et fondateur du site danois d’enchères d’art Lauritz.com. Ils possèdent dans leurs caves, ouvertes à la visite, des oeuvres magistrales d’Arman et de César, des tirages géants de Jacques-Henri Lartigue et d’Henri Cartier-Bresson. Direction ensuite Flassans-sur-Issole, au nord de Toulon, pour visiter le splendide parc de sculptures de la commanderie de Peyrassol (tél. : 04.94.69.71.02). Ici, vous vous promènerez au milieu des oeuvres de François-Xavier Lalanne, Bernar Venet, Jean Dubuffet, César, Arman, Alain Clément, Jean Tinguely, Jean Pierre Raynaud, Vladimir Skoda, Keiji Uematsu, Patrick Fleury, Federica Matta, Jaume Plensa…

    Ensuite, passez au château La Coste, au Puy-Sainte-Réparade (tél. : 04.42.61.92.92), où le propriétaire irlandais, Patrick McKillen, donne, depuis 2004, carte blanche aux architectes et designers pour qu’ils puissent s’exprimer dans les lieux. Les chais ont été dessinés par Jean Nouvel et le bâtiment principal par Tadao Ando. Dans le parc, vous pourrez admirer les oeuvres de Paul Matisse, Franck Gehry, Hiroshi Sugimoto, Alexander Calder, Louise Bourgeois et bien d’autres (15 euros la visite). Puis, faites un petit détour par le domaine Dalmeran, à Saint-Étienne-du-Grès (tél. : 04.90.49.04.04), qui accueille, jusqu’au 27 août, l’exposition “Grandeur Nature” dédiée au dessinateur Michel Houssin. Le parc abrite également les sculptures végétales de Marc Nucera (Marc-nucera.fr).

    Vous pourrez terminer votre périple par le château Saint-Martin (tél. : 04.94.99.76.76), à Taradeau, où Adeline du Barry, la maîtresse des lieux, accueille 6 artistes colombiens contemporains.

    Après une journée de visite d’expositions, vous pourrez vous détendre dans certains domaines qui accueillent des ...LIRE LA SUITE...

     

    http://www.valeursactuelles.com/guidetendances-balades-au-pays-ros%C3%A9

  • 28 novembre 2014Le Journal des Arts N°424

    Le Journal des Arts
    Le Journal des Arts N°424
    28 novembre 2014

    Les ventes d’art contemporain de New York ont battu des records et pourtant les médias se sont montrés moins enthousiastes que d’habitude pour en faire état. En trois jours, entre le 10 et le 12 novembre, Christie’s et Sotheby’s ont vendu à elles deux, pour les seules vacations du soir, pour 1,31 milliard de dollars d’œuvres d’art d’après-guerre, soit 22 % de plus que l’an dernier. En 2007, avant la crise financière, le chiffre d’affaires alors qualifié d’historique n’était, si l’on peut dire, que de 641 millions de dollars. Record ? Le terme est tellement utilisé par les maisons de ventes depuis des années qu’il commence à être galvaudé. À force de comparer des choux et des carottes, c’est-à-dire des prix de vente frais compris avec des estimations hors frais, ou de pointer des records dans des sous-catégories telle que « dessin réalisé par une femme née en 1952 sous le signe du verseau », chaque vente est un record. Ces records en série signalent moins la bonne santé du marché de l’art que l’afflux d’argent qui se concentre sur un petit nombre de reliques : Warhol, Basquiat… Et de ce point de vue, les maisons de ventes n’ont pas de soucis à se faire. ...

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    Evénement
  • L'art de l'ambivalence

    LEONARD TSUGUHARU FOUJITA

    g2654_home.jpgEmilie Trochu pour

    Evene.fr - Avril 2010

    Un an après la mort de sa veuve, le 2 avril 2009, le musée des Beaux-Arts de Reims consacre une importante exposition au peintre Léonard Foujita, jusqu'au 28 juin 2010. L'occasion de se familiariser avec cet artiste surprenant et inclassable qui a choisi pour dernière demeure la capitale du champagne. Autour de ses oeuvres ou dans les fresques de l'étonnante chapelle qu'il a conçue et dans laquelle il repose, flotte encore un parfum de mystère. Portrait d'un artiste qui cultive l'ambivalence. Sur la simple dalle de marbre gris qu'abrite la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix de Reims, on déchiffre en lettres dorées un patronyme aux étranges sonorités : Léonard Foujita. A l'image de celui qui l'a porté, ce nom évoque des origines contrastées, mi-japonaises mi-européennes. Autrefois dénommé Tsuguharu Fujita, le peintre francise son patronyme à son arrivée à Paris en 1913. Bien des années plus tard, presque au terme d'une carrière mouvementée mais couronnée de succès, il se convertit au catholicisme et choisit comme nom de baptême celui de l'un des plus grands artistes de la Renaissance, qu'il a beaucoup admiré. Au-delà du choix religieux, ce changement d'identité rappelle le sentiment de dualité qui transparaît aussi bien dans sa biographie que dans son oeuvre. Aussi mondain qu'acharné de travail, en équilibre entre deux cultures et plusieurs esthétiques, tantôt omniprésent, tantôt absent, plusieurs fois marié d'un côté ou de l'autre du Pacifique… difficile de cerner ce personnage à l'allure aussi atypique qu'insaisissable.

    Fou Fou chez les Montparnos

    Zoom

    Petite silhouette fine, coupe "à la chien" (le bol de l'époque), lunettes rondes et noires, moustache et boucle d'oreille. Un look qui détonne pour le quotidien de l'époque mais qui ne saurait occulter le plus fascinant pour les Parisiens : son pays natal, le Japon. Dans le Paris artistique des années 1920, les étrangers sont nombreux à flâner autour de Montmartre ou de Montparnasse. C'est d'ailleurs le cosmopolitisme de cette scène qui lui donne son nom : l'Ecole de Paris. Un terme générique pour englober toutes sortes de pratiques liées par l'optique commune de bousculer l'académisme ambiant. Foujita est un artiste accompli lorsqu'il s'installe dans la capitale mais il vient chercher à sa source la modernité de l'époque, chez Chagall, Pascin, Soutine, Modigliani, Van Dongen… De fortes personnalités qui organisent les fêtes les plus folles à un rythme effréné, en compagnie de belles femmes impertinentes comme Kiki de Montparnasse, Mistinguett ou Suzy Solidor. Modigliani, notamment, l'inspire beaucoup, comme en témoignent ses portraits à fond d'or. Si tous ces artistes l'influencent, son vrai coup de coeur va aux paysages urbains du Douanier Rousseau, dont il voit une toile dans l'atelier de Picasso.


    Un vrai m'as-tu vu

    Zoom

    Foujita est alors un jeune artiste plein d'ambitions et pas des moindres : il veut être le premier peintre de Paris. S'il passe des heures à arpenter le Louvre, recopiant encore et encore les détails des virtuoses de la Renaissance italienne, il est aussi très conscient de l'importance de son image. Le vedettariat se développe alors au rythme des actualités cinématographiques et de la presse écrite. Les journalistes se déplacent en masse pour couvrir tel ou tel événement dont on sait qu'il attirera des célébrités, qui elles-mêmes n'hésitent pas à multiplier les frasques pour faire parler d'elles. Si certains se livrent volontiers aux duels et toutes sortes de scandales, d'autres comme Foujita, se font plus discrets mais omniprésents. Fêtes déguisées, vernissages, balades à Deauville ou au bois de Boulogne, il est partout où il sait qu'il "faut être". Son mariage avec l'artiste française Fernande Barrey concrétise sa reconnaissance sociale. A la fin de la décennie, celui qu'on surnomme désormais "Fou Fou", est plus connu pour son excentricité que pour sa peinture.


    Forcené fortuné

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    Pourtant, Foujita est très loin d'être un débauché. Si on le voit à toutes les fêtes, il ne boit pas d'alcool et s'éclipse toujours tôt. "Il considère les bacchanales de ses amis comme des histoires de Blancs" (1) et passe le plus clair de son temps dans son atelier. Son travail reste cependant difficile à cerner, entre une grande sophistication du corps, qui évoque la sculpture classique et un trait stylisé tout à fait japonisant. C'est justement ce mélange entre les deux cultures qui fera son succès. La consécration a lieu au Salon d'Automne en 1924, avec le portrait de sa nouvelle muse Lucie Badoud, 'Youki, déesse de la neige'. C'est le début de son ascension et de sa réussite matérielle. Il s'installe dans un hôtel particulier de trois étages, au square Montsouris, et a pour voisins Braque ou Derain,, roule en Delage capitonnée de daim gris et invite le Tout-Paris à boire nonchalamment du champagne en découvrant de nouveaux artistes comme Calder. Son style s'affirme alors dans de grandes fresques aux perspectives inspirées de Michel-Ange, qu'il a vu récemment en Italie, des fonds satinés parsemés de corps de plus en plus travaillés.   Lire la suite de L'art de l'ambivalence »

    (1) Jeanine Warnod, 'L'Ecole de Paris', p.102, Arcadia Editions, 2004

    Page 1/2
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  • Decorum

    Tapisettapisseriesd'artistes

    / 11 octobre 2013 - 9 février 2014 /

    Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris met l’art textile en lumière avec l'exposition Decorum qui présente plus d’une centaine de tapis et de tapisseries signés par des artistes modernes (Fernand Léger, Pablo Picasso) et contemporains (Dewar & Gicquel, Vidya Gastaldon).

    Decorum permet de découvrir les œuvres tissées, souvent insoupçonnées, d’artistes majeurs et le travail d’artistes injustement méconnus (Guidette Carbonell). Des pièces anonymes de différentes époques et régions sont également exposées afin de déceler des influences et d’engager des confrontations.

    Objets à la fois visuels et tactiles, esthétiques et fonctionnels, facilement transportables (Le Corbusier qualifiait ses tapisseries de « Muralnomad »), tapis et tapisseries transcendent les habituelles frontières des arts décoratifs et du design

    Helene Frances Gregor, Totem n°5, 1976, Tapisserie de basse-lice en laine, 250 x 180 x 25 cm, Fondation Toms Pauli, Lausanne © Helen Frances GREGOR Photo: Fibbi-Aeppli, Grandson

    Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les peintres se limitaient au dessin du carton destiné à être tissé ou à la représentation de tapis orientaux dans leurs tableaux (Lotto, Holbein, Delacroix). Au cours du XXème siècle, les avant-gardes artistiques européennes révolutionnent l’esthétique et la technique de l’art textile. Les artistes tissent eux-mêmes leurs tapis en faisant référence à des pièces anciennes ou en utilisant des motifs ethniques et géométriques.

    Souvent porteurs d’un message politique ou féministe à partir des années 1960, tapis et tapisseries suscitent un regain d’intérêt sensible depuis les années 2000. De jeunes artistes contemporains comme Caroline Achaintre ou Pae White produisent des pièces tissées originales qui intègrent tradition, modernité ou influences extra-occidentales et expérimentent de nouvelles techniques, comme le tissage numérique.

    L’exposition va ainsi à l’encontre des idées reçues présentant la tapisserie comme un art mineur ou anachronique. Elle permet par ailleurs de renouer avec une histoire peu connue du musée qui possédait un département Art et Création Textile dans les années 1980.

    L’artiste londonien Marc Camille Chaimowicz, directeur artistique invité, a conçu la scénographie inédite de l’exposition en collaboration avec l’architecte Christine Ilex Beinemeier. Jean-Philippe Antoine, professeur d’esthétique, propose une programmation de « musique d’ameublement », diffusée en fond sonore dans l’exposition.

    Un catalogue largement illustré et co-édité par Skira Flammarion est publié à cette occasion (graphisme : Huz&Bosshard)

     

    / Artistes

    Magdalena Abakanowicz; Caroline Achaintre; Anni Albers; Olga de Amaral; Leonor Antunes; Stefano Arienti; John M Armleder; Atelier E.B. (Lucy McKenzie et Beca Lipscombe); Ateliers Wissa Wassef; Michel Aubry; Tauba Auerbach; Francis Bacon; Giacomo Balla; Mark Barrow et Sarah Parke; Nina Beier; Anna Betbeze; Michael Beutler; Pierrette Bloch; Alighiero Boetti; Louise Bourgeois; Brassaï; Geta Brătescu; Jagoda Buić; Pierre Buraglio; Alexander Calder; Guidette Carbonell; Gillian Carnegie; Marc Camille Chaimowicz; Claude Closky; Isabelle Cornaro; Lucien Coutaud; Alexandre da Cunha; Pierre Daquin; Sonia Delaunay; Dewar & Gicquel; Latifa Echakhch; Marius Engh; Noa Eshkol; Frederick Etchells (Omega Workshops); Gustave Fayet; Lissy Funk; Ryan Gander; Vidya Gastaldon; Yann Gerstberger; Françoise Giannesini; Elsi Giauque; Piero Gilardi; Thomas Gleb; Daniel Graffin; Josep Grau-Garriga; Helen Frances Gregor; Marcel Gromaire; Sheila Hicks; Jim Isermann; Johannes Itten; Sergej Jensen; Asger Jorn et Pierre Wemaëre; Mike Kelley; Abdoulaye Konaté; Maria Lai; François-Xavier Lalanne; Bertrand Lavier; Le Corbusier Jules Leclercq; Fernand Léger; Jean Lurçat; Märta Måås Fjetterström; Karin Mamma Andersson; Mathieu Matégot; Gustave Miklos; Yves Millecamps; Joan Miró; Aldo Mondino; William Morris; Barbro Nilsson; Albert Oehlen; Nathalie du Pasquier; Mai-Thu Perret; Jean Picart Le Doux; Pablo Picasso; Présence Panchounette; Otto Prutscher; Robert Camille Quesnel (Frères Braquenié); Elizabeth Radcliffe; Carol Rama; Dom Robert; Gerwald Rockenschaub; Willem de Rooij; Dieter Roth & Ingrid Wiener; Mariette Rousseau-Vermette; Hannah Ryggen; Wojciech Sadley; Akiko Sato; Judith Scott; Kay Sekimachi; Shirana Shahbazi; Ivan da Silva Bruhns; Gunta Stölzl; Sophie Taeuber-Arp; Rosemarie Trockel; Maryn Varbanov; Victor Vasarely; Vincent Vulsma; Franz West; Vivienne Westwood; Pae White; Evelyn Wyld.



    / Avec le soutien de :

    cmp          prohelvetia    

               


    Cité internationale des arts à Paris
    École nationale supérieure des Arts Décoratifs
    École Nationale Supérieure d'Art de Dijon
    École supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole
    Groupe Galeries Lafayette
    Institut national d'histoire de l'art 
    Institut national du patrimoine
    Josef and Anni Albers Foundation
    Laboratoire de recherche des monuments historiques de Champs-sur-Marne
    Office for Contemporary Art Norway

    Franco Soffiantino Contemporary Art Productions
    Galerie Ivan, Bucarest
    Galerie Kate Werble, New York

    Anker
    Carpet Care France

    http://mam.paris.fr/fr/expositions/decorum

  • Dynamo: l'art électrique fait des étincelles

     


     

     

    Il en faut du souffle pour embrasser en une exposition toute cette épopée de la lumière et de la couleur qui sort l'art du cadre au XXe siècle pour incorporer l'espace même dans l'œuvre. Il en faut du savoir et de l'esprit de synthèse pour bousculer catégories et époques et proposer une relecture vivante de l'histoire de l'art en mouvement. Tout, vous saurez tout, du Carré blanc sur fond blanc de Kazimir Malevitch et du Broadway Boogie-Woogie de Piet Mondrian jusqu'au halo mystique de l'Américain James Turrell(Awakening, ou la naissance de l'aube sous vos yeux). Il en faut du doigté et de l'intuition pour faire cohabiter toutes ces lueurs, tous ces cercles, toute cette géométrie qui s'en balance, tous ces va-et-vient de formes et d'intensités lumineuses, sans que le visiteur ne soit mis KO au premier round.

    <i> Chromosaturation</i> de Carlos Cruz-Diez (1965)

    Chromosaturation de Carlos Cruz-Diez (1965) Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

    Docte et clair en professeur émérite qu'il est, Serge Lemoine est un ardent défenseur de l'abstraction et de sa mise en action, le cinétisme. Il l'a prouvé depuis longtemps quand il dirigeait le Musée de Grenoble ou, plus récemment, à Paris, en exposant la collection Jean Cherqui à la Maison de l'Amérique latine (ce continent neuf est le biotope naturel de cette poésie nouvelle des formes).

    Pétillant et frondeur, Mathieu Poirier apporte sa vision fraîche de jeune chercheur à cette dynamique de l'art, sérieuse derrière le jeu et l'illusion, parfois désarmante par ses théories fort cérébrales: à vérifier dans le labyrinthe du GRAV (Groupe de recherche d'art visuel). Avec ces deux commissaires si complémentaires, Dynamo réussit ce tour de force de mettre en scène des concepts comme on dresse une table de Noël. D'abord pour le plaisir de l'œil. Les deux autres commissaires associés, Domitille d'Orgeval et Marianne Le Pommeré, apportent leurs touches féminines et érudites à ce vaste ballet cinétique.

    Un jeu vidéo géant

    Faire que ce soit l'œil qui associe le premier - et non la lecture, et non le discours sur ce que l'on devrait voir et comprendre, comme c'est si souvent désormais le cas - c'est tout le défi du programme de cette promenade phénoménale: plus de 150 artistes sur un siècle, autant de mirages essaimés sur environ 3 700 m2. Il eût été banal de commencer par les précurseurs, Giacomo Bella le futuriste, Calder le trapéziste du mobile, Duchamp l'insolent joueur d'échecs qui inverse tout propos, Kupka le géomètre de la couleur, Moholo-Nagy l'œil moderne… et de finir par le beau mobile sombre de Xavier Veilhan qui sert d'entracte visuel aux deux étages, très denses, de l'exposition.

    Il est beaucoup plus parlant de confronter les approches sœurs, de faire dialoguer un sublime Kenneth Noland de 1962 (Spring Cool), un Frank Stella bluffant de simplicité de 1964 (Sidney Guberman) et un Frantisek Kupka qui annonce tout d'une simple gouache abstraite, noire et blanche de 1933.

    <i> Mirror Billboard</i> de Jeppe Hein (2008)

    Mirror Billboard de Jeppe Hein (2008) Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

    Si l'art contemporain est l'art vivant, alors tous ces artistes, morts ou vifs, sont contemporains. Comme de juste, Anish Kapoor ouvre ce ballet intersidéral avec ses trois miroirs sombres concaves. Ann Veronica Janssens pose son étoile de lumière dans le brouillard comme une petite fille (Bluette, 2006). Plus loin, elle perd le visiteur dans son brouillard. Né en 1926 à Cholet et portraituré à 17 ans par Laure Albin-Guillot au Jeu de paume, François Morellet ne fait pas figure d'ancêtre avec son Triple X Neonly de 2012. Né à Caracas en 1923, Carlos Cruz-Diez ne cesse de fasciner avec sa Transchromie mécanique, 1965 qui découpe la couleur au carré et l'espace immatériel au cordeau. À côté, feu Dan Flavin en impose comme l'Amérique avec son mur de fluos verts qui scintille comme un jeu vidéo géant (Untitled, to you, Heiner, with Admiration and Affection, 1973, prêt spectaculaire de la DIA Art foundation de New York).

    De Julio Le Parc, sculpteur souple comme un danseur de tango, à Tinguely le Suisse, grand bricoleur de l'art si intensément créatif (les mécanismes aléatoires de son Méta-Malevitch, 1954), de Gianni Colombo le Milanais qui prend possession du mur avec seulement deux cubes opalescents à la Ponctuation lumineuse de Pol Bury, des trompe-l'œil multicolores de Yaacov Agam, si cher à Georges Pompidou, à la magicienne du Brésil, Lygia Clark, c'est toute une grammaire visuelle qui est expliquée sous vos yeux. De Vasarely, jaillissant de la toile en illusionniste, à Zilvinas Kempinas, né en Lituanie en 1969, qui fait tenir son auréole de bande magnétique par le souffle combiné de trois ventilateurs, la gamme est semble-t-il sans fin. On sort de Dynamo halluciné, l'esprit en mouvement.

    <i> Transformation Instable Juxtaposition Superposition</i> de Francisco Sobrino

    Transformation Instable Juxtaposition Superposition de Francisco Sobrino Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

    Dynamo, un siècle de lumière et de mouvement dans l'art 1913-2013», Grand Palais, Paris (VIIIe), jusqu'au 22 juillet 2013. www.grandpalais.fr

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  • Enchères à New York : la course aux records

    Par Béatrice De Rochebouet
    08/11/2010 | Mise à jour : 11:38

    1964 Ohhh... Alright..., de Roy Lichtenstein (Christie's Images LTD 2009)
    1964 Ohhh... Alright..., de Roy Lichtenstein (Christie's Images LTD 2009)

    La mondialisation fait exploser les prix. Cette semaine, consacrée à l'art contemporain, s'ouvre sous les meilleurs auspices.  

    L' art à nouveau dans la spirale ascendante? Les ventes d'automne à New York viennent d'atteindre des montants qu'on n'avait plus connus depuis le début de la crise en 2008. Cette montée d'un cran était prévisible, mais peut-être pas à ce point ! Pour la semaine impressionniste et moderne qui vient de s'écouler, Sotheby's (263,7 millions de dollars de produit des ventes) et Christie's (271 millions de dollars) ont retrouvé des niveaux comparables à ceux des années fastes. Un pic avait été atteint en 2006 avec la vente de Christie's qui réalisa le score jamais égalé de 491 millions de dollars, en partie grâce à son Portrait d'Adèle Bloch-Bauer II de Klimt, adjugé au prix record de 87,9 millions de dollars.

    La semaine dernière, il n'y a eu ni gagnant ni perdant, comme dans les années difficiles où les maisons de vente devaient se battre pour avoir chacune «son» chef-d'œuvre. L'offre était assez abondante pour animer deux evening sales de qualité, avec un record à 68,9 millions de dollars pour le Nu assis de Modigliani chez Sotheby's, et un record à 48,8 millions de dollars pourle Nu de dos de Matisse, chez Christie's.

    La confiance est revenue. Chez les acheteurs comme chez les vendeurs. L'art bénéficie d'une manne venue des quatre coins de la planète. «La mondialisation profite au marché, estime Thomas Seydoux, chez Christie's. L'appétit des amateurs vient aussi bien des pays émergents comme l'Asie, qui aime les impressionnistes, ou la Russie, qui affectionne le XXe siècle décoratif, mais aussi des pays plus traditionnels comme l'Europe et l'Amérique au goût plus pointu.»

     

    Morceaux choisis du XXe siècle 

     

    Est-ce un retour à la spéculation? Les nouveaux millionnaires ont une réelle envie d'acheter mais pas n'importe quelles œuvres. Le marché mise sur les valeurs sûres. Ce ne sont que les grands noms - Modigliani, Matisse, Giacometti ou Picasso - qui s'envolent à des prix sans limite. Pour la semaine des ventes d'art contemporain qui s'annonce encore plus prometteuse, Phillips, comme les géants Sotheby's et Christie's, ne propose que de gros calibres. Les épais catalogues ressemblent à une anthologie de morceaux choisis du XXe siècle. De grands noms à comparer entre eux affichant de solides estimations. Avec 55 lots, Sotheby's mise sur les classiques du siècle dernier: Rothko, de Kooning, Richter, Bacon ou Basquiat. L'exposition du Musée d'art moderne de la Ville de Paris a incité les vendeurs à se séparer de leurs toiles pour la majorité tardives. Plus épais (76 lots), le catalogue de Christie's est truffé d'œuvres venant de prestigieuses collections comme celle de Dennis Hopper ou Max Palevsky, ancien patron d'Intel, disparu en 2010 qui se passionnait pour Calder, Stella, Judd ou Lichtenstein. Acquis chez Acquavella, un autre Lichtenstein, Ohhh… Alright…, estimé 40 millions de dollars, est en couverture. Un petit losange à côté du lot indique que Christie's a négocié une garantie avec le vendeur, via une tierce personne. C'est de bonne guerre pour décrocher la vedette. La bataille est repartie de plus belle.

     

     


     

    Phillips, une vente sur mesure

    Comment rivaliser contre les deux géants, Sotheby's et Christie's, quand on est le numéro trois des ventes aux enchères d'art contemporain? Innover toujours plus. Président de Phillips, Simon de Pury, ex-président de Sotheby's Europe, qui s'est taillé la part du lion dans les marchés émergents, n'est jamais à court d'idées ! Pour le lancement de son nouvel espace «up town», au 450 Park avenue, cet «auctionneer», qui dénote dans la profession par ses ventes à spectacles, a demandé au très influent courtier international, Philippe Ségalot, ancien de Christie's et conseiller de François Pinault, de lui monter un catalogue sur mesure pour sa vente inaugurale de ce soir. Le tout-New York se bat pour y avoir une place assise.

    Les 33 œuvres réunies dans un catalogue au format hors norme, affichant en couverture le buste du top model Stephanie Seymour, l'épouse à nouveau réconciliée du grand collectionneur de Basquiat, Peter Brant, moulé en cire par Maurizio Cattelan (1,5 à 2 millions de dollars), devraient totaliser plus de 80 millions de dollars. Un record pour une vente de Phillips qui n'a jamais dépassé les 59 millions de dollars, là où ses concurrents doublent au moins la mise.

    Un Warhol à plus de 50 millions de dollars

    Philippe Ségalot a usé de toutes ses relations pour décrocher des stars du marché comme une des trois éditions du Mechanical Pig de Paul McCarty (2,5 à 3,5 millions de dollars) vu à l'exposition des œuvres de François Pinault, «Qui a peur des artistes», à Dinard, ou le tableau monumental historique Men in her Life (1962) de Warhol, venant de la collection Mugrabi et proposé pour la première fois aux enchères. Il devrait dépasser les 50 millions de dollars.

    LIRE AUSSI :

    » Record pour Modigliani à New York

    » New York, toujours plus haut

     

  • Des mondes construits. Un choix de sculptures du Centre Pompidou

    Constantin Brancusi, La Colonne sans fin III, avant 1928

    Du 22 novembre 2019 au 23 août 2021

    Lieu(x) : Centre Pompidou-Metz , Galerie 1
    Catégorie : Expositions
    BIENTÔT DISPONIBLE
    Public : Tout âge

    Dès le début du XXe siècle, une grande partie de la sculpture moderne s’inscrit en rupture avec la tradition, en choisissant la voie de l’abstraction. Il s’agit paradoxalement d’analyser le monde de façon plus objective et universelle : plutôt que de modeler la surface des choses, certains artistes comme les cubistes veulent en révéler l’organisation essentielle. Ils dissèquent leurs objets d’étude en lignes, volumes et plans.
    Dans leur sillage, des sculpteurs de diverses avant-gardes baptisent leurs œuvres « constructions » ou « structures », optant pour une abstraction radicale, où prévalent la ligne et l’angle droits.
    Si l’architecture industrielle nourrit ces tendances dites « constructivistes », parfois désireuses de produire des objets fonctionnels, la sculpture cherche aussi à redéfinir ce qui lui est propre : le rapport aux gestes, aux matériaux et surtout à l’espace, clairement structuré, voire modulable et dynamique, incluant le spectateur.
    Les artistes modernistes veulent pour leurs sculptures une transparence et un équilibre qu’ils aimeraient voir transposés dans les structures humaines. Les pièces majeures de la collection du Centre Pompidou ici rassemblées interrogent l’éclosion de cette abstraction utopique, puis sa critique et, enfin, sa déconstruction contemporaine.

    Commissaires : Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne, avec Jean-Marie Gallais, responsable du pôle programmation du Centre Pompidou-Metz et Hélène Meisel, chargée de recherche et d’exposition. 

     

     

    Mécène fondateur :

    Logo Wendel

     

    Avec la participation de MUSE
    Logo Muse

     

    Des mondes construits, dans la continuité de Phares, Musicircus et L’Aventure de la couleur, offre une traversée thématique, sur une longue durée, de la collection du Centre Pompidou - Musée national d’art moderne au Centre Pompidou-Metz. À travers une cinquantaine d’oeuvres phares, de Constantin Brancusi et Alberto Giacometti à Bruce Nauman, Rasheed Araeen ou Rachel Whiteread, ce quatrième volet, accompagné d’une médiation par l’image, explore les recherches sculpturales menées par les artistes du début du XXe siècle à nos jours.

    Sans suivre un ordre strictement chronologique, le parcours aborde certaines des problématiques fondamentales de la sculpture, en déjouant les présupposés classiques : place du geste, présence, absence ou intégration du socle, invention et réinvention de la sculpture au-delà de la statuaire, du volume, de la gravité ou de l’immobilité. La diversité des œuvres et des courants représentés dans cet accrochage navigue à travers les possibles « paramétrages » d’un médium parfois repoussé vers ses confins : la sculpture graphique, à la limite du dessin, avec les silhouettes soudées de Julio González (Femme à la corbeille, 1934) ; la sculpture « hors sol » et dynamique avec les mobiles d’Alexander Calder (Fish Bones [Arêtes de poisson], 1939) ; la sculpture à la limite de l’architecture avec les Architectones de Kasimir Malévitch (Gota, 1923 / 1989), les empreintes monumentales de Rachel Whiteread (Untitled (Room 101) [Sans titre (Chambre 101)], 2003) ; ou encore la sculpture au bord de la disparition avec les effondrements simulés de Monika Sosnowska (Rubble [Décombres], 2008). Cessant d’être un objet, la sculpture bascule alors dans le « champ élargi » qu’a pu décrire l’historienne de l’art Rosalind Krauss, pour devenir une structure, une installation, un environnement, un site, une performance…

    Dès le début du parcours, la grande gisante de bois taillée par Joseph Beuys dans un tronc d’arbre à peine équarri, et allongée au sol comme un sarcophage, incarne l’archaïsme anonyme des objets votifs (Nasse Wäsche Jungfrau II [Vierge au linge mouillé II], 1985). De la même manière, les monolithes assemblés d’Ulrich Rückriem évoquent l’art des tailleurs de pierre, allant des alignements mégalithiques aux bâtisseurs de cathédrales (Dolomit [Dolomie], 1982). La taille directe dans des matières brutes s’offre comme un point de départ, un geste primordial faisant l’économie de transformations superflues, pour servir des finalités sacrées. Plus loin, des structures de Robert Smithson (Mirror vortex, 1964), Donald Judd (Untitled [Sans titre], 1978) ou Gerhard Richter (6 stehende Scheiben [Six panneaux verticaux], 2002 / 2011) affichent au contraire une finition industrielle parfaitement usinée, des surfaces de verre, de métal ou de Plexiglas sans défaut. Tout aussi anonymes, ces sculptures minimalistes semblent être des prototypes sortis d’usine, produits par des machines plutôt que par la main : des objets sans geste, annonciateur d’autres cultes (technologiques, mercantiles ?).

    Les paradoxes qui émaillent cet accrochage offrent une relecture contrastée d’un pan de l’histoire de la sculpture des XXe et XXIe siècles, en partant de l’histoire des formes, révélant des filiations tout autant que des discordes fertiles. Dans une salle dédiée à un célèbre duel esthétique opposant verticalité et horizontalité, cohabitent ainsi de manière exceptionnelle la Colonne sans fin III de Constantin Brancusi et un maillage métallique en expansion au sol de Carl Andre (4 Segment Hexagon [Hexagone de quatre segments], 1974). Grand admirateur de Brancusi – « [avant lui] la verticalité était toujours bornée : le haut de la tête et la plante des pieds étaient les limites de la sculpture. La sculpture de Brancusi dépasse sa limite verticale et continue au-delà de sa limite terrestre » – Carl Andre décidera néanmoins de « mettre à terre » la Colonne sans fin, en adoptant une horizontalité manifeste. L’accrochage se joue dans ces tensions qui redéfinissent sans cesse la sculpture moderne et contemporaine.

    En introduction et conclusion de ce parcours, l’artiste Falke Pisano (née à Amsterdam en 1979) a été invitée à concevoir une installation inédite, conçue comme une « petite histoire de la sculpture moderne ».
    Depuis le milieu des années 2000, Falke Pisano interroge les paradoxes de la sculpture moderne et contemporaine : une sculpture peut-elle être à la fois abstraite et concrète ? Une sculpture peut-elle devenir une conversation ? Les textes et conférences de l’artiste développent les problématiques qui lui sont chères – le langage, le corps, la perception ou le contexte. Ces recherches sont ensuite spatialisées dans des dispositifs pouvant accueillir des œuvres, des diagrammes, des affiches ou des projections aussi bien que des performances.

    https://www.centrepompidou-metz.fr/des-mondes-construits-un-choix-de-sculptures-du-centre-pompidou

  • J'ai fini hier soir :Et devant moi la liberté : journal imaginaire de Charlotte Perriand(médiathèque rayon nouveautés)

    Et devant moi la liberté

    Et devant moi la liberté"Ce matin, sur mon kayak, je suis partie, seule, pagayant vers ma liberté toute neuve. Percy m'a quittée hier. Il a décidé de ne pas poursuivre le voyage. Me laissant libre de partir avec lui ou pas. Tel un ultimatum. Je ne l'ai pas suivi. La tempête que nous avons essuyée avant-hier était-elle à l'image de notre couple qui chavire ? Peut-être. C'est donc moi qui le quitte. Au fond, je l'ai déjà fait depuis longtemps, je crois. Et devant moi la liberté".

    http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/rsc/440075/et-devant-moi-la-liberte-journal-imaginaire-de-charlotte-perriand-virginie-mouzat

    p.9-29

    p.61-73

    p.76:

    https://www.babelio.com/livres/Giono-Que-ma-joie-demeure/781772

    p.81:

    https://www.etudes-jean-richard-bloch.org/spip.php?article151

    p.83

    p.86:

     New York est quand même une chose qu'il faut voir et bien connaître. Ça vaut la peine et le ...

    P.92:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Shik%C5%8D_Munakata

    p.94:

    http://www.larchitecturedaujourdhui.fr/

    https://www.cahiersdart.com/fr/home

    p.111:

    https://www.larep.fr/gien-45500/actualites/juin-1940-la-terrible-bataille-de-gien_1205131/

    p.115:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Banzai_(exclamation)

    p118:

    https://www.terdav.com/magazine-voyage/franchir-la-ligne-le-bapteme-de-equateur

    p.122:

    https://voyages.michelin.fr/afrique/afrique-du-sud/cap-occidental/le-cap/cap-de-bonne-esperance

    p.124:

    https://www.kanpai.fr/apprendre-japonais/merci-de-rien-svp

    p.126:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_japonaise_de_l%27Indochine

    p.130:

    Bombay encorepluie diluvienne.

    p.132:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ographie_de_Hong_Kong

    p.134:

    https://chine.in/guide/yangzi-jiang-fleuve-yangtse_1263.html

    p.136:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Kobe

    p.139:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_japonaise_de_l%27Indochine

    p.140:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Guillain

    p.143:

     Un mois après mon arrivée, le 25 septembre 1940, eut lieu ma première visite à Kyoto que je n'oublierai jamais.

    https://www.numero.com/fr/architecture/obsession-charlotte-perriand-japon-nouveau-monde-fondation-louis-vuitton-le-corbusier-leger-architecte-designer-numero-magazine

    p.145:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sh%C5%8Dji

    p.158:

    Une semaine après mon arrivée à Hanoï, Pearl Harbor a été attaqué par les Japonais. Il y a moins de six mois, tout semblait aller vers un rapprochement. Le Japon contre l'Amérique, tout se dégrade. Le Japon en guerre ...

    p.160:

    https://www.franceculture.fr/architecture/derriere-le-nom-de-le-corbusier-3-oeuvres-cultes-de-charlotte-perriand

    p.197:

    https://www.cnrtl.fr/definition/annamite

    p.201:

    https://www.marieclaire.fr/maison/knoll,1236292.asp

    p.214:

    http://www.fondationlecorbusier.fr/corbuweb/morpheus.aspx?sysId=13&IrisObjectId=4931&sysLanguage=fr-fr&itemPos=14&itemCount=78&sysParentName=&sysParentId=64

    p.228:

    http://www.issoire.fr/Culture/Centre-d-art-Jean-Prouve/Presentation

    p.233:

    https://www.milkdecoration.com/le-chalet-de-charlotte-perriand/

    p.236:

    https://musee-des-beaux-arts.nancy.fr/le-musee/maison-jean-prouve-2597.html

    p.241:

    https://www.telerama.fr/scenes/alexander-calder-un-si-mobile-homme,128953.php

    p.242:

    https://www.franceculture.fr/architecture/derriere-le-nom-de-le-corbusier-3-oeuvres-cultes-de-charlotte-perriand

    p.248:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_des_artistes_modernes

    p.250:

    https://www.mollat.com/dossiers/charlotte-perriand-l-art-d-habiter

    Expo à Sté vue

    https://www.paris-art.com/dieter-rams-charlotte-perriand-cite-du-design-l-ornement-est-un-crime/

    Charlotte Perriand sur ce blog dont l'expo vue avec mon mari

  • Le 28 JANVIER, nous avons aimé:Chagall et Léger au pays des cercles en action

    Photos perso du 28 janvier au Musée Chagall 28 JANVIER 2012 006.jpg28 JANVIER 2012 005.jpg de Nice28 JANVIER 2012 014.jpg

     

    cirque_chagall

    Marc Chagall
    Sans titre, 1955
    collection particulière
    © ADAGP, Paris 2011

    De Degas à Picasso en passant par Toulouse-Lautrec, Renoir, Rouault, Matisse ou Calder, l'univers du cirque

     

    a exercé une influence majeure sur l’avant-garde artistique depuis l'Impressionnisme. L'analogie entre la

     

    forme ronde de la piste et celle de la terre illustre la métaphore du regard posé par les artistes sur notre

     

    monde moderne. Précurseur des loisirs de masse, le cirque devient une attraction pour tous, petits et grands,

     

    ouvriers et aristocrates.

     

     

    « Le cirque a été l’événement de mon enfance et voilà qu’il est revenu dans ma

    peinture »,

     

     

    confiait ainsi Fernand Léger à la fin de sa vie. «

    J’ai imaginé mon cirque dans les heures

    nocturnes. Il est au milieu de ma chambre. On entend les rires et les cris »

     

     

     

    écrivait Marc Chagall.

    Malgré des démarches distinctes, Chagall et Léger ont en commun d'avoir puisé de nombreuses figures dans

     

    l’univers du cirque. Dès sa série des

     

     

    Contrastes de formes

    avant la Grande Guerre, Léger élabore ainsi une

    écriture plastique apte à traduire le tourbillon de la vie moderne grâce aux effets contrastés des lignes et des

     

    couleurs. A la fin de sa vie, il se souvient de l'émotion populaire suscitée par l'arrivée du cirque de son

     

    enfance normande à Argentan. Accompagné de ses amis poètes, écrivains, peintres et musiciens tels que

     

    Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Darius Milhaud, Max Jacob ou Robert Delaunay, il fréquente

     

    assidûment le cirque Medrano et le trio de clowns Fratellini. De son côté, Marc Chagall est attiré par

     

    l'univers du cirque ambulant et des musiciens qui lui rappelle son enfance juive à Vitebsk, en Russie. La

     

    magie des couleurs et des sons constitue un support de création poétique. Pour lui, le saltimbanque est une

     

    allégorie de l’artiste et il cultive ce thème comme une métaphore de la vie. Autour des livres d'artistes édités

     

    par Tériade aux éditions Verve en 1950 pour Léger et en 1967 pour Chagall, l'exposition rassemble une

     

    sélection d'études, de gouaches préparatoires, de pages manuscrites ou imprimées. Grâce aux exemplaires

     

    originaux du livre

     

     

    Cirque

    offerts en 1969 par Nadia Léger et Georges Bauquier et en 1995 par Alice Tériade,

    veuve de l'éditeur, le musée national Fernand Léger présente l'ouvrage intégralement déployé. Cet

     

    événement offre l’occasion rare d’admirer un chef-d’oeuvre de la bibliophilie d’art du XX

     

     

    e

    siècle. Il est

    accompagné d'un florilège de peintures, de dessins et de céramiques sur le thème du cirque provenant de la

     

    collection et de prêts. Au musée national Marc Chagall sont présentées 38 gouaches d’une collection

     

    particulière. Peintes par l’artiste en 1955, elles illustrent 10 ans plus tard le recueil de ses textes sur le cirque

     

    édité par Tériade. Enfin, des prêts de la collection Alain Frère permettent d'évoquer par des costumes, des

     

    photographies et des affiches l'univers fascinant de la piste, source de divertissement pour le public et

     

    d'inspiration pour nos artistes.

     

    ************************************************

     

    Catalogue en ligne :

     

     

     

    www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr

     

     

    Textes de Maurice Fréchuret, directeur des Musées nationaux du XX

     

    e

    siècle des Alpes-Maritimes, Elisabeth

    Pacoud-Rème, chargée des collections au musée national Marc Chagall, Diana Gay, conservatrice au musée

     

    national Fernand Léger, Nelly Maillard, chargée des collections au musée national Fernand Léger et Corine

     

    Pencenat, maître de conférence à l'université Marc Bloch de Strasbourg.

     

     

     

    INFORMATIONS PRATIQUES

     

    Commissariat

     

    Maurice Fréchuret

     

     

    , Directeur des Musées nationaux du XXe

    siècle des Alpes-Maritimes

     

    Elisabeth Pacoud-Rème,

     

     

     

    Chargée des collections au musée national Marc Chagall

     

    Diana Gay

     

     

     

    , Conservatrice au musée national Fernand Léger

     

    Nelly Maillard

     

     

     

    , Chargée des collections au musée national Fernand Léger

     

    Nouveau site : www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr

     

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    Ouvert tous les jours de 10h à 17h sauf le mardi,

     

    le 25 décembre et le 1

     

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    Tarifs pendant l’exposition

     

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    Gratuité pour les moins de 26 ans (U.E) et pour

     

    tous le 1

     

    er

    dimanche du mois

     

     

    Achat de billets en nombre et à l’avance

     

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    Chagall,

     

     

     

    valable 30 jours à compter de la date

    d’émission du billet.

     

     

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    à 2km, prendre la direction Biot

     

     

     

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    le 25 décembre et le 1

     

    er

    janvier

     

     

    Tarifs pendant l’exposition

     

    Plein tarif 6,50 € - Tarif réduit 5 €

     

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    Préambule

     

    Le cirque, source d'inspiration pour l'art moderne

     

    Pour la plupart d'entre nous, le cirque évoque les foires médiévales, ses bateleurs, ses dresseurs

     

    d'animaux et autres manifestations festives historiques. Celui qui inspire Léger et Chagall relève

     

    toutefois d'une histoire récente qui remonte à la seconde moitié du XVIII

     

    e

    siècle et triomphe à

    partir de la fin du sièc

  • Soulages a fait du noir une couleur

    Véronique Prat
    16/11/2009 | Mise à jour : 15:10

    soulages.jpgCrédits photo : (Vincent Cunillère)

    Une carrière internationale commencée il y a plus de soixante ans, une œuvre toujours vivante et intransigeante, une rétrospective riche d'une centaine d'œuvres au Centre Pompidou : Soulages fait l'événement. En exclusivité, il nous a ouvert les portes de son atelier.

    J'avais 10 ans, peut-être moins, je ne sais plus, je jouais, je traçais à l'encre des traits noirs sur une feuille de papier blanc. Une amie de ma sœur, plus âgée que moi d'une quinzaine d'années, me voyant tellement appliqué m'a demandé ce que je faisais. Je lui ai répondu "un paysage de neige". Je revois encore son visage stupéfait. Et pourtant, je n'avais ni le goût du paradoxe ni l'envie de la provocation. Ce que je faisais était effectivement un paysage de neige. Le blanc du papier s'illuminait comme la neige grâce aux traits noirs que j'y peignais...»

    Plus tard, il y eut le lycée, l'adolescence, les activités des adultes, mais Pierre Soulages n'en démordra pas : l'art lui est toujours apparu comme la seule chose qui vaille qu'on lui consacre sa vie. Natif de Rodez (en 1919), son enfance est vagabonde : le braconnier du coin lui apprend à piéger les grives et les lapins, à pêcher la truite à la mouche dans les eaux de l'Aveyron. Il fait la connaissance d'un archéologue qu'il accompagne sur ses chantiers de fouilles dans les Causses. Le musée Fenaille de Rodez expose toujours quelques pointes de flèches paléolithiques trouvées alors par Soulages. En 1938, il monte à Paris pour passer le concours de l'Ecole des beaux-arts, et le réussit. Mais, faute de se reconnaître dans l'enseignement académique que l'on y délivre, il rentre à Rodez. Il a tout de même eu le temps de découvrir Cézanne et Picasso, exposés à la Galerie Rosenberg.

    Il ne retournera à Paris qu'en 1946, mais il n'est plus seul : Colette l'accompagne. Aujourd'hui, voilà plus de soixante ans qu'ils ne se quittent pas. Le couple s'installe à Courbevoie. Refusé au Salon d'automne, Soulages tente sa chance au Salon des surindépendants, où Picabia voit ses toiles et lui prédit, comme gage de succès : «Avec ce que vous faites, vous n'allez pas tarder à avoir beaucoup d'ennemis.» Dès 1948, il est reconnu outre-Rhin et expose en Allemagne avec d'autres artistes qui, comme Hartung ou Kupka, resteront ses amis jusqu'au bout. Le petit groupe se distingue de la peinture dynamique et colorée qui s'impose après la guerre. Fidèle aux couleurs de son enfance, Soulages, lui, peint « sombre ». Un après-midi, un colosse à l'accent américain pousse la porte de son atelier. Il regarde attentivement les toiles, répète plusieurs fois «J'aime. J'aime ça», et tend sa carte à Soulages. C'était James Johnson Sweeney, le directeur du Museum of Modern Art de New York, l'homme qui avait découvert Pollock et fait connaître Calder. Samuel Kootz, son marchand américain, va vendre les toiles de Soulages non seulement aux grands musées américains mais aussi à des réalisateurs comme Otto Preminger, Billy Wilder et Alfred Hitchcock. Bientôt, Soulages sera connu dans le monde entier et, à partir de 1960, les rétrospectives se multiplient.

    Son « œuvre au noir » intrigue. On voit assez bien ce que sa peinture n'est pas : ni figurative, bien sûr, ni narrative, ni expressionniste. Elle est abstraite, alors ? Peut-être, mais d'une abstraction singulière, sans programme ni théorie. D'autres artistes, ses contemporains, ont au même moment une période surréalisante, ils regardent vers Miró et vers Paul Klee. Pas Soulages. Ses œuvres sont à part, on peut les admettre ou les refuser, mais elles ne se discutent pas. D'une rigueur absolue, elles sont structurées de forts signes architectoniques. Quand il évoque son long parcours, Soulages aime rappeler cette anecdote. Une nuit de janvier 1979, il travaille à une toile de plus en plus chargée de noir : «Depuis des heures, je peinais, je rajoutais du noir, je le retirais, j'avais l'impression de patauger dans un marécage, sans trouver d'issue. J'avais pourtant le sentiment que cette toile avait quelque chose à me dire. Je suis allé dormir. Deux heures plus tard, en regardant ce que j'avais fait, j'y ai vu quelque chose de nouveau: ma peinture ne jouait plus sur les contrastes de couleurs, mais sur les variations de lumière. Je ne travaillais plus avec le noir, mais avec cette lumière secrète venue du noir. En acceptant d'intégrer le reflet de la lumière par la surface peinte, en travaillant l'opposition du lisse et du strié dans l'épaisseur de la couleur, j'inaugurai une peinture tout autre que la peinture classique. J'ai poursuivi dans cette voie. Pour moi, une nouvelle période avait commencé.» «L'outrenoir», comme il l'appellera lui-même, ouvrait à Soulages une peinture aux possibilités nouvelles.

    Il fabrique lui-même ses outils: bâton de craie, semelle, écorce d'arbre

    Trente années plus tard, à la veille de son 90e anniversaire, Soulages nous reçoit dans son atelier parisien situé près de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Une pièce blanche et presque vide. On ne voit que le dos des toiles, toutes tournées vers le mur. Sur une table, bien rangés, reposent ses outils : non pas les pinceaux traditionnels des peintres, mais des outils que Soulages a détournés - comme des racloirs de tanneur, des couteaux d'apiculteur, des brosses de peintre en bâtiment - ou qu'il a fabriqués - comme des morceaux de semelles en caoutchouc ou des balais. Tous destinés à multiplier les jeux de relief, d'empreintes, de lissage dont Soulages dote sa peinture comme autant de pièges à lumière. Il lui arrive de venir dans son atelier, puis de repartir sans avoir rien fait : «Je suis en face de la toile blanche, sans oser faire le premier pas. Je tourne autour, et il ne se passe rien. D'autres fois, j'ose quelque chose, et il y a une réponse. Un enchaînement entre ce qui se passe là et ce que je ressens devant ce qui se passe. De proche en proche, j'arrive à quelque chose qui peut se transformer en une toile. Mais même lorsque c'est très exaltant, il ne faut pas perdre la tête. Il arrive que l'on ne sache pas s'arrêter, et c'est la catastrophe. Il arrive aussi que l'on s'arrête sans savoir pourquoi, et l'on s'aperçoit plus tard que le tableau était fait. L'œuvre vit alors sa propre vie.» Telle est l'aventure, audacieuse et puissante, où Soulages nous entraîne à sa suite.

    Pour exposer ces peintures noires, toutes vibrantes d'ombre et de lumière, les responsables du Centre Pompidou ont accepté, selon le souhait du peintre, une nouvelle formule d'accrochage : non sur des cimaises, mais au beau milieu de l'espace muséal, où deux fils d'acier sont tendus du sol au plafond. L'exposition démarre avec des œuvres sur papier, des brous de noix des années 1947-1949, les raclages des années 50, les noirs et blancs des années 60. Puis vient la rupture de 1979, l'apparition des peintures « outrenoir » où le tableau devient piège à lumière selon l'heure et la force de l'écla irage. Chacun des pas des spectateurs, en changeant les reflets qui scandent la toile, tire d'elle de nouveaux rythmes. Dans la dernière salle de l'exposition sont réunis, pour la première fois, 17 grands polyptyques, certains datant de 2009. Pour en parler, Soulages reprend une formule qu'il affectionne : «Quand je travaille, je n'ai pas de projet. C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche et qui dépasse parfois mes intentions. La réalité est toujours plus riche que ce qu'on imagine et je découvre, à mesure que le tableau progresse, des développements auxquels je n'avais pas pensé.» De l'enfant qui peignait à l'encre noire un paysage de neige au peintre célébré aujourd'hui dans le monde entier, la trajectoire n'a jamais dévié : dès le Soulages des années 50, l'affirmation de soi, d'une volonté que la société ne peut soumettre, d'une indépendance radicale, se manifeste déjà avec tant d'évidence que rien, on le sait, ne la fléchira.


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    » INTERVIEW - Pierre Soulages: «L'artiste est une âme primitive»

    » EN IMAGES - Soulages ou le génie du Noir

    http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2009/11/14/03015-20091114ARTFIG00112--soulages-a-fait-du-noir-une-couleur-.php

  • L'art se découvre en automne

     
    <i>Le Quartet</i>, <i>hommage du peintre à l'art de la musique,</i> Albert Joseph Moore, 1868.

    Le Quartet, hommage du peintre à l'art de la musique, Albert Joseph Moore, 1868. Crédits photo : Studio Sébert Photographe

    De Braque à Richter, des Étrusques aux Kanaks, notre sélection des temps forts de la rentrée.

    À quoi rêvent les critiques d'art en cette rentrée va-t-en-guerre, qui pousse Braque et Jordaens en avant pour rappeler la valeur première de la peinture après les triomphes des expositions Hopper, Dali et Basquiat? Une rentrée qui promet de revisiter le surréalisme - cette mine d'or - à travers son objet, qui mise encore et toujours sur la Renaissance et la grâce préraphaélite? À l'émotion pure, au renouveau, «à la peinture qui vous emporte et ne vous quitte plus», dirait Michel Ragon qui signe à point nommé son Journal d'un critique d'art désabusé(Albin Michel). Un exercice nostalgique. Les confessions d'un promeneur solitaire. Il y a beaucoup à apprendre des digressions de ce grand critique, ami de Soulages, Atlan, Poliakoff, Zao Wou-ki et Dubuffet, qui navigua sans cesse des grands textes aux grandes amitiés, se risqua à l'aventure de l'art, discuta avec Asger Jorn et défendit la France contre Dotremont dans les rangs de COBRA, dansa avec Ca lder comme «deux ours se piétinant les orteils» et comprit «l'Outrenoir» tout seul, sans qu'on lui fasse un dessin. Homme de lettres, il cite son cher Soulages, géant bien français qui «aime répéter ce mot d'Ingres: “Les artistes qui ont du talent font des merveilles ; moi qui ai du génie je fais ce que je peux”».

    En suivant ses visites de 2009 à 2011, en visitant ses pensées, même les plus narcissiques, le lecteur ouvre une boîte de Pandore. Moins acide et exterminatrice que celle de Jean Clair, cette bulle du temps passé contient une vision haute de l'art et de ses fidèles. Elle témoigne d'un esprit inlassablement curieux qui défend, après examen et réflexion, ce que tout le monde aime critiquer en ville: la rétrospective d'Arman au Centre Pompidou, les colonnes de Buren au Palais-Royal ou le «Monumenta» désolé comme la Shoah de Boltanski au Grand Palais. Ce penchant naturel le pousse à applaudir les réprouvés du XXe ressuscités pour les besoins des musées, Chirico, tout Chirico, le surréaliste et le pompier, Bernar Venet au culot royal jusqu'à Versailles! L'ennemi? Point tant l'art contemporain, ses installations (ses «environnements», dit-il), ses attitudes psychanalytiques parfois délirantes de creux, que son marché exponentiel mené à la baguette par la finance. Quand l'argent mène le monde, l'art et les artistes ne ressemblent plus à Van Gogh, Modigliani ou Yves Klein. François Pinault et Bernard Arnault n'y gagnent pas les flatteries habituelles.


    Biennale de Lyon

    Mondialisation culturelle oblige, la Biennale de Lyon a confié sa 12e édition à un homme du Grand Nord, Gunnar B. Kvaran, Islandais et francophone, directeur du Musée Astrup Fearnley à Oslo. Il a mis la jeunesse de l'art au programme tandis que Lyon célèbre les aménagements le long des berges de la Saône. Du 12 sept. au 5 janv., Lyon. www.biennaledelyon.com

    Préraphaélites

    Fidèle au musée, le financier mexicain Pérez Simón prête ses excentriques Alma-Tadema, ses lascifs Leighton, ses suaves Burne-Jones et ses délicats Moore. Soit une cinquantaine de fleurons du mouvement anti-académique victorien. Corps lascifs, symboles à foison, couleurs sophistiquées… Une ode à la beauté pour elle-même. Du 13 sept. au 20 janv., Musée Jacquemart-André. www.musee-jacquemart-andre.com

    Étrusques

    Avant les Romains, il y avait les Étrusques. On en sait plus sur eux aujourd'hui mais leur mystère reste entier. Cela tient surtout à la surprenante beauté de leur art. Il émaillait le quotidien de cités-États du centre de l'Italie fondées et développées par ces marins et marchands rivaux des Grecs. Une époque, notamment l'apogée des VIIe et VIe siècles av. J.-C., synthétisée en 250 œuvres. Du 18 sept. au 9 fév., Musée Maillol. www.museemaillol.com

    Braque

    <i>L'oiseau noir et l'oiseau blanc </i>(détail), Georges Braque, 1960

    L'oiseau noir et l'oiseau blanc (détail), Georges Braque, 1960 Crédits photo : Leiris SAS Paris / Adagp, Paris 2013

    Il reste le peintre des oiseaux qui volent sur le plafond du Salon étrusque au Louvre et, bien sûr, l'initiateur du cubisme et l'inventeur des papiers collés. Mais sa gloire est atténuée par celle de Picasso, son «compagnon de cordée» de l'avant-garde. C'est tout le souffle d'un artiste synonyme d'esprit français, héritier de Cézanne, Corot et Chardin, qu'entend faire renaître le Grand Palais. Du 18 sept. au 6 janv. Grand Palais. www.grandpalais.fr

    Jordaens

    Rubens et Van Dyck lui font de l'ombre. De surcroît, par la faute de quelques chefs-d'œuvre comme Le roi boit, ce maître s'est trouvé enfermé dans son rôle de noceur d'Anvers. La synthèse qui embrasse une carrière courant sur près des trois quarts du Grand Siècle devrait permettre de montrer un artiste engagé, au service de grandes familles entrepreneuriales et de la Contre-Réforme. Du 19 sept. au 19 janv., Petit Palais. www.petitpalais.paris.fr

    Nu masculin

    <i>Jeune assis au bord de la mer</i>, Hippolyte Flandrin

    Jeune assis au bord de la mer, Hippolyte Flandrin Crédits photo : Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Angèle Dequier

    En allant au-delà de l'histoire de ce thème, fondamental dans la formation académique, pour révéler toute la puissance du désir homosexuel dans l'art de 1800 à nos jours, Guy Cogeval conçoit sans doute l'exposition la plus polémique de la rentrée. Alors que la France demeure divisée sur le statut des gays, certains diront qu'il instrumentalise son musée au profit d'un discours militant. D'autres trouveront qu'il n'en fait pas assez, qu'il existe d'autres œuvres, contemporaines notamment, capables de mieux faire sauter les tabous. Du 24 sept. au 2 janv., Musée d'Orsay. www.musee-orsay.fr

    Kahnweiler

    Portrait d'une figure mythique de l'art moderne naissant. Le marchand des cubistes «héroïques», Braque et Picasso, ouvre sa première galerie en 1907. Léger, Gris et plus tard Henri Laurens rejoignent son «écurie»… Une histoire étroitement liée à celle de la collection d'art moderne du LaM et de ses grands mécènes Roger Dutilleul et Jean Masurel. Du 27 sept. au 12 janv., LaM, Villeneuve-d'Ascq. www.musee-lam.fr

    Hans Richter

    Cinéaste, peintre, écrivain, il fut dès les années 1910 au carrefour des avant-gardes. Sa trajectoire façonne et raconte, à elle seule, une histoire de l'art du XXe siècle. Du creuset de Dada à Zurich à l'Internationale constructiviste, de l'effervescence de la révolution spartakiste au départ de l'Allemagne nazie puis à l'exil américain. Un passeur et un catalyseur. Du 28 sept. au 24 fév., Centre Pompidou-Metz. www.centrepompidou-metz.fr

    Vallotton

    Un trait aussi coupant que son ironie, des cadrages aussi audacieux que ses couleurs, ce graveur et peintre suisse, figure de Montparnasse et des Nabis, charge les impressionnistes comme les symbolistes par la grâce d'une œuvre prolifique (1700 tableaux). Arabesques, lumières et teintes nettes, compositions bidimensionnelles au service d'une célébration de la vie quotidienne. Du 2 oct. au 20 janv., Grand Palais. www.grandpalais.fr

    Napoléon

    Élisa, Pauline et Caroline, sœurs de Napoléon et, par la grâce toute stratégique de ce dernier, princesses et reines d'Italie, prennent le thé à Marmottan (du 3 oct. au 26 janv., www.marmottan.fr) tandis que Joséphine revit à la Malmaison les quatre premières années de son mariage avec Bonaparte. Lorsque le couple habitait à la Chaussée d'Antin une maisonnette aujourd'hui disparue. Du 16 oct. au 6 janv., www.chateau-malmaison.fr

    Diderot

    Double actualité à l'heure du tricentenaire de sa naissance: sa ville natale de Langres ouvre le 5 octobre un musée (www.maisondeslumieres.org) tandis que Montpellier célèbre le premier des critiques d'art. Du 5 oct. au 12 janv., Musée Fabre de Montpellier. www.museefabre.fr

    Matthew Barney

    Né en 1967, star de l'art contemporain américain (et conjoint de Björk), il s'est distingué par ses performances ­alliant le sport et l'art. Comme lorsqu'il crée des dessins en se suspendant au plafond de sa galerie ou en escaladant les murs. Matthew Barney a créé son onde de choc avec son cycle de films «Cremaster» (1994-2002) où il se ­métamorphose en chimères d'un monde onirique, baroque et hypnotique. Première rétrospective de dessins en France. Du 8 oct. au 5 janv., BnF François-Mitterrand. www.bnf.fr

    Kahlo/Rivera

    Florence Cassez étant revenue en France, le différend diplomatique s'étant éteint, le projet phare de l'année France-Mexique 2011 a pu reprendre. Il se concrétise à l'Orangerie où le muraliste, chantre des ouvriers et des «péones», Diego Rivera, retrouve sa muse infirme Frida Kahlo. Retour sur un couple mythique du XXe siècle, entre trotskisme et gratte-ciel, entre engagement et individualité. Du 9 oct. au 13 janv., Musée de l'Orangerie. www.musee-orangerie.fr

    Kanaks

    Considéré jusqu'après-guerre comme un des plus arriérés de la planète, si sauvage qu'il passait pour à peine humain, le peuple kanak a depuis retrouvé identité et fierté, notamment grâce aux ethnologues de l'Hexagone. Des contes aux sculptures, des techniques de pêche ou de chasse aux danses, son patrimoine culturel est immense. Quai Branly, il fait l'objet d'une exposition très riche et précautionneuse à l'heure où l'archipel prend le chemin de la décolonisation tracé par l'accord de Nouméa. Autonomie ou indépendance? Réponse entre 2014 et 2018. Du 15 oct. au 26 janv., Musée du quai Branly. www.quaibranly.fr

    Angkor

    L'épopée de Louis Delaporte des berges du Mékong à celles de la Seine. Ou comment Angkor est devenu, par la ténacité et le génie de cet explorateur français, l'attraction phare des expositions universelles et, plus généralement, un mythe. Du 16 oct. au 13 janv., Musée Guimet. www.guimet.fr

    Poliakoff

    Hommage à cet artiste majeur de l'École de Paris, cher aux historiens de l'abstraction et aux collectionneurs français, dopé par les Nouveaux Russes en quête de patrimoine pictural. Les débuts tumultueux d'un jeune émigré russe, l'ambiance artistique d'après guerre et, enfin, les années de succès au cours desquelles ses œuvres séduisent les personnalités du monde politique, de la mode et du cinéma (Yves Saint Laurent, Greta Garbo, Yul Brynner, Anatol Litvak)… sa vie est un roman! Du 18 oct. au 23 fév., Musée d'art moderne de la Ville de Paris. www.mam.paris.fr

    Joseph Cornell

    Souvent présenté comme un satellite dans la constellation surréaliste, Joseph Cornell (1903-1972) est un pionnier américain du collage, du montage et de l'assemblage, comme le prouve sa création de 1930 à 1950. Près de 200 œuvres le confronteront à Dalí, Duchamp, Ernst et Man Ray alors installés à New York. D u 18 oct. au 10 fév., Musée des beaux-arts de Lyon. www.mba-lyon.fr

    Le surréalisme et l'objet

    Autour d'une centaine de sculptures et d'une quarantaine de photographies, l'histoire du mouvement surréaliste depuis sa fondation dans les années 1920 à sa reconnaissance à New York pendant la Seconde Guerre mondiale, en passant par son succès international dans les années 1930, à travers le prisme original du rapport à l'objet. Masson, M iró, Arp, Bellmer, Calder, Cornell, Dalí, Duchamp, Ernst, Giacometti, Man Ray incarnent les fortunes de la sculpture surréaliste qui plonge dans l'inconscient humain. Du 30 oct. au 3 mars, Centre Pompidou. www.centrepompidou.fr

    Sigmar Polke

    Figure de premier plan de la peinture contemporaine, Sigmar Polke (1941-2010) a grandi en Allemagne de l'Est avant de passer à l'Ouest en 1953. Après une formation auprès d'un maître verrier, il fréquente au début des années 1960 les Beaux-Arts de Düsseldorf, institution alors sous le charme du chamane Joseph Beuys. Il y rencontre Gerhard Richter et Konrad Lueg avec lequel il fonde le Réalisme capitaliste, réponse germanique au Pop-Art américain. Un peintre aux faux désordres, tout en sensualité et en rêve. Du 9 nov. au 2 fév., Musée de Grenoble. www.museedegrenoble.fr

  • Danser sa vie

    Expositions au Centre

    < Toute la liste

    23 novembre 2011 - 2 avril 2012
    11h00 - 21h00

    Galerie 1Plan d'accèsPlan d'accès


    13€, TR 10€ / 11€, TR 9€, selon période

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    Nocturnes tous les jeudis jusqu'à 23h
    Fermeture des caisses à 22h

     

    Emil Nolde, Tänzerin mit violettem Schleier (Danseuse au voile violet)
    Emil Nolde, Tänzerin mit violettem Schleier (Danseuse au voile violet)
    © CA 1920-1925 Neukirchen Stiftung Seebüll Ada und Emil Nolde photo. Nolde Stiftung Seebuell

     

    Préparez votre visite :
    Consultez le dossier pédagogique "Danser sa vie"
    Guide de l'exposition :
    Danser sa vie sur iPhone.

    Autour de l'événement





    Présentation de l'exposition,
    par Christine Macel et Emma Lavigne, conservatrices au musée national d'art moderne

    UNE EXPOSITION SANS PRÉCÉDENT CONSACRÉE AUX LIENS DES ARTS VISUELS ET DE LA DANSE DES ANNÉES 1900 JUSQU'À AUJOURD'HUI.

    Le Centre Pompidou consacre, à partir du mois de novembre, une exposition sans précédent aux liens des arts visuels et de la danse, depuis les années 1900 jusqu'à aujourd'hui. « Danser sa vie montre comment ils ont allumé l'étincelle de la modernité pour nourrir les courants majeurs et les figures qui ont écrit l'histoire de l'art moderne et contemporain. Sur plus de deux mille mètres carrés, l'exposition illustre son propos par les œuvres des figures artistiques du 20e siècle, des mouvements fondateurs de la modernité, ainsi que par les recherches des artistes et danseurs contemporains. À travers un parcours en trois actes, elle montre l'intérêt commun de l'art et de la danse pour le corps en mouvement. Révélant cette face cachée des avant-gardes et cette source vive pour l'art contemporain, « Danser sa vie » fait dialoguer toutes les disciplines, des arts plastiques – jusqu'à la vidéo contemporaine – et de l'art chorégraphique. Un vaste choix de peintures, de sculptures, d'installations, d'œuvres audiovisuelles et de pièces chorégraphiques, témoigne de leurs échanges incessants, d'un dialogue parfois fusionnel.

    « MON ART EST PRÉCISÉMENT UN EFFORT POUR EXPRIMER EN GESTES ET EN MOUVEMENTS LA VÉRITÉ DE MON ÊTRE. […] DEVANT LE PUBLIC QUI VENAIT EN FOULE À MES REPRÉSENTATIONS, JE N'AI JAMAIS HÉSITÉ. JE LUI AI DONNÉ LES IMPULSIONS LES PLUS SECRÈTES DE MON ÂME. DÈS LE DÉBUT, JE N'AI FAIT QUE DANSER MA VIE. » ISADORA DUNCAN, MA VIE, 1928.

    La danse, entre explosion de vie dionysiaque et art apollinien de la forme, a été au centre de la révolution moderne. Avec ses pionnières, Loïe Fuller et Isadora Duncan, avec le génie d'un Nijinsky, une rupture radicale a eu lieu dans l'art du corps en mouvement, art de l'espace et du temps. Ce tournant a eu une influence décisive dans l'évolution des arts visuels. « Danser sa vie » trace une histoire discontinue, avec de constants dialogues entre l'art moderne et l'art contemporain, afin de remonter à cette source de la danse, aujourd'hui revivifiée par les artistes contemporains. Mettre en lumière la danse comme « une face cachée des avant-gardes » et tisser des arabesques dans le dessin historique qui relie le passé au présent : ce désir n'a fait que se renforcer, alors que le monde de la danse vient de perdre des figures aussi essentielles que Pina Bausch, Merce Cunningham ou encore Kazuo Ono.
    L'exposition s'organise en trois axes avec de constants va-et-vient entre l'histoire et l'actuel, avec des rencontres inédites. Un des enjeux consiste à « exposer la danse ». Les médiums sont mêlés pour privilégier l'immersion du spectateur, le plongeant, grâce au film, au plus près des corps en mouvement. La première salle introduit le propos : le chef-d'œuvre de l'art moderne, La Danse d'Henri Matisse, prêt exceptionnel du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, fait face à une œuvre de Tino Sehgal, tandis que le film de l'artiste Daria Martin, avec ses tableaux vivants où la caméra bouge à la place des corps, représente les grandes figures de la danse moderne, de Joséphine Baker à Oskar Schlemmer, en passant par Martha Graham. Ces histoires entremêlées se retrouvent dans un parcours relié par un postulat qui ouvre le 20e siècle, celui d'Isadora Duncan. « Mon art est précisément un effort pour exprimer en gestes et en mouvements la vérité de mon être. Dès le début, je n'ai fait que danser ma vie », écrivait-elle dans Ma Vie. Duncan annonçait l'une des constantes de l'art du 20e siècle, tentant de relier l'art à la vie, des dadaïstes jusqu'aux œuvres participatives de l'art actuel. Comme le dit aussi Merce Cunningham, la danse, « manifestation visible de la vie » est « cet instant fugitif où l'on se sent vivant » ; elle place la vie au cœur de son projet. Trois axes articulent l'histoire de la danse moderne et postmoderne avec celle des arts visuels. Celui de la subjectivité qui s'incarne dans l'œuvre jusqu'à devenir expression, celui d'une histoire de l'abstraction du corps et de sa mécanisation, et enfin celui de la performance, née avec les avant-gardes dada, qui s'est définie avec la danse au point de se confondre avec elle à partir des années 1960.
    « Le geste est l'agent direct du cœur », disait François Delsarte, penseur du 19e siècle qui influence la naissance de la danse moderne avec son art de l'expression. C'est en effet l'invention d'une nouvelle subjectivité et expressivité qui est explorée à travers la naissance de la danse libre dégagée du ballet classique, à travers la figure d'Isadora Duncan. Les danseurs expriment alors une ferveur sensuelle qui fait parfois scandale, comme celle de Nijinsky dans L'Après-midi d'un faune, qui constitue une source d'inspiration dionysiaque pour les artistes. En Allemagne, le courant expressionniste produit des échanges inédits entre peintres et danseurs. Si Rudolf Laban incarne la nouvelle figure du danseur à la fois pédagogue et théoricien, c'est Mary Wigman, son élève dans la communauté libre de Monte Verita, qui incarne le mieux la femme traversée de pulsions de vie et de mort, illustrées dans sa fameuse danse de la Sorcière. Celle qui se considère comme une « danseuse de l'humanité » fascine à la fois les peintres Emil Nolde et Ernst Ludwig Kirchner, tout comme son élève Gret Palucca. C'est dans la lignée de cette Ausdrucktanz, en dialogue avec l'expressionnisme allemand que s'inscrit l'invention du Theatertanz de Pina Bausch, elle-même héritière de Kurt Jooss.

    DANSEURS ET ARTISTES INVENTENT UN RÉPERTOIRE DE GESTES ET DE FORMES PLASTIQUES, QUI FONT ENTRER LE CORPS DANS LA MODERNITÉ.

    L'histoire de l'abstraction ne serait pas ce qu'elle est sans la danse. En résonance avec les évolutions techniques d'un 20e siècle en pleine industrialisation, danseurs et artistes inventent un répertoire de gestes et de formes plastiques qui font entrer le corps dans la modernité. Au tournant du siècle, l'avènement de l'éclairage électrique et l'imagination créatrice de Loïe Fuller avec ses ballets cinétiques suscitent une révolution. Fuller métamorphosée par la couleur emplit l'espace scénique de ses formes colorées. L'impact des danses serpentines sur les artistes, des symphonies chromatiques et rythmiques de Sonia Delaunay au dynamisme des œuvres futuristes de Gino Severini ou Fortunato Depero, est considérable. « La danse a toujours extrait de la vie ses rythmes et ses formes… Il faut imiter par les gestes les mouvements des machines ; faire une cour assidue aux volants, aux roues, aux pistons ; préparer ainsi la fusion de l'homme et de la machine, parvenir au métallisme de la danse futuriste » écrit Marinetti dans Manifeste de la danse futuriste en 1917.
    Toutes les avant-gardes, cubisme, futurisme, orphisme, De Stijl, Dada, Bauhaus ou constructivisme russe, se sont emparées de la danse, toutes fascinées par le corps en mouvement, par ses couleurs, ses lignes, son dynamisme et ses rythmes. De Francis Picabia à Fernand Léger, de Theo Van Doesburg à Varvara Stepanova, la danse génère de nouveaux rythmes abstraits et des ballets mécaniques. Ce corps géométrisé, mécanisé et stylisé, a été au cœur des recherches de Laban, danseur et fondateur de la choreutique et également dessinateur. Sa figure de l'icosaedron, volume à facettes enserrant toutes les possibilités de mouvement du danseur, a été une influence majeure pour William Forsythe, de même qu'elle trouve des échos dans les recherches les plus contemporaines d'Olafur Eliasson, qui réalise une oeuvre inscrite dans cet héritage, spécialement pour « Danser sa vie ».
    La pensée humaniste d'Oskar Schlemmer, résolument tournée vers le devenir de l'homme face à la technologie, résonne chez certains créateurs contemporains : le chorégraphe Alwin Nikolais qui propose une intégration esthétique du monde de la technologie à la scène en métamorphosant les corps géométrisés des danseurs, grâce à l'action de la lumière, en éléments fantasmagoriques ; le sculpteur Nicolas Schoeffer qui, dans le spectacle multimédia Kyldex, fait fusionner les danseurs avec les sculptures cybernétiques en un organisme unique incarnant la circulation continue de l'énergie.

    « REGARDE LA PEINTURE DE JASPER JOHNS ET ROBERT RAUSCHENBERG. ILS UTILISENT LA TOILE COMME MOI J'UTILISE LA SCÈNE. » MERCE CUNNINGHAM

    Le dernier volet de l'exposition explore les liens de la danse à l'art de la performance. Depuis les premières actions dadaïstes du Cabaret Voltaire à Zürich pendant la Première Guerre mondiale, danse et performance se sont trouvées intimement liées. Les danseuses Mary Wigman, Emmy Hennings, Suzanne Perrotet ou Sophie Taueber-Arp participent à l'aventure dada, tandis que les années 1920 voient apparaître des figures aussi essentielles que Valeska Gert, ou Niddy Impekoven. L'art de la performance n'aurait pas été le même sans la danse. Le Black Mountain College a été le berceau d'une intense activité où danse et performance se sont intimement rapprochées, notamment avec la complicité de John Cage et Merce Cunningham à la fin des années 1940. La danseuse Anna Halprin, en inventant les tasks sur la côte ouest des États-Unis dans les années 1950, ouvre une brèche dans le dialogue de l'art et la vie, de la danse à la performance, en renouant avec les actes du quotidien, avec la nature et avec l'espace socio-politique. Les innovations du Judson Dance Theater à New York dans les années 1960, les happenings d'Allan Kaprow et de Fluxus dans les années 1950 et 1960, font du corps en mouvement le sismographe des états d'âme de la société contemporaine. Les allers et retours esthétiques, formels et conceptuels entre chorégraphes et artistes sont incessants et étroits. Certains comme Robert Rauschenberg, Yvonne Rainer, Robert Morris ou Trisha Brown se définissent alors à la fois comme plasticiens et chorégraphes. La fréquentation des peintres de l'expressionnisme abstrait amène ainsi Merce Cunningham à concevoir l'espace scénique comme un tableau non figuratif, c'est-à-dire comme un espace non hiérarchisé. Il s'entoure d'une constellation d'artistes, tels Nam June Paik, Warhol ou Rauschenberg, qui renouvelle à ses côtés la notion d'œuvre d'art total héritée du théâtre wagnérien.
    Le courant expérimental de la danse postmoderne, faisant fusionner art et danse, rejette les conventions scéniques et l'enjeu de la représentation artistique. Trisha Brown, à la fois danseuse et plasticienne, investit le musée comme les toits ou la rue. La danse est partout, tout le monde peut être danseur, selon les chorégraphes Deborah Hay, Steve Paxton ou Anna Halprin. Comme le rappelle le philosophe Georges Didi-Huberman, « on danse le plus souvent pour être ensemble ». Cette invitation à danser sa vie résonne particulièrement dans l'art et la danse contemporains, notamment à travers un attrait renouvelé pour la danse populaire, une source constante d'inspiration pour les artistes depuis le bal Bullier pour Sonia Delaunay ou les danses endiablées de Joséphine Baker pour Alexander Calder.

    LES GRANDES HEURES DU DISCO AVEC L'INOUBLIABLE PRESTATION DE JOHN TRAVOLTA DANS LE FILM « SATURDAY NIGHT FEVER », DE LA FIN DES ANNÉES 1970, SUSCITENT ENCORE AUJOURD'HUI UNE NOUVELLE LECTURE.

    Ce sont les pas de tango qui s'impriment sur le Dance Diagram de Warhol à la fin des années 1960 alors qu'il rêvait lui-même d'être un danseur. La culture du clubbing qu'il contribue à forger inspire nombre d'artistes après lui. Les grandes heures du disco avec l'inoubliable prestation de John Travolta dans le film Saturday Night Fever, de la fin des années 1970, suscitent encore aujourd'hui une nouvelle lecture d'Ange Leccia, qui a également travaillé pour un spectacle de Merce Cunnigham. C'est la musique funk d'un Bootsie qui constitue le socle des Funk Lessons d'Adrian Piper poursuivies dans le film Shiva Lessons, tandis que le bal populaire et la danse du gogo-dancer inspirent à Félix González-Torres, artiste majeur des années 1990, deux de ses uniques œuvres liées à la performance. Jérôme Bel puise également aux grands hits de la musique populaire pour son spectacle The Show must go on qui fait date… Les années récentes ont vu resurgir la danse de manière intense dans l'art contemporain. Au fil de l'exposition, diverses œuvres de Matthew Barney, Simon Dybbroe Moeller, Olafur Eliasson, Daria Martin, Jeff Mills, Kelly Nipper, Mai-Thu Perret ou encore Tino Sehgal dialoguent avec les chefs-d'œuvre de la modernité.

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    Expositions au Centre

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    23 novembre 2011 - 2 avril 2012
    11h00 - 21h00

    Galerie 1Plan d'accèsPlan d'accès


    13€, TR 10€ / 11€, TR 9€, selon période

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    Nocturnes tous les jeudis jusqu'à 23h
    Fermeture des caisses à 22h

     

    Emil Nolde, Tänzerin mit violettem Schleier (Danseuse au voile violet)
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    tirés de mes recherches universitaires
    ISBN:978-2-9531564-2-3

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    Mai 2024

     

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    par Christine Macel et Emma Lavigne, conservatrices au musée national d'art moderne

    UNE EXPOSITION SANS PRÉCÉDENT CONSACRÉE AUX LIENS DES ARTS VISUELS ET DE LA DANSE DES ANNÉES 1900 JUSQU'À AUJOURD'HUI.

    Le Centre Pompidou consacre, à partir du mois de novembre, une exposition sans précédent aux liens des arts visuels et de la danse, depuis les années 1900 jusqu'à aujourd'hui. « Danser sa vie montre comment ils ont allumé l'étincelle de la modernité pour nourrir les courants majeurs et les figures qui ont écrit l'histoire de l'art moderne et contemporain. Sur plus de deux mille mètres carrés, l'exposition illustre son propos par les œuvres des figures artistiques du 20e siècle, des mouvements fondateurs de la modernité, ainsi que par les recherches des artistes et danseurs contemporains. À travers un parcours en trois actes, elle montre l'intérêt commun de l'art et de la danse pour le corps en mouvement. Révélant cette face cachée des avant-gardes et cette source vive pour l'art contemporain, « Danser sa vie » fait dialoguer toutes les disciplines, des arts plastiques – jusqu'à la vidéo contemporaine – et de l'art chorégraphique. Un vaste choix de peintures, de sculptures, d'installations, d'œuvres audiovisuelles et de pièces chorégraphiques, témoigne de leurs échanges incessants, d'un dialogue parfois fusionnel.

    « MON ART EST PRÉCISÉMENT UN EFFORT POUR EXPRIMER EN GESTES ET EN MOUVEMENTS LA VÉRITÉ DE MON ÊTRE. […] DEVANT LE PUBLIC QUI VENAIT EN FOULE À MES REPRÉSENTATIONS, JE N'AI JAMAIS HÉSITÉ. JE LUI AI DONNÉ LES IMPULSIONS LES PLUS SECRÈTES DE MON ÂME. DÈS LE DÉBUT, JE N'AI FAIT QUE DANSER MA VIE. » ISADORA DUNCAN, MA VIE, 1928.

    La danse, entre explosion de vie dionysiaque et art apollinien de la forme, a été au centre de la révolution moderne. Avec ses pionnières, Loïe Fuller et Isadora Duncan, avec le génie d'un Nijinsky, une rupture radicale a eu lieu dans l'art du corps en mouvement, art de l'espace et du temps. Ce tournant a eu une influence décisive dans l'évolution des arts visuels. « Danser sa vie » trace une histoire discontinue, avec de constants dialogues entre l'art moderne et l'art contemporain, afin de remonter à cette source de la danse, aujourd'hui revivifiée par les artistes contemporains. Mettre en lumière la danse comme « une face cachée des avant-gardes » et tisser des arabesques dans le dessin historique qui relie le passé au présent : ce désir n'a fait que se renforcer, alors que le monde de la danse vient de perdre des figures aussi essentielles que Pina Bausch, Merce Cunningham ou encore Kazuo Ono.
    L'exposition s'organise en trois axes avec de constants va-et-vient entre l'histoire et l'actuel, avec des rencontres inédites. Un des enjeux consiste à « exposer la danse ». Les médiums sont mêlés pour privilégier l'immersion du spectateur, le plongeant, grâce au film, au plus près des corps en mouvement. La première salle introduit le propos : le chef-d'œuvre de l'art moderne, La Danse d'Henri Matisse, prêt exceptionnel du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, fait face à une œuvre de Tino Sehgal, tandis que le film de l'artiste Daria Martin, avec ses tableaux vivants où la caméra bouge à la place des corps, représente les grandes figures de la danse moderne, de Joséphine Baker à Oskar Schlemmer, en passant par Martha Graham. Ces histoires entremêlées se retrouvent dans un parcours relié par un postulat qui ouvre le 20e siècle, celui d'Isadora Duncan. « Mon art est précisément un effort pour exprimer en gestes et en mouvements la vérité de mon être. Dès le début, je n'ai fait que danser ma vie », écrivait-elle dans Ma Vie. Duncan annonçait l'une des constantes de l'art du 20e siècle, tentant de relier l'art à la vie, des dadaïstes jusqu'aux œuvres participatives de l'art actuel. Comme le dit aussi Merce Cunningham, la danse, « manifestation visible de la vie » est « cet instant fugitif où l'on se sent vivant » ; elle place la vie au cœur de son projet. Trois axes articulent l'histoire de la danse moderne et postmoderne avec celle des arts visuels. Celui de la subjectivité qui s'incarne dans l'œuvre jusqu'à devenir expression, celui d'une histoire de l'abstraction du corps et de sa mécanisation, et enfin celui de la performance, née avec les avant-gardes dada, qui s'est définie avec la danse au point de se confondre avec elle à partir des années 1960.
    « Le geste est l'agent direct du cœur », disait François Delsarte, penseur du 19e siècle qui influence la naissance de la danse moderne avec son art de l'expression. C'est en effet l'invention d'une nouvelle subjectivité et expressivité qui est explorée à travers la naissance de la danse libre dégagée du ballet classique, à travers la figure d'Isadora Duncan. Les danseurs expriment alors une ferveur sensuelle qui fait parfois scandale, comme celle de Nijinsky dans L'Après-midi d'un faune, qui constitue une source d'inspiration dionysiaque pour les artistes. En Allemagne, le courant expressionniste produit des échanges inédits entre peintres et danseurs. Si Rudolf Laban incarne la nouvelle figure du danseur à la fois pédagogue et théoricien, c'est Mary Wigman, son élève dans la communauté libre de Monte Verita, qui incarne le mieux la femme traversée de pulsions de vie et de mort, illustrées dans sa fameuse danse de la Sorcière. Celle qui se considère comme une « danseuse de l'humanité » fascine à la fois les peintres Emil Nolde et Ernst Ludwig Kirchner, tout comme son élève Gret Palucca. C'est dans la lignée de cette Ausdrucktanz, en dialogue avec l'expressionnisme allemand que s'inscrit l'invention du Theatertanz de Pina Bausch, elle-même héritière de Kurt Jooss.

    DANSEURS ET ARTISTES INVENTENT UN RÉPERTOIRE DE GESTES ET DE FORMES PLASTIQUES, QUI FONT ENTRER LE CORPS DANS LA MODERNITÉ.

    L'histoire de l'abstraction ne serait pas ce qu'elle est sans la danse. En résonance avec les évolutions techniques d'un 20e siècle en pleine industrialisation, danseurs et artistes inventent un répertoire de gestes et de formes plastiques qui font entrer le corps dans la modernité. Au tournant du siècle, l'avènement de l'éclairage électrique et l'imagination créatrice de Loïe Fuller avec ses ballets cinétiques suscitent une révolution. Fuller métamorphosée par la couleur emplit l'espace scénique de ses formes colorées. L'impact des danses serpentines sur les artistes, des symphonies chromatiques et rythmiques de Sonia Delaunay au dynamisme des œuvres futuristes de Gino Severini ou Fortunato Depero, est considérable. « La danse a toujours extrait de la vie ses rythmes et ses formes… Il faut imiter par les gestes les mouvements des machines ; faire une cour assidue aux volants, aux roues, aux pistons ; préparer ainsi la fusion de l'homme et de la machine, parvenir au métallisme de la danse futuriste » écrit Marinetti dans Manifeste de la danse futuriste en 1917.
    Toutes les avant-gardes, cubisme, futurisme, orphisme, De Stijl, Dada, Bauhaus ou constructivisme russe, se sont emparées de la danse, toutes fascinées par le corps en mouvement, par ses couleurs, ses lignes, son dynamisme et ses rythmes. De Francis Picabia à Fernand Léger, de Theo Van Doesburg à Varvara Stepanova, la danse génère de nouveaux rythmes abstraits et des ballets mécaniques. Ce corps géométrisé, mécanisé et stylisé, a été au cœur des recherches de Laban, danseur et fondateur de la choreutique et également dessinateur. Sa figure de l'icosaedron, volume à facettes enserrant toutes les possibilités de mouvement du danseur, a été une influence majeure pour William Forsythe, de même qu'elle trouve des échos dans les recherches les plus contemporaines d'Olafur Eliasson, qui réalise une oeuvre inscrite dans cet héritage, spécialement pour « Danser sa vie ».
    La pensée humaniste d'Oskar Schlemmer, résolument tournée vers le devenir de l'homme face à la technologie, résonne chez certains créateurs contemporains : le chorégraphe Alwin Nikolais qui propose une intégration esthétique du monde de la technologie à la scène en métamorphosant les corps géométrisés des danseurs, grâce à l'action de la lumière, en éléments fantasmagoriques ; le sculpteur Nicolas Schoeffer qui, dans le spectacle multimédia Kyldex, fait fusionner les danseurs avec les sculptures cybernétiques en un organisme unique incarnant la circulation continue de l'énergie.

    « REGARDE LA PEINTURE DE JASPER JOHNS ET ROBERT RAUSCHENBERG. ILS UTILISENT LA TOILE COMME MOI J'UTILISE LA SCÈNE. » MERCE CUNNINGHAM

    Le dernier volet de l'exposition explore les liens de la danse à l'art de la performance. Depuis les premières actions dadaïstes du Cabaret Voltaire à Zürich pendant la Première Guerre mondiale, danse et performance se sont trouvées intimement liées. Les danseuses Mary Wigman, Emmy Hennings, Suzanne Perrotet ou Sophie Taueber-Arp participent à l'aventure dada, tandis que les années 1920 voient apparaître des figures aussi essentielles que Valeska Gert, ou Niddy Impekoven. L'art de la performance n'aurait pas été le même sans la danse. Le Black Mountain College a été le berceau d'une intense activité où danse et performance se sont intimement rapprochées, notamment avec la complicité de John Cage et Merce Cunningham à la fin des années 1940. La danseuse Anna Halprin, en inventant les tasks sur la côte ouest des États-Unis dans les années 1950, ouvre une brèche dans le dialogue de l'art et la vie, de la danse à la performance, en renouant avec les actes du quotidien, avec la nature et avec l'espace socio-politique. Les innovations du Judson Dance Theater à New York dans les années 1960, les happenings d'Allan Kaprow et de Fluxus dans les années 1950 et 1960, font du corps en mouvement le sismographe des états d'âme de la société contemporaine. Les allers et retours esthétiques, formels et conceptuels entre chorégraphes et artistes sont incessants et étroits. Certains comme Robert Rauschenberg, Yvonne Rainer, Robert Morris ou Trisha Brown se définissent alors à la fois comme plasticiens et chorégraphes. La fréquentation des peintres de l'expressionnisme abstrait amène ainsi Merce Cunningham à concevoir l'espace scénique comme un tableau non figuratif, c'est-à-dire comme un espace non hiérarchisé. Il s'entoure d'une constellation d'artistes, tels Nam June Paik, Warhol ou Rauschenberg, qui renouvelle à ses côtés la notion d'œuvre d'art total héritée du théâtre wagnérien.
    Le courant expérimental de la danse postmoderne, faisant fusionner art et danse, rejette les conventions scéniques et l'enjeu de la représentation artistique. Trisha Brown, à la fois danseuse et plasticienne, investit le musée comme les toits ou la rue. La danse est partout, tout le monde peut être danseur, selon les chorégraphes Deborah Hay, Steve Paxton ou Anna Halprin. Comme le rappelle le philosophe Georges Didi-Huberman, « on danse le plus souvent pour être ensemble ». Cette invitation à danser sa vie résonne particulièrement dans l'art et la danse contemporains, notamment à travers un attrait renouvelé pour la danse populaire, une source constante d'inspiration pour les artistes depuis le bal Bullier pour Sonia Delaunay ou les danses endiablées de Joséphine Baker pour Alexander Calder.

    LES GRANDES HEURES DU DISCO AVEC L'INOUBLIABLE PRESTATION DE JOHN TRAVOLTA DANS LE FILM « SATURDAY NIGHT FEVER », DE LA FIN DES ANNÉES 1970, SUSCITENT ENCORE AUJOURD'HUI UNE NOUVELLE LECTURE.

    Ce sont les pas de tango qui s'impriment sur le Dance Diagram de Warhol à la fin des années 1960 alors qu'il rêvait lui-même d'être un danseur. La culture du clubbing qu'il contribue à forger inspire nombre d'artistes après lui. Les grandes heures du disco avec l'inoubliable prestation de John Travolta dans le film Saturday Night Fever, de la fin des années 1970, suscitent encore aujourd'hui une nouvelle lecture d'Ange Leccia, qui a également travaillé pour un spectacle de Merce Cunnigham. C'est la musique funk d'un Bootsie qui constitue le socle des Funk Lessons d'Adrian Piper poursuivies dans le film Shiva Lessons, tandis que le bal populaire et la danse du gogo-dancer inspirent à Félix González-Torres, artiste majeur des années 1990, deux de ses uniques œuvres liées à la performance. Jérôme Bel puise également aux grands hits de la musique populaire pour son spectacle The Show must go on qui fait date… Les années récentes ont vu resurgir la danse de manière intense dans l'art contemporain. Au fil de l'exposition, diverses œuvres de Matthew Barney, Simon Dybbroe Moeller, Olafur Eliasson, Daria Martin, Jeff Mills, Kelly Nipper, Mai-Thu Perret ou encore Tino Sehgal dialoguent avec les chefs-d'œuvre de la modernité.

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  • L'art est-il l’avenir de l’hôtellerie de luxe ?


    Le 07/11 à 05:10, mis à jour à 11:43
    • L'art est-il l’avenir l’hôtellerie luxe ?
       

      L'art est-il l’avenir de l’hôtellerie de luxe ? - Chain Link, oeuvre exposée dans l'entrée de l'hôtel Mondrian, à Londres. Niall Clutton


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/week-end/voyages/0203910953374-lart-est-il-lavenir-de-lhotellerie-de-luxe-1062074.php?6Q1GV1mWtQvyjdVk.99

    D'un côté, les hôtels affichent leurs collections privées, s'offrent les services de commissaires éclairés. De l'autre, les artistes investissent les chambres d'hôtels avec des oeuvres visionnaires. L'art serait-il devenu le nouveau dénominateur commun de l'hôtellerie du luxe? Enquête sur ces nouvelles pratiques qui révolutionnent l'industrie.

    Que faire quand la concurrence s'annonce chaque jour de plus en plus rude, y compris sur le secteur du très haut luxe, que de nouveaux acteurs s'affirment et séduisent la clientèle haut de gamme (Airbnb propose quelques trésors pour la séduire), et que l'on veut donc légitimement affirmer sa différence et sa valeur ajoutée? Adopter davantage encore les codes de l'industrie du luxe et opérer un « rapt » sur l'art, en particulier sur l'art contemporain, à la manière dont les grands groupes et leurs marques fleurons ont su le faire dans les années 1990. C'est beaucoup plus récent pour l'industrie hôtelière. Mais lorsqu'on est un hôtel, la spécificité même de l'activité - recevoir des clients 24 heures sur 24, 365 jours par an - oblige. Et chacun d'adopter des stratégies différentes. Dernier exemple en date? L'hôtel Mondrian, signé Tom Dixon, qui vient d'ouvrir sur les rives de la Tamise. Le design s'efface au profit d'une sculpture : baptisé Chain Link, un énorme maillon de chaîne bleu Klein s'impose au milieu du lobby. Variation autour d'une oeuvre de Claus Oldenburg, l'oeuvre donne l'impression au client d'être arrivé au MoMA. D'ici à penser que le musée d'art contemporain est devenu la source d'inspiration première des n­ouveaux hôtels de luxe, il n'y a qu'un pas! Il faut avouer que dans l'île de Naoshima, au Japon, la frontière a, depuis vingt ans, presque disparu : au fil des espaces de la Benesse House Museum, dessinée par Tadao And­­¯o, des oeuvres de Dan Graham­, Yayoi Kusama, César ou Dan Flavin font écho à celles exposées dans le Chichu Art Museum attenant. « Benesse House Museum a été inauguré en 1992 comme un lieu où hôtel et musée sont imbriqués sur la base d'une «coexistence entre nature, art et architecture», où intérieur et extérieur, espaces privés et art public coexistent », explique la direction générale de l'établissement. Cet exemple pionnier a fait des petits.

    Ainsi le musée s'invite aussi physiquement à l'hôtel quand on arrive au Four Seasons Seattle. Situé face au Seattle Art Museum (SAM), il exploite sa position stratégique à bon escient : l'un des commissaires de l'institution culturelle a réuni six toiles d'artistes surnommés « The Northwest Painters » pour les exposer dans les espaces publics de l'hôtel. La collection a non seulement une valeur unique pour la région, mais la sculpture extérieure Thunderbolt, de Gerard Tsutakawa, qui zigzague devant l'entrée comme un éclair de bronze, est rapidement devenue un repère pour les habitants, au même titre que la sculpture de Calder campée, plus loin, dans l'Olympic Sculpture Park. Tout aussi sculptural dans le ciel londonien, un immense Lego de 10 mètres de haut, composé d'un assemblage de blocs géométriques, est apposé, depuis cet été, sur la façade de l'hôtel The Beaumont : l'installation The Room Suite, oeuvre du Britannique Antony Gormley qui s'inspire du corps humain, n'est pas un happening en marge de la Frieze Art Fair mais bel et bien une chambre d'hôtel à part entière, coupée du monde (sans télévision, ni réception téléphonique), où l'expérience artistique est au coeur d'un séjour : le cube, plongé dans la pénombre et le silence qui y règne, incite à l'introspection. « Pour un collectionneur, il n'existe pas d'expérience plus aboutie que de séjourner dans la tête d'un artiste, dans un espace entièrement dessiné par lui », explique le directeur général du Beaumont, qui voit la liste d'attente pour séjourner à The Room s'allonger sans fin.

    Une manière de marquer l'exclusivité de l'offre hôtelière et de sa valeur ajoutée. Dans cette dynamique, l'accrochage d'art permet à nombre d'établissements d'accentuer le parallèle avec une résidence privée. Avec d'autant plus d'authenticité si la collection présente appartient à l'établissement ou à ses actionnaires. Au Park Hyatt de Chicago, c'est une oeuvre originale de Rauschenberg, digne d'une pièce de musée, qui accueille les visiteurs depuis quelques mois dans le lobby. Issue de la collection privée de Thomas J. Pritzker, président du groupe Hyatt, elle vient remplacer une autre toile inestimable appartenant à la famille : Domplatz, Mailand de Gerhard Richter, vendue 34,3 millions de dollars par Sotheby's en 2013. Dans ce même mouvement, Jacques Grange a imaginé, pour The Mark, à New York, des intérieurs truffés d'oeuvres d'art. « Ici, rien n'est ostentatoire, lance le directeur général Olivier Lordonnois. Toutes les pièces dans le lobby ont été réalisées sur mesure : il nous fallait un lieu en miroir des goûts et passions de notre clientèle européenne qui évolue dans le milieu de l'art. Jacques Grange a regroupé le travail d'artistes européens qui ont une vraie légitimité, comme Mattia Bonetti, Ron Arad ou Éric Schmitt. Les gens se sont lassés de ce qui est ostentatoire : ils veulent soit reconnaître la pâte d'un artiste, soit découvrir une pièce nouvelle dans un registre familier. C'est un vrai travail de collectionneur éclairé. Notre clientèle cherche aujourd'hui à se démarquer de l'univers des chaînes de luxe; nous accueillons de nombreux New Millenials asiatiques qui sont des leaders d'opinion et veulent se singulariser, jusque dans le choix de l'hôtel où ils séjournent. Pour ces clients «sensibles», il n'est pas question de renouer avec l'univers d'Art Basel à Miami ou de plonger dans un univers «mode» siglé de toiles de Richard Prince ou Andy Warhol. » Reste que lorsqu'on plonge dans la réalité des collections privées d'établissements - comme celles du Park Hyatt Chennai (indépendamment de son affiliation au groupe éponyme) ou de l'Alpina Gstaad récemment ouverts -, leur valeur se révèle tout simplement inestimable. Sur les murs de ces deux établissements, on découvre une sélection unique amassée par leurs propriétaires respectifs, le magnat du textile indien Vijay Mahtaney et le jeune héritier du groupe Mimran, Nachson Mimran, soit des toiles de Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol, Fernando Botero, Richard Prince ou Damien Hirst, Leur point commun : un engagement passionné, viscéral presque, et des collections éclectiques qui sont le reflet de leur époque et possèdent une valeur spéculative qui les rend désirables.

    Mais tous les établissements ne peuvent se permettre ce type d'investissements : certains hôtels jouent donc la carte de collectionneurs en devenir, de laboratoires créatifs. Visionnaire, le Méridien a très tôt promu une jeune génération d'artistes et réuni une famille de talents à travers le monde avec son collectif LM100 : « LM100 rassemble une communauté mondiale d'esprits créatifs et d'innovateurs culturels qui contribuent à enrichir l'expérience des clients en introduisant des initiatives culturelles dans les hôtels Méridien », explique-t-on chez Starwood. Ainsi, avec son programme Unlock Art, le Méridien rapproche ses hôtels du musée d'art contemporain local : sur simple présentation de leur clef de chambre, les clients peuvent y accéder gratuitement - à Paris, le Méridien Étoile est partenaire du Palais de Tokyo. À Londres, l'Andaz Liverpool Street (groupe Hyatt) reflète à son tour l'énergie du East End : au fil de l'année 2014-2015, l'hôtel invite quatre artistes de rue à tagger les murs de quatre chambres afin de leur insuffler une énergie urbaine : entre installation artistique et expérience hôtelière unique, la frontière s'efface. « L'hôtellerie de luxe qui fait un effort supplémentaire pour se différencier est en plein essor aux États-Unis : la demande a augmenté de 5 à 10% sur la seule année 2013 », explique Scott Berman, analyste chez PricewaterhouseCoopers à Miami. Il souligne au passage les retombées d'une foire comme Art Basel Miami sur l'industrie de luxe de la ville, durant laquelle toutes les suites les plus prestigieuses sont prises d'assaut.

    Cet essor est également intimement lié à l'apparition d'un nouveau type d'acteurs dans l'industrie hôtelière : exit les directeurs artistiques, place aux commissaires! À peine ouvert, à quelques semaines de la Biennale d'Istanbul, l'hôtel Vault Karaköy recrutait la jeune commissaire Zeynep Berik pour mettre en scène in situ la collection d'art du propriétaire des lieux, Y[CODE_C]ılmaz Ulusoy, et constituer, plus en amont, une sélection d'oeuvres contemporaines réalisées sur commande par de jeunes artistes turcs à partir de matériaux disponibles dans le quartier de Karaköy. « Au fil des ans, la Biennale s'est fait un nom : elle accueille aujourd'hui une clientèle de luxe éclairée qui cherche plus qu'un hôtel qui ait du style et une vision, explique Antony Doucet, l'un des directeurs stratégiques du House Hotel Group qui gère Vault Karaköy. Elle cherche un hôtel de luxe qui soit un relais artistique, qui ait un point de vue engagé sur l'art. Faire intervenir un commissaire signifie que l'établissement reste en phase, interagit, se nourrit du tissu créatif local; il évolue constamment, comme une galerie. Il faut avoir une vraie programmation culturelle, un point de vue incisif, que ce soit sur les murs ou dans la sélection musicale. En retour, le taux d'occupation durant les foires ou biennales d'art est maximal, car artistes et collectionneurs, clientèle de luxe et visionnaires s'y reconnaissent et s'y retrouvent. » Commissaire de la Biennale de Sydney, Amanda Love a quant à elle transformé les espaces du boutique-hôtel QT Sydney en choisissant ou en commandant des oeuvres « qui dépassent la simple idée de décor ». « Toutes les pièces sont de qualité muséale, explique-t-elle. Le musée s'inscrit d'ailleurs dans le prolongement de l'hôtel dans la mesure où chaque client peut s'y rendre pour découvrir d'autres pièces de l'artiste. » En Australie, où la culture muséale est encore jeune, la présence d'oeuvres d'art dans l'hôtel est un catalyseur, un « oeil ouvert sur la création » : l'installation digitale de Daniel Boyd dans les ascenseurs, qui évoluent en fonction du nombre de personnes qu'ils contiennent, est devenue une pièce à découvrir. « Une approche ludique de l'art dans l'hôtellerie contribue, en toile de fond, à faire aimer l'art : elle incite les visiteurs à aller au musée », renchérit la consultante en art. Et sans doute à choisir un hôtel.

     
    NOUVEAUX CLIENTS, NOUVELLES ATTENTES

    « Le paysage de l'hôtellerie de luxe a profondément changé depuis 2011-2012 avec l'arrivée d'une clientèle baptisée HNWI (High Net Worth Individuals) - essentiellement composée de millionnaires en provenance des pays émergents, explique-t-on chez Deloitte en marge de la parution du rapport The Global Luxury Hotels Market - Key Trends and Opportunities to 2017. Ce sont eux qui vont tirer le marché jusqu'en 2017. Les hôtels de luxe qui ont un positionnement unique, et déploient collections d'art, prestigieuses caves à vins, voitures de collection ou dîners gastronomiques orchestrés autour d'une table de chef, sont ceux qui vont bénéficier, en premier lieu, de cette croissance. Pour mémoire, après une année 2010 en berne, l'Europe enregistrait, en 2011, une croissance de 9% de l'hôtellerie de luxe. »

     
    UN MUSÉE IMAGINAIRE

    Composer un musée imaginaire en regroupant des toiles uniques présentes dans des hôtels? Si cela était possible, telles seraient les pièces de choix : [CODE_B]• Un mur lumineux de James Turrell (2011) installé au Playa Vik José Ignacio, en Uruguay. [CODE_B]• Tropicana/Channel (1971), une oeuvre de Rauschenberg (extraite de la série Cardboard and Related Pieces ), appartenant à la collection privée de Tom Pritzker, exposée dans le lobby du Park Hyatt de Chicago. [CODE_B]• La toile de Turner accroché au-dessus de la réception de l'hôtel Raphaël, à Paris. [CODE_B]• Pink Bra and Blue Shoes (1979-1981), une toile de Tom Wesselman appartenant à la collection du Gramercy Park Hotel, à New York. [CODE_B]• Pumpkin (2006), une sculpture extérieure de Yayoi Kusama exposée sur le ponton devant la Benesse House, à Naoshima, au Japon. [CODE_B]• Une fresque de Sol LeWitt peinte in situ dans le lobby du Park Hyatt, à Zurich. [CODE_B]• Hippo (2013), une sculpture rouge Ferrari de Ninon van der Sande plantée devant l'accès au spa du Conservatorium Hotel, à Amsterdam. [CODE_B]• Arabesque (1989), une immense oeuvre de Robert Motherwell accrochée en hauteur au Dolder Grand, à Zurich. [CODE_B]• Une sculpture de Lucio Fontana intitulée Testa di Medusa (1984) au Park Hyatt, à Milan. [CODE_B]• Une toile cinétique orange et noire doublée d'une guitare assortie imaginée par John Armleder, à l'Alpina de Gstaad.

    PAR CLARA LE FORT

    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/week-end/voyages/0203910953374-lart-est-il-lavenir-de-lhotellerie-de-luxe-1062074.php?6Q1GV1mWtQvyjdVk.99
  • J'ai terminé hier:Marcher jusqu'au soir(médiathèque rayon best-seller)

    Résultat de recherche d'images pour "marcher jusqu'au soir""

    Lydie Salvayre

    Edité par Stock , DL 2019

    L'humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d'une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Se tournant vers son enfance de pauvre bien élevée et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s'est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d'intimidation, tout en faisant l'éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie.

    http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/rsc/431893/marcher-jusqu-au-soir-lydie-salvayre

    EXERGUE

    Qu'est ce que l'art? [...] - Charles Baudelaire...

    p.9-34

    p.41:

    Prenons le baiser : bâillon parfait ou parfaite fusion amoureuse ? Souvent j'hésite. C'est à ces moments-là ... La littérature, du reste, est toute remplie de persécutés, parmi lesquels mon cher Pascal qui fut persécuté par Dieu

    p.42:

    cessé d'affirmer qu'écrire c'était surmonter toute fascination amoureuse pour son moi et ses ... dans une forme de beauté diamétralement opposée à la beauté selon Beyoncé et Jay-Z qui était une beauté trop belle comme ..

    p.44:

    austère, avare, hivernale, spectrale même, susceptible de saper le moral de ceux qui prenaient le risque ... prends le temps de trouver tes marques, le bonheur d'admirer va finir par t'atteindre car la beauté est une flèche lente ..

    p.49:

    Je me souvenais encore, trente ans après, d'un « je m'avais fourvoyée » prononcé devant un public dit de qualité et très intimidant, et de la honte rétrospective que j'en avais conçue. N'y plus penserN'y plus penser. Ne plus ...

    p.51:

    un moment silencieux, puis me prenant dans ses bras, je voudrais tant que ce souvenir s'efface, ... celle d'un Jean Moulin martyrisé, défiguré, membres brisés, organes éclatés, d'un Jean Moulin qui atteignit les limites de la ...

    p.56:

    et, plaqué sur leur face, un air discrètement supérieur de gros cons, de gros cons encore plus cons que ces cons de kangourous (pour Catherine Hiegel qui en avait fait l'amère ... sans raison appelait la canaille artistique.

    p.59:

    'était Bernard qui venait me demander comment se passait ma claustration et sa voix si familière et si ... Car, argumentai-je sur un ton exalté, car comment les aimer, ces œuvres, comment les comprendre quelque ...

    p.62:

    Chaque fois que je me lançais dans de longs soliloques et que je m'enflammais, Bernard attendait ... sa poussière, son encombrement, un dépotoir dirent les mauvaises langues, un lieu au bord de s'effondrer dit Genet ...

    p.78:

    Quelque chose comme un sanglot souleva ma poitrine. J'aurais aimé, à ce moment de la nuit, être téléportée, tout simplement, depuis ... Mon désir d'une présence humaine était-il tel qu'il m'avait fait halluciner un bruit de pas ? Ça n'était pas impossible. Car moi qui avais longtemps prêché la solitude et le retirement comme conditions sine qua non à l'approche de la littérature – et dans ...

    p.82:

    se plie aux mêmes liturgies et aux mêmes génuflexions mentales, on y est cérémonieux, on y parle bas, ... Brasseur et Sami Frey dans le film Bande à part de Godard que j'avais vu à Toulouse en 1970 si j'ai bonne mémoire, ...

    p.85:

    alors rentrée chez moi et m'étais livrée, par énervement, à un ménage frénétique. Calmée par cet exercice ... Pour ne pas penser à ma lâcheté, à ce mal par imperfection comme Leibniz je crois le désigne, ce mal que nous ne ...

    p.92:

    précautions maladroites d'une provinciale à Paris. Mais alors même que je réfléchissais à ces sujets sur ... Seul comptait son chant, me disais-je, un chant qu'il entonnait parfois avec les autres locataires que je n'hésitais pas, .

    p.105-120

    p.121:

    capturer cette fameuse ressemblance qui le fascinait tant et qui était bien autre chose que l'imbécile ressemblance des traits laquelle faisait souvent ... Recommence toujours à nouveau la louange ; parfaite, elle ne fut jamais.

    Lydie Salvayre

    Edité par Stock , DL 2019

    L'humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d'une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Se tournant vers son enfance de pauvre bien élevée et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s'est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d'intimidation, tout en faisant l'éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie.

    http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/rsc/431893/marcher-jusqu-au-soir-lydie-salvayre

    EXERGUE

    Qu'est ce que l'art? [...] - Charles Baudelaire...

    p.9-34

    p.41:

    Prenons le baiser : bâillon parfait ou parfaite fusion amoureuse ? Souvent j'hésite. C'est à ces moments-là ... La littérature, du reste, est toute remplie de persécutés, parmi lesquels mon cher Pascal qui fut persécuté par Dieu

    p.42:

    cessé d'affirmer qu'écrire c'était surmonter toute fascination amoureuse pour son moi et ses ... dans une forme de beauté diamétralement opposée à la beauté selon Beyoncé et Jay-Z qui était une beauté trop belle comme ..

    p.44:

    austère, avare, hivernale, spectrale même, susceptible de saper le moral de ceux qui prenaient le risque ... prends le temps de trouver tes marques, le bonheur d'admirer va finir par t'atteindre car la beauté est une flèche lente ..

    p.49:

    Je me souvenais encore, trente ans après, d'un « je m'avais fourvoyée » prononcé devant un public dit de qualité et très intimidant, et de la honte rétrospective que j'en avais conçue. N'y plus penserN'y plus penser. Ne plus ...

    p.51:

    un moment silencieux, puis me prenant dans ses bras, je voudrais tant que ce souvenir s'efface, ... celle d'un Jean Moulin martyrisé, défiguré, membres brisés, organes éclatés, d'un Jean Moulin qui atteignit les limites de la ...

    p.56:

    et, plaqué sur leur face, un air discrètement supérieur de gros cons, de gros cons encore plus cons que ces cons de kangourous (pour Catherine Hiegel qui en avait fait l'amère ... sans raison appelait la canaille artistique.

    p.59:

    'était Bernard qui venait me demander comment se passait ma claustration et sa voix si familière et si ... Car, argumentai-je sur un ton exalté, car comment les aimer, ces œuvres, comment les comprendre quelque ...

    p.62:

    Chaque fois que je me lançais dans de longs soliloques et que je m'enflammais, Bernard attendait ... sa poussière, son encombrement, un dépotoir dirent les mauvaises langues, un lieu au bord de s'effondrer dit Genet ...

    p.78:

    Quelque chose comme un sanglot souleva ma poitrine. J'aurais aimé, à ce moment de la nuit, être téléportée, tout simplement, depuis ... Mon désir d'une présence humaine était-il tel qu'il m'avait fait halluciner un bruit de pas ? Ça n'était pas impossible. Car moi qui avais longtemps prêché la solitude et le retirement comme conditions sine qua non à l'approche de la littérature – et dans ...

    p.82:

    se plie aux mêmes liturgies et aux mêmes génuflexions mentales, on y est cérémonieux, on y parle bas, ... Brasseur et Sami Frey dans le film Bande à part de Godard que j'avais vu à Toulouse en 1970 si j'ai bonne mémoire, ...

    p.85:

    alors rentrée chez moi et m'étais livrée, par énervement, à un ménage frénétique. Calmée par cet exercice ... Pour ne pas penser à ma lâcheté, à ce mal par imperfection comme Leibniz je crois le désigne, ce mal que nous ne ...

    p.92:

    précautions maladroites d'une provinciale à Paris. Mais alors même que je réfléchissais à ces sujets sur ... Seul comptait son chant, me disais-je, un chant qu'il entonnait parfois avec les autres locataires que je n'hésitais pas, .

    p.105-120

    p.121:

    capturer cette fameuse ressemblance qui le fascinait tant et qui était bien autre chose que l'imbécile ressemblance des traits laquelle faisait souvent ... Recommence toujours à nouveau la louange ; parfaite, elle ne fut jamais.

    p.124:

    Tout ce que je pourrai faire ne sera jamais qu'une pâle image de ce que je vois. Et ma réussite sera toujours en ... Il fallait qu'il continue d'échouer, avec courage, avec patience, avec un inflexible entêtement, jusqu'à atteindre, ...

    p.126:

    rade et malheureux tristement capitulent, et vous le font très chèrement payer, 4. les ratés réussis ... qui ne trouvait au monde nulle fleur ressemblante à son rouge idéal, Je suis comme un homme lassé dont l'œil ne voit en

    p.128:

    Puis prise d'un fol et soudain enthousiasme pour l'échec, j'écrivis : L'avenir du monde est à l'échec, ... Mais c'est à Virginia Woolf que je songeai tout spécialement, à Woolf ma très affectionnée qui parfois parvenait dans un ...

    p.132-133:

    expression d'immense modestie sur le visage, ne cherchant aucunement à faire l'artiste, encore moins à se ... Et c'est cette immense modestie de Giacometti, écrivis-je sur mon carnet, et le sentiment profond qu'il avait de ses limites et ... Giacometti, je l'avais lu, disait le raté m'intéresse autant que le réussi.

    p.145:

    Et lorsque, tard dans sa vie, vint le succès immense (il remporta le prix Carnegie en 1961, le prix de sculpture ... Cette indifférence souveraine au luxe, à la richesse, au fric et à ce qu'il incarnait, détermina je crois le regard qu'il ...

    p.149:

    par Madame de Maintenon afin de consoler Louis XV, on sait ce qui s'ensuivit un demi-siècle après. Il avait ... Il ne savait pas danser mais il avait du plaisir à voir danser les autres. Là où il ... Il adorait aller au bordel.

    p.152:

    comme il la portait pour travailler la glaise dans son atelier. Pas question de manquer de respect devant l'œuvre à naître et qui attendait ses mains. Pas question de ... Il eut une amitié sans ombre pour Crevel. Lorsqu'eut lieu la ...

    p.161:

    Il admirait Henri Laurens. Il admirait Beckett qui lui demanda de fabriquer un arbre pour la ... un arbre seul dans un décor absolument nu, un arbre seul et archi-seul comme l'était son Chien, comme l'était L'Homme qui marche, ... L'amour maternel prodigué dans l'enfance lui avait permis peut-être d'aimer admirer, hypothèse qu'à tout hasard je tente. ... pour lui constituer une collection magnifique (Braque, Arp, Chagall, Calder, Kandinsky, Matisse, Bonnard Giacometti.

    p.162:

    Il admirait Henri Laurens. Il admirait Beckett qui lui demanda de fabriquer un arbre pour la ... fondation à SaintPaul-de-Vence le 28 juillet 1964, Aimé Maeght remercia longuement un grand nombre d'invités présents, la plupart 

    p.164:

    intolérable, ça me rend fou... Sa colère retombée – après dix heures dans l'atelier à attaquer la glaise à coups ... Cette situation ne posa apparemment aucun problème à Giacometti qui se déclara enchanté du bonheur de son ...

    p.166:

    plus il s'obstinait, plus le visage d'Isaku Yanaihara, plat, blafard et comme enfariné, lui demeurait infigurable. ... Il dut finalement l'admettre : le sujet était plus fort que la peinture, le sujet prenait le dessus sur la peinture, le sujet ...

    p.190:

    bond sur le rebord d'une fenêtre, relire ardemment Absalon, Absalon ! de William Faulkner, ... C'est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ; C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir Qui, comme un élixir, nous monte et ...

    p.206:

    leur goût abject pour le morbide. Qu'on leur laissât l'art de la mort plutôt que l'art de vivre. Qu'on leur laissât leur désir de ... Picasso avait deux fois vainqueur traversé l'Achéron et regardait de haut ces vaines consolations sur ...

    p.208:

    Aux murs, des visages et des corps de femmes traversés par une vitalité rayonnante et que Picasso ... Picasso ouvrait mes yeux et les yeux de ceux qui, par crainte d'affronter la jouissance de voir, cette concupiscentia ..

  • La troisième vie de Jacqueline Lamba

    Choses lues, choses vues
    Lundi, 17 Mai 2010 21:39
     
    Jacqueline Lamba et André Breton,
    photographie de Claude Cahun
    et couverture du livre.

    Entre 1934 et 1942, Jacqueline Lamba fut la compagne d'André Breton. Man Ray la photographia lumineuse et nue, son époque estimait qu'elle était "scandaleusement belle". Longtemps confondue avec quelques-unes des plus vives incarnations du surréalisme, son aventure la plus personnelle ne fut pas immédiatement visible. Les désirs de création et l'impétuosité qui l'habitaient la situent à présent dans la fascinante proximité de trois grandes artistes de sa génération qui furent ses fidèles amies, Frida Kahlo, Dora Maar et Claude Cahun. Georgina Colville qui publiait en 1999 chez Jean-Michel Place un ouvrage à propos de "trente-quatre femmes surréalistes" affirmait qu'elle était d'abord peintre et qu'elle fut "scandaleusement oubliée".

    Après d'autres recherches comme celles de Salomon Grimberg ou bien grâce aux images de deux réalisateurs de courts métrages - Teri Wehn Damish qui l'interviewa en octobre 1987, et Fabrice Maze qui a mis en diffusion un DVD de 2 x 55 minutes - l'historienne d'art italienne Alba Romano Pace achève de faire sortir de l'oubli la trajectoire de Jacqueline Lamba. Issu d'une thèse soutenue à Palerme, son livre vient de paraître chez Gallimard, dans la collection Témoins de l'art de Jean-Loup Champion, "Jacqueline Lamba, peintre rebelle, muse de l'amour fou".

    Entre Nuit du Tournesol et Maison bleue

    Jacqueline Lamba était née le 17 novembre 1910. D'origine italienne, son père mourut alors qu'elle avait à peine trois ans et demi. Française, sa mère succomba à la tuberculose en 1927. Jacqueline suivit des cours à l'union centrale des arts décoratifs ainsi que dans l'atelier d'André Lhote où elle se lia d'amitié avec Dora Maar. Son cousin André Delons (1909-1940) qui fut proche du Grand Jeu et de l'AEAR, l'initia à la littérature d'avant-garde et renforça ses convictions politiques proches de l'extrême-gauche : celui qu'elle désignait comme "le seul de la famille à qui je parlais" lui prêta Nadja et Les Vases communicants. José Corti avait par ailleurs publié depuis la Place Clichy des photographies de Jacqueline dans sa revue Du Cinéma.

    La suite nous est familière, les biographes d'André Breton ainsi qu'un chapitre de L'Amour fou en témoignent. Pendant la Nuit du Tournesol, le 29 mai 1934, Jacqueline Lamba provoque sa rencontre avec André Breton au Café Cyrano de la Place Blanche. "Je l'avais déja vu pénétrer, écrivit Breton, deux ou trois fois dans ce lieu : il m'avait à chaque fois été annoncé, avant de s'offrir à mon regard, par je ne sais quel mouvement de saisissement d'épaule à épaule ondulant jusqu'à moi à travers cette salle de café depuis la porte ... Ce mouvement, que ce soit dans la vie ou dans l'art, m'a toujours averti de la présence du beau". Entre "Café des oiseaux", place d'Anvers, du côté des Halles et de la Tour Saint Jacques, depuis Pigalle jusqu'à la rue Gît-le-Coeur, une longue promenade nocturne s'ensuivit. Jacqueline a 24 ans. A cette époque, comme le rappellent des photographies de Rogi André qui fut la compagne de Kertesz, plusieurs soirs par semaine, on pouvait l'apercevoir plongeant entièrement nue et dansant dans l'eau : elle joue le rôle d'une "ballerine aquatique", rue Rochechouart, dans le cabaret / music hall du Coliseum. André Breton est bouleversé par l'apparition de cette jeune femme qu'il nomme "Ondine". Eluard et Giacometti sont les témoins de leur mariage le 14 août, à la mairie du IX° arrondissement. Leur fille unique Aube naîtra le 20 décembre 1935. La plus magnifique des photographies de Jacqueline et d'André est évidemment celle qui figure en couverture du livre d'Alba Romana Pace. Tous deux sont rêveusement émus, Claude Cahun a rapproché leurs profils : sur les deux bords de son image, des jeux de miroirs transfigurent et multiplient leurs visages.

    Pendant les cinq années qui précèdent la guerre, André Breton quitte assez souvent l'hexagone, Jacqueline l'accompagne. Leur couple voyage à Prague (mars 1935) aux Iles Canaries en compagnie de Péret et de Dominguez (mai 1935) ainsi qu'au Mexique où ils rencontrent dans la Maison bleue Frida Kahlo, Diego Rivera et Léon Trotsky (septembre 1938). Ces débuts de notoriété internationale n'empêchent pas de grandes difficultés financières. Au lendemain de son mariage, Breton accepte de vendre à Joë Bousquet une aquarelle de Kandinsky et une sanguine de Derain. L'année suivante, Alfred Barr et le Moma de New York lui achètent deux tableaux de Tanguy. En 1937 l'aide d'un ami notaire lui permet d'ouvrir au 27 de la rue de Seine la galerie Gradiva qui lui valut maintes désillusions comme l'indique ce fragment de courrier adressé à Jacqueline : "On nous laisse fort tranquilles : on ne voit toujours pas tomber la pluie d'étoiles qui nous permettra de partir en vacances".

    Les rêves et les espérances du Front Populaire, la fréquentation d'artistes comme Ernst et Masson ou bien d'écrivains souverainement atypiques comme Artaud, toute l'effervescence de l'entre-deux guerres furent favorables à sa création picturale. Pas plus qu'une "ondine", Jacqueline Lamba refusait clairement d'être considérée comme une muse ou bien comme une mère. Elle ne savait qu'une chose : "la peinture est pour moi un besoin", sentiment qu'André Breton n'admit jamais véritablement pour ce qui la concernait. Il lui fallut constamment lutter pour ne pas être marginalisée dans les expositions et les revues surréalistes, parmi les cadavres exquis d'un univers principalement masculin : il arriva que ses oeuvres soient accrochées sans que son nom figure dans le catalogue.

    Leur vie conjugale restait précaire et passionnelle pour ne pas dire chaotique. Aube pour laquelle il n'y eut jamais de baby-sitter se souvient avoir maintes fois accompagné les réunions de ses parents sous les tables des cafés, jusqu'à très tard dans la nuit. Le dialogue avec Breton fut souvent orageux. D'autres aventures la requéraient, Jacqueline n'était pas fidèle : elle menaçait de quitter le 42 rue Fontaine et fit plusieurs fois ses valises.

    Son témoignage est infiniment précieux lorsqu'elle évoque les journées pendant lesquelles Breton découvrait le Mexique en compagnie de Léon Trotsky, Diego Rivera et Frida Kahlo. A propos de ce séjour au Mexique, Marguerite Bonnet avait réuni dans le catalogue André Breton du Centre Georges Pompidou (1991) quelques-uns des indices qui furent également livrés à Arturo Schwarz. On retrouve dans son article un texte de Jacqueline Lamba qui se souvient de leur première rencontre avec Trotsky : "Un des Américains a demandé de prendre des photos. Sur quelques-uns de ces clichés on peut remarquer sur le visage d'André un état de tension, d'émotion et de surprise émerveillée, presque douloureuse. Je voyais qu'il devait souvent se maîtriser pour retenir ses larmes".

     

     

    Jerzey, Antibes et Villa Air Bel

    Imaginer ce que pouvaient être les options personnelles et les combats de Jacqueline Lamba implique qu'on puisse songer précisément aux moments de forte intensité qu'elle vécut sans que Breton soit à ses côtés : par exemple, lorsqu'entre le 25 avril et le 26 mai 1939, elle vient retrouver à Jersey Claude Cahun et Suzanne Malherbe, ou bien quelques semaines plus tard, à Antibes lors d'un mois d'août vécu auprès de Pablo Picasso et de Dora Maar. Grâce au grand travail biographique de François Leperlier (1) qui l'avait interrogée, quelques-unes des minutes heureuses de cette époque nous sont restituées. La guerre était imminente : dans l'île lointaine, ce furent pourtant des journées de détente et de création qui furent rapportées lors d'une longue lettre de Claude Cahun envoyée en 1946 chez Gaston Ferdière (2) : "près des mimosas dont je viens juste de vous parler, nous avons souvent discuté d'Antonin Artaud avec qui elle correspondait. Jacqueline aimait ce jardin, elle l'ornait de petites épaves déposées par la mer. Les plus fréquentes étaient ce que nous appelions des "porcelaines", des coquillages et des fragments de miroir ; tout cela, lié à l'aide d'un peu de ciment, s'incrustait entre les dalles de granit du sentier qui menait à la plage".

    "Elle vint à nous qu'elle connaissait peu, convalescente d'une bronchite, pâle et maigrie ; Aube assez fatiguée du voyage. Ici, elles prirent bonne mine toutes les deux. L'amitié de Jacqueline pour nous se manifesta par-delà son séjour ici. Elle nous écrivit jusqu'en juin 1940, et cela avec une enfance et une continuité singulières." Pour celles qui furent arrêtées par la Gestapo et emprisonnées entre juillet 1944 et mai 1945, le souvenir de ces journées était extrêmement vif, comme le rappelle une seconde lettre adressée en 1946 à André Breton : "nous parlons souvent de Jacqueline, Suzanne et moi. Dans la maison et le jardin que les évênements ont rendus plus favorables aux "oublis" qu'aux immortelles fleuries dans ses cheveux, les heures vivaces de juin 1939 ressuscitent notre insouciance. Elles eurent ce pouvoir jusque dans la cellule n°5". Les photographies qu'avait réalisées Claude Cahun lors de ce séjour à "La Rocquaise" furent brutalement détruites par les nazis en 1944 : subsiste tout de même, reproduite en page 58 du Photopoche de Claude Cahun une image de Jacqueline "prise sous l'eau dans la mer ; son corps nu est strié par les reflets du soleil, son visage sort de l'ombre".

    A la fin de juillet 1939, Jacqueline partait seule pour rejoindre à Antibes Picasso et Dora Maar qui habitaient alors un ancien atelier de Man Ray, le troisième étage d'une maison qui donnait sur la mer. En ce temps-là, Dora Maar n'était pas "La Femme qui pleure" que Pablo délaissa. Celle qui fut la maîtresse de Georges Bataille et d'Yves Tanguy ressemblait au portrait qu'en donna autrefois Brassaï. "Encline aux orages et aux éclats", dotée d'une voix "ferme, gutturale, catégorique" elle "avait des mains magnifiques aux longs ongles vernis de rouge" : pour L'amour fou, Dora Maar avait auparavant magiquement photographié L'objet invisible d'Alberto Giacometti.

    Quatre photographies et puis la grande toile de la Pêche de nuit à Antibes - où l'on aperçoit sur le côté droit Dora et Jacqueline, adossées sur des bicyclettes en train de croquer des cornets de glace - témoignent des moments de rémission de ce mois d'août. On retrouve les ombres et les jeux de lumière de ces quatre photographies dans l'ouvrage d'Ann Marie Caws, en page 142 des Vies de Dora Maar. Les trois personnages sont réunis dans l'intimité d'une chambre, Jacqueline Lamba est assise nue par terre, elle porte un collier de coquillages. Ou bien elle est auprès d'un lit, aux côtés de Dora Maar qui porte une merveilleuses couronne de fleurs : l'ombre silhouettée qu'on aperçoit à gauche de l'un de ces clichés permet d'identifier Pablo, auteur de ces images infiniment complices. Pour Jacqueline qui souhaitait souvent, pour sa peinture, se dégager du surréalisme, l'immense espagnol fut "l'être que j'ai le plus admiré au monde, aimé comme ami". En ce temps-là la relation de Picasso avec André Breton était chaleureuse : pendant son temps de mobilisation entre janvier et juillet 1940, André Breton passa tous ses jours de permission à Royan auprès de Jacqueline et d'Aube qui étaient hébergées par Picasso et Dora Maar. Alors que Breton se trouvait une fois de plus désargenté, Pablo lui offrit l'un de ses tableaux pour qu'il puisse le vendre immédiatement.

    Le dernier épisode heureux de la liaison de Jacqueline Lamba avec André Breton se situe pendant leur séjour à Martigues et Marseille, juste avant que le bateau du Capitaine Paul Lemerle ne les emmène vers la Martinique. Le 1 août, à la faveur de la démobilisation, Breton s'était rendu dans le Sud à Salon de Provence chez son ami le docteur Pierre Mabille. L'émancipation de Jacqueline était déja fortement entamée, comme le rappelle l'un des propos qu'elle livrera à Teri Wehn Damisch : "j'ai quitté les autres - le couple Picasso - à mon grand regret, j'aurais préféré rester". Les retrouvailles des époux sont pourtant émouvantes, tous deux décident d'habiter les alentours de Martigues : "A Martigues, c'était très beau. Il y avait des paysans à moitié italiens qui nous prêtaient une masure avec un puits pour l'eau et je faisais la cuisine au feu de bois dans la cheminée, c'était exquis". Jacqueline écrit presque tous les jours une lettre à Dora Maar. Voici ce qu'elle relate le 8 septembre 1940 : "j'ai fait une aquarelle. André a commencé un poème magnifique très long, vraiment très très beau".

    André Breton écrivait alors Fata Morgana dont la première parution en revue fut assumée par les Cahiers du Sud, en dépit des dangers que représentait la censure de Vichy. Quelques jours après la nouvelle de l'assassinat de Trotsky survenu le 20 août, Breton décidait d'habiter Marseille où il devait négocier son visa et ses réservations de bateau pour s'exiler à New-York. Fin octobre Aube, André et Jacqueline s'installaient au 63 de l'avenue Alfred Lombard, dans une chambre de la Villa Air Bel dont quelques-uns des pensionnaires furent Daniel Benedite, Varian Fry, Mary Jane Gold, Victor Serge, Vlady et Laurette Séjourné. Dans La Filière Marseillaise, Benedite décrit Jacqueline "très blonde, vive et loquace, d'une beauté sauvage ... elle porte souvent des jupes longues, se laque les ongles des orteils, parsème sa coiffure de petits morceaux de verre ou de glace, adore les colliers en dents de tigre et les bracelets tintinnabulants de médailles, de camées, de pierres brutes".

    Chaque fin de semaine, Air Bel devenait le rendez-vous de tous les amis d'André Breton et du surréalisme réfugiés dans la proche région de Marseille : René Char, Benjamin Péret et Remédios Varo, Victor Brauner, Oscar Dominguez, Jacques Herold, Sylvain Itkine, Marcel Duchamp, Max Ernst, Peggy Guggenheim ou bien Frédéric Delanglade rejoignent La Pomme et l'avenue Alfred Lombard. Wifredo Lam qui était chargé d'illustrer Fata Morgana trace un portrait aigu de Jacqueline, André Masson qui habitait un pavillon de la Campagne Pastre dessine le couple Breton-Lamba : la tête de Jacqueline est amoureusement renversée tandis que le front léonin d'André semble indiquer qu'une proue reste valide. Rétrospectivement, sans doute parce qu'au milieu des féroces dangers qui se tramaient dans toute l'Europe, un climat de révolte, d'estime et de solidarité se perpétuait entre Villa Air Bel et Café du Brûleur de loups, Jacqueline ressentait de manière positive ce fragment de son existence. Les jeux multiples, les amitiés, les provocations et les discussions ardentes qui faisaient l'ordre du jour des réunions parisiennes gardaient leur prégnance : sur fond de terribles inquiétudes, la très sérieuse injonction de Breton qui exigeait que l'on joue gardait sa force d'apaisement et son pouvoir d'invention. Comme en témoigna plus tard Jacques Hérold dans une conversation avec Alain Jouffroy, pendant ces fins de semaine, "on se trouvait un chemin, une étincelle qui donnait lieu à une autre étincelle, qui court ailleurs".

     
    Jacqueline Lamba, à la Villa Air Bel
    (archives Aube Breton).

    Ici encore, l'entretien avec Teri Wehn Damisch dont on aurait aimé pouvoir lire l'intégralité restitue d'importants indices. Jacqueline Lamba qu'on aperçoit souvent sur les photographies qui évoquent la vie quotidienne à la Villa Air Bel est une femme de trente ans incroyablement libre, sa beauté et son sourire sont éclatants, il lui arrive souvent de faire du trapèze dans le grand parc : "toutes les choses désagréables, je ne m'en souviens pas ... la vie à Air Bel était merveilleuse. Et j'ai le regret de le dire parce que c'était une époque terrible ... Avec le Secours américain, nous y avons joué, rêvé, créé avec un sentiment de calme et de bonheur comme sont les maisons d'enfance". Dans son souvenir, la présence et le charisme involontaire de Varian Fry revêtent une importance particulière : "un homme extraordinaire d'altruisme, de courage, de ténacité et qui menait cette lutte avec une simplicité qui forçait l'admiration, une modestie, une gaieté permanente ... sur son visage, dans les yeux, ce regard ouvert qu'il avait et ... doux ... Nous étions tous, les plus divers, sous la protection de bons génies".

    Tout n'était certes pas idyllique entre André et Jacqueline, des témoins rapportent qu'il arrivait que surgissent entre eux de violentes disputes. L'un des points d'orgue du séjour en Villa Air Bel restera la création du Jeu de cartes de Marseille à l'intérieur duquel Jacqueline Lamba fut pleinement associée. Deux atouts de première importance lui furent confiés, "L'As de la Révolution" ainsi que "Baudelaire, le génie de l'amour". Sa Révolution fut une roue avec des taches d'encre rouge projetées sur le papier, son Baudelaire est une figure qui frôle l'abstraction, une gouache, des couleurs primaires et de l'encre de Chine.

    Depuis les Etats-Unis jusqu'à Simiane la Rotonde

    Le départ de Marseille s'effectua le 24 mars 1941, l'arrivée à Fort de France survint le 24 avril, New York fut atteint au tout début de juin. Dans les lettres qu'elle continue d'écrire à Dora Maar, Jacqueline raconte : "nous parlons avec tendresse de Picasso ... André s'ennuie mortellement". Vis à vis du nouveau Monde, ses sentiments sont partagés, comme l'indique un courrier adressé à Varian Fry "L'Amérique est vraiment l'arbre de Noël du monde... mais je ne sais pas si j'aime vraiment New York, chaque chose y est excessivement neuve et semble avoir la prétention de vous plaire à tout prix".

    Son élégance vestimentaire continue de s'affirmer : "Dans les soirées, elle portait des vêtements du XVIII° siècle achetés chez les costumiers de théatre, toujours longs, avec la taille étroite, et ample sur les hanches". Simultanément son statut personnel se modifie, les américains apprécient sa mâturité, son indépendance et ses multiples capacités : elle parle anglais et devient dans des moments-clés "la voix de Breton" qu'elle éclipse partiellement puisque ce dernier refuse de s'exprimer dans une langue qu'il pratique mal. Pendant toute la préparation de la revue VVV dont le premier numéro paraîtra en juin 1942, son rôle d'interprète est capital : elle s'entretient constamment avec David Hare, un jeune homme de vingt-cinq ans, un sculpteur et photographe auquel Breton a décidé de confier le secrétariat de la revue.

    Entre elle et Breton, les affrontements deviennent irréversibles. Jacqueline qui se consacre plus que jamais à sa peinture et délaisse volontiers les tâches domestiques, décide de quitter définitivement Breton pendant l'automne de 1942 ; elle emmène Aube avec elle et déclare avoir noué une liaison amoureuse avec David Hare. André Breton est très affecté par son départ, Charles Duits avec lequel il lie connaissance à cette époque le décrira "sans âge, comme un arbre ou un rocher. Il paraissait las, amer, seul, terriblement seul, supportant la solitude avec une patience de bête, silencieux, pris dans le silence comme dans une lave qui achevait de se durcir". Le 9 ou bien le 10 décembre 1943, pendant un déjeuner avec Marcel Duchamp, Breton rencontrera Elisa Claro dont il célèbrera l'amour dans Arcane 17.

    Entretemps Jacqueline qui a fourni une ou plusieurs oeuvres pour chaque numéro de VVV prépare sa toute première exposition personnelle à la Norlyst Gallery de New York, exposition inaugurée le 10 avril 1944, pour laquelle elle va rédiger un Manifeste de peinture. Elle installe son nouvel atelier de peintre à Roxbury dans le Connecticut où Calder et Tanguy sont ses voisins. En 1946, elle épouse David Hare et part voyager en sa compagnie à travers l'Ouest américain, dans l'Arizona, le Montana et le Colorado, dans les réserves des Indiens Hopi et des Navajos. On voit apparaître dans ses toiles de luxuriantes forêtes, des rivières et des totems. Sa toute dernière exposition en liaison avec le surréalisme s'effectue en 1947, à la Galerie Maeght de Paris : après quoi, elle rompt toute allégeance avec le mouvement.

    Au début des années cinquante, elle doit se résoudre à se séparer de David Hare qui continuera de garder relations avec elle. Il achètera pour Jacqueline deux appartements à Paris et lui enverra un chèque chaque mois, jusqu'à sa mort qui surviendra en 1992. Elle revient définitivement vivre en France avec son fils Merlin qui était né à New York, en juin 1948. Elle déclare à son mari d'autrefois : "Si un jour tu entendras dire que je ne peins plus cela voudra dire que je suis morte". Elle loue tout d'abord une villa à Cannes, au 93 du Boulevard Eugène-Gazanaire. Sa biographe mentionne que pendant le premier été de ce retour en France, "Aube, Jean Hélion, Henri Michaux, Charles Duits et sa femme Lucy qui devient une grande amie de Jacqueline" lui rendent visite.

    Paris est son domicile permanent, son fils choisit de faire ses études aux Etats-Unis. Elle exposera ses travaux personnels en janvier 1958 à la galerie Lucy Krogh et en avril 1959 à la Galerie Saint-Placide. Une invitation de ses amis Henri Laugier et Marie Cuttoli lui permet de découvrir pendant l'été de 1963 le village de Simiane la Rotonde. Pendant dix-sept étés consécutifs, elle y fera pour sa plus grande joie de longs séjours : Laugier lui permet d'habiter parmi les escarpements du village, dans les grandes salles d'un ancien manoir du XVI° siècle, la pièce la plus haute devient son atelier. Ce sont ses toiles et les lumières de chaque été qu'elle achève de peindre dans son atelier parisien. Lors de ses derniers séjours dans les Alpes de Haute-Provence, le peintre Jacques Bibonne et la sculptrice-céramiste Martine Cazin sont ses proches amis.

    Son souci de l'engagement politique n'a pas varié. Elle fut comme André Breton l'une des signataires du Manifeste de 121 pour le Droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie. Elle s'opposa farouchement à l'installation de missiles nucléaires sur le Plateau d'Albion et milita contre l'extension du camp militaire du Larzac, le mouvement de Mai 1968 avait sa très vive sympathie.

    Conformément aux souhaits de Pablo Picasso et de Marie Cuttoli, sa dernière grande exposition personnelle se déroule au Musée d'Antibes, du 11 août au 31 octobre 1967 : cinquante toiles de 1962 à 1967 étaient réunies, la préface du catalogue fut signée par Yves Bonnefoy. En septembre 1980 Jacqueline Lamba accomplit un ultime voyage aux Etats-Unis : elle retrouve à San Diego son fils Merlin et son épouse, revoit l'Arizona et le Nouveau Mexique. Son visage bruni par le soleil s'est amaigri, ses amis disent qu'elle ressemble à présent à un "vieil inca".En page 279 de sa monographie, Alba Romano Pace écrit que jusqu'en 1988, "chaque jour, Jacqueline monte à pied les six étages de l'immeuble du Boulevard Bonne-Nouvelle ; elle sort et continue ses activités. Chaque jour elle peint du matin au soir".

    Sa vie s'achève le 20 juillet 1993. Atteinte par la maladie d'Alzheimer, elle s'est retirée dans une maison de santé de Touraine, à Rochecourbon où sa fille Aube vient lui rendre visite. Dans sa chambre, il y avait un petit chevalet. Jusqu'à sa mort, elle y travaillait des pastels. Au cimetière de Saché en Indre et Loire, on peut lire gravée sur sa tombe cette inscription "Jacqueline Lamba 1910-1993, la Nuit du Tournesol".

    Pour partie arc-boutée sur ce livre qui vient de paraître, la troisième vie de Jacqueline Lamba vient de commencer. Deux expositions de Jacqueline Lamba ont été organisées ces dernières années : au château de Tours, du 8 septembre au 4 novembre 2007 et à Simiane la Rotonde du 29 juin au 31 juillet 2008, avec un catalogue composé par Martine Cazin. Son oeuvre figurait dans l'exposition Elles@/Artistes femmes de mai 2009 au Centre Georges Pompidou.


    Alain PAIRE

    (1) Cf "Claude Cahun : l'exotisme intérieur", éd Fayard, 2006. A propos de ce livre, un article d'Agnès Lhermite dans le site "La revue des ressources".

    (2) page 667 des Ecrits de Claude Cahun, éd. Jean-Michel Place, 2002.

    Pour d'autes renseignements et plus d'iconographie, cf le site Jacqueline Lamba. Parmi les autres publications qui lui sont consacrées, cf le n° 44, décembre 2006 de la revue Pleine Marge, dossier présenté par Martine Monteau avec des lettres adressées à Jacques Bibonne et Martine Cazin.

    La Galerie 1900-2000 de David et Marcel Fleiss présente 8 rue Bonaparte, 75006 Paris, une exposition Jacqueline Lamba du 24 au 29 mai 2010. Une présentation et une signature du livre d'Alba Romano Pace sont prévues le 27 mai.

    http://www.galerie-alain-paire.com/index.php?option=com_content&view=article&id=108:la-troisieme-vie-de-jacqueline-lamba&catid=7:choses-lues-choses-vues&Itemid=6

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